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sangloter

sangloter [ sɑ̃glɔte ] v. intr. <conjug. : 1>
XII e; var. sanglouter, senglouter, sanglotir; lat. pop. °singluttare, class. singultare sanglot
Pleurer avec des sanglots. Sangloter de joie. « Elle se mit à sangloter avec passion, avec une frénésie qui ressemblait à un rire houleux » (Colette).
Par anal. Poét. « Écouter la plainte éternelle Qui sanglote dans les bassins ! » (Baudelaire).

sangloter verbe intransitif Pleurer, manifester son émotion avec des sanglots : Sangloter de joie.sangloter (difficultés) verbe intransitif Orthographe Avec un seul t, de même que son dérivé sanglotement.

sangloter
v. intr. Pleurer avec des sanglots.

⇒SANGLOTER, verbe intrans.
A. — Pleurer avec des sanglots. Faire sangloter qqn; sangloter dans les bras de qqn; sangloter tout bas; sangloter de désespoir, de joie, de jalousie, de pitié, de rage; sangloter éperdument, convulsivement, abondamment, doucement; se mettre à sangloter. La tête dans le bras, appuyé à un tronc d'arbre, il se prend à sangloter amèrement (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 284). Elle avait sangloté de bonheur en apercevant à la portière du train le visage de sa mère (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 303).
P. méton. Dire avec des sanglots. Je veux leur dire, leur montrer, leur sangloter (...) ce que c'est que la douleur! (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, III, 6e tabl., 3, p. 263). Je vous jure, sanglota Chérubin, que je ne le sais pas! (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 271).
B. — P. anal., littér. Émettre des sons comparables à des sanglots. La brise sanglotait parmi les arbres noirs (MORÉAS, Syrtes, 1884, p. 37). L'archet final sanglote sur la mineure (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 142).
REM. Sanglotant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui sanglote. La pensée n'est pas si prompte, la flèche ne fend pas l'air si vite, que de l'autre côté de la mer je ne serais cette épouse riante et sanglotante entre ses bras! (CLAUDEL, Soulier, 1944, 2e part., 4, p. 1054). Lucile résiste un moment, toute raide, et puis soudain elle tombe sanglotante sur le lit (ANOUILH, Répét., 1950, IV, p. 110). [P. méton.] Tout à coup s'élève une plainte sanglotante de femme (GONCOURT, Journal, 1886, p. 554). Le peintre montrait ce visage terrorisé de l'homme qui, chaque soir, affronte dans la chaleur du lit quelque chuchotante et sanglotante scène de ménage (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 198). P. métaph. Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure À travers l'encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure! (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 34).
Prononc. et Orth.:[], (il) sanglote [-]. Ac. 1694: sanglotter; 1718: -oter; 1740: -otter; dep. 1762: -oter. V. -oter. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 sangloutir (Roman de Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 9809) 1160-74 sangloter (WACE, Roman de Rou, Appendice, 590, éd. A. J. Holden, II, 327); 2. 1836 p. anal. (LAMART., Jocelyn, p. 588: L'eau que j'écoutais sangloter dans sa fuite). Du lat. pop. singluttare, altér. à partir de gluttire « avaler » de singultare « avoir des hoquets », « entrecouper (de sanglots) ». Fréq. abs. littér.: Sangloter: 981. Sanglotant: 360. Fréq. rel. littér.: Sangloter: XIXe s.: a) 472, b) 1 793; XXe s.: a) 2 678, b) 1 195. Sanglotant: XIXe s.: a) 284, b) 730; XXe s.: a) 925, b) 340.
DÉR. Sanglotement, subst. masc. Le fait de sangloter; bruit des sanglots. Le reste de la phrase se perdit en un sanglotement désespéré, presque silencieux, qui dégénéra en une quinte de toux (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1154). P. métaph. Le hymnes grandioses, le sanglotement désespéré du Dies irae, dont la magnificence liturgique plane très haut au-dessus de l'écroulement des misères humaines (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 288). []. 1re attest. 1er quart XIIe s. sanglutement (Lapidaires anglo-normands, I, 294, éd. P. Studer et J. Evans, p. 39); de sangloter, suff. -ment1.

sangloter [sɑ̃glɔte] v. intr.
ÉTYM. XIIe; var. anc. sanglouter, senglouter, sanglotir, d'un lat. pop. singluttare, lat. class. singultare. → Sanglot.
1 Pleurer avec des sanglots (→ Éperdu, cit. 5; nœud, cit. 5; onde, cit. 7; pantomime, cit. 4). || Sangloter de joie. || Je sanglotais de ne point le sentir à mon côté (→ Gémeller, cit.).P. prés. || Une petite fille s'est approchée de nous, toute sanglotante.
1 Émile, impétueux, ardent, agité, hors de lui, pousse des cris, verse des torrents de pleurs sur les mains du père, de la mère, de la fille, embrasse en sanglotant tous les gens de la maison, et répète mille fois les mêmes choses avec un désordre qui ferait rire en toute autre occasion.
Rousseau, Émile, V.
2 Je me jetai aux genoux de Madame Ives; je couvris ses mains de mes baisers et de mes larmes. Elle croyait que je pleurais de bonheur, et elle se mit à sangloter de joie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 96.
3 Edmée fondit brusquement et tomba sur un siège où elle se ramassa toute, et elle se mit à sangloter avec passion, avec une frénésie qui ressemblait à un rire houleux et aux saccades de la joie. Son gracieux corps courbé bondissait, soulevé par le chagrin (…) L'amour jaloux, la colère, la servilité qui s'ignore (…)
Colette, Chéri, p. 99.
Trans. (Rare). || Il sanglotait sa douleur.
2 (1759, Voltaire). Par anal. (Poét.). || « Écouter la plainte éternelle (cit. 31) qui sanglote dans les bassins ! » (Baudelaire). → aussi Jet, cit. 7, Verlaine.
4 Combien d'êtres humains frissonnent à cette heure,
Sur la mer qui sanglote et sous le ciel qui pleure (…)
Hugo, l'Année terrible, Juin, XIII.
DÉR. Sanglotant, sanglotement.

Encyclopédie Universelle. 2012.