Akademik

rogne

rogne [ rɔɲ ] n. f.
• 1888; « querelle » région.XVIIe; « grognement » 1501; de 2. rogner
Fam. Colère, mauvaise humeur. Être en rogne contre qqn, qqch. 2. rogner. Être dans une rogne terrible. Se mettre, se foutre en rogne. « Histoire de les foutre en rogne une bonne fois » (Aragon). « La hargne, la rogne et la grogne » (de Gaulle).

rogne nom féminin (de rogner) Coupe au massicot pour la mise au format définitif. ● rogne nom féminin (de rogner) Familier. Mauvaise humeur, colère : Être en rogne.rogne (synonymes) nom féminin (de rogner) Familier. Mauvaise humeur, colère
Synonymes :
- grogne (familier)
- hargne

rogne
n. f. Fam. Mauvaise humeur, colère. être en rogne.

I.
⇒ROGNE1, subst. fém.
A. — PATHOL., vieilli. Gale, teigne et, en partic., gale invétérée. Une grosse couverture de laine (...) qu'il avait sans doute héritée de quelque mulet mort du farcin ou de la rogne (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 363).
ART VÉTÉR. Gale du porc. [La gale du porc] prend le nom de rogne. Débute généralement par la tête, pour s'étendre ensuite sur le dos, le corps (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 141).
B. — BOT. ,,Mousse qui vient sur le bois et le gâte`` (CHABAT t. 2 1876).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 ruinne « gale invétérée » (Lapidaires anglo-normands, éd. P. Studer et J. Evans, V, 1081, p. 239); ca 1223 roingne (GAUTIER DE COINCI, Miracles N.D., II Mir 25, 317, éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 257); ca 1480 rogne (Mistére du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 31, 37314); 2. p. anal. 1562 rongne « maladie des arbres provoquée par l'humidité » (A. DU PINET, trad. Histoire du Monde de C. Pline Second, t. 1, p. 669); 1676 rogne « mousse qui pousse sur l'écorce des arbres » (FÉLIBIEN); 1842 « maladie des oliviers dans laquelle les branches se couvrent de petites excroissances » (Ac. Compl.); 1842 « cuscute » (ibid.). Du b. lat. ronca (d'où aussi ital. rogna, esp. roña, port. ronha), altér. sous l'infl. de rodere « ronger », de aranea « araignée », att. en 447 chez Cassius Felix au sens de « herpès [maladie de la peau] » (TLL) et qui survit dans le roum. rîie.
DÉR. Rogneux, -euse, adj. Qui est atteint de la rogne (supra sens A). Sur le second palier un chat rogneux avait traîné une peau de merluche qu'il s'apprêtait à déglutir (GIDE, Caves, 1914, p. 782). Deux mendiants (...): l'un idiot, l'autre tout maléficié, tout rogneux, avec du mal sur la figure, des croûtes comme un chien (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 42). [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1res attest. a) ca 1130 ruinnos « qui a la gale invétérée » (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, V, 1076, p. 239), 1176-1181 roigneus (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 6671), 13e s. rongneuz (Marguet convertie ds Nouv. Rec. Fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 325); b) 1870 subst. (LITTRÉ); de rogne1), suff. -eux.
II.
⇒ROGNE2, subst. fém.
Familier
A. — Au sing., pop., fam. Colère, mauvaise humeur. Faut dire que dans les temps, j'ai eu des malheurs de ménage (...). De cette aventure il m'est resté de la rogne contre toutes les femmes (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 300). Toute la crasse, l'envie, la rogne d'un canton s'était exercée sur sa pomme. La hargne fielleuse des plumitifs de sa propre turne il l'avait sentie passer (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 32).
Empl. adj. Hargneux, coléreux. Des dettes, est-ce que j'en ai, moi qui ai crevé la faim? répondit Mahoudeau d'un ton rogne (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 361).
Verbe + en rogne. Être, (se) mettre, ... en colère, dans une grande colère. Mettre en rogne; se mettre en rogne pour des riens. Et les Boches, ils n'en ont pas de canons, non? Tas de vieux jetons. Ca me fout en rogne d'entendre ça (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 173). Un Nouy (...) tout mou, tout poli, ne lâchant pas un mot d'argot. Furax, quoi! Je connais Serge. Il est comme ça quand il est en rogne (H. BAZIN, Lève-toi, 1952, p. 169).
B. — Au plur., pop. Chercher des rognes à qqn. Créer des ennuis à quelqu'un. Synon. fam. chercher des noises (v. noise B), des crosses. Depuis que tu es sorti de taule, tu es après moi comme qui dirait à me chercher des rognes dans le quartier (CARCO, Équipe, 1919, p. 48).
Rem. Au sens A, le mot a connu un regain de vitalité dans les domaines pol. et soc. depuis son empl. en 1961 par le Général de Gaulle: [Jacques Chirac] décide d'agir tout de suite et lâche le mot d'« impôt-sécheresse ». Sur le moment, personne ne réagit. Puis la houle se lève, emportant les apitoiements vacanciers. Pourtant, cette rogne anti-paysanne est fondamentalement injustifiée (Le Point, 20 sept. 1976, p. 52, col. 1).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. a) 1486 rongne « difficultés, différends » (JEAN MICHEL, Passion, éd. O. Jodogne, 25337); b) 1710 chercher la rogne à qqn « chercher querelle à » ([DUFRENE], La Misère des apprentifs imprimeurs, p. 7 ds QUEM. DDL t. 19); 1896 chercher rogne à qqn (DELESALLE); c) 1888 « mauvaise humeur, colère » (VILLATTE). Déverbal de rogner2. Le mot a été longtemps usité dans la région de Lyon et de Genève (v. FEW t. 10, p. 461b), puis introduit à Paris par le fr. pop. vers la fin du XIXe s.
STAT.Rogne1 et 2. Fréq. abs. littér.:35.
DÉR. Rogneux, -euse, adj., pop., fam. [En parlant d'une pers. ou, p. méton., de son comportement] Hargneux, bougon. Ce n'est pas parce que je te fais des compliments qu'il faut prendre un air rogneux (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 32). Un vieux paysan rogneux, cassé par la sciatique (MORAND, Extrav., 1936, p. 55). Empl. subst. [Le blessé] de ma gauche était un rogneux, un furieux (...). Il (...) avait gueulé tout haut (...) qu'on ne collait dans la salle que des gars qui allaient claboter (VIALAR, Risques et périls, 1948, p. 159). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1867 rongneux « hargneux » (L. DEBRUIRE DU BUC, Nouv. Gloss. lillois); de rogne2, suff. -eux. Fréq. abs. littér.: 12.
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 247.

1. rogne [ʀɔɲ] n. f.
ÉTYM. XIIIe, roigne; ruinne, v. 1125; du bas lat. ronea, altér., sous l'infl. de rodere « ronger », de aranea « araignée », attesté à basse époque au sens de « gale, rogne ».
1 Fam., vx. Gale, teigne, et, spécialt, gale invétérée (cf. Molière, l'Amour médecin, II, 7). || « Il faut dire (…) Que je lui ai gratté sa roingne » (Marot, Épître, XXIX, 1531). || Qui est atteint de la rogne. Rogneux.
2 (1676). Mousse qui se développe sur le bois et le détériore.
DÉR. Rogneux.
HOM. 2. Rogne, 3. rogne.
————————
2. rogne [ʀɔɲ] n. f.
ÉTYM. XIXe; « action de grogner entre ses dents », 1501; longtemps usité dans la région de Lyon et de Genève, dans la locution chercher rogne « chercher noise » (cf. chercher la rogne, argot de l'imprim., 1701, in D. D. L.), puis introduit à Paris au XIXe; de 2. rogner.
Fam. Colère, mauvaise humeur (surtout dans en rogne). || « La hargne, la grogne et la rogne » (Ch. de Gaulle). — ☑ Être en rogne. 2. Rogner. Mettre qqn en rogne.
1 Ce n'est pas que l'on perçoive un souffle révolutionnaire bien profond. C'est plutôt dans le genre de la hargne et de la rogne.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XIX, XI, p. 156.
2 Les Trois Ans ? On s'en fout d'abord des Trois Ans. C'est vingt ans qu'il y faudrait, aux gosses, histoire de les foutre en rogne une bonne fois, et qu'ils prennent leurs flingues…
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXVI.
3 Chez mon père, la rogne se traduisait généralement par des péroraisons furieuses et truffées de citations littéraires, qu'il développait, sur un ton montant, jusqu'aux environs de l'apoplexie. Moi, j'avais des explosions de rage subites et dévastatrices qui pouvaient aller jusqu'à la pâmoison.
Geneviève Dormann, le Chemin des dames, p. 31.
HOM. 1. Rogne, 3. rogne.
————————
3. rogne [ʀɔɲ] n. f.
ÉTYM. Déb. XXe; déverbal de 1. rogner.
Technique.
1 Outil dont les sabotiers se servent pour tailler et creuser les sabots.
2 Coupe au massicot (d'un volume, d'un imprimé) pour la mise au format.
HOM. 1. Rogne, 2. rogne.

Encyclopédie Universelle. 2012.