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retors

retors, orse [ rətɔr, ɔrs ] adj. et n. m.
• 1209; anc. p. p. de retordre 1. tors
1Qui a été retordu, tordu en plusieurs tours. Fil retors. Soie retorse.
N. m. Fil retors.
2Vx Tordu, crochu. « le peuple vautour, Au bec retors » (La Fontaine).
3(1740) Mod. Plein de ruse, d'une habileté tortueuse. artificieux, malin, matois, rusé. Des conseils retors. Un politicien retors. « un de ces hommes profondément retors et traîtreusement doubles » (Balzac).
⊗ CONTR. 1. Direct, 1. droit, simple.

retors, retorse adjectif (ancien participe passé de retordre) Qui manie la ruse avec une finesse tortueuse : Un politicien retors prêt à toutes les intrigues. Se dit du bec d'un oiseau recourbé et crochu. ● retors, retorse (difficultés) adjectif (ancien participe passé de retordre) Prononciation [ʀə&ph104;ɔʀ], au masculin, le s final ne se prononce pas. ● retors, retorse (expressions) adjectif (ancien participe passé de retordre) Fil retors, fil formé de plusieurs fils simples retordus ensemble. ● retors, retorse (homonymes) adjectif (ancien participe passé de retordre) retord forme conjuguée du verbe retordre retords forme conjuguée du verbe retordreretors, retorse (synonymes) adjectif (ancien participe passé de retordre) Qui manie la ruse avec une finesse tortueuse
Synonymes :
- cauteleux (littéraire)
- futé
- machiavélique
- madré (littéraire)
- matois (littéraire)
- roublard (familier)
- roué
- rusé
Contraires :
- carré (familier)
- direct
- droit
- franc
- sincère

retors, orse
adj. et n. m.
d1./d TECH Qui a été retordu. Fil retors, ou, n. m., du retors.
d2./d Fig. Rusé, artificieux. Personnage retors.

⇒RETORS, -ORSE, adj.
A. — FIL. [En parlant d'un fil] Obtenu en assemblant, par une torsion généralement inverse, des fils ayant déjà subi une torsion. Les fils formés de deux ou plusieurs bouts que l'on tord ensemble, après les avoir tordus séparément, sont des fils retors: ce sont les plus solides (DORESSE, Tissus fém., 1949, p. 63). V. retordage dér. s. v. retordre ex. de Thiébaut.
Empl. subst. masc. Fil retors. Outre le nombre de tours de torsion, le sens de torsion donné aux fils simples et au retors lui-même est très important (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 14). P. méton. Tissu fabriqué avec du fil retors. Les costumes de ville ou de bureau se font à trois boutons (...) taillés dans des fil-à-fil, flanelle, cheviotte ou retors (Le Monde, 1er nov. 1951, p. 6, col. 4).
B. — Tordu, recourbé. Ses larges mains, armées d'ongles longs, durs et retors (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 71). Je serai un vieux cassé, un vieux courbé, un vieux noueux. Je serai un vieux retors (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 672).
En partic. Sinueux, tortueux. Je gagnais (...) le Saut de la Bergère (...) par un sentier ardu, étranglé, retors (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 266). P. métaph. Je le vois [mon père], tenant cet exemplaire usagé [de Montaigne] (...) savourant ces phrases retorses, pleines d'un suc qui coule avec le naturel, en spires et volutes capricieuses (L. DAUDET, Monde images, 1919, p. 23).
C. — Au fig.
1. [En parlant d'une pers. ou d'un attribut de la pers.] Qui est très rusé, use de moyens détournés pour arriver à ses fins. Synon. cauteleux, finaud, madré, malin, matois. Avocat, diplomate, paysan, policier, politicien retors; caractère, nature retors(e). Ah! quelle petite sournoise, se dit Sylvie, elle a l'esprit retors, et maintenant je suis sûre que cette petite couleuvre entortille le colonel (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 102). À chaque défaut du père Gueroult correspondait, dans le caractère d'Albert, un relief. Celui-ci était aussi droit, aussi franc, que l'autre était retors et papelard (GIDE, Si le grain, 1924, p. 399).
Retors en + compl. indiquant dans quel domaine s'exerce la ruse, l'habileté. Retors en politique. M. Pelledent (...), paysan madré, très sournois, très retors en toute question d'argent (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1032). Rusé, madré, retors en fait de procédure, il eût rendu des points à Chicaneau (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 183).
♦ [Parfois en parlant d'un animal] Le cerf était de bonne qualité et retors. Il fallut dix heures pour le prendre (VIALAR, Bien-aller, 1952, pp. 54-55).
Empl. subst. Personne retorse. Le monde va toujours chercher midi à quatorze heures, et par conséquent est toujours dérouté par la franchise. Les retors sont dépaysés dans la bonhomie (AMIEL, Journal, 1866, p. 454). [Dans le tour ce retors de] Est-ce que ce retors de marquis aurait la prétention de me jouer? Comblé de mes bontés, ce serait vraiment trop infâme! (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 252).
2. [P. méton.]
a) [En parlant (d'un trait, d'une expression) du visage] Qui manifeste un caractère retors. Sourire retors. Toutes les têtes que je vois sont des têtes d'avoués, — fines, retorses, renardées, — ou des têtes d'imbéciles (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1205). Sur sa face de gnome, (...) on distinguait une curieuse expression, à la fois innocente et retorse, comme dupe de ses propres ruses (LACRETELLE, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 184).
b) [En parlant d'un comportement, d'actes, de productions de la pers.] Qui est le fait d'une personne retorse. Conseil, stratagème retors; politique retorse. On n'oserait affirmer que, sans Louis XIV et ses procédés écrasants, Victor-Amédée, né comme il était, eût eu une conduite toute différente, moins retorse et moins subtile (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 99). Plus le pouvoir de cet homme est grand, plus il est borné par l'inertie résultant de la vénération qu'il inspirera aux uns et par l'inlassable activité des autres, qui mettront en œuvre les moyens les plus retors pour le ruiner (BRETON, Manif. Surréal., Prolégomènes à un 3e Manif., 1942, p. 193).
3. Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Caractère retors de quelque chose; ce qui manifeste un caractère retors. La science humaine dans tout son fin et son retors et son déniaisé, pour parler comme lui, voilà l'objet propre, le champ unique de Naudé (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 2, 1843, p. 482). En haut du visage, des yeux très expressifs et d'une douceur charmante; mais dans le bas, des coins de bouche où il y a du retors, du félin (GONCOURT, Journal, 1883, p. 240).
Prononc. et Orth.:[], [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1200-20 retort « tordu, recourbé » (Pseudo-Turpin, éd. F. Wulff, I, p. 17, 28-29: grant baston retort); 2. 1er quart XIIIe s. « qui a été retordu » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, éd. A. G. van Hamel, CXXII, 7: fil retuers); ca 1256 (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 74: fil de lainne retors); 1904 subst. « fil obtenu par retordage » (Nouv. Lar. ill.); 3. 1740 « fin, rusé, artificieux » (VOLTAIRE, Lettre à Frédéric II, 20 juill. ds Œuvres, éd. 1880, t. 35, p. 484: le plus retors et le plus hardi libraire du pays); 1756 subst. (VADÉ, Les Racoleurs, p. 23: vlà la Ramée qui vient: c'est un r'tort dans la parole); 1798 retors subst. (Ac.). Anc. part. passé de retordre. Fréq. abs. littér.:106.

retors, orse [ʀətɔʀ, ɔʀs] adj. et n. m.
ÉTYM. Déb. XIIe, retuers; anc. p. p. de retordre. → Tors.
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I
1 Qui a été retordu, tordu en plusieurs tours. || Fils retors. || Soie retorse (→ aussi Cocon, cit. 1).N. m. Tissu fabriqué avec du fil retors.
2 (Mil. XIIIe, retort). Vx. Tordu, crochu. || « (…) le peuple vautour, Au bec retors (…) » (La Fontaine, Fables, VII, 8). || « Un vieux courbé (cit. 29)… un vieux retors » (Péguy).
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II (1740, Voltaire). Fig. Plein de ruse, d'une habileté tortueuse. Artificieux, ficelle, fin, finaud, madré (cit. 3), malin, matois, rusé. || Retors et papelard (1. Papelard, cit. 3). || Des politiciens (cit. 4) retors.
1 Petit-Claud était un de ces hommes profondément retors et traîtreusement doubles, qui ne se laissent jamais prendre aux amorces du présent ni aux leurres d'aucun attachement (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 997.
2 L'amoureux se retirait pour aller dresser ses batteries avec l'aide d'un certain valet, drôle retors, personnage fertile en fourberies, ruses et stratagèmes (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, V.
(Choses). || Chicane (cit. 5) habile et retorse. || D'une manière retorse et furtive (cit. 11).
3 Personne ne fera-t-il donc ressortir par quelle étrange et retorse habileté, ce maître sophiste put, afin de les louer, faire rentrer dans son sac ces deux maîtres déracinés : Leconte de Lisle et Hérédia ?
Gide, Journal, Jeudi 17 janv. 1907.
CONTR. Direct, droit, simple.

Encyclopédie Universelle. 2012.