syllabe [ si(l)lab ] n. f.
• 1174; silebe 1160; lat. syllaba, gr. sullabê, de sullambanein « rassembler »
♦ Unité phonétique fondamentale, groupe de consonnes et/ou de voyelles qui se prononcent d'une seule émission de voix. Les syllabes « a » et « mour » de « amour ». Détacher les syllabes (⇒ syllabation) . Mot d'une syllabe (⇒ monosyllabe) , de plusieurs syllabes (⇒ polysyllabe) . Vers de douze syllabes (⇒ alexandrin ) . « Notre métrique est basée sur le nombre des syllabes sans aucun compte tenu du poids et de l'accent de celles-ci » (A. Gide). Syllabe initiale, finale d'un mot. Syllabe accentuée. Syllabe muette, terminée par un e muet. Phonét. Syllabe ouverte, terminée par une voyelle prononcée; fermée, terminée par une consonne prononcée.
♢ (Dans des loc.) Mot, parole. Ne pas prononcer une syllabe. « Jeanne écoutait sans perdre une syllabe » (Romains).
● syllabe nom féminin (latin syllaba, du grec sullabê, de sullambanein, réunir) Unité linguistique intermédiaire entre le phonème et le mot, caractérisée par la fusion des unités phoniques qui la constituent. (On distingue la syllabe ouverte, se terminant par une voyelle prononcée, et la syllabe fermée ou entravée, terminée par une ou plusieurs consonnes prononcées.) Parole, mot quelconque considérés comme des énoncés minimaux : Il n'a pas prononcé une syllabe. ● syllabe (citations) nom féminin (latin syllaba, du grec sullabê, de sullambanein, réunir) Honorat de Bueil, seigneur de Racan Aubigné, aujourd'hui Aubigné-Racan, 1589-Paris 1670 Académie française, 1634 Voyez-vous, monsieur, si nos vers vivent après nous, toute la gloire que nous en pouvons espérer est qu'on dise que nous avons été deux excellents arrangeurs de syllabes. Mémoires pour la vie de M. de Malherbe Commentaire Paroles de Malherbe ● syllabe (expressions) nom féminin (latin syllaba, du grec sullabê, de sullambanein, réunir) Syllabe muette ou féminine, syllabe terminée par un e muet. ● syllabe (synonymes) nom féminin (latin syllaba, du grec sullabê, de sullambanein, réunir) Unité linguistique intermédiaire entre le phonème et le mot, caractérisée...
Synonymes :
- pied
syllabe
n. f.
d1./d Unité phonétique qui se prononce d'une seule émission de voix. Prononcer en détachant toutes les syllabes.
|| Syllabe ouverte, terminée par une voyelle:.
|| Syllabe fermée, terminée par une consonne:.
d2./d Fig. Mot, parole. On ne put lui arracher une seule syllabe.
⇒SYLLABE, subst. fém.
A. — 1. Voyelle ou groupe de lettres qui se prononcent d'une seule émission de voix. Syllabe chantante, initiale, finale; première, dernière syllabe; nombre de syllabes; mot d'une syllabe. Ce langage enfantin composé de redoublements de syllabes identiques dont se servent les nourrices avec les enfants au berceau (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 48). Tout ce qui brille voit. Rimbaud a dit en trois syllabes ce théorème cosmique: « Nacre voit » (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 48). V. escamoter B 3 b ex. de Abellio.
2. PHONÉT., PHONOL. Unité phonétique fondamentale intermédiaire entre le phonème et le mot. La syllabe n'a de valeur qu'en phonologie. Une suite de sons n'est linguistique que si elle est le support d'une idée (SAUSS. 1916, p. 144). L'impression de « rythmé » peut être obtenue au moyen d'édifices sonores dont les briques sont les syllabes accentuées et atones (vers de Shakespeare); ou encore les syllabes longues et brèves (vers de Pindare) (Arts et litt., 1935, p. 50-7). V. bref1 ex. 3.
♦ Syllabe accentuée, atone, muette; syllabe pénultième, antépénultième, désinentielle.
♦ Syllabe ouverte ou libre. ,,Celle qui se termine par une voyelle, ainsi les deux syllabes de fi-ni`` (MAR. Lex. 1951).
♦ Syllabe fermée ou entravée. ,,Celle qui se termine par une consonne, ainsi les deux syllabes de par-tir`` (MAR. Lex. 1951).
Rem. Le critère de délimitation de la syllabe varie suivant les spécialistes. Il peut être fonctionnel: voyelle entourée de consonnes (Rousselot); acoustique: distance entre deux minima de sonorité (Jespersen); articulatoire: opposition de phonèmes implosif et explosif (Saussure); physiologique: tension croissante puis décroissante de l'appareil phonateur (Grammont, Fouché), intensité du souffle (Stetson, Straka).
3. MÉTR., VERSIF. Unité prosodique du vers français. Vers de douze syllabes. C'est la numération syllabique qui, orientée ou non dans ses distinctions par le contenu du texte, assure l'assise du vers. D'où l'importance du compte des syllabes dont les règles, usages et variations (diérèse, synérèse, élision, apocope, syncope) constituent la prosodie du vers français (MAZ.-MOL. Styl. 1989, s.v. syllabe).
B. — P. ext. Très petit élément de langage, mot, parole. Écouter sans perdre une syllabe; ne pas prononcer une syllabe; peser toutes ses syllabes. Il n'y a pas une syllabe de vrai dans tout ce que vous avez dit (MÉRIMÉE, Théâtre Cl. Gazul, 1825, p. 391). Horriblement défiguré, le larynx brisé, il bredouillait, crachait dans sa barbe des syllabes incompréhensibles (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1937, p. 26).
REM. 1. Syllaber, verbe intrans., rare. a) Assembler les lettres par syllabes. (Ds LITTRÉ). b) Prononcer, lire, syllabe par syllabe. Synon. syllabiser. Je redoutai que la comtesse me barbât exagérément (...) pour le signifier nettement à cette digne femme, je syllabai, calme:— Oh! moi, vous savez, pourvu que mon ventre n'ait pas de plis, je me fous de tout le reste! (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 284). 2. Syllabifier, verbe, rare. Composer avec des syllabes. Empl. part. passé. Les fous font partie d'une nation quelconque; et leur langage, pour incohérent qu'il soit dans les paroles, est toujours syllabifié (BAUDEL., Hist. extr., 1856, p. 37).
Prononc. et Orth.:[sil(l)ab]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et His. 1. Ca 1160 sillebe « voyelle ou ensemble de sons prononcés d'une seule émission de voix et entrant dans la constitution d'un mot » (Enéas, 8558 ds T.-L.); ca 1210 sillabe (Dolopathos, 48, ibid.); 1550 la syllabe ph (RONSARD, Odes, Au lecteur ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 1, p. 53, ligne 79); 2. 1690 p. ext. on n'en [du sermon] perd pas une syllabe (FUR.). Empr. au lat. class. syllaba « syllabe » puis au plur. « vers, poème », du gr. « id. », dér. de « rassembler, réunir », de « avec » et de « prendre ». Fréq. abs. littér.:934. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 071, b) 1 016; XXe s.: a) 1 752, b) 1 459.
DÉR. 1. Syllabation, subst. fém. Découpage en syllabes de la chaîne parlée. Synon. vx syllabisation. (dér. s.v. syllabiser). Les Latins (en Italie surtout) ont une technique à émission plus claire, entraînée par une syllabation à prédominance labiale (Arts et litt., 1935, p. 36-7). — [sil(l)]. — 1re attest. 1840 (GARCIA, Art chant, p. 90); de syllabe, suff. -(a)tion. 2. Syllabisme, subst. masc. a) Système d'écriture syllabique. (Dict. XIXe s. et XXe s.). b) Système de versification fondé sur le vers syllabique. Les premiers poètes qui commencèrent à écrire chez nous en langue vulgaire adoptèrent le syllabisme (Jeux et sports, 1967, p. 750). — [sil(l)]. — 1res attest. a) 1862 « système d'écriture dans lequel on représente la syllabe par un signe unique » le syllabisme assyrien (VIVIEN DE ST-MARTIN, Les Fouilles de l'Assyrie et leus résultats pour l'Histoire ds R. germ. fr. et étr., t. 19, p. 500). b) 1897-1900 « théorie qui fonde le rythme des vers français sur le compte des syllabes » le syllabisme métrique (D'INDY, Compos. mus., t. 1, p. 73); de syllabe, suff. -isme.
BBG. — CHIRON (Ph.). Types de syllabes du fr. BULAG. 1977, n° 5, pp. 75-97. — CLAS (A.). Sons et lang. Montréal, 1983, pp. 138-141. — DE GROOT (A. W.). La Syllabe, essai de synthèse. B. Soc. Ling. 1926, t. 27, pp. 1-42. — HÁLA (B.). Autour du probl. de la synt. Phonetica. 1960, t. 5, pp. 159-168; 1961, t. 7, pp. 240-245; 1964, t. 11, pp. 39-50. — MARCHAL (A.). Élém. pour une phonét. ling. plus adéquate: introd. à une phonol. de la syllabe. Phonetica. 1978, t. 35, n° 6, pp. 340-370. — NANDRIS (O.). Sur la syllabe et la struct. du fr. Fr. mod. 1962, t. 30, pp. 35-51. — NIQUE (Ch.). Phonie/ graphie. Fr. auj. 1974, n° 25, p. 63. — QUEM. DDL t. 35 (s.v. syllabifier). — WIOLAND (Fr.). Struct. syllabiques du fr. Genève, 1985, p. 356 p.
syllabe [sil(l)ab] n. f.
ÉTYM. 1174; sillabe, v. 1160; lat. syllaba, grec sullabê, de sullambanein « prendre ensemble, rassembler », de sun (→ Syn-), et lambanein « prendre ».
❖
1 Unité phonétique fondamentale, définie, selon les auteurs, d'un point de vue fonctionnel (voyelle formant support entourée de consonnes [cit. 1]); acoustique (distance entre deux minima de sonorité [Jespersen, Jones]); articulatoire (frontière syllabique du point de passage d'un son plus fermé à un son plus ouvert [Saussure]); ou physiologique (tension croissante, puis décroissante des muscles de l'appareil phonatoire [Grammont, Fouché]). ⇒ Consonne, lettre, voyelle; aphérèse, apocope, crément, diérèse, synalèphe, synérèse. || Syllabe ouverte, terminée par une voyelle; fermée, terminée par une consonne. || Centre de la syllabe, ordinairement un élément vocalique, parfois une « sonante » ou même une consonne (franç. psst !). || Syllabe atone, tonique. || Quantité (cit. 11) d'une syllabe (→ Prosodie, cit. 1; rime, cit. 4; rythme, cit. 1). || Syllabe brève, longue. || La métrique (cit. 3) française est fondée sur le nombre des syllabes (→ Intonation, cit. 6; œuvre, cit. 18). || Rime (cit. 2) de deux syllabes. || Syllabe muette. || Mot d'une syllabe (monosyllabe), de deux (dissyllabe), trois (trisyllabe), quatre (quadrisyllabe ou tétrasyllabe), cinq (pentasyllabe), plusieurs (polysyllabe), syllabes. || Vers de six (hexasyllabe), sept (heptasyllabe), huit (octosyllabe), neuf (ennéasyllabe), dix (décasyllabe), onze (hendécasyllabe), douze (dodécasyllabe ou alexandrin) syllabes (→ Iambe, cit. 3; métrique, cit. 2; octosyllabe, cit.). || Syllabe initiale, finale, pénultième d'un mot. || Interversion de syllabes, dans une contrepèterie.
1 Même une personne sans formation linguistique a le plus souvent un sentiment très net du nombre des syllabes qu'il y a dans une chaîne prononcée. Le seul fait que la versification est si souvent basée sur le nombre des syllabes (par ex. en français) nous fournit une preuve que la syllabe est une unité phonétique dont les sujets parlants sont parfaitement conscients. Il s'agit pour la phonétique de tâcher de trouver la réalité acoustique et articulatoire qui est à la base de ce groupement des sons en syllabes.
B. Malmberg, la Phonétique, p. 78.
♦ Appuyer (cit. 20) sur certaines syllabes (→ aussi Diction, cit. 4; insistance, cit. 1; pâle, cit. 6). || Détacher (1. Détacher, cit. 13) les syllabes. || Escamoter (cit. 9), manger une syllabe. || Peser (cit. 2) chaque mot, chaque syllabe.
2 On tient qu'il va, ce scrupule, jusques à défigurer notre langue, et qu'il n'y a point presque de mots dont la sévérité de cette dame ne veuille retrancher ou la tête ou la queue, pour les syllabes déshonnêtes qu'elle y trouve.
Molière, Critique de l'École des femmes, 5.
3 L'homme n'articule pas ses mots avec une vigueur suffisante pour que l'on puisse compter le nombre des syllabes émises. Il a parlé, avec lenteur, pendant une dizaine de secondes — ce qui doit représenter une trentaine de syllabes, moins peut-être.
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 225.
2 (1690). Dans des loc. Mot, parole. ☑ Ne pas prononcer une syllabe. ⇒ Silencieux; taire (se). ☑ Écouter sans perdre (cit. 25) une syllabe. || « Toutes les syllabes en sont impies » (cit. 3). — Par métaphore. || « Ces syllabes de granit » (→ Pierre, cit. 12, Hugo).
4 La tante regarda Marius d'un air effaré, parut à peine le reconnaître, ne laissa pas échapper un geste ni une syllabe (…)
Hugo, les Misérables, IV, VIII, VII.
❖
DÉR. Syllabaire, syllabation, syllaber, syllabiser, syllabisme.
COMP. Asyllabie. Imparisyllabe, parisyllabe.
Encyclopédie Universelle. 2012.