toquer [ tɔke ] v. intr. <conjug. : 1>
• XVe tr.; du rad. expressif tokk- → 1. toucher
♦ Région. ou fam. Frapper légèrement, discrètement. « Cependant, l'on toque à la porte » (Queneau).
toquer (se) [ tɔke ] v. pron. <conjug. : 1>
♦ Fam. Se toquer de... : avoir une tocade pour (qqn). ⇒ s'amouracher, s'engouer, s'enticher. « un homme si respectable, qui se toquait d'une petite coureuse » (Zola).
● toquer verbe transitif indirect (radical onomatopéique tokk-, évoquant un choc) Familier et vieux. Frapper à quelque chose : Toquer à la porte. ● toquer (homonymes) verbe transitif indirect (radical onomatopéique tokk-, évoquant un choc) toqué adjectif et nom
toquer
v. intr. (Belgique, France rég.) Frapper à une porte (pour demander d'entrer).
I.
⇒TOQUER1, verbe
A. — Empl. trans., vx. Toucher, frapper. (Dict. XIXe et XXe s.).
1. Locution proverbiale Qui toque l'un, toque l'autre. Qui offense l'un, offense l'autre (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Au fig., fam. [Chez G. Sand] Frapper, déranger (l'esprit). Depuis ce temps, soit qu'un chagrin caché lui ait toqué la cervelle, soit que le plaisir d'être seul l'ait consolé de tout, il a vécu absolument enfermé dans son château, sans aucune compagnie (SAND, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 131).
B. — Empl. intrans., fam.
1. [Le suj. est un animé; le verbe est suivi d'un compl. prép. indiquant l'endroit où s'effectue l'action] Heurter, frapper légèrement. Toquer au carreau. Il toquait à la vitre et criait:— Jean-Pierre? Aussitôt le père tremblant courait dehors (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 21). On n'entendait que le pivert toquer à coups de bec contre un tronc et s'envoler en criant (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 209).
— [Avec un compl. prép. indiquant l'instrument de l'action] [Elle] tourna à droite vers le cimetière. Elle ne franchit pas le seuil des morts, mais toqua de l'index à la porte vitrée de leur gardien (MAURIAC, Genitrix, 1923, p. 351).
2. Région. (Centre, Doubs), p. méton. [En parlant de l'heure] Sonner. — Corne et tonnerre! dit l'un des deux buveurs. Sept heures vont toquer. C'est l'heure de mon rendez-vous (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 331).
Prononc. et Orth.:[], (il) toque []. Homon. de formes conjuguées de toquer: toque, toquet. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. Ca 1500 trans. « toucher, frapper » (VILLON, Dialogues de Messieurs de Mallepaye et de Baillevant ds Œuvres, Paris, Galliot du Pré, 1532, f° s VI v°); 2. 1536 intrans. tocquer à la porte (Dépos. Landeron ds PIAGET, Doc. inéd. sur la Reformation dans le Pays de Neuchâtel d'apr. PIERREH.). Dér. du rad. onomat. tok (fr. toc); dés. -er. Cf. toucher issu d'un lat. pop. toccare « heurter, frapper ». Bbg. GUIR. Étymol. 1967, pp. 74-75. — MEIER (H.). Aufsätze und Entwürfe zur romanischen Etymologie. Heidelberg, 1984, pp. 89-90.
II.
⇒TOQUER2 (SE), verbe pronom.
Familier
A. — Se toquer de/pour qqn, qqc. Se prendre d'une admiration, d'une passion excessive et souvent passagère pour quelqu'un, quelque chose. Synon. s'amouracher, s'emballer, s'engouer, s'enticher. Se toquer d'un auteur, d'une idée. Scholl dit à Jules qu'une jolie femme s'est toquée pour lui et l'engage à coucher avec elle (GONCOURT, Journal, 1853, p. 119). Ce terrible juif allemand, ce brasseur d'affaires dont les mains fondaient les millions, devenait imbécile, lorsqu'il se toquait d'une femme: et il les voulait toutes, il n'en pouvait paraître une au théâtre sans qu'il l'achetât, si chère qu'elle fût (ZOLA, Nana, 1880, p. 1180).
B. — Se toquer de + inf. S'entêter, s'obstiner à (faire quelque chose). Elle se toquait de connaître tel ou tel individu qui n'avait aucun titre à être reçu chez elle, parfois parce qu'elle l'avait trouvé beau (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 186).
Prononc. et Orth.:[], (il se) toque []. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1642 se toquer (de) « s'éprendre, s'engouer (de) » (D. FERRAND, Muse norm., éd. A. Héron, t. 2, p. 246, 15). De toquer1.
STAT. — Toquer1 et 2. Fréq. abs. littér.:49.
BBG. — KLEIN Vie paris. 1976, p. 247.
toquer (se) [tɔke] v. pron.
ÉTYM. 1662; de toquer « sonner les cloches », verbe apparenté à toucher, ou de toque, comme se coiffer, s'embéguiner de…, mais toque lui-même pourrait se rattacher à la série.
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♦ Fam. || Se toquer de… : avoir une toquade pour (qqn). ⇒ Engouer (s'). || Elle s'est toquée d'un jeune peintre. ⇒ Amouracher (s'), éprendre (s').
1 Moi, resté si longtemps indifférent à la nature, si peu soucieux de ses beautés, il arrive qu'une année, je me toque d'arbustes, que je plante, que je fais tout mon bonheur et ma passion d'un petit coin de verdure idéal (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 8 janv. 1872, t. V, p. 14.
2 Les Boches s'apitoyaient sur le sort de ce pauvre monsieur, un homme si respectable, qui se toquait d'une petite coureuse.
Zola, l'Assommoir, t. II, XI, p. 177.
2.1 Je savais que Tristan s'était toqué de la comtesse et l'avait durant un hiver, traînée dans les salles afin de l'y faire admirer.
F. Carco, Nostalgie de Paris, p. 262.
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toqué, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1830).
♦ || Toqué de qqch., de qqn.
3 Puisque j'en suis folle, moi, de cet homme-là, pourquoi donc les autres n'en seraient-elles pas aussi toquées ?
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Le masque ».
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DÉR. Toquade.
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1. toquer [tɔke] v. tr.
ÉTYM. V. 1460; formation onomatopéique, ou ital. toccare.
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♦ Vx. Toucher. — ☑ (1654). Loc. prov. Qui toque l'un toque l'autre : qui offense l'un offense l'autre.
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2. toquer [tɔke] v. intr.
ÉTYM. V. 1880; tr., XVe; du rad. expressif tokk-. → Toucher.
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♦ Dial. ou fam. Frapper légèrement, discrètement. || Toquer à la porte.
1 Le vieux procédait, à l'aide de son bâton, à un sondage méthodique. Il toquait sur le bas des murs et sur les briques du dallage.
H. Barbusse, le Feu, I, V.
2 Cependant, l'on toque à la porte, entre une jeune fille (…)
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 95.
3 Donc la baronne descendit vivement de voiture, (…) et toqua sèchement à la porte du presbytère, offusquée d'avoir à venir sonner chez ce « petit curaillon de village ».
G. Chevallier, Clochemerle, p. 227.
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DÉR. 1. Toqué.
Encyclopédie Universelle. 2012.