CONDITIONNEMENT
Le terme de conditionnement s’applique, en psychologie scientifique, à des mécanismes d’acquisition des comportements à la faveur de certaines relations précises entre les réactions de l’organisme et les stimulations du milieu. Décrit et exploré à l’origine par Pavlov (1849-1936), dans des expériences classiques sur le chien, le conditionnement dit pavlovien (ou classique , ou de type I ) s’établit selon un schéma bien connu: une stimulation inconditionnelle, tel un choc électrique à la patte, déclenche de manière réflexe une réaction inconditionnelle de retrait du membre. Si une stimulation neutre (non douloureuse) est associée au choc, la réaction de retrait de la patte se manifestera à la suite de cette stimulation, en l’absence du choc électrique; stimulus neutre et réaction sont devenus conditionnels (ou conditionnés ).
Ce schéma élémentaire a permis d’analyser les caractères de multiples réactions acquises, de préciser les lois de leur apparition et de leur extinction, et de rendre compte d’une part importante des adaptations de l’organisme aux conditions de son milieu. Il a permis de mettre en lumière les relations fonctionnelles étroites entre le système nerveux central et les systèmes physiologiques de la vie végétative; il a aussi permis d’étudier chez l’homme les interactions infiniment nuancées entre le système sensori-moteur qu’il partage, en gros, avec les autres espèces animales, et le système symbolique et verbal, ou second système de signalisation.
S’écartant quelque peu du schéma élémentaire de Pavlov, les psychologues béhavioristes américains ont développé, à partir des travaux de Thorndike, des procédures expérimentales qui, épurées, ont abouti à la définition par Skinner d’un second type de conditionnement, dit opérant. Celui-ci a été largement étudié à l’aide de multiples variantes de la cage de Skinner, adaptée aux diverses espèces animales et à l’homme. Les conditions expérimentales sont telles qu’à une action du sujet définie de façon opérationnelle, dite réponse (par exemple l’appui sur un levier), se trouve associée immédiatement, de façon automatique, un renforcement (par exemple de la nourriture).
Cette association entre un événement particulier du milieu et la réponse de l’organisme entraîne la répétition de cette dernière, placée désormais sous contrôle du renforcement. À la différence du schéma pavlovien, la réponse est ici arbitrairement choisie, et sans liaison physiologique préétablie avec le renforcement. Les modalités de relation entre réponse et renforcement peuvent être compliquées à l’infini selon les problèmes étudiés.
Conditionnements pavlovien et opérant n’ont pas seulement entraîné des progrès considérables dans nos connaissances théoriques sur le comportement acquis. Ils ont trouvé en outre de nombreux champs d’application, notamment en psychologie éducative et en psychothérapie.
Si les deux situations se distinguent aisément au niveau des procédures, la légitimité de leur distinction, en tant que mécanismes de comportement, est matière à controverse. D’autre part, leur rôle explicatif dans une théorie générale des comportements acquis, aussi bien que dans une théorie générale du comportement, n’est pas entièrement élucidé.
1. Le conditionnement pavlovien
Établissement et extinction des réactions conditionnelles
Tout organisme animal réagit aux aspects de son milieu physique que son équipement sensoriel lui permet de capter. Parmi ces excitants ou stimulus, il en est qui entraînent, en vertu de liaisons physiologiques préétablies propres à l’espèce, des réactions inconditionnelles : de la nourriture placée sur la langue d’un chien provoque la salivation, une décharge électrique à la patte provoque la flexion, une stimulation thermique cutanée provoque une vasodilatation. Par rapport à ces réactions déclenchées par des stimulus précis, d’autres stimulus sont neutres : un son, une lumière ne provoquent pas la salivation, ni la flexion de la patte. Survenant dans le milieu de l’animal, les stimulus neutres commandent une réaction d’alerte ou d’orientation (l’animal dirige le regard vers la source du stimulus, dresse les oreilles, tressaute, etc.) qui s’atténue, jusqu’à disparaître complètement si le stimulus se répète: il y a habituation.
Lorsqu’un stimulus neutre, tel un son, est associé de nombreuses fois à un stimulus inconditionnel, tel de la nourriture, la réaction salivaire, initialement déclenchée par la nourriture, se produira au son. D’inconditionnelle, la réaction est devenue conditionnelle (ou conditionnée), et le stimulus neutre est devenu conditionnel (ou conditionné). À la différence de la liaison permanente – car correspondant à des circuits physiologiques préétablis – entre stimulus et réaction inconditionnels, la liaison entre stimulus et réaction conditionnels est temporaire. Elle cesse en effet de se manifester si elle n’est plus renforcée, c’est-à-dire si le stimulus inconditionnel n’est plus présenté. Il y aura alors extinction de la réaction conditionnelle, phénomène adaptatif non moins important que l’acquisition: sans elle, le comportement resterait encombré d’une quantité de réactions devenues inutiles, et cela au détriment de réactions adaptées aux conditions du moment. L’extinction n’est cependant pas un retour à l’état antérieur au conditionnement. Deux faits suffisent à le prouver. Si, après avoir procédé à une extinction expérimentale, on laisse s’écouler un certain temps avant de replacer le sujet dans la situation expérimentale précédemment établie, on observera, lors de la reprise de l’expérience, la réaction conditionnelle dès la première présentation du stimulus conditionnel: c’est le phénomène de la restauration spontanée. À défaut d’une restauration spontanée, on pourra entreprendre un reconditionnement , dont la durée sera plus courte que celle du conditionnement initial.
La réaction conditionnelle déclenchée par un stimulus donné se généralise à des stimulus de même nature: ainsi, une réaction salivaire à un son de 1 000 hertz se produira, quoique moins ample, si est présenté un son de 1 500 hertz. La généralisation fait place à une différentiation (ou discrimination ) si, systématiquement, le son de 1 500 hertz – stimulus négatif – n’est jamais renforcé. On peut, en rapprochant les sons à discriminer, définir les limites de discrimination du sujet. Les expérimentateurs n’ont pas manqué d’exploiter cette méthode pour analyser les seuils différentiels de sensibilité chez les espèces animales, pour lesquelles les méthodes traditionnelles de la psychophysique, qui recourent en général à des consignes et à des jugements verbaux, sont impraticables.
L’école pavlovienne s’est attachée à décrire les caractéristiques de l’acquisition et de l’extinction, en manipulant les stimulus conditionnels simples et complexes, dans les diverses modalités sensorielles; en analysant les interactions entre stimulus excitateurs et inhibiteurs (phénomènes d’induction); en faisant varier les relations temporelles entre stimulus conditionnels et inconditionnels; en établissant enfin des conditionnements du deuxième, voire du troisième degré. Parallèlement à l’accumulation des faits expérimentaux, Pavlov et ses élèves ont proposé, à partir d’observations sur le comportement, des théories explicatives des mécanismes neurophysiologiques se déroulant dans les centres nerveux supérieurs, techniquement invérifiables à l’époque. Bien que certaines notions chères à Pavlov, telle celle d’inhibition comme processus actif, conservent toute leur valeur, les travaux récents de la neurophysiologie n’ont pas permis de confirmer les interprétations du maître soviétique, notamment quant au rôle exclusif attribué à l’écorce cérébrale dans la formation des liaisons temporaires.
Parmi les multiples prolongements des recherches pavloviennes, il en est trois auxquels sera accordée une attention privilégiée, en raison de leur signification dans une théorie générale du comportement. Ce sont les névroses expérimentales et la typologie psychophysiologique, les conditionnements intéroceptifs et l’étude du second système de signalisation.
Les névroses expérimentales
Des désordres du comportement, associés à des réactions émotionnelles et, éventuellement, à des troubles physiologiques plus ou moins durables, peuvent résulter de certaines situations particulières de conditionnement. Parmi les phénomènes les plus classiques, on retiendra: les conditionnements discriminatifs poussés jusqu’aux limites de discrimination du sujet; l’interférence, dans une expérience de conditionnement, de stimulations engendrant inconditionnellement des réactions de défense et des réactions émotionnelles intenses (on cite souvent le cas du chien qui, ayant vécu l’inondation de Leningrad, présenta, pendant plusieurs années, de graves désordres chaque fois qu’au cours d’une séance expérimentale on faisait couler un filet d’eau sur le plancher); la répétition périodique d’un signal associé à une stimulation douloureuse. L’adaptation souple aux conditions du milieu fait alors place à des réactions émotionnelles inadaptées, à une rigidité des comportements, à des états d’excitation et de torpeur, etc. On a appelé l’ensemble de ces manifestations névrose expérimentale.
L’intérêt de ces phénomènes ne réside pas dans les analogies que, sur la base d’une similitude terminologique, l’on serait tenté d’établir avec les névroses humaines, entendues au sens de la psychiatrie occidentale. Il réside bien plutôt, à l’intérieur d’un cadre expérimental contrôlé rigoureusement, dans la mise en évidence de dysfonctionnements des mécanismes d’adaptation dus exclusivement aux caractères des stimulations du milieu agissant sur l’organisme.
Les névroses expérimentales sont extrêmement persistantes, comme le démontrent les études de Pavlov et de ses élèves et celles menées aux États-Unis par Gantt sur le chien et par Liddell sur la brebis et la chèvre. Ce dernier a plus particulièrement porté son attention sur l’extension des troubles au-delà de la situation expérimentale, c’est-à-dire au comportement général de l’animal, notamment à ses rapports sociaux avec ses congénères. Il a également montré le rôle protecteur joué par la présence de la mère, lorsque le jeune animal est exposé à une situation névrosante.
C’est essentiellement à partir de ses expériences sur les névroses expérimentales du chien, interprétées en terme d’interaction entre processus d’inhibition et d’excitation, que Pavlov a élaboré une typologie du système nerveux central, distinguant les sujets excitables – à dominance des processus d’excitation –, les sujets inhibés – à prédominance inhibitrice – et les sujets équilibrés. En présence de certaines particularités dans les processus de conditionnement, dont ne peuvent rendre compte les modalités de l’histoire expérimentale à laquelle le sujet a été soumis, une telle typologie renvoie à des propriétés constitutionnelles du système nerveux.
Les conditionnements intéroceptifs
Les liaisons temporaires s’établissent non seulement en fonction des stimulus du monde extérieur, domaine de l’extéroception, mais aussi en fonction de stimulus viscéraux provenant des organes végétatifs, domaine de l’intéroception. Dès 1921, G. Bykov puis ses élèves, et plus récemment Ayrapetyants, ont largement étudié les conditionnements à des stimulus intéroceptifs – stimulus de pression, stimulus thermiques, mécaniques, électriques – appliqués aux viscères à l’aide de dispositifs chirurgicaux appropriés, comme les fistules artificielles, les sondes, etc. Ainsi, l’augmentation de C2 dans l’air entraîne des réactions physiologiques et comportementales typiques. Si la modification de la composition de l’air est associée à une distension rythmique des parois intestinales, ce stimulus intéroceptif déclenchera, à lui seul, ces réactions dès lors conditionnées. Des expériences réalisées sur ce modèle et compliquées à l’infini, il ressort que les conditionnements intéroceptifs obéissent aux mêmes lois que les conditionnements extéroceptifs. Ils sont cependant plus lents à s’installer, mais sont aussi plus résistants à l’extinction. Démontrés chez l’homme comme chez l’animal, les conditionnements intéroceptifs constituent, chez le premier, un outil de choix pour l’étude des conditions élémentaires de la prise de conscience, notre univers intéroceptif échappant habituellement, pour la plus grande part, à notre conscience. G. Adam a ingénieusement exploité cette possibilité. Se fondant sur le potentiel évoqué comme témoin de l’excitation des intérocepteurs, il mesure l’écart entre le seuil «objectif» de sensibilité et le seuil «subjectif», correspondant à la prise de conscience de la stimulation. Puis, par des manœuvres fondées sur le conditionnement et faisant appel au système verbal, il abaisse le seuil subjectif. Il y a là une des rares approches expérimentales actuellement disponibles pour étudier les conditions de la prise de conscience, problème capital de la psychologie.
S’ajoutant aux démonstrations répétées de la dépendance conditionnée des organes internes par rapport aux stimulus extérieurs, les recherches sur le conditionnement intéroceptif confirment l’hypothèse d’une étroite interaction entre la vie végétative et les contrôles supérieurs; selon ces mêmes recherches, par conséquent, pas plus le fonctionnement normal que les dysfonctionnements de la vie végétative ne s’expliquent exclusivement selon un modèle de régulations inconditionnelles. L’étude du conditionnement intéroceptif constitue la première voie d’analyse expérimentale, malheureusement méconnue par les chercheurs occidentaux, des problèmes de psychosomatique.
Le second système de signalisation
Le développement de la fonction symbolique et l’apparition du langage introduisent chez l’homme des formes de conduite d’une complexité et d’une richesse extrêmes, qu’il ne peut être question de ramener aux lois du comportement infraverbal. Très tôt, Pavlov fut attentif à la nécessité d’une distinction entre le système de stimulus conditionnables que constituent les excitants du monde extérieur et intérieur, et le langage qu’il appela second système de signalisation. Un phénomène très simple est à l’origine des recherches développées par Ivanov-Smolensky, puis par Luria: si, dans le conditionnement d’un sujet humain, on substitue au stimulus conditionnel extéroceptif le mot qui le désigne dans le langage, on observe la même réaction conditionnelle.
Bien que, à la lumière des acquisitions de la psycholinguistique contemporaine, il ne soit plus possible de s’en tenir aujourd’hui à une explication de la genèse et de l’utilisation du langage par le conditionnement, les méthodes de conditionnement verbal gardent toute leur valeur.
D’une part, elles permettent l’étude des interactions entre système verbal et non verbal: Luria a montré comment, au cours de la croissance, le second système de signalisation imposait peu à peu sa régulation au comportement moteur, de même qu’il affinait les processus perceptifs. D’autre part, elles permettent d’aborder certains problèmes concernant le système linguistique lui-même, envisagé dans sa réalité psychologique. Ainsi, on peut conditionner à des stimulus verbaux, puis étudier, comme on le ferait dans le domaine des sons ou des couleurs, la généralisation à d’autres stimulus verbaux, présentant avec les premiers des ressemblances plus ou moins étroites quant au sens (généralisation sémantique) ou quant à la forme (généralisation phonétique). L’amplitude de la réaction conditionnelle enregistrée peut servir d’indice du degré de liaison sémantique ou phonétique qu’il y a entre les termes utilisés comme stimulus. Si l’on mélange des mots sémantiquement voisins et phonétiquement voisins dans une même expérience, des sujets intellectuellement et verbalement normaux feront essentiellement des généralisations sémantiques, les généralisations phonétiques étant marginales, accidentelles et passagères. Chez les oligophrènes, en revanche, les généralisations phonétiques domineront.
2. Le conditionnement «opérant»
La relation réponse size=5轢 renforcement
Le terme opérant , proposé par Skinner, désigne une forme de conditionnement qui, sur le plan des procédures expérimentales en tout cas, doit être distingué du conditionnement pavlovien. Dans la situation type de la cage de Skinner, munie d’un petit levier et d’un distributeur de nourriture, un rat, appuyant par hasard au cours de son exploration sur le levier – acte moteur définissant la réponse – est immédiatement récompensé par une ration de nourriture – le renforcement. On constate que la réponse renforcée tend à se reproduire. Tout se passe comme si l’animal agissait pour obtenir de la nourriture. Ce schéma expérimental remonte aux travaux de Thorndike (1911) sur l’apprentissage par essais et erreurs, et à sa formulation de la loi de l’effet; mais il revient à Skinner (1938) de l’avoir épuré et d’en avoir fait un outil de recherche d’une souplesse et d’une richesse d’application inégalées dans la méthodologie expérimentale de la psychologie contemporaine.
Dans le conditionnement opérant, à la différence du conditionnement pavlovien, ou respondent (selon la terminologie de Skinner), il n’y a pas de liaison préétablie entre la réponse étudiée et le renforcement (ou stimulus inconditionnel de la situation pavlovienne). La relation est totalement arbitraire, n’importe quelle réaction pouvant être liée à n’importe quel renforcement. De plus, la réponse est ici la condition du renforcement et, dans ce sens, le sujet agit sur son milieu, alors que, dans la procédure pavlovienne, il se borne à le subir en s’y adaptant, sans le modifier d’aucune sorte. Le schéma operant rend certainement compte de la grande majorité des conduites acquises au contact de l’environnement dans l’ensemble du règne animal.
La réponse peut entraîner l’apparition d’une stimulation recherchée par le sujet, ou renforcement positif (nourriture, boisson, accès au partenaire sexuel, modification dans les stimulations extéroceptives chez un sujet maintenu dans un état de privation sensorielle, stimulation électrique dans certains centres cérébraux, etc.). Elle peut avoir pour conséquence de soustraire le sujet à une stimulation provoquant naturellement une réaction de défense: on parlera alors de contrôle aversif , dont les cas les plus classiques sont les conditionnements d’évitement et d’échappement.
En compliquant les relations entre réponses et renforcements, avec la précision qu’autorise l’automatisation complète de ce genre d’expériences, les chercheurs ont pu dégager des lois fondamentales, dont certaines présentent une analogie évidente avec celles du conditionnement pavlovien (généralisation, discrimination, restauration spontanée, extinction, etc.).
Il n’est nullement nécessaire, pour maintenir un comportement en vigueur, de le renforcer chaque fois qu’il se présente. Le contrôle exercé par le renforcement paraît au contraire infiniment plus efficace s’il est intermittent. Ainsi, il est possible d’exiger d’un animal plusieurs centaines de réponses pour obtenir un renforcement, de soumettre ses réponses à des contraintes temporelles (réponses très rapprochées ou au contraire très espacées), pourvu que ces exigences soient imposées progressivement à partir de la liaison initiale: 1 réponse1 renforcement. Les diverses modalités de relation entre réponse et renforcement sont définies par les programmes de renforcement, atteignant parfois une complexité extraordinaire. Chacun d’entre eux engendre un type caractéristique de comportement – envisagé sous l’angle de la répartition des réponses dans le temps – très souvent identique chez les espèces les plus diverses, y compris l’homme, et d’une grande stabilité chez un même individu.
En raison de la rigueur du contrôle exercé sur les comportements et de la facilité des études prolongées sur des organismes individuels, la méthode du conditionnement operant a permis d’aborder nombre de problèmes jusque-là fermés à l’analyse expérimentale ou très imparfaitement abordés, qui s’étendent de l’étude de l’anxiété aux interférences entre renforcements positifs et contrôles aversifs, des régulations temporelles aux mécanismes de motivation, des conduites d’attention aux réactions à la douleur, de l’investigation des corrélats neurophysiologiques des comportements à l’examen des effets des substances psychotropes et à la préparation d’animaux-tests destinés aux expériences spatiales, pour s’en tenir aux illustrations les moins ésotériques.
Le conditionnement opérant des organes internes
L’importance du conditionnement opérant dans l’adaptation des organismes à leur milieu par l’intermédiaire des conduites motrices – choisies comme réponses dans la plupart des expériences – a donné à penser que ledit conditionnement concernait exclusivement la musculature squelettique, instrument privilégié de la vie de relation chez les vertébrés, la musculature lisse des viscères étant susceptible du seul conditionnement de type pavlovien. La raison d’une telle distinction, admise jadis par Skinner, était l’absence totale de données expérimentales démontrant la possibilité de conditionner les réponses viscérales selon le modèle opérant. Elle supposait donc une autonomie de la vie végétative par rapport à la vie de relation, hypothèse que la physiologie moderne, comme les travaux de l’école de Bykov, ont rendue de moins en moins acceptable.
Plusieurs expérimentateurs ont réussi à établir des conditionnements opérants de réponses relevant du système nerveux autonome, tels la réponse salivaire, la réaction électro-dermale ou le rythme cardiaque. On a objecté, cependant, que le conditionnement était dans ces cas indirect, passant par la médiation d’une réponse de la musculature squelettique. Les expériences de N. Miller et de ses collaborateurs, publiées entre 1967 et 1972, fournissaient apparemment une réplique décisive à cette objection. Utilisant comme renforcement l’autostimulation intracérébrale (Olds, 1957) ou l’évitement d’un choc électrique, ces chercheurs firent état de modifications bi-directionnelles, chez le rat, du rythme cardiaque, du rythme de contraction intestinale et de plusieurs autres réactions viscérales. Cette démonstration était capitale pour la théorie du conditionnement et présentait le grand intérêt de compléter les découvertes de Bykov en ouvrant une perspective nouvelle pour l’analyse des problèmes de psychosomatique. Elle fut, d’ailleurs, au point de départ de l’essor des techniques dites de rétroaction biologique (biofeedback ), techniques qui visent à faire contrôler par le sujet ses propres réactions biologiques et qui, à cette fin, s’appuient sur leur conditionnement selon le mode opérant. La difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, de reproduire les résultats de Miller et de ses collaborateurs – difficulté que ces auteurs eux-mêmes ont éprouvée – laisse planer un doute sérieux sur leur validité et invite à une grande prudence quant aux conclusions qu’on serait tenté d’en tirer sur le plan théorique, et quant aux applications que l’on prétendrait en faire découler.
3. Applications
Enseignement programmé
L’enseignement programmé et les machines à enseigner constituent une transposition directe à l’instruction des principes qui ont été dégagés de l’expérimentation en laboratoire. Une matière programmée, généralement présentée à l’élève à l’aide d’un dispositif dont le micro-ordinateur est la version la plus moderne, est découpée en fragments courts, auxquels l’élève est appelé à répondre. La fragmentation est telle que les connaissances à fixer sont très progressivement acquises, éventuellement sans erreurs, l’élève demeurant continuellement actif et travaillant à son rythme propre. La situation aussi bien que les principes de la programmation respectent les lois du conditionnement operant : importance de la production d’une réponse dans l’acquisition (la simple exposition à un stimulus n’y suffisant pas); importance de la liaison systématique réponserenforcement; progressivité; supériorité des contrôles positifs sur les contrôles aversifs dans l’apprentissage de comportements riches et nuancés.
La subtilité des relations entre les diverses variables mises en évidence chez les organismes inférieurs incite à déployer, dans le contrôle des acquisitions intellectuelles de l’homme, des moyens pour le moins aussi élaborés. C’est la raison pour laquelle une didactique qui veut se conformer à ces exigences en vient à recourir à des dispositifs automatiques plus ou moins perfectionnés, des «machines», non pour soumettre à plaisir le comportement humain à une mécanisation, mais bien pour le modeler à l’aide de moyens qui répondent adéquatement à sa complexité.
Il est important de noter que les didactiques inspirées du conditionnement excluent délibérément, dans l’explication des apprentissages intellectuels, toute référence à des facultés mentales ou à des entités psychologiques abstraites. Des notions telles que: mémoire, attention, réflexion, esprit mathématique, créativité, n’ont aucune signification et ne peuvent servir de point de départ dans l’enseignement si l’on n’y rapporte pas des comportements précis clairement analysés.
Traitement des troubles du comportement
Une perspective analogue, caractéristique d’ailleurs de l’école pavlovienne aussi bien que de l’école américaine, et qui a été synthétisée dans les formulations des béhavioristes, se retrouve dans un autre domaine d’application, à savoir le traitement des troubles du comportement. À la différence des conceptions psychothérapeutiques les plus répandues, pour lesquelles les comportements anormaux observés ne sont généralement que l’expression des troubles d’un appareil psychique sous-jacent, l’école dite de la Behavior Therapy tient les comportements aberrants pour partie constitutive du trouble psychologique. Probablement engendrés, entre autres causes, par les anomalies des processus d’acquisition (l’idée d’un terrain psychologique prédisposant n’étant nullement exclue, comme l’indique la place de la typologie chez Pavlov), ces comportements aberrants sont susceptibles d’une tentative de guérison fondée sur les lois des mêmes processus.
Les méthodes employées visent à déconditionner des conduites inadaptatives persistantes, acquises souvent dans des situations traumatisantes (traitement des phobies, par exemple), à réduire des systèmes d’inhibition empêchant le déroulement normal de certains comportements (traitement de certaines formes d’insuffisances ou d’anomalies sexuelles), à constituer ou à rétablir des formes de comportement pathologiquement atrophiées (rétablissement de la communication verbale dans l’autisme, installation d’une discipline horaire dans l’organisation sociale d’un pavillon de schizophrènes, réinstauration des conduites alimentaires autonomes chez des anorexiques), et enfin à élaborer des conduites incompatibles avec les comportements à éliminer.
La distinction entre les deux types de conditionnement, aisée à justifier sur le plan des procédures expérimentales, soulève certains problèmes, dès que l’on s’interroge sur leurs mécanismes. Il convient de noter que cette distinction, accentuée par les expérimentateurs et théoriciens américains, n’a jamais retenu l’attention des chercheurs pavloviens qui traitent indifféremment dans les mêmes termes des expériences relevant des deux catégories.
Il n’est guère fondé de distinguer les deux types de conditionnement en leur assignant à chacun un domaine psychophysiologique distinct: au conditionnement de type 1, le domaine du système nerveux autonome; au conditionnement de type 2, celui du système nerveux de la vie de relation. On dispose, en effet, de nombreux cas qui viennent contredire cette règle, même si les expériences cruciales de Miller et de ses collaborateurs doivent être prises avec réserve.
Une autre hypothèse consiste à voir dans le conditionnement un seul mécanisme et à ramener l’ensemble des faits décrits à partir des deux procédures soit au mécanisme pavlovien, soit au mécanisme opérant. Ainsi, on a proposé de voir en toute réaction conditionnée, même au départ d’une liaison permanente, un élément opérant , simplement masqué ou ignoré dans le déroulement des expériences de type pavlovien. Ces dernières tronqueraient, en quelque sorte, un mécanisme adaptatif que les procédures opérantes autoriseraient à se déployer et qui prendrait une place d’autant plus grande que l’organisme est différencié et dispose d’un répertoire étendu de conduites susceptibles de se trouver associées avec un renforcement.
Inversement, pour certains auteurs, le mécanisme primaire est le conditionnement de type 1 ou pavlovien, auquel on pourrait réduire le conditionnement opérant. Ils tirent leur argument de nombreuses similitudes entre les faits décrits de part et d’autre et de découvertes inattendues dans la situation de conditionnement opérant elle-même. Ainsi, l’une des réponses opérantes les plus utilisées, le coup de bec du pigeon sur un disque lumineux, s’installe, à l’origine, comme une liaison pavlovienne avec le stimulus inconditionnel alimentaire; et elle n’est pas, comme on l’a longtemps pensé, une liaison arbitraire entre une conduite motrice quelconque et un renforcement (phénomène d’autoconditionnement ou autoshaping ).
Un débat a longtemps opposé, dans l’étude du comportement animal, les spécialistes du comportement et les éthologistes, ces derniers reprochant aux premiers de ne pas prendre en compte les structures de comportement propres à l’espèce pour exalter un mécanisme général d’acquisition. Ce reproche s’adressait particulièrement aux spécialistes du conditionnement opérant, dans la mesure où ceux-ci insistaient sur le caractère arbitraire de la liaison réponse-renforcement et sur la similarité, d’une espèce à l’autre, des comportements engendrés par les programmes de renforcement. Depuis 1970, on assiste progressivement à une intégration des approches issues de l’éthologie et des approches caractéristiques des théories du conditionnement. Pour les tenants de ces dernières, cette évolution est due non seulement aux objections des éthologistes, mais aux données expérimentales de plus en plus nombreuses qu’ils rencontrent sur leur propre terrain. D’une part, la diversification des espèces étudiées, bien que fort limitée encore, suffit à faire apparaître des différences interspécifiques qui déjouent la généralité des lois jadis tenues pour universelles. D’autre part, les comparaisons, au sein d’une même espèce, de systèmes de réponses et de stimulus font apparaître des contraintes spécifiques qui modulent le jeu des mécanismes de conditionnement. Ainsi, chez le rat, le conditionnement peut s’établir entre un stimulus olfactif ou gustatif et un état de malaise interne survenant plusieurs heures après par l’effet d’un agent toxique. Cette violation de la loi de continuité temporelle entre stimulus conditionnel et stimulus inconditionnel ne se présente pas, cependant, si l’on utilise un stimulus visuel ou auditif (Garcia, 1966). On peut dire qu’aujourd’hui l’analyse du comportement animal envisage conjointement, dans une perspective de complémentarité, les potentialités spécifiques mises en place par la phylogenèse et les mécanismes d’acquisition intervenant dans leur actualisation à travers l’interaction de l’organisme avec son milieu.
Un autre problème controversé est celui de savoir si le schéma du conditionnement s’applique à l’ensemble des comportements acquis. Les apprentissages dits latents – c’est-à-dire réalisés en l’absence de tout renforcement – et les préconditionnements sensoriels soulevaient déjà la question d’un mécanisme d’ordre plus cognitif. Beaucoup de psychologues contemporains l’invoquent pour expliquer nombre d’acquisitions chez l’animal; à plus forte raison, au niveau humain, est-on tenté de voir à l’œuvre les stratégies d’apprentissage, impliquant fréquemment les représentations et les activités mentales, et dépassant le niveau des liaisons associatives caractéristiques des conditionnements. C’est ainsi que les psycholinguistes contemporains ont sévèrement critiqué les tentatives d’expliquer l’apprentissage du langage chez l’enfant par des processus de conditionnement. La complexité des apprentissages réalisés suggère, dans ce cas, l’intervention de structures organisatrices que certains assignent à l’équipement inné – ce qui ramène le débat à celui qu’on a évoqué plus haut des constantes spécifiques –, alors que d’autres préfèrent les attribuer à l’activité constructrice du sujet. La question reste ouverte, cependant, malgré le succès actuel des thèses cognitivistes, de savoir si les multiples formes et niveaux d’acquisition exigent que l’on invoque à chaque fois des mécanismes d’apprentissage originaux ou si un ou deux mécanismes fondamentaux suffisent à en rendre compte.
conditionnement [ kɔ̃disjɔnmɑ̃ ] n. m.
• 1845; de condition
♦ Le fait de conditionner.
1 ♦ Conditionnement des textiles : opération déterminant le pourcentage normal d'humidité que doit contenir chaque matière textile. Étuve de conditionnement. — Par anal. Conditionnement des bois tropicaux. — Conditionnement du blé : opération mettant le grain de blé dans la meilleure condition de mouture.
2 ♦ Conditionnement de l'air : réglage de la température et du degré hygrométrique de l'air d'un local. ⇒ climatisation.
3 ♦ Présentation de certains articles pour la vente. ⇒ emballage, embouteillage, empaquetage. Conditionnement d'un médicament. Un beau conditionnement. ⇒ packaging.
4 ♦ Psychol., physiol. Action de conditionner; de provoquer artificiellement des réflexes conditionnés, et par ext. des habitudes de pensée, de comportement dans un ensemble social (⇒ intoxication, matraquage). Le conditionnement du public par les médias. — Processus d'acquisition d'un réflexe conditionné.
⊗ CONTR. Déconditionnement.
● conditionnement nom masculin Action de conditionner, d'influencer, d'être conditionné : Le conditionnement de l'opinion publique par les médias. Agriculture Traitement d'un fourrage à l'aide d'un conditionneur. Agroalimentaire Action de conditionner un produit alimentaire. Emballage Emballage de présentation et de vente d'une marchandise. Psychologie Établissement, chez l'animal ou l'homme, d'un comportement nouveau correspondant à des critères bien définis. Technique Réglage de la température et de l'humidité d'une matière première pour la placer dans les conditions de traitement les plus favorables. Textiles Série d'opérations destinées à déterminer la quantité d'eau contenue dans un textile et à calculer le poids conditionné de ce textile. ● conditionnement (expressions) nom masculin Conditionnement d'air, ensemble d'opérations ayant pour objet de conditionner l'air introduit dans un local.
conditionnement
n. m.
d1./d PSYCHO établissement d'un comportement déclenché par un stimulus artificiel.
d2./d Action d'emballer un produit avant de le présenter au consommateur; premier emballage, au contact direct du produit.
d3./d Conditionnement de l'air, pour maintenir dans un local des conditions de température, d'hygrométrie et de pureté fixées à l'avance.
⇒CONDITIONNEMENT, subst. masc.
Action de soumettre à une ou plusieurs conditions. La phonétique que nous pourrions définir comme la science des conditionnements matériels de la langue (Traité de sociol., 1968, p. 266) :
• 1. On vient nous dire : « ce sont des valeurs bourgeoises. » Mais qu'est-ce que cette histoire de la définition de l'art par son conditionnement? Qu'on me comprenne bien. Je tiens pour juste qu'un philosophe russe — d'ailleurs en Sibérie depuis — ait dit que « la pensée de Platon est inséparable de l'esclavage ». Il est vrai qu'il y a une donnée historique de la pensée, un conditionnement de la pensée. Mais le problème ne se termine pas ici : ...
MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 170.
A.— Techniques
1. Traitement par lequel des produits sont préparés selon certaines règles, certaines normes. Conditionnement des soies, des laines, des bois, des céréales. Dès l'ouverture du canal de Suez, Londres cessait d'être le marché de conditionnement des soies et cédait la place à Lyon (A. ALBITRECCIA, Ce qu'il faut connaître des grands moyens de transp., 1931, p. 125). Le conditionnement et le stockage collectifs des récoltes (H. BOULAY, Arboric. et production fruitière, 1961, p. 120).
— Spéc. Conditionnement d(e l)'air (cf. air conditionné). On doit maintenir une température et un état hygrométrique convenables par des installations de conditionnement d'air (G. BRUNERIE, Les Industr. alim., 1949, p. 100).
2. Procédé par lequel un produit est enveloppé pour en assurer la protection, la conservation et en favoriser la vente. Les fournitures de conditionnement pour les margarines et les graisses (enveloppages, cartons, étiquettes, caisses, etc.) (G. BRUNERIE, Les Industr. alim., 1949 p. 224).
— P. méton. L'emballage proprement dit :
• 2. Les médicaments (...), pris en charge et utilisés par les collectivités publiques et par les organismes de Sécurité sociale doivent comporter sur leur conditionnement, à l'exclusion des spécialités pharmaceutiques présentées sous un conditionnement réservé aux hôpitaux, une vignette portant la dénomination du produit et le prix...
La Réforme de la Sécurité soc., 1968, p. 44.
Rem. La docum. fournit l'ex. de conditionnement désignant l'établissement où ont lieu ces préparations, où sont entreposées ces marchandises. Decraemer (...) courut les conditionnements, les magasins où le service de la reconstitution avait ses dépôts, et se servit (VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 467).
B.— MÉD. Traitement physique ou psychologique effectué chez un individu pour le préparer à subir une intervention. La réalisation d'implantations rénales interhumaines moyennant un conditionnement du receveur (M. BARIÉTY, Ch. COURY, Hist. de la méd., 1963, p. 699).
— En partic., PSYCHOL. [En parlant des réflexes conditionnés] Le conditionnement, suivant la terminologie de Pavlov, n'est autre que l'établissement de réflexes associés (CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 374).
♦ P. ext. Assujettissement de la volonté humaine à un déterminisme :
• 3. Les immenses moyens modernes de diffusion des idées jouent un rôle essentiel dans le conditionnement des idées. Il ne s'agit pas uniquement de conditionnement politique. La publicité commerciale se base sur les mêmes mécanismes et les mêmes moyens de diffusion.
Psychol. 1969, p. 142.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1845 textiles (BESCH.); 1929 « suite d'opérations qui ont pour effet d'amener le grain de blé dans la meilleure condition de mouture » (Lar. 20e); 2. 1863 philos. « action de conditionner » (LITTRÉ); 1864 « fait d'être déterminé » (RENOUVIER, Essais de crit. gén., p. 145); cf. 1902 (BARRÈS, Amori et dolori Sacrum, p. 123 : notre conditionnement [comme on dit des marchandises et encore des athlètes]); en partic. 1935 psychol. (CARREL, loc. cit.). Dér. du rad. de conditionner; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :39. Bbg. Conditionnement. Déf. Lang. fr. 1967, pp. 34-35. — DUB. Dér. 1962, p. 31.
conditionnement [kɔ̃disjɔnmɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1845; de conditionner.
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1 Techn. Opération qui a pour but de déterminer le pourcentage normal d'humidité que doit contenir chaque matière textile. ⇒ Traitement (des textiles). || Étuve de conditionnement, dans laquelle on dessèche un échantillon du lot examiné. || Le conditionnement du coton, de la soie. || Établissement où s'opère le conditionnement des textiles. ⇒ Condition. — Conditionnement des bois tropicaux.
♦ (1929). Opération qui a pour but d'amener le grain de blé dans la meilleure condition de mouture.
♦ Agric. Aplatissement (du fourrage), destiné à accélérer sa dessiccation.
2 (Adapt. de l'angl. air conditioning). || Conditionnement de l'air : réglage de la température et du degré hygrométrique de l'air d'un local. ⇒ Climatisation; conditionné (air).
3 Fait d'emballer et de présenter un produit pour la vente. || Service de conditionnement.
1 (…) vous n'allez pas nous reprocher d'apporter tous nos soins au conditionnement de produits qui doivent parfois attendre longuement l'usage ou la fin de l'usage (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, II, p. 41.
♦ Emballage d'un produit. || Le conditionnement d'un médicament. || Vendre un produit sous divers conditionnements.
4 (1863). Action de conditionner, de provoquer artificiellement des réflexes « conditionnés »; processus d'acquisition d'un réflexe conditionné. || Conditionnement et apprentissage. ⇒ aussi Dressage.
2 Pavlov a cherché à créer des réflexes conditionnés à la douleur. Sous l'action d'un fort courant électrique, le chien crie et se débat, si on lui présente alors de la viande il n'y fait même pas attention, mais on répète de nombreuses fois l'expérience, et à condition de faire suivre régulièrement d'un repas l'excitation électrique douloureuse, celle-ci finit par devenir régulièrement sialogène. On a remplacé le réflexe inhibiteur spontané dû au stimulus électrique par un réflexe conditionnel dynamogénique. Le conditionnement l'a emporté sur l'instinct, on a appris au chien à surmonter la douleur immédiate en lui faisant escompter le plaisir futur, le chien a été dressé.
Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 106.
♦ Action, concertée ou non, qui a pour résultat de susciter des habitudes de pensée, de comportement, chez une personne ou (plus souvent) dans un ensemble social, par des moyens agissant sur les psychologies, les consciences. || Le conditionnement d'une personne, d'un groupe, par une propagande habilement menée. || Le conditionnement du public par les médias. ⇒ aussi Intoxication, matraquage.
3 La science du conditionnement musculaire est empiriquement pratiquée pour les besoins d'uniformité politique depuis l'aube des premières cités, c'est sur elle que reposent les mouvements de foule, le comportement des masses qui marchent « comme un seul homme ».
A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. II, p. 105.
5 Didact. et rare (emploi général). Mise en dépendance de certaines conditions; fait de conditionner.
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COMP. Déconditionnement.
Encyclopédie Universelle. 2012.