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tourment

tourment [ turmɑ̃ ] n. m.
XIIe; torment fin Xe; lat. tormentum, de torquere « tordre »
1Vx Supplice, torture. Le tourment de la question.
2(XIIe) Littér. Très grande douleur physique; vive souffrance morale. affres, déchirement, martyre, peine, supplice, torture. « L'incertitude est de tous les tourments le plus difficile à supporter » (Musset).
3Cause de tourment. Pourquoi « suis-je devenu pour toi un tourment, un fléau, un spectre ? » (Sand). « ce qu'il y a de meilleur dans la conscience moderne est le tourment de l'infini » (G. Sorel).
⊗ CONTR. Consolation, 1. plaisir.

tourment nom masculin (latin tormentum) Vieux. Supplice infligé à quelqu'un pour obtenir des aveux : Mourir dans les tourments. Vive douleur physique : Les tourments de la soif. Vive souffrance morale : Les tourments de la jalousie.tourment (synonymes) nom masculin (latin tormentum) Vive souffrance morale
Synonymes :
- contrariété
- ennui

tourment
n. m.
d1./d Litt. Très grande souffrance (surtout d'ordre moral). Sa jalousie lui fait endurer mille tourments.
d2./d Grande inquiétude, grave souci. Cette affaire me donne bien du tourment.

⇒TOURMENT, subst. masc.
A. — Vieilli ou littér.
1. Supplice, torture. Tourment de la question; tourments des martyrs; livrer qqn aux tourments; mourir dans les tourments. Tu connois, mon fils, les tourmens que les Sauvages font subir aux prisonniers de guerre (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 196). Abou-Nacir (...) ayant juré qu'il avait livré tous ses trésors, et des fosses ayant été découvertes qu'il voulait dissimuler, il périt dans les tourments (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1906, p. 252).
Les tourments de l'enfer Toutefois, il n'oubliait pas que son corps était promis aux tourments de l'enfer où son âme se trouvait déjà consignée (AYMÉ, Derr. chez Martin, 1938, p. 141). P. anal. Un jour que je mordais dans une pêche, je fus piquée à la langue par une abeille et je souffris les tourments de l'enfer (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 20).
2. a) Vive souffrance physique. Tourment(s) de la faim, de la maladie, de la soif. La goutte, la pierre sont de cruels tourments (Ac.). Elle est alitée depuis dix ans, en proie à un mal incurable. Je l'ai vue sur son lit de tourment (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 274). Vers cinq heures le tourment d'arthrite m'éveille (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 264).
b) Vive souffrance affective, morale. Tourment(s) de l'amour, de l'attente, de l'ennui, de la jalousie; tourment de vivre. Il faut avoir connu le charme et le tourment d'une grande passion, pour se faire une idée de cette étonnante et rapide succession de sensations déchirantes et délicieuses qui agitent continuellement un cœur qui s'est livré tout entier (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 114). Elle ne savait qu'une chose, c'est qu'il était revenu. Et tous les tourments, toutes les angoisses des jours passés, toutes les rancunes et toutes les jalousies étaient loin (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 163).
C'est un grand tourment que de + inf. C'est un grand tourment que d'assister ainsi à sa décadence sans pouvoir rien pour l'empêcher ou la retarder (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 49).
Mettre fin à ses tourments. En finir avec la vie. Lui qui (...), perdant enfin toute illusion et tout espoir, a résolu aujourd'hui de mettre fin à ses tourments et à ses jours (SCRIBE, Camaraderie, 1837, III, 3, p. 295).
SYNT. Tourment affreux, indicible, infernal; atroces, cruels tourments; avoir du tourment; donner du tourment à qqn; adoucir, apaiser les tourments de qqn.
3. P. méton. Personne ou chose qui est cause de soucis, d'ennuis, de tracas plus ou moins graves. Cet enfant est le tourment de son père, de sa famille; son avenir est son principal tourment; quel tourment que cette affaire! Je l'aimais! j'adorais ce tourment de ma vie, Ses jalouses erreurs m'attendrissaient encor, Il me faisait mourir (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 116). Oreste, mon petit Oreste! le tourment de mon cœur, L'enfant que j'ai reçu au sortir de sa mère pour lui donner la nourriture (CLAUDEL, Choéphores, 1920, p. 935).
B. — 1. Vieilli. Agitation violente. Tourment de l'eau, du torrent. Sous les doux vents alizés qui règnent dans ces climats, la mer uniformément irait d'un flot régulier, si elle ne trouvait ces digues vivantes qui la forcent de reculer sur elle-même, dissipent la vague en poussière et lui donnent un éternel tourment (MICHELET, Insecte, 1857, p. 36). Si l'on prête l'oreille on entend le tourment Des tempêtes (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 642).
P. métaph. Elle ressentait de divines douceurs, quand la petite (...) promenait sur tout son visage le chatouillement et le tourment de ces chères petites menottes qui semblent chercher à l'aveuglette la face d'une mère (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 114).
2. Au fig. Souffrance qu'impose un travail, une recherche. Tourment de l'art, de la perfection; tourment métaphysique; tourment de comprendre, de savoir. Quelques-unes de ses maximes [de La Rochefoucauld] ont été refaites plus de trente fois, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à l'expression nécessaire. Avec cela il n'y paraît aucun tourment (SAINTE-BEUVE, Portr. femmes, 1844, p. 272). Je songe à Tintoret vivant dans un tourment de fécondation continu, enfermé les jours et les nuits, peignant à la lueur des lampes, pour peupler les couvents et les églises des formes tourmentées qui germent sans cesse de lui (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 127).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 2e moit. Xe s. « torture, supplice; vive douleur physique » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 12: Et Ewruins, cil Deu mentiz Que lui [Lethgier] a grand torment occist; 173); fin Xe s. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 66); 2. 1150-60 « vive douleur morale » (THOMAS, Tristan, fragm., éd. B. H. Wind, ms. SN1, 216: A sun mal quert tel vengement Dunt il doblera sun turment); ca 1200 spéc. celle causée par l'amour (CHASTELAIN DE COUCI [?], Chans., éd. A. Lerond, XIII, 30: Ne m'i lessiez morir a tel torment!); 3. 1541 « souffrance physique, infirmité » (Bible en françois, Anvers, Ant. de La Haye, Matth. IV, N.T., fol. 2 b: les malades qui estoient detenuz de langueurs et tourmens divers); 1600 le tourment des dents (O. DE SERRES, Theatre d'Agriculture, Paris, Jamet Métayer, VI, XV, p. 620). B. 1. Ca 1100 « orage, tourmente, tempête » (Roland, éd. J. Bédier, 1423: En France en ad mult merveillus turment: Orez i ad de tuneire e de vent, Pluies e gresilz desmesureement); 2. a) 1130-40 « instrument de torture » (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, ms. A, 521: Cevals fust uns tormens estoit U on en cevalcons seoit); b) av. 1274 [ms. XIIIe s.] « machine de guerre » (Grandes chron. de France, IV, 3, éd. J. Viard, t. 2, p. 10: les tormenz et les engins pour les murs craventer). C. 1150-60 « ce qui est source d'ennuis, de tracas » (THOMAS, op. cit., ms. T1, 100: Ele a le cors, le cuer nel volt: C'est un turment dont ele se deut). Du lat. tormentum « machine de guerre à lancer les traits; treuil; instrument de torture; torture »; fig. « tourment, souffrance ». Fréq. abs. littér.:1 723. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 254, b) 1 706; XXe s.: a) 2 678, b) 2 025. Bbg. DUMONCEAUX (P.). Lang. et sensibilité au XVIIe s. ... Genève, 1975, pp. 46-52.

tourment [tuʀmɑ̃] n. m.
ÉTYM. Fin XIIe; torment, fin Xe; « tourmente; désordre, perte », en anc. franç.; sens mod., fin XIe; du lat. tormentum « machine de guerre; instrument de torture; supplice, souffrance », de torquere « tordre ».
1 Vx. Supplice, torture (→ Plaisir, cit. 31). || Le tourment de la question (→ Disloquer, cit. 1). || Faire périr qqn au milieu des tourments (→ Indice, cit. 11). || Les tourments de l'enfer (→ aussi Malédiction, cit. 12).
1 (…) puisque vous êtes diaboliquement réfractaire, vous avez dû être géhenné, et vous avez été, aux termes des statuts criminels, mis à l'épreuve du tourment dit « la peine forte et dure » (…) vous avez été couché tout nu à terre sur le dos, vos quatre membres ont été tendus et liés aux quatre colonnes de la loi, une planche de fer vous a été appliquée au ventre, et l'on vous a mis sur le corps autant de pierres que vous en pouvez porter.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, VIII.
2 (V. 1175). Littér. ou style soutenu. Très grande douleur physique; vive souffrance morale; inquiétude extrême, état d'insatisfaction pénible. Affliction, affres, agitation (supra cit. 7), amertume, angoisse, anxiété, bourrèlement, 2. chagrin, déchirement (supra cit. 3), désolation, ennui (1., vx), fardeau (supra, cit. 5, fig.), inquiétude (II.), martyre, peine, préoccupation, 1. souci, supplice (3.), torture, tracas, tracasserie. || Tourments physiques et moraux (→ Allégretto, cit.). || Dans les tourments inouïs de sa dernière maladie (→ Augmenter, cit. 18). || L'incertitude (cit. 12) est de tous les tourments le plus difficile à supporter. || Tourments religieux (→ Coexister, cit.). || « Car j'ai de mes tourments multiplié les causes » (→ Lien, cit. 8). || Le tourment de…, suivi de l'inf. (→ Éviter, cit. 18; implorer, cit. 2).Le mal, la peine qu'on se donne pour obtenir qqch. (→ Brillant, cit. 12).
2 Le tourment de la jalousie est surtout affreux quand il déchire des cœurs à qui leur penchant comme leurs positions interdisent également tous les moyens de plaire un peu hasardés.
Stendhal, Armance, XV.
3 Vous savez, aussi bien que moi, que ce qu'il y a de meilleur dans la conscience moderne est le tourment de l'infini.
G. Sorel, Réflexions sur la violence, in Dupré, no 2902.
4 (…) ce trouble n'est pas amer. Les regrets n'y ont qu'une petite place. Il ressemble plutôt au tourment confus de la puberté.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, X, p. 141.
(XIIIe). Par métonymie. Personne qui cause de grands soucis, de graves ennuis à qqn. || Pourquoi suis-je devenu pour toi un tourment, un fléau, un spectre ? Cauchemar (2.); → Poison, cit. 9. || Cet enfant est le tourment de son père, est son tourment.(Fin XIIIe). Ce qui est l'objet d'une curiosité, d'une recherche, d'une incertitude angoissée. || « Ô mystère ! ô tourment de l'âme forte et grave ! » (→ Écrire, cit. 20, Vigny).
CONTR. Amusement, 1. calme, consolation, félicité, plaisir.
DÉR. Tourmenter. — V. Tourmenteux.

Encyclopédie Universelle. 2012.