tout [ tu ] ; toute [ tut ] ; tous [ tu ] (adj.), [ tus ] (pron.) ; toutes [ tut ] adj., pron., adv. et n. I ♦ Adj. A ♦ (fin Xe) TOUT, TOUTE, adj. qualificatif . Complet, entier, intégral (avec une valeur moins nette, plus grammaticale).
1 ♦ (Devant un nom précédé d'un article, d'un possessif, d'un démonstratif). TOUT LE, LA, LES (et nom). Tout le jour, toute la nuit. Tout le temps. ⇒ toujours. — TOUT LE MONDE : l'ensemble des gens (selon le contexte); chacun d'eux. Tout le reste, l'ensemble des choses qui restent à mentionner. — Tout le village est venu (par exagér. :il y a eu grande affluence). — C'est toute la question. C'est tout le portrait de son père (cf. C'est son père tout craché).
♢ TOUT UN, TOUTE UNE [ tutœ̃, tutyn ]. « Il a passé tout un hiver à rêver seul et en silence » (Duhamel). « Toute une nuit j'ai cru que mon âme était morte » (Aragon). — C'est tout un roman, toute une affaire, toute une histoire, une véritable, une grave affaire. « C'était toute une science » (Hugo). REM. Devant un titre, tout est souvent invariable : Lire tout « Une ténébreuse affaire » de Balzac; tout (ou toute) « La Chartreuse de Parme ».
♢ TOUT MON, TON, SON... Tout son soûl. J'ai tout mon temps. Toute sa petite famille. — De tout mon cœur.
♢ TOUT CE, CET... Tout cet été. Toute cette semaine. — Tout ceci, cela. « Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : “Ils ont aimé !” » (Lamartine). — (Désignant des personnes) « Tout ce que la paroisse pouvait fournir de prêtres et d'enfants de chœur précédait le char » (F. Mauriac).
♢ TOUT CE QU'IL Y A DE (suivi d'un nom pluriel; accord facultatif du verbe). « Tout ce qu'il y avait de gens éclairés l'accueillirent » (Sainte-Beuve). « Tout ce qu'il y a de grands hommes çà et là étouffés me semble composer [...] un cœur mystérieux » (Sainte-Beuve). — Fam. Tout ce qu'il y a de plus (et adj. ou subst. adjectivé) :très. « Sérieux, alors ? [...] — Tout ce qu'il y a de plus sérieux ! » (A. Daudet). (Accord facultatif de l'adj.) « Des embuscades tout ce qu'il y a de plus classiques » (Perret). « Des gens tout ce qu'il y a de plus honorable » (Romains). — Avoir peut toujours rester au présent : « C'était un bel et bon chalet, tout ce qu'il y a de plus suffisant » (Ramuz).
2 ♦ Devant un nom sans art. — (En loc.) Avoir toute liberté... Donner toute satisfaction. ⇒ plein. Avoir tout intérêt : un intérêt évident et grand. Tout compte fait. — À toute force. À toute extrémité. À toute allure, à toute vitesse : à la vitesse la plus grande possible. — De toute éternité. De tout temps. De toute beauté, très beau. De tout cœur. — En toute franchise. En tout bien tout honneur. En toute hâte. En toute simplicité. Selon toute apparence : d'une manière très probable. — « La solitude est tout mouvement et toute harmonie » (Chateaubriand). Cet homme « était envers moi toute simplicité et bienveillance » (Romains).
♢ Fam. C'EST TOUT (et nom) :la collection entière (désignée par ce) présente tel caractère. « À les prendre un à un, remarquez, c'est tout bons garçons » (Aymé).
♢ POUR TOUT (et subst. sans art.) :en fait de..., sans qu'il y ait rien d'autre. Pour tout repas. « Ils avaient pour tout domestique une servante » (Hugo).
♢ (Devant le nom d'un auteur) Lire tout Racine : toute l'œuvre de Racine. — (Devant un nom de ville) Toute la ville, tous ses habitants. Il « voyait tout Nagasaki » (Farrère). « Tout Rognes fauchait » (Zola). — (v. 1820) TOUT-PARIS; LE TOUT -P ARIS : les personnes les plus notables, tout ce qui compte à Paris. « Je n'avais aucune envie de faire partie du Tout-Paris et de parader en vêtements de fête » (Beauvoir).
3 ♦ (Employé en apposition) Entièrement; tout entier. Elle était toute à son travail, entièrement absorbée par son travail. « Ma mère, toute à son fardeau, toute à la fièvre sacrée de ses devoirs » (Duhamel). — Tout, toute de... : entièrement (fait[e]) de... Une existence « toute de conquête spirituelle » (F. Mauriac).
4 ♦ SOMME TOUTE. ⇒ 1. somme.
B ♦ Adj. indéf.
1 ♦ (Xe) TOUS [ tu ], TOUTES : l'ensemble, la totalité de, sans excepter une unité; par ext. Le plus grand nombre de. Tous les hommes. Tous les autres. ⇒ tutti quanti. « La chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les livres » (Mallarmé). Tous les moyens sont bons. Toutes les fois que... : chaque fois que. Tous nos amis. Tous ces gens-là. « Toutes les affections, haines, curiosités » (Lanson). « Tous les instincts et les sens de l'homme primitif » (Maupassant).
♢ (Devant un nom sans art.) « N'importe quel vivant [...] est un récepteur admirable de toutes ondes, sons, lumières, chaleur » (Alain). « Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! » (Hugo). Toutes sortes de choses. Cesser toutes relations. Avoir tous pouvoirs, tout pouvoir sur qqn. — (Devant un nom de nombre, avec ou sans art.) Tous deux, tous trois. — « Elle nous donna tort à tous les deux » (F. Mauriac). — TOUS, TOUTES, suivi d'un nom (sans art.) et d'un participe ou d'un adjectif. Toutes affaires cessantes. Le train « remontait, tous feux éteints, dans la nuit d'automne » (Duhamel). Toutes proportions gardées. — (Dans des tours prépositionnels, avec ou sans art.) À tous les coins de rue. À tous les coups. À tous égards. À toutes jambes. — De tous côtés, de tous les côtés. De toutes les façons. De toutes parts. Dans tous les cas. — Dans tous les sens. En toutes lettres.
2 ♦ Littér. TOUS, TOUTES (devant un nom sans art.) pour récapituler une suite de termes, sans en excepter un. ⇒ autant (de). « Novepont, Clairefontaine, Martinville-le-Sec [...] toutes terres vassales de Guermantes » (Proust). « Un petit bordeaux, un petit bourgogne [...] enfin tous vins qui t'iront droit au cœur » (Vildrac).
3 ♦ (XIVe) TOUS, TOUTES (marquant la périodicité). ⇒ chaque. Tous les jours, tous les ans : une fois par jour, par an. Tous les matins. — « la plate-bande dont elle cueillait les fleurs, tous les premiers vendredis de chaque mois » (Flaubert). Tous les trente-six du mois : jamais. Tous les combien ? Toutes les cinq, les dix minutes : à chaque instant. — Une borne tous les kilomètres.
4 ♦ TOUT, TOUTE (suivi d'un nom sans art.) :un quelconque, n'importe quel; un individu pris au hasard parmi la totalité des individus semblables. « Tout Français jouira des droits civils » ( CODE CIVIL ). Toute personne. ⇒ quiconque. PROV. Toute peine mérite salaire. Toute sorte de... — (Avec une prép.) À tout âge. À toute heure. À tout hasard. À toute épreuve. Contre toute attente. — De toute façon. En tout cas. En tout état de cause : quelle que soit la situation. — Avant toute chose, sur toute chose : avant tout, plus que tout (premièrement, préférablement).
♢ Loc. (XVIIe) Tout un chacun : chaque homme, tout le monde. Elle espère, comme tout un chacun.
♢ (v. 1200) TOUT AUTRE, TOUTE AUTRE... « Tout autre que mon père l'éprouverait sur l'heure » (P. Corneille). « Toute autre se serait rendue à leurs discours » (Racine).
II ♦ Pron. (XIe)
1 ♦ TOUS [ tus ], TOUTES [ tut ]. (Représentant un ou plusieurs noms, pronoms, exprimés avant) « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » (La Fontaine). « Elles les gênaient et les intimidaient [...] Si railleuses, toutes » (Loti). — La première, la dernière de toutes. Une fois pour toutes. « Alors, il se livra aux sports, avec fureur. Il essaya de tous, il les pratiqua tous » (R. Rolland ). — Tous ensemble : en masse. Tous autant que nous sommes : nous tous, sans exception. « Cette part de l'autre sexe que nous contenons tous, et toutes » (Larbaud). (Avec un impér.) Regardez tous ! « Vous tous, soyez témoins ! » (Hugo). — (Récapitulant une énumération) « Vieillards, hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir » (Montesquieu). — Nous tous le souhaitons.
2 ♦ TOUS [ tus ], TOUTES (en emploi nominal) :tous les hommes, tout le monde (et par ext. Une collectivité entière). « À ce mot, tous s'inclinèrent » (Flaubert). Envers et contre tous. « Elle dînait chez toutes » (France). — « Comment parler en leur nom à tous » (Sartre).
3 ♦ TOUT, pronom ou nominal (neutre ou collectif) :l'ensemble des choses dont il est question (soit toutes choses : « Le temps qui détruit tout » [La Font.]; soit la plupart des choses en question : « Je consens qu'une femme ait des clartés de tout » [Mol.]). — Tout (opposé à rien). C'est tout ou rien, il n'y a pas de moyen terme. — « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (Lamartine ). Tout va bien. Loc. prov. Tout est bien qui finit bien : ce qui finit bien peut être considéré comme entièrement bon, heureux (malgré les difficultés passagères). — Tout est là : là réside tout le problème; il n'y a rien d'autre. — Il sait tout. « Elle a tout ressenti, tout supporté, tout souffert, tout perdu, tout pleuré » (Hugo). Pour tout dire : en somme. — À tout faire : utilisable en toutes circonstances, pour toutes sortes de choses. Spécialt Bonne à tout faire. À tout casser. — À tout prendre : tout bien considéré. — Il faut de tout pour faire un monde. On s'habitue à tout. — (Souvent péj.) N'importe quoi. Capable de tout. — TOUT (résumant une série de termes). « Court de bras, de jambes, de cou, de nez, de tout » (Maupassant). « Il fallait tout oser, pour empêcher la guerre, tout ! » (Dorgelès).
♢ TOUT (attribut) . Être tout pour (qqn) : avoir une extrême importance. — (XVIIe) C'EST TOUT (marquant la fin d'une énumération ou d'une déclaration catégorique). Et c'est tout. Ce sera tout pour aujourd'hui. Un point, c'est tout. — Ce n'est pas tout : il reste encore qqch. — (1668) Ce n'est pas tout de..., que de... : ce n'est pas assez. « Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici » (La Fontaine). Fam. C'est pas tout de s'amuser, (très fam.) c'est pas tout ça : il y a autre chose à faire. — (1784 ) VOILÀ TOUT, pour marquer que ce qui est ainsi fini, borné, n'était pas très important. — Après tout. — Malgré tout. — Avant tout. Par-dessus tout (⇒ 1. surtout) . Au-dessus de tout. — Comme tout : extrêmement.
♢ EN TOUT. De tout point, à tous égards, complètement. « Mon exposé était en tout conforme aux dépositions des témoins » (Beaumarchais). — Au total. « En tout, douze serviteurs » (Zola). Il y avait en tout et pour tout trois personnes. — Fam. Et tout : et le reste. Et tout et tout. « Moi qu'étais si heureuse, si contente et tout » (Queneau).
♢ TOUT DE... Il ignore tout de cette affaire. — (fin XIXe) Fam. Avoir tout de... : avoir toutes les qualités, les caractéristiques... de. « Pour Fanny, elle avait tout d'une mère, la patience infatigable, l'inquiétude... » (A. Daudet).
4 ♦ Vieilli TOUT (nominal) :tout le monde. « Tout dormait dans la voiture » (Michelet). — Mod. (énumération) « Les femmes en sabots cirés, les paysans en blouse neuve, les petits enfants qui sautillaient nu-tête devant eux, tout rentrait chez soi » (Flaubert).
III ♦ N. m. (XIIIe)
A ♦ LE, UN TOUT; DES TOUTS. Collection, ensemble. ⇒ totalité.
1 ♦ L'ensemble dont les éléments viennent d'être désignés. « Il montra son passeport, sa lettre de mission. Il prépara quelques autres papiers [...] Le fonctionnaire examina le tout » (Romains). Vendez le tout. Risquer le tout pour le tout : risquer de tout perdre pour pouvoir tout gagner.
2 ♦ L'ensemble des choses dont on parle, l'unité qu'elles forment. Le tout et la partie. Former un tout. L'intégrité, la structure du tout. « L'homme est un tout indivisible, un tout à l'égard du néant » (Pascal). Il « avait envie de penser à lui-même et à son existence comme à des touts » (Romains ).
♢ Spécialt , Blas. L'ensemble de l'écu. Brochant sur le tout. — (1842) Le mot à trouver dans une charade. Mon premier, mon second...; mon tout.
3 ♦ L'ensemble de toutes choses. Le tout, le grand tout (souvent écrit avec la majuscule). ⇒ univers. « Il faut dans le grand tout tôt ou tard s'absorber » (Hugo).
4 ♦ Ce qu'il y a de plus important, d'essentiel; le point capital. Le tout est de (et l'inf.) . Fam. C'est pas le tout de rigoler.
5 ♦ (XVIe) Vx ou littér. Ce qui compte le plus pour qqn; son seul centre d'intérêt. « Enfin il en est fou, c'est son tout, son héros » (Molière).
B ♦ (1213; del tut 1080) DU TOUT.
1 ♦ Vx ou littér. Complètement, absolument. Il doit veiller « à ce que le fait soit du tout semblable à ce qu'il veut prouver » (Paulhan). — (1694) Mod. Du tout au tout [ dytutotu ] :complètement, en parlant d'un changement (toutes les circonstances envisagées étant modifiées en leur inverse). Changer du tout au tout.
2 ♦ (XIIe) PAS DU TOUT : absolument pas (renforçant la négation, du tout jouant le rôle d'un adverbe). Il ne fait pas froid du tout. Plus du tout. Rien du tout. « Je commençais chaque phrase sans du tout savoir comment je la finirais » (A. Gide). Ellipt Du tout : pas du tout. « Croyez-vous que je le blâme ? du tout » (Balzac).
IV ♦ Adv. de quantité Entièrement, complètement; d'une manière absolue, intégrale. ⇒ absolument, 1. bien, exactement, extrêmement(avec une valeur moins précise que ces adverbes).
1 ♦ (XIe) Devant quelques adjectifs courants, des participes présents et passés, et devant les autres adj., avec une valeur littéraire. Tout jeune. Tout ému. Tout entière. Tout fait, tout préparé. Tout petit. Un tout petit. Tout enfant; fam. Tout gosse. Tout nu. Tout seul. C'est tout naturel. — Une toute jeune fille; une toute petite mare. — Tout autre : entièrement autre, complètement différent. C'est une tout autre affaire. « Dire tout autre chose que ce que nous voulions dire » (Sartre). — C'est tout l'un ou tout l'autre. — Le tout premier, la toute première : celui, celle qui est exactement, réellement le premier. « Il fit ses toutes premières classes au collège Louis-le-Grand » (Sainte-Beuve). « Les tout derniers chapitres me paraissent beaucoup moins bons » (A. Gide).
♢ REM. sur l'accord de tout :en anc. fr., tout était normalement accordé, en tant qu'adjectif : « Une chose qui vous est toute acquise » (Molière); « Divers stratagèmes tous prêts à se produire » (Molière). — Aujourd'hui, tout est invariable au masculin, et devant les adj. fém. commençant par une voyelle ou un h « muet » : « Ces vers tout remplis d'elle » (Arvers); « Tout enfant elle s'escrimait à faire des vers » (Mérimée); « une certaine licence, tout humble, toute plébéienne » (Barrès). — Tout est variable en genre et en nombre devant les adj. fém. commençant par une consonne ou par un h « aspiré » : Toute belle; portes qui s'ouvrent toutes grandes; elle est toute honteuse.
♢ TOUT EN, À, etc. « Il y avait de grands espaces pleins de bruyères tout en fleurs » (Flaubert). Être tout en larmes. — Elle est tout à ses projets, entièrement à ses projets.
♢ (dès 980) TOUT (inv., devant un adv. ou une prép.). Tout autrement. Tout simplement. Tout doucement. Tout autant, tout aussi peu. À tout jamais. Tout bas, tout haut. Tout juste. — Tout ensemble. Je vous le dis tout net. Tout près. Tout autour. Tout en haut, tout en bas. Tout droit. Tout de travers. — Loc. Tout à coup, tout d'un coup. — Tout à l'heure. — Tout au moins. Tout au plus (renforçant au plus)(cf. Au grand maximum). — Tout d'abord. — Pour tout de bon. Tout de même. Tout de suite. — Tout le premier : le premier, avant tout le monde. C'est tout le contraire.
♢ TOUT À FAIT (renforce l'anc. loc. à fait « à mesure que... »). ⇒ absolument, 1. complètement, entièrement, pleinement, totalement. Ce n'est pas tout à fait pareil. ⇒ exactement. Il est tout à fait soûl. ⇒ 2. fin.
2 ♦ TOUT EN... suivi d'un part. prés. (gérondif),marque la simultanéité. « Tout en chantant sur le mode mineur » (Verlaine). — (Marquant l'opposition). « tout en me souhaitant du génie, elle se réjouissait que je fusse sans esprit » (France). — Région. Elle arriva tout courant : en courant.
3 ♦ (XVe) TOUT...(nom ou adj. attribut)QUE..., exprime la concession (cf. Quelque... que; si... que, bien que). « Tout riche que je suis » (Molière). « Toute dépaysée et terrifiée qu'elle était, elle goûtait le soulagement » (Romains). — (Avec le subj.) « Tout formidable que soit ce sublime » (Chateaubriand).
4 ♦ Fam. (modifiant un verbe) Je me suis tout écorché la main.
5 ♦ Littér. Renforçant un nom épithète ou attribut « Ces deux existences, celle du comte, tout action, tout agitation, tout émotion; celle de la comtesse, tout passivité, tout inactivité, tout immobilité » (Balzac). REM. Avec un nom fém., l'usage moderne préfère la caractérisation par l'adj. (cf. ci-dessus I, A, 2o). — Loc. Il était tout yeux tout oreilles. Je suis tout ouïe. — Comm. Cravate tout soie. ⇒ pur.
⊗ CONTR. Aucun, nul, rien. Division, élément, fraction, lot, morceau, partie, pièce.
⊗ HOM. Toux.
● Tout-Paris nom masculin singulier Ensemble des personnalités littéraires, artistiques, financières, politiques, etc., que leur notoriété appelle à figurer dans les manifestations mondaines de la capitale.
⇒TOUT-PARIS, subst. masc.
[Gén. avec une majuscule] Ensemble des personnalités de la capitale qui, du fait de leur notoriété, de leur position sociale, de leur importance dans un domaine quelconque (politique, littéraire, artistique, commercial, etc.), figurent régulièrement dans les manifestations mondaines de la vie parisienne. Parfois, dans ces « premières » de théâtre, qui sont le seul lieu où je rencontre ce qu'on appelle avec insolence le Tout-Paris, j'ai l'impression que la salle va disparaître, que ce monde, tel qu'il semble, n'existe pas. Ce sont les autres qui me paraissent réels, les grandes figures qui crient sur la scène (CAMUS, Env. et endr., 1937, p. 24). [Sans trait d'union] Dans ce temps-là [en 1841], le tout Paris se composait de cette élite d'hommes chargés de façonner l'opinion des autres, et qui, quand un poëte vient à naître, en sont toujours avertis les premiers (BAUDEL., Art romant., Th. de Banville, 1861, p. 545).
— P. méton., vieilli. ,,Annuaire donnant le nom et les adresses des personnalités formant le Tout-Paris`` (Nouv. Lar. ill.). Allez chez Achille (...) vous lui demanderez un Bottin ou un Tout-Paris (...) et vous trouverez ça tout de suite (GYP, Docteurs, 1892, p. 215).
Rem. ,,L'extension de cette formation à d'autres villes est libre, mais paraît fantaisiste, ou parodique: Le Tout-Menton mondain et tuberculeux (Maeterlinck)`` (COLIN 1971). C'est l'anti-Karajan. Il ne donne pas de « parties » pour les Black Panthers, et n'est pas appelé « Karlchen » par le Tout-Vienne ou le Tout-Berlin (L'Express, 9 oct. 1972, p. 110, col. 2).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1668 tout Paris « tous les habitants de Paris » (BOILEAU, Satires, IX ds Œuvres, éd. Fr. Escal, Paris, 1966, p. 54: Tout Paris pour Rodrigue a les yeux de Chimène); 2. a) 1852 sens restrictif (TEXIER, Tableau de Paris, I, 34 ds KLEIN Vie paris. 1976, p. 14: Tout Paris, c'est-à-dire quelques femmes à la mode, des artistes de tout genre, des lions à tous crins); b) 1860 le tout Paris de premières (Le Figaro, 10 mai, p. 1 et 6, ibid., p. 15); 3. 1892 « annuaire répertoriant les noms des Parisiens en renom » (GYP, loc. cit.). Comp. de tout1 et du topon. Paris.
Encyclopédie Universelle. 2012.