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GESTATION
GESTATION

Chez les animaux vivipares, tels que les Mammifères, l’œuf se développe complètement à l’intérieur de l’utérus maternel: l’état d’une femelle qui porte son ou ses petits depuis la nidation de l’œuf dans l’endomètre utérin jusqu’à la parturition (accouchement, mise-bas), s’appelle la gestation.

Notons que certaines espèces présentent une pseudo-gestation avec signes externes et internes de la gestation vraie sans qu’il y ait effectivement développement d’embryons dans l’utérus.

La durée de gestation, qui est propre à chaque espèce (tabl. 1), dépend notamment de l’âge de la mère, de la taille de la portée, de l’alimentation, de la saison...

Conditions du développement embryonnaire

Nidation de l’embryon

La nidation ou implantation est, sur un plan anatomique, la fixation, après pénétration plus ou moins complète, de l’œuf (généralement au stade de blastocyste) dans l’utérus. Sur un plan physiologique, c’est le début de relations fonctionnelles étroites entre la mère et le fœtus grâce au placenta qui l’attache à la paroi utérine (cf. fig. 1 et 2).

La nidation qui exige que l’utérus soit «réceptif» au blastocyste, c’est-à-dire au très jeune embryon, intervient après une action séquentielle des hormones stéroïdes:

– niveau élevé d’œstradiol avant l’ovulation;

– bas niveau des stéroïdes après l’ovulation;

– niveau élevé de progestérone pendant la migration des œufs et l’implantation.

La chronologie de la nidation est assez strictement réglée en fonction de l’espèce: l’œuf entre dans l’utérus chez la chienne et la vache entre le 3e et le 5e jour après l’ovulation; la nidation se produit après le 30e jour chez la vache.

Lorsque plusieurs embryons doivent coexister dans l’utérus maternel, leur répartition procéderait de contractions musculaires utérines écartant les blastocystes les uns des autres. Les fonctions du placenta sont multiples (cf. vie fœtale). Il assure la fourniture d’éléments nutritifs au fœtus, ce qui représente une fonction métabolique. Il empêche plus ou moins efficacement le passage de bactéries, de virus et de toxiques dans la circulation fœtale, ce qui constitue une fonction de protection. Il permet la tolérance de la mère par rapport au fœtus, véritable allogreffe. Enfin, sa fonction endocrine (production de gonadotrophines, d’œstrogènes et de progestérone) contribue à l’entretien de l’équilibre hormonal particulier à la gestation.

Croissance et développement du fœtus

Il implique tout d’abord une adaptation de l’utérus avec croissance utérine déclenchée dès l’implantation et aboutissant à une distension finale.

La vascularisation s’ajuste progressivement au volume utérin afin d’assurer un apport suffisant de sang au fœtus. Quant à la contractilité utérine, elle se trouve très diminuée sous l’action de la progestérone.

De la part du fœtus, la croissance dépend du débit sanguin ombilical, du sexe, des facteurs génétiques parentaux, des apports nutritionnels, du bon équilibre endocrinien fœto-maternel (cf. fig. 3).

Notons que l’appareil endocrinien du fœtus, bien qu’il n’ait pas acquis la maturité de l’adulte, assure une grande autonomie au fœtus dès la seconde moitié de la gestation.

Le développement fœtal dont la chronologie est spécifique à l’espèce (tabl. 2 pour le chien) varie avec la vitesse de croissance et de maturation de l’individu.

Endocrinologie de la gestation

L’état gestatif se manifeste par un ensemble de modifications histophysiologiques:

– cycle ovarien interrompu (pas d’ovulation, corps jaunes gestatifs persistants et qui sécrètent la progestérone indispensable à la gestation);

– modifications structurales de l’utérus;

– développement des glandes mammaires;

– hypertrophie des surrénales et de la thyroïde.

Ces modifications sont dues aux variations du taux de différentes hormones impliquées dans l’équilibre endocrinien de la gestation.

L’hypophyse et l’ovaire ne sont pas nécessaires chez toutes les espèces pendant toute la durée de la gestation: le placenta, glande endocrine polyvalente, a pris le relais pour fournir le complexe lutéo-trophique que produit en fin de cycle œstral le corps jaune ovarien.

Le placenta élabore des hormones gonadotrophiques (HCG, PMSG), une hormone à la fois lutéotrope, mammotrope et somatotrope (HCS ou HPL), de la progestérone et des œstrogènes (fig. 4).

La progestérone supprime la cyclicité des fonctions sexuelles, permet la préparation et la croissance de l’utérus. Par ailleurs, le fœtus inhibe l’action lutéolytique de la prostaglandine Pg2 見 de l’utérus (lutéolysine).

Contrôle de la gestation

Diagnostic de la gestation

Le diagnostic clinique de la gestation repose sur deux séries de critères:

– des signes maternels: cessation des chaleurs, modification de l’habitus (appétit augmenté, animaux plus calmes...), de l’aspect de la femelle (accroissement du poids, distension abdominale...), développement des glandes mammaires;

– des signes fœtaux: palpation du fœtus, auscultation des bruits cardiaques.

Le diagnostic expérimental a été fondé essentiellement, dans une première phase, sur des indices biologiques tels que les dosages hormonaux: sauf chez les Carnivores, le dosage de la progestérone dans le plasma et le lait permet un diagnostic précoce (au 18e jour chez la brebis, au 20e jour chez la truie et au 21e jour chez la vache).

Ultérieurement, comme en médecine, les méthodes physiques se sont répandues. La radiographie est utilisable chez les petites espèces. L’échographie fournit une réponse fiable à partir du 10e jour chez la lapine, du 15e jour chez la chienne et la jument, du 21e jour chez la chatte et la truie, du 35e jour chez la vache et du 40e jour chez la brebis. Par ailleurs, en 1986, une méthode permettant d’identifier in vitro le sexe des embryons de bovins (par reconnaissance moléculaire du chromosome Y) a été mise au point.

Surveillance de la parturition

Ce terme désigne l’ensemble des phénomènes mécaniques et physiologiques qui ont pour conséquence l’expulsion du ou des fœtus et des annexes embryonnaires hors des voies génitales femelles au terme de la gestation.

On distingue trois périodes dans la parturition: phase de contractions utérines et de dilatation cervicale, phase d’expulsion du fœtus et phase d’expulsion du placenta.

Les modifications de l’équilibre hormonal consistent essentiellement en une chute de la progestérone, une élévation du taux des œstrogènes et de l’ocytocine favorisant la contractilité utérine, une élévation du taux des corticostéroïdes.

Ainsi, sous l’effet de stimuli nerveux, l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien du fœtus excité secrète et libère du cortisol qui induirait la transformation de progestérone en œstrogènes chez la mère. De plus, ce cortisol inhiberait la production du facteur fœtal qui, pendant la gestation, s’opposait à l’activité de la Pg2 見. Cette dernière pourrait alors avec l’ocytocine et les œstrogènes agir sur le muscle utérin (myomètre) (fig. 5).

Notons que la parturition peut être provoquée par différents composés appartenant à la famille des corticostéroïdes et des prostaglandines.

On trouvera dans le tableau 1 le nombre de petits par portée chez quelques espèces de mammifères; leur poids à la naissance est indiqué dans le tableau 3.

gestation [ ʒɛstasjɔ̃ ] n. f.
• 1748; « action de se faire porter » 1537; lat. gestatio « action de porter », de gestare, de gerere « porter »
1Physiol. État d'une femelle vivipare qui porte son petit, depuis la conception jusqu'à l'accouchement. Gestation de la femme. grossesse. Femme, femelle en gestation ( 2. enceinte, gestant, gravide) . La durée de la gestation varie selon les espèces. Interrompre la gestation ( contragestif) .
2(1866) Fig. Travail latent qui prépare la naissance, la mise au jour d'une création de l'esprit, d'une situation nouvelle. La gestation d'un poème ( ACADÉMIE ). genèse. Une œuvre en gestation, qui se prépare.

gestation nom féminin (latin gestatio, -onis) État d'une femelle vivipare, entre nidation et mise bas, chez les espèces gestantes. (On parle d'incubation chez les espèces où les échanges placentaires sont limités à l'eau et aux gaz respiratoires.) Synonyme de grossesse. Travail latent de ce qui s'élabore, se forme lentement ; genèse : La gestation d'un poème.gestation (expressions) nom féminin (latin gestatio, -onis) En gestation, en cours d'élaboration, de formation : Un livre en gestation. Gestation imaginaire, ensemble de manifestations physiques ou psychiques qui, chez des femelles non saillies ou non fécondées lors de leurs dernières chaleurs, rappellent celles d'une mise bas proche. ● gestation (synonymes) nom féminin (latin gestatio, -onis) Gestation imaginaire
Synonymes :
- pseudogestation

gestation
n. f.
d1./d état des femelles des mammifères qui portent leurs petits. être en gestation.
|| Durée de cet état, variable selon les espèces.
d2./d Fig. élaboration, genèse d'un ouvrage de l'esprit. Roman en gestation.

⇒GESTATION, subst. fém.
A. — Activité physiologique ou état d'une femelle vivipare à partir du moment où elle est enceinte jusqu'à l'accouchement. Synon. (en parlant d'une femme) grossesse. Les soucis et les douleurs de la gestation, de l'accouchement, de l'allaitement (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 119) :
1. Il ne pouvait se retenir de la traiter comme une malade. Ce corps en gestation ne lui proposait plus nulle image de volupté; dans son obscur travail, il ne voyait que le résultat d'une turpitude charnelle.
ARLAND, Ordre, 1929, p. 418.
B. — Au fig. Travail d'élaboration précédant l'apparition (d'une œuvre, d'une idée, d'une chose nouvelle, etc.). La France porte cet avenir sublime dans ses flancs. C'est là la gestation du dix-neuvième siècle (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 431). La confidence des dessins qui constituent les étapes successives d'une œuvre en gestation (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 79) :
2. Nous estimerons avoir atteint le but que nous nous sommes proposé si nous avons pu montrer, au cours des précédents chapitres, par quelles étapes successives sont passées l'incubation séculaire et l'interminable gestation qui ont abouti à la naissance de la médecine scientifique.
BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 608.
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1537 sans indication de sens (J. CANAPPE, IVe Livre de thérapeutique de Galien, p. 270 ds Fr. mod. t. 18, p. 270); 1550 méd. anc. « sorte d'exercice propre à stimuler les forces » (H. FIERABRAS, Méthode chirurgicale, chap. du mouvement et repos f° MVIII : Le corps est exerce par gestation de laquelle plusieurs manieres inventa Asclepiades); 1585 biol. (J. LIÉBAULT, Thresor des remedes secrets pour les maladies des femmes, p. 583). Empr. au lat. gestatio « action de porter; promenade en litière ou en voiture propre à détendre le corps et à réparer les forces », fréq. chez Celse. Fréq. abs. littér. : 77.

gestation [ʒɛstasjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1537, « exercice qui consistait à se faire porter »; « action de porter », 1611; sens actuel, 1748; lat. gestatio « action de porter », du supin de gestare, fréquentatif de gerere « porter ».
1 (1748). Physiol. État d'une femelle vivipare qui porte son petit, depuis la conception jusqu'à l'accouchement; durée de cet état, variable selon les espèces. Génération, prégnation; gestant. || L'utérus, organe de la gestation. || Gestation de la femme. Grossesse. || La durée de la gestation est à peu près constante pour une espèce donnée et varie d'une espèce à l'autre; mais aucune loi rigoureuse ne la fait dépendre ni de la taille, ni de la perfection ou du genre de vie des animaux (20 jours pour la souris, 110 jours pour la lionne, 120 jours pour le castor, 270 jours pour la femme, 690 jours pour l'éléphant…). || Gestation unipare, multipare ( Portée).
1 (…) je crois qu'on doit suspendre son jugement sur la seconde observation touchant la durée de la gestation, qu'il dit n'être que de neuf mois (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Pachydermes, in Œ., t. IV, p. 438.
2 (…) certaines personnes ignorantes et voraces qui voudraient des émotions sans subir les principes générateurs, la fleur sans la graine, l'enfant sans la gestation.
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 474.
3 Avec les progrès de la grossesse, la folliculinémie augmente progressivement pour atteindre, à la fin de la gestation, 50 000 à 100 000 unités d'hormone par litre.
A. Binet, Vie sexuelle de la femme, III, XX.
2 (1872, Larousse). Fig. Travail latent qui prépare la naissance, la mise à jour d'une création de l'esprit, d'une situation nouvelle (→ Apparaître, cit. 20). || La gestation d'une œuvre, d'un poème (Académie). Genèse; fam. Accoucher (d'une idée, d'une œuvre). || Une œuvre en gestation, qui se prépare, se fait.
4 La nécessité de porter longtemps son sujet, la gestation, en un mot, est une condition absolue du don d'écrire.
Antoine Albalat, l'Art d'écrire, IX, p. 161.
5 En règle générale, on ne fait rien de bon avec un thème qui n'a pas eu, dans l'esprit, son temps de gestation normal.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XIX.
6 De son travail, il (Balzac) ne dit jamais que l'extérieur et le matériel (…) Rien de l'arrangement de telle scène, la trouvaille de tel trait, la chimie interne de cette extraordinaire gestation.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 347.
DÉR. (Du rad.) Gestant — V. aussi Gestatoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.