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taf

taf ou taffe [ taf ] n. m.
XVIe tafe; o. obsc.
Arg.
1Peur. Avoir, foutre le taf (à qqn).
2(1899) Part de butin. pied. Avoir son taf, sa part, son compte.
3Action, efficacité « Y mettre le taf » (Simonin), y aller carrément.
Métier, job; travail. Aller au taf. Question taf, c'est un peu galère.
⊗ HOM. Taffe.

⇒TAF, subst. masc.
Arg., pop.
A. — Peur. Synon. pop., fam. frousse, pétoche. Elle pouvait râler, elle ne demanderait pas du secours au voisin. Et elle disait cela pour se rassurer, car à certaines heures, malgré son taf, elle gardait toujours son béguin épouvanté (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 689). Avouez qu'vous avez seulement voulu nous flanquer l'taf? (GYP, M. Fred, 1891, p. 138).
Avoir le taf (que). Synon. pop., fam. avoir la frousse, la pétoche, les foies (arg.), les jetons. Et puis, j'ai l'taf qu'on n'me crie: Assez ch...anté! (La Petite lune, 1878-79, n° 14, p. 8). — T'as le taf, Pépé?Non, l'taf et les foies verts? railla-t-il (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 39). [Avec un compl.] Avoir (le) taf de qqc./qqn. T'as donc tafe de nozigues? (tu te méfies donc de nous?) (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 543). Au milieu de cette réussite à tout casser du Nabab, Daudet a le taf d'une volée. Il a fait le portrait d'un masseur (...) qui d'un soufflet tuerait mon joli ami (GONCOURT, Journal, 1878, p. 1214).
(Être) pris de taf. Qu'est-ce qu'il a donc?... répétait Gervaise, prise de taf (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 782). Pris d'un taf énorme de gamin qui a cassé une potiche, il n'insista pas: il fila (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 189).
B. — Part de butin. Synon. fade2. Chacun son taf: chacun sa part (NOUGUIER, Notes manuscr. Dict. Delesalle, 1900, p. 278). « Toi, t'as eu ton taf, va-t-en », propos [de distributions], 6e et 12e inf. (Le Pépère, 1er oct. 1916, p. 2, col. 1 ds ESN. Poilu 1919, p. 503).
Loc. fig. Avoir son taf. Avoir son compte. Synon. en avoir son fade (v. fade2). Je commence à déconner (...). Maître comprend que j'ai mon taf (A. SARRAZIN, La Cavale, 1965, p. 416). P. anal. On va en écraser et boire son taf de pinard (ESN., Poilu 1919, p. 503).
C. — Loc. Prendre son taf. (Ds LE BRETON 1960). Synon. (arg.) prendre son fade (v. fade2), prendre son pied.
REM. Taffeur, -euse, subst., arg. Peureux, poltron. Synon. arg., pop. trouillard. Je n'ai pas taf, je ne suis pas un taffeur (...) mais il n'y a plus qu'à faire les lézards, ou autrement on nous la fera gambiller (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 181). Vous réussirez chouettement auprès des Parisiennes.Vous croyez?Pour cela, il ne faut pas être taffeur, il faut avoir du toupet (AVENEL, Calicots, 1866, p. 133).
Prononc.:[taf]. BALZAC, loc. cit. régularise l'orthographe en tafe. Étymol. et Hist. I. 1821 « peur » (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, f° 15 r°,448: Taf. Crainte [...] cette Fois j'ai eu le taf); 1828-29 (VIDOCQ, Mém., t. 1, p. 383: le taf). II. 1900 « part de butin » (NOUGUIER, op. cit., p. 22: avoir son taf, son fade: avoir sa part; ID., ibid., p. 278: Taf s. m. part de butin). I mot d'orig. prob. onomat., taf évoquant le bruit des fesses qui s'entrechoquent sous l'effet de la peur. Cf. 1605 La Response faite à maistre Guillaume in Le Soldat fr., ensemble M. Guillaume, p. 195 ds QUEM. DDL t. 19: s'il ferait point tif et taf; 1640 OUDIN Ital.-Fr., s.v. lape: le cul luy fait tif taf, il a peur; 1642 OUDIN Fr.-Ital., s.v. fesse: les Fesses luy font taf taf (v. ESN. et FEW t. 13, p. 31). II orig. inc. (FEW t. 23, p. 127b). Fréq. abs. littér.:11.

taf [taf] n.
ÉTYM. 1582, in Esnault; orig. incert.; selon Esnault, onomatopée « par la peur, les fesses font tif taf ou taf taf (…) », 1640
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I N. m. Argot. Peur. || Il a eu un sacré taf.
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II
1 (1899; orig. obscure; l'hypothèse de Esnault — métathèse de fade — semble peu vraisemblable). Argot. Part (de butin). 2. Fade, pied. — ☑ Loc. fig. Avoir son taf : avoir son compte. || « Il avait son taf d'oubli » (San-Antonio, T'es beau, tu sais, p. 209).
1 Je commence à déconner, comme je déconne dans ma cellotte, en m'adressant au miroir. Maître comprend que j'ai mon taf, et, renonçant à conclure, il se lève :
— Eh bien, madame, je vais faire appeler votre mari.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 389.
2 N. f. Fam. Bouffée de cigarette. || Passe-moi une taf. || « Tu clopes ? propose-t-elle. — Non merci. Je te piquerai une taf » (Tito Topin, Hot money).Dans ce sens, on écrit aussi taffe.
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III N. m. (Du sens II). Fam. Travail, job. || Aller au taf. || Y a du taf ! || « “Il faut que je choisisse entre le taf et la teuf (verlan de fête), entre le travail et la fête”, explique la jeune femme de vingt et un ans aux allures de garçon manqué » (le Monde, 8 juil. 2000, p. 19).
2 On a braqué tous les distributeurs du quartier. Ça donne du taf aux réparateurs et aux keufs (flics). On lutte aussi contre le chômage. Ça donne du taf aux assureurs de banques et aux armuriers (…) Si tu veux du taf on peut t'en donner. C'est vrai qu'on est de bons citoyens (…)
Yann Queffélec, Disparue dans la nuit, p. 108.

Encyclopédie Universelle. 2012.