teutonique [ tøtɔnik ] adj.
• teuthonique 1489; n. 1512; lat. teutonicus
♦ Hist. Qui appartient au pays des anciens Teutons, à la Germanie. Ordre teutonique, des chevaliers teutoniques : ordre de chevalerie fondé en 1128, disparu au XVI e s. après sa sécularisation.
♢ Péj. vieilli Relatif aux Allemands (dans un contexte de guerre). ⇒ teuton. « dans l'ivresse de la fureur teutonique » (Romains).
● teutonique adjectif (latin teutonicus) Relatif aux teutons.
Teutonique
(ordre) ordre hospitalier et militaire, créé en 1198 en Terre sainte par des croisés allemands, recruté dans la noblesse allemande. Il assit son influence en Méditerranée, et surtout en Europe du Nord (Prusse-Orientale, notam.) sous Hermann de Salza (1211-1239), qui obtint de Frédéric II le droit de souveraineté sur les conquêtes à venir. Ayant absorbé les chevaliers Porte-Glaive, ainsi que leurs possessions (1237), il accrut sa puissance territoriale, qui atteignit son apogée au XIVe s., après la conquête de la Pomérélie (1308) sur la Pologne. Il forma alors un état puissant (cap. Marienburg) et prospère, soumis à une intense germanisation. Mais affaibli à l'intérieur par les revendications de la noblesse et de la bourgeoisie, il fut écrasé par les Polonais à Grunwald (1410). Le second traité de Torun (1466) ne lui laissa, sous la suzeraineté polonaise, que la seule Prusse-Orientale, qui fut sécularisée (1525) à la suite de la conversion au luthéranisme du grand maître de l'ordre, Albert de Brandebourg. Désormais confiné dans son rôle hospitalier, l'ordre fut supprimé par Napoléon Ier (1809). En 1840, il parvint à se reformer en Autriche.
⇒TEUTONIQUE, adj.
A. — HISTOIRE
1. Qui appartient aux Teutons, aux peuples de l'ancienne Germanie; germanique. Langues teutoniques. Les Allemands, les Suisses, les Anglais, les Suédois, les Danois et les Hollandais sont des peuples teutoniques (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 15). Charlemagne (...) essaye de faire disparaître l'ignorance de son empire et d'instruire ses peuples de double race gauloise et teutonique (Encyclop. éduc., 1960, p. 12).
♦ Écriture teutonique, caractères teutoniques. Variété d'écriture, de caractères gothiques en usage autrefois en Allemagne. (Ds GUÉRIN 1892, Lar. Lang. fr.). Hanse teutonique.
2. Ordre des chevaliers teutoniques, Ordre teutonique, Chevaliers teutoniques. Ordre religieux et militaire germanique fondé en Terre sainte au XIIe s. par des chevaliers allemands et qui abandonna son but hospitalier et la lutte contre les infidèles pour se consacrer à la conversion des Slaves des régions baltiques et la colonisation des marches de l'Est. Les chevaliers Teutoniques, pénétrant peu-à-peu dans les bois de la Prusse, y bâtirent des forteresses (...). Les chevaliers de Porte-glaive, qui de leur côté avoient travaillé à la conquête des pays septentrionaux, en se réunissant aux chevaliers Teutoniques, leur donnèrent une puissance vraiment royale (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 479). Un premier contingent de croisés germaniques (...) aida le grand maître Hermann Von Salza à élever la forteresse de Montfort, depuis siège principal de l'Ordre des chevaliers teutoniques (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 315).
— Chevalier teutonique. Membre de l'Ordre des chevaliers teutoniques. Je disais à don Bernal que cette neige me rappelait le chevalier Teutonique devant le château-fort (MONTHERL., Maître Sant., 1947, I, 4, p. 606).
♦ Empl. subst. masc. Ordres militaires enfin qui, depuis la chute de la royauté, n'obéissaient plus qu'à leurs grands maîtres et jouissaient d'une indépendance absolue dans leurs places fortes, les Hospitaliers au Crac des Chevaliers et à Marqab, les Templiers à Tortose, à Safitha, à Beaufort, bientôt à Safed, les Teutoniques à Montfort (GROUSSET, op. cit., p. 344).
3. De l'Ordre des chevaliers teutoniques; qui appartient, est relatif à cet Ordre. Les uns (...) s'en allaient en Prusse combattre les idolâtres sous le grand-maître teutonique, ou avec les chevaliers Porte-glaives (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 43). La croisade teutonique ayant cessé, les chevaliers en cherchaient une contre les marchands qui allaient ou résidaient à Nuremberg (MICHELET, Journal, 1842, p. 451).
B. — Vieilli ou péj. Allemand, germanique.
1. Vieilli ou littér. [Les] plus anciens gentilshommes de la noblesse teutonique (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 125). Le philosophe teutonique [Jacob Boehme] voyait en Dieu une réalité concrète et vivante ayant une Nature et un ensemble d'énergies, qui résident en lui et qu'il accorde harmonieusement (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 80).
2. Péj. L'Allemagne hurle contre nous. C'est un mouvement comme en 1813. Les uns disent que c'est de la haine de bon aloi, d'autres qu'il y a là-dessous une certaine quantité de libéralisme rouge qui prend aujourd'hui la forme teutonique (MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, t. 2, 1859, p. 50). Tout ça, Wilson l'a compris. Vaincre le Kaiser n'est rien, si on n'atteint pas l'esprit prussien, teutonique, du régime impérial, son pangermanisme (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 977).
— [P. ell. du subst.] D'autres fois, certaines collectivités arrivent à prendre conscience d'elles-mêmes organiquement; c'est le cas pour l'anglo-saxonne et la teutonique, qui sont de plus en plus en voie de se créer comme races (BARRÈS, Serv. All., 1905, p. 257).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1489, 10 août Hanse theutonique (Ordonnance des rois de France, t. 20, p. 184); 1611 alliance theutonique (COTGR.); 1685 ordre teutonique (PH. DE DANGEAU, Journal, t. 1, p. 104); 2. 1512 subst. masc. plur. les Teutoniques (LEMAIRE DE BELGES, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, t. 2, p. 321, v. tudesque). Empr. au lat. Teutonicus « qui concerne les Teutons », dér. de Teutoni, v. teuton. Fréq. abs. littér.:68.
teutonique [tøtɔnik] adj.
ÉTYM. V. 1660; subst., 1512; du lat. teutonicus, de Teutoni → Teuton.
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1 Didact. (hist.). Qui appartient au pays des anciens Teutons, à la Germanie. || Ordre teutonique, des chevaliers teutoniques : ordre de chevalerie issu d'un hospice allemand de Jérusalem, fondé en 1128, replié en 1320 en Prusse où sa puissance ne cessa de croître jusqu'à la défaite de Tannenberg (1410), et disparu au XVIe siècle après sa sécularisation (→ Dominer, cit. 12).
2 Péj. Relatif aux Allemands (dans un contexte de guerre). ⇒ Germanique, teuton.
0 Le Boche veut en découdre et se jette sur nous à Verdun dans l'ivresse de la fureur teutonique.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVI, XXV, p. 239.
Encyclopédie Universelle. 2012.