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tribulation

tribulation [ tribylasjɔ̃ ] n. f.
• v. 1120; lat. ecclés. tribulatio « tourment », de tribulare « battre avec le tribulum, herse à battre le blé »
1Relig. Tourment moral, souvent considéré comme une épreuve. « Pie VII, pâle, triste et religieux, était le vrai pontife des tribulations » (Chateaubriand).
2Vx (au sing.) Adversité, épreuve physique ou morale. ennui. Mod. et cour. (au plur.) Aventures plus ou moins désagréables. mésaventure, vicissitude. Il n'est pas au bout de ses tribulations. peine. « j'irai vous conter toutes mes petites tribulations » (Sainte-Beuve).

⇒TRIBULATION, subst. fém.
A. — 1. RELIG. Affliction, tourment moral, souvent considéré comme une épreuve. Les tribulations de l'Église. C'est par la tribulation qu'on entre dans le royaume de Dieu (RENAN, St-Paul, 1869, p. 54). Selon la justice ecclésiastique (...) la prison était un lieu favorable où le condamné faisait, en mangeant le pain de douleur et en buvant l'eau de tribulation, une pénitence perpétuelle (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 372).
2. Vieilli ou littér., au sing. Adversité, épreuve physique ou morale. Synon. ennui, peine. Le prince de Conti lui fournit les moyens de gagner Bruxelles, où (...) il n'attendit pas longtemps que cette méchante affaire fût arrangée. Revenu dans ses foyers et remis de cette dernière tribulation, il commença une grande entreprise (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 201). Être prisonnier pour un an n'est pas une grande affaire. Être prisonnier pour un an, en sachant d'avance que c'est pour un an, ne serait qu'une tribulation plus légère encore (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 312).
B. — Au plur., souvent p. plaisant. Suite d'aventures plus ou moins désagréables. Les tribulations de la vie avaient mis dans les restes de sa beauté une implacable dureté (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 219). Je m'emparai d'un ouvrage intitulé Tribulations d'un Chinois en Chine et je l'emportai dans un cabinet de débarras (SARTRE, Mots, 1964, p. 36).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. XIIe s. terme de relig. « adversités considérées comme épreuves voulues par Dieu » (Psautier d'Oxford, 58, 19 ds T.-L.); 2. 1155 « épreuve, tourment » (WACE, Roman de Brut, éd. I. Arnold, 1359); 3. 1770 p. ext. « suite de mésaventures » (Abbé RAYNAL, Hist. philos. et pol., t. 6, p. 384: les tribulations de la finance). Empr. au lat. chrét. tribulatio « tourment, angoisse », dér. de tribulare « presser avec la herse, écraser », au fig. en lat. chrét. « tourmenter; torturer l'âme pour éprouver sa foi ». Fréq. abs. littér.:204. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 423, b) 119; XXe s.: a) 424, b) 187.

tribulation [tʀibylɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1120, tribulatiun; du lat. ecclés. tribulatio « tourment », de tribulare « travailler la terre avec le tribulum » (sorte de herse), et fig. « tourmenter ». → Trimballer (étymologie).
1 Relig. Tourment moral, souvent considéré comme une épreuve (→ Exercer, cit. 16). || Le pontife (cit. 3) des tribulations.Vx (au sing.). || « Un pain de tribulation et d'amertume » (Massillon). Affliction.
1 Que si vous contemplez d'une âme un peu bénigne
Les tribulations de votre esclave indigne (…)
J'aurai toujours pour vous, ô suave merveille,
Une dévotion à nulle autre pareille.
Molière, Tartuffe, III, 3.
2 Rancé, au milieu de toutes ces tribulations, n'avait d'autre refuge que la patience chrétienne. On écrivit contre lui, on prêcha même contre lui; on attaqua sa doctrine et sa conduite (…)
Chateaubriand, Vie de Rancé, p. 222.
2 (V. 1170, tribulatium). Au sing., vx. Adversité, épreuve physique ou morale. Ennui.
3 (Av. 1799). Au plur., cour. (souvent iron.). Aventures plus ou moins désagréables. Hasard, mésaventure. || Passer par des tribulations variées. || Il n'est pas au bout de ses tribulations. Peine (→ Terme, cit. 9). || Les Tribulations d'un Chinois en Chine, de J. Verne.
3 Je reviendrai à Paris, vers le 17 à peu près et c'est alors seulement que j'irai vous conter toutes mes petites tribulations.
Sainte-Beuve, Correspondance, 412, 11 oct. 1834.
4 Je ne sais plus rien du sort de la guerre (…) J'ai tout oublié et un jour viendra peut-être où je douterai d'avoir vécu ces tribulations.
M. Aymé, le Passe-muraille, « Le décret ».

Encyclopédie Universelle. 2012.