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stupeur

stupeur [ stypɶr ] n. f.
• 1333; lat. stupor
1Méd. État d'inertie et d'insensibilité profondes lié à un engourdissement général. anéantissement. « La stupeur, qui l'envahissait de plus en plus, lui ôtait jusqu'à la sensation de la souffrance » (Zola).
Psychiatr. Cet état, traduit par l'immobilité du visage et le mutisme. Stupeur observée dans les cas de mélancolie aiguë. hébétude, léthargie.
2Étonnement profond. stupéfaction. Frappé de stupeur. étonné, stupéfait. À notre (grande) stupeur. « La stupeur de se trouver là » (Hugo).

stupeur nom féminin (latin stupor, de stupere, demeurer immobile) Rareté des mouvements, mutisme, indifférence apparente aux stimulations s'accompagnant d'une baisse de la vigilance. Extrême étonnement qui laisse sans réaction et comme paralysé : Rester muet de stupeur.stupeur (synonymes) nom féminin (latin stupor, de stupere, demeurer immobile) Rareté des mouvements, mutisme, indifférence apparente aux stimulations s'accompagnant d'une...
Synonymes :
- hébétude
Extrême étonnement qui laisse sans réaction et comme paralysé
Synonymes :
- abasourdissement
- ahurissement
- ébahissement
- effarement
- saisissement
- stupéfaction

stupeur
n. f.
d1./d MED Engourdissement des facultés intellectuelles avec immobilité et physionomie étonnée ou indifférente, que l'on observe dans certaines affections psychiques.
d2./d Cour. étonnement profond qui ôte toute possibilité de réaction. Syn. stupéfaction. être frappé de stupeur. Rester muet de stupeur.

⇒STUPEUR, subst. fém.
A. — 1. État d'engourdissement, d'inertie accompagné d'insensibilité physique et morale. Synon. abattement, hébétude, torpeur. Stupeur morale, paralysante; glisser dans la stupeur; stupeur de la conscience. Saisi d'une stupeur épouvantable, - jeté sur mon lit dans un état d'anéantissement tout physique (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 316). Elle demeura d'abord longtemps immobile, puis elle se tordit convulsivement les mains, de désespoir et de colère tout ensemble et retomba dans une profonde stupeur (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 34).
2. MÉD., MÉD. VÉTÉR.
a) État d'engourdissement général lié à un état pathologique, une intoxication. Stupeur azotémique. Le malade est dans un état de stupeur profonde. Des larmes, mêlées à une sécrétion muco-purulente, tracent des sillons sur la face; le mufle est sec et fendillé (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p. 291). Quelques cas ne font pas une épidémie et il suffit de prendre des précautions. Il fallait s'en tenir à ce qu'on savait, la stupeur et la prostration, les yeux rouges, la bouche sale, les maux de tête, les bubons (CAMUS, Peste, 1947, p. 1246).
b) Vieilli. Engourdissement local, cessation d'activité d'une partie du corps, d'un organe, d'un système organique. Loin de l'influence de cet air actif et de cette vive lumière, dont on jouit sous la voûte du ciel, le corps s'étiole, (...) le système nerveux peut tomber dans la stupeur; trop souvent, il n'en sort que par des excitations irrégulières (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 115). Cependant, si la blessure était le siége d'une stupeur prononcée, comme celle que déterminent les projectiles volumineux, il serait convenable d'attendre que cet état de stupeur fût dissipé, afin de ne point le rendre plus grave en lui ajoutant l'affaissement momentané qui suit toutes les grandes opérations (NÉLATON, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 224).
Stupeur (artérielle). Arrêt brutal temporaire ou définitif de la circulation dans une artère. On apprit à connaître les hémorragies retardées s'extériorisant quelques heures après une plaie artérielle, quand cesse la phase de « stupeur » qui a empêché le vaisseau de saigner (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 782).
3. PSYCH., PSYCHOL. Sidération de la personnalité avec suspension de toute activité physique et psychique que l'on rencontre principalement dans la schizophrénie. Stupeur catatonique, maniaque, mélancolique. À la suite d'une néphrite scarlatineuse, un de nos malades présenta le tableau clinique de la confusion mentale avec stupeur (DELAY, Ét. psychol. méd., 1953, p. 213).
4. En partic. État de torpeur lié à la prise de substances stupéfiantes. Deux paysans du delta (...) aspirent le narghilé au milieu de borborygmes effrayants, toussent, toussent encore et s'enfoncent dans la stupeur (MORAND, Route Indes, 1936, p. 155).
B. — 1. Saisissement causé par un grand étonnement, un choc émotionnel qui prive une personne de ses moyens physiques et intellectuels. Être frappé de stupeur; être plongé dans la stupeur. Je me souviens de notre stupeur en entendant ces soldats,de qui nous attendions enfin un témoignage véridique, — nous réciter naïvement les phrases mêmes que chaque jour l'on pouvait lire dans les journaux (GIDE, Journal, 1929, p. 913). Il dormait, lui aussi, gardant dans son sommeil une expression de stupeur et de désespoir (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 128).
Loc. adv.
Avec stupeur. En éprouvant un grand saisissement, un grand étonnement. Elle se demandait avec stupeur comment des femmes pouvaient consentir à ces contacts dégradants avec des étrangers, alors qu'elles y étaient déjà contraintes avec l'époux légitime (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Réveil, 1883, p. 878). Toute la famille Duydt considérait avec stupeur et orgueil ce bossu qui avait su si vite escalader la route de la richesse, et devenir une force (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 170).
Dans la stupeur (de + subst.). Dans un état de grand saisissement. Paris est devenu bien triste: plus de bals! plus de soirées! plus de ces équipages brillants qui roulaient sur les boulevards! On est dans la stupeur et l'attente (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1830, p. 38). Alors, Nana, debout sur le siège de son landau, grandie, crut que c'était elle qu'on acclamait. Elle était restée un instant immobile, dans la stupeur de son triomphe (ZOLA, Nana, 1880, p. 1404).
2. Immobilisation, arrêt subit de l'activité consécutif à un événement, un phénomène. Déjà le train avait disparu dans un ouragan (...) Il y eut, après, une stupeur dans l'air, un arrêt de tout (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, pp. 114-115). Tout le monde se retrouvait au bout d'une longue stupeur, des voitures passaient qui se dirigeaient déjà vers la fête (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 157).
3. État de saisissement, de paralysie qui frappe une personne. Une stupeur le prit devant l'intérieur de son sac (MAUPASS., Contes et nouv., Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 291). Il n'avait pas déplié sa serviette qu'une stupeur le cloua sur sa chaise. La tête de veau fumant dans le persil, venait de lancer un meuglement (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 193).
Au plur., littér. Comme jadis, elle versait de l'eau bouillante dans les verres et sur les couteaux pour les laver, et elle éprouvait des stupeurs énormes lorsque les uns se fêlaient et que les autres perdaient leur fil (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 103).
— [Dans une exclam.] Et peut-être voici qu'enfin la traversée Effrayante, d'un astre à l'autre, est commencée! Stupeur! se pourrait-il que l'homme s'élançât? (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 830).
REM. Stuporeux, -euse, adj. [Corresp. à supra A] a) Psychanal. ,,Qui est caractérisé par un état de stupeur`` (MAN.-MAN. Méd. 1980). Mélancolie stuporeuse (MAN.-MAN. Méd. 1980). b) Méd. Langue stuporeuse. ,,Modification de l'aspect de la langue qui se rencontre dans la stupeur (...); elle porte alors la trace des impressions dentaires sur ses bords`` (GARNIER-DEL. 1972).
Prononc. et Orth.:[stypœ:r]. Att. ds Ac. 1694 et dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1377 méd. « engourdissement général » (EVRART DE CONTI, Probl. d'Arist., B.N. 210, f° 80b); 2. 1531 [éd.] « immobilité causée par un étonnement profond » (JEAN DE VIGNAY, Mir. hist., XXV, 33 ds DELB. Notes mss); 3. 1836 plur. (BALZAC, Lys, p. 154: je partis après quelques moments passés dans une de ces heureuses stupeurs des âmes arrivées là où finit l'exaltation et où commence la folle extase). Empr. au lat. stupor « engourdissement soit physique, soit mental », dér. de stupeo « être engourdi, demeurer immobile ». Fréq. abs. littér.:1 334. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 732, b) 2 381; XXe s.: a) 2 403, b) 2 327. Bbg. GOHIN 1903, p. 324. — QUEM. DDL t. 29 (s.v. stupeur maniaque).

stupeur [stypœʀ] n. f.
ÉTYM. 1333; lat. stupor.
1 Didact., littér. État d'inertie et d'insensibilité profondes lié à un engourdissement général. Abattement, abrutissement, anéantissement (→ Accablement, cit. 10; artère, cit. 2; intervalle, cit. 14).
1 (…) sa lassitude de la veille au soir était devenue telle, qu'il demeura jusqu'à midi dans sa chambre, assis sur une chaise, au pied de son lit. La stupeur, qui l'envahissait de plus en plus, lui ôtait jusqu'à la sensation de la souffrance.
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, III, III, XI.
2 (…) Mais tu ne trouves pas que cette stupeur de l'intelligence — chez un garçon qui était, je puis bien le dire, le contraire d'une bête — est assez énigmatique ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, IV, p. 64.
Psychiatrie. Suspension apparente de toute activité physique et psychique (avec immobilité, mutisme, visage figé, regard morne, absence de réactions ou parfois négativisme). || Stupeur d'origine névrotique, psychotique. || Stupeur observée dans la dépression, la mélancolie aiguë. || Stupeur d'un catatonique. || Stupeur confusionnelle. Hébétude, obnubilation, torpeur.
Méd. « Engourdissement général ou local » (Garnier). || Stupeur des tissus.
2 (1853). Cour. Étonnement profond qui confine à la stupeur (au sens 1). Saisissement, stupéfaction. || Frappé (cit. 37) de stupeur (→ Improviste, cit. 5). Béant, étonné, immobile, médusé, muet, stupéfait, stupide (cf. Frappé par la foudre, changé en pierre…). || Avec stupeur (→ Antenne, cit. 2; exalter, cit. 28; pacifiste, cit. 2; posthume, cit. 1). || Avec un mélange de stupeur et d'admiration (→ Organique, cit. 1). || À la grande stupeur de… (→ Écroulement, cit. 4). Stupéfaction. || La stupeur de ces revirements, provoquée par ces revirements (→ Étourdissement, cit. 6). || La stupeur de se trouver là (→ Matériel, cit. 4). || Provoquer la stupeur de qqn. Stupéfaire, stupéfier (2.).
3 La masse du peuple accumulé dans la salle ne demandait pas de sang; il le voyait couler avec stupeur, dit un témoin oculaire. Il regardait bouche béante ce prodigieux spectacle, bizarre, étrange à rendre fou.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, VII.
4 Passepartout, l'œil démesurément ouvert, la paupière et le sourcil surélevés, les bras détendus, le corps affaissé, présentait alors tous les symptômes de l'étonnement poussé jusqu'à la stupeur.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 25.

Encyclopédie Universelle. 2012.