mandarin [ mɑ̃darɛ̃ ] n. m.
• 1581; port. mandarim, altér. d'apr. mandar « mander, ordonner », du malais mantari « conseiller »
1 ♦ Hist. Haut fonctionnaire de l'empire chinois, coréen. Les mandarins étaient généralement recrutés par concours parmi les lettrés. Robe de mandarin.
2 ♦ Fig. (1814) Lettré influent; personne cultivée munie de titres. ⇒ intellectuel. « Les Mandarins », de S. de Beauvoir. — Péj. Personnage important qui exerce un pouvoir absolu dans son domaine. ⇒ 1. patron, pontife, potentat; mandarinat (2o). Les mandarins de l'université de médecine.
3 ♦ Langue chinoise moderne, véhiculaire, parlée dans le nord, le centre et le sud-ouest de la Chine. ⇒ pékinois . Adjt Les dialectes mandarins.
4 ♦ Canard mandarin ou Ellipt mandarin : espèce de canard au plumage très coloré, originaire d'Extrême-Orient.
● mandarin nom masculin (portugais mandarim, du malais mantari, ministre d'État, avec l'influence de mandar, ordonner) Appellation conférée par les Occidentaux, à partir de la fin du XVIe s., aux lettrés-fonctionnaires de l'Empire chinois. Personnage important et influent, dans son milieu, en particulier professeur d'université. Forme dialectale du chinois la plus répandue en Chine. (Parlé par plus de 70 % de la population han, le mandarin est la base du chinois standard, ou putonghua.) Canard forestier originaire de Mandchourie et du Japon, au plumage très coloré, à la tête huppée, utilisé comme oiseau d'ornement des pièces d'eau. ● mandarin (citations) nom masculin (portugais mandarim, du malais mantari, ministre d'État, avec l'influence de mandar, ordonner) Anonyme Tuer le mandarin. Commentaire Chateaubriand (Génie du christianisme) : « Si tu pouvais par un seul désir tuer un homme à la Chine et hériter de sa fortune en Europe… Consentirais-tu à former ce désir ? ». Balzac, dans le Père Goriot, attribue l'hypothèse à J.-J. Rousseau. ● mandarin (synonymes) nom masculin (portugais mandarim, du malais mantari, ministre d'État, avec l'influence de mandar, ordonner) Forme dialectale du chinois la plus répandue en Chine.
Synonymes :
● mandarin, mandarine
adjectif
Propre aux mandarins.
mandarin, ine
n. m. et adj.
rI./r n. m.
d1./d HIST Dans l'ancienne Chine, puis au Viêt-nam et en Corée, fonctionnaire qui était recruté par concours parmi les lettrés.
d2./d Fig., péjor. Lettré influent. Les mandarins de la littérature, de la presse.
|| Professeur d'université attaché à ses prérogatives.
rII./r adj.
d1./d Des mandarins (sens I, 1). Jonque mandarine.
|| n. m. Le mandarin: la plus importante des langues chinoises, parlée ou comprise dans presque tout le pays, à l'exception des régions côtières du Sud-Est. Le mandarin est la langue officielle de la république populaire de Chine.
d2./d Canard mandarin: canard d'Extrême-Orient, au plumage bariolé, élevé comme oiseau d'ornement.
I.
⇒MANDARIN1, subst. masc. et adj.
I. —Emploi subst. masc.
A. —Fonctionnaire civil ou militaire des anciens empires de Chine, de l'Annam ou de la Corée, appartenant à la classe des lettrés et recruté par concours. Mandarin lettré; mandarin civil; mandarin militaire. Un grand mandarin est un vice-roi. Un petit mandarin est un huissier ou un geôlier (Ac. 1835-1878). Le père Ricci (...) se fit, à l'aide de cette science [les mathématiques], des protecteurs parmi les mandarins. Il quitta l'habit des bonzes, et prit celui des lettrés (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 419). Salut! terre antique de la Chine! pays de la porcelaine, des lanternes et des mandragores! salut! Patrie des magots, des mandarins et des lettrés! (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 109):
• 1. [Ce] monde de vieux mandarins (...) sait que la délégation de l'Internationale et la Propagande maintiennent seules l'état actuel (...), s'opposent seules avec force au retour de l'état de choses qu'ils n'ont pas su maintenir, de cette république de fonctionnaires dont les deux piliers étaient l'ancien mandarin et le nouveau: médecin, avocat, ingénieur.
MALRAUX, Conquér., 1928, p. 68.
Rem. Le fém. n'est employé qu'exceptionnellement et p. plaisant. Les militaires, à l'exception des sous-lieutenants qui se proposent de couper les queues de tous les mandarins et de faire l'amour à toutes les mandarines, regardent l'affaire [de Chine] comme très hasardeuse (MÉRIMÉE, Lettres Ellice ds R. Universelle, t. 38, 1929, p. 519).
♦Arbre des mandarins. ,,Arbre de Cochinchine, dont le fruit contient une pulpe granulée blanche et sucrée`` (DG; ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 19e).
— Loc. [Souvent présentée après Balzac (Goriot, 1835, p. 155) comme venant de Rousseau, mais peut-être en fait p. allus. à un passage de Chateaubr. (Génie, 1803)] Tuer le mandarin. Ne pas hésiter à commettre, au détriment d'un inconnu, une action malhonnête qui doit être profitable et a toute chance de rester ignorée et impunie. Le mauvais côté de la pensée humaine sera toujours résumé par ce paradoxe de Jean-Jacques Rousseau, vous savez. — Le mandarin qu'on tue à cinq mille lieues en levant le bout du doigt. — La vie de l'homme se passe à faire de ces choses-là (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 764). Devant l'occasion de voler sans aucun risque, ou bien en tuant le fameux mandarin, c'est là que l'honnête homme se reconnaît (ALAIN, Propos, 1932, p. 1096).
B. —P. anal.
1. Lettré, personnage savant. La seule chose raisonnable (...) c'est un gouvernement de mandarins, pourvu que les mandarins sachent quelque chose et même qu'ils sachent beaucoup de choses (FLAUB., Corresp., 1871, p. 228). On sent très bien et il est établi entre mandarins vraiment lettrés que tels écrivains, quels que soient d'ailleurs leurs défauts et leurs manies, «existent» (LEMAÎTRE, Contemp., 1885, p. 245).
2. Gén. péj.
a) Intellectuel, artiste recherchant la gratuité, cultivant ou préconisant un raffinement excessif qui le coupe de la masse. Art, jeu, divertissement de mandarins. Je me suis entêté dans ma littérature, et je suis resté un classique. On peut me traiter d'aristocrate et de mandarin (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 156). Tous ces mandarins du dîner Magny n'ont guère d'entrailles (...). Toute la question est de savoir si l'homme a le droit de se retrancher du monde et de se mutiler, lorsque ce n'est pas en vue du royaume de Dieu (MAURIAC, Gds hommes, 1949, p. 197):
• 2. ... le panhumanisme qui est à la base de la littérature universelle, suppose la rupture avec l'art pour l'art, et la liaison de la littérature avec la vie de tous les hommes. L'artiste qui fait de l'art un refuge pour une élite, peut être un curieux des littératures étrangères, subir leur attrait et leur influence; il restera un dilettante. Une littérature de mandarins ne peut que rester en marge du monde.
Arts et litt., 1936, p. 56-10.
b) Personnage qui, souvent en raison de ses titres, de ses diplômes, de ses fonctions, fait figure de potentat dans son domaine. Mandarins de Faculté. M. Bonaparte voulait qu'Arago jurât. Sachez cela, l'astronomie doit prêter serment (...). Le mandarin de l'Institut relève du mandarin de la police. La grande lunette à pied parallactique doit hommage-lige à M. Bonaparte (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 173). Elle [l'École] préparait son empire sur le siècle, où les techniciens et les mandarins à diplômes domineraient l'État (ARNOUX, Roi, 1956, p. 272). La population finalement appréciera peu de ne plus pouvoir «se payer», quand elle estime en avoir besoin, une consultation privée de mandarin! (Le Monde, 15 déc. 1976, p. 13):
• 3. À côté des médecins et thérapeutes, qui cherchent à guérir, il y a les pontifes, mandarins et autres, qui ne cherchent qu'à donner le change, gagner des grades, des titres et à faire de l'argent.
L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 7.
II. A. — Emploi adj. Qui est relatif aux mandarins (supra I A), à leur pays. Rien de plus prestigieux (...). Que les flancs vermillonnés, Fleuronnés, D'une jonque mandarine (POMMIER, Colifichets, 1860, p. 300).
— Route mandarine. Voie de communication de l'ancien empire d'Annam. Une oeuvre de main d'homme, imprévue, grandiose, barbare: l'escalier de la route mandarine (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 169).
B. —Adj. et subst. masc.
1. LING. La langue mandarine ou subst. le mandarin.
a) [Dans l'ancienne Chine] Langue savante utilisée par les mandarins et les classes cultivées. Outre le langage propre et particulier de chaque nation et de chaque province, il y en a un commun à tous les savants de l'empire, qui est ce qu'on appelle le mandarin; c'est la langue de la cour: les officiers publics, comme les notaires ou greffiers, les jurisconsultes, les juges, les magistrats, écrivent et parlent le mandarin (PISSOT 1803).
— P. anal. Langue mandarine. Langue littéraire, savante. On voit dans toutes les littératures apparaître, plus ou moins tard, une langue mandarine, parfois très éloignée de la langue usuelle; mais, en général, cette langue littéraire est déduite de l'autre, dont elle tire les mots, les figures, les tours les plus propices aux effets que recherche l'artiste en belles-lettres (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 26).
b) Langue officielle de la Chine moderne, issue des parlers du nord de la Chine. Le plus important d'entre eux [des dialectes modernes], par le nombre des gens qui le parlent et l'étendue du territoire où il est parlé, est le kouan-houa (...) ou, comme on l'appelle d'ordinaire, la «langue mandarine» (Lang. Monde 1952, p. 598).
— [P. méton.] Qui est relatif à la langue mandarine. Dans la prononciation mandarine du chinois, on distingue, outre une intonation unie, deux intonations montantes et une intonation descendante (Arts et litt., 1935, p. 10-5).
2. ORNITH. Canard mandarin ou subst. mandarin. Canard originaire de l'Extrême-Orient, caractérisé par son plumage bigarré. Il [le brodeur japonais] brode (...) des robes figurant des vaguettes sur lesquelles flottent des canards mandarins (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 204).
REM. Mandarinique, adj., hapax. Qui appartient aux mandarins. Synon. mandarinal. Le propre de ces civilisations dont l'origine se perd dans les temps, comme l'Égypte, la Chine (...) est (...) un mépris absolu pour le barbare (...) qui répugne aux moeurs mandariniques et à la manie des règlements administratifs (RENAN, Hist. peuple Isr., t. 1, 1887, p. 155).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-in]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1581 subst. «conseiller d'un roi, ministre» (S. GOULART, Histoire du Portugal..., p. 546 [trad. de l'ouvrage lat. de J. Osorius et Lopez de Castagnède] ds KÖNIG, p. 135, v. aussi note 5); b) 1604 [éd.] «haut fonctionnaire chinois, indochinois ou coréen» (LE LOYER, IV Livres des spectres..., p. 495); c) fig. ) 1830 «lettré influent» (LAMART., Corresp. gén., juin ds QUEM. DDL t. 15); ) 1852 mandarin de l'Institut (HUGO, loc. cit.); 2. 1603 «langue littéraire chinoise» (LA BORIE, Histoires des Indes, p.324: De cestuy-là [le Mandarin] usent les Courtisans, Secrétaires et Jurisconsultes, Juges et Magistrats); 1697 adj. langue Mandarine (LE COMTE, Nouv. Mém. sur l'état prés. de la Chine, t.1, p.333 ds KÖNIG, s.v. thé, p. 204); 3. 1872 adj. canard mandarin (LITTRÉ Add.). Empr. au port. mandarim, où le mot s'appliquait aux hauts fonctionnaires de Malaisie, de Chine et d'Annam (1514, mandarin ds DALG.), lui-même empr., avec altération d'apr. mandar «mander, ordonner» (du lat. mandare, v. mander), au malais mantari «conseiller du roi, ministre», empr. au sanscrit mantrin «conseiller d'État». L'emploi de mandarin, pour désigner le canard, peut s'expliquer, soit par une extension de l'emploi de mandarin à tout ce qui est chinois, soit par une allusion à la richesse des couleurs des tuniques des mandarins, ce canard étant remarquable par la beauté de son plumage. Cf. FEW t.20, p.104b. Fréq. abs. littér.:125.
II.
⇒MANDARIN2, subst. masc.
Apéritif à base d'extrait de mandarine. Un mandarin-citron. Tiens, le père Cougourde, un homme admirable qui buvait douze mandarins par jour, sais-tu pourquoi il ne vient plus? Il me l'a dit. Parce que tes mélanges fantaisistes risquaient de lui gâter la bouche (PAGNOL, Marius, 1931, I, 3, p. 31).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1931 (PAGNOL, loc. cit.). Forme masc. de mandarine, cet apéritif étant préparé avec ce fruit.
1. mandarin, ine [mɑ̃daʀɛ̃, in] n. m. et adj.
ÉTYM. 1581; port. mandarin, altér., d'après le verbe mandar « mander, ordonner », du malais mantari, sanscrit mantrin « conseiller d'État ».
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A N. m.
1 Haut fonctionnaire civil ou militaire de l'empire chinois (→ 2. Bande, cit. 8). || Les mandarins étaient généralement recrutés par concours, parmi les lettrés (→ Face, cit. 20; financier, cit. 3).
1 C'était un homme gigantesque, somptueusement vêtu d'une robe de brocart, et coiffé d'une toque à boule de corail rouge uni, marque de la plus haute classe des mandarins chinois.
Claude Farrère, la Bataille, V.
♦ ☑ Allus. littér. Tuer le mandarin, allusion à un célèbre dilemme moral, formulé par Chateaubriand (le Génie du christianisme, I, VI, II. — REM. Depuis Balzac, cette locution est souvent attribuée à Rousseau.
2 (…) As-tu lu Rousseau ? — Oui. — Te souviens-tu de ce passage où il demande à son lecteur ce qu'il ferait au cas où il pourrait s'enrichir en tuant à la Chine par sa seule volonté un vieux mandarin, sans bouger de Paris ? — Oui. — (…) J'en suis à mon trente-troisième mandarin.
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 960.
2 (1830, Lamartine, Corresp. gén., in D. D. L.). Fig. Personne d'un grand savoir, et très puissante. || Les mandarins de l'université : les professeurs. || Des « subtilités de mandarin déliquescent » (→ Chinoiserie, cit. Proust). — Les Mandarins, roman de S. de Beauvoir.
3 Chacun sait aujourd'hui quand il fait de la prose;
Le siècle est, à vrai dire, un mandarin lettré.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Une bonne fortune », II.
4 Les difficultés ou les raffinements du français en font, qu'on le veuille ou non, une langue de mandarins. La simplicité relative de l'anglais en fait une langue de commerçants ou d'hommes d'action.
A. Thérive, Libre histoire de la langue franç., p. 308.
♦ Par ext. Personnage important, influent.
5 Tous trois appartenaient à la maison Vedel et Gayet, où Édouard avait, depuis peu, pris figure de mandarin. Ils lui marquèrent donc cette déférence hostile que l'ambition déçue réserve au triomphe d'autrui.
G. Duhamel, Salavin, III, XXIX.
3 (1603). Ling. Vx. || Le mandarin : le chinois littéraire, savant, tel que les mandarins savaient l'écrire, le parler. — Appos. ou adj. :
6 Il y aura un français littéraire qui s'opposera au français vulgaire comme les deux espèces d'arabe s'opposent l'une à l'autre, comme le chinois mandarin s'oppose aux langues parlées en Chine.
J. Vendryes, le Langage, p. 328.
♦ Mod. Dialecte du chinois moderne, parlé notamment à Pékin. ⇒ Chinois.
➪ tableau Classification des langues.
B Adj.
1 Des mandarins.
2 (1697). || Langue mandarine : le mandarin.
3 Hist. || Route mandarine : importante route de l'empire d'Annam.
4 (1873). || Canard mandarin : canard d'une espèce répandue en Extrême-Orient.
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DÉR. Mandarinal, mandarinat.
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2. mandarin [mɑ̃daʀɛ̃] n. m.
ÉTYM. Déb. XXe; marque déposée, de mandarine.
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♦ Apéritif à base d'extrait de mandarine. || Mandarin curaçao.
Encyclopédie Universelle. 2012.