répugnance [ repyɲɑ̃s ] n. f.
• XIIIe « opposition, contradiction »; lat. repugnantia
1 ♦ Vive sensation d'écœurement, mouvement de recul que provoque une chose très sale ou qu'on ne peut supporter. ⇒ répulsion. Manger qqch. avec répugnance. ⇒ dégoût. Causer de la répugnance à qqn. Éprouver de la répugnance pour, envers, à l'égard de qqn, qqch., devant qqch. « J'ai vu une femme honnête frissonner d'horreur à l'approche de son époux. Cette sorte de répugnance nous est presque inconnue » (Diderot). (Rare au plur.) « Les répugnances qui lui soulevaient le cœur » (Zola).
♢ (av. 1680) Vif sentiment de mépris, de dégoût qui fait qu'on évite (qqn, qqch.). ⇒ répulsion; horreur. Avoir une grande répugnance pour le mensonge.
2 ♦ Hésitation, manque d'enthousiasme à l'égard d'une action ou d'une entreprise; impossibilité ou difficulté psychologique de faire qqch. Faire qqch. avec répugnance. ⇒ rechigner, renâcler (cf. À contrecœur). « Leur répugnance vaniteuse à laisser leur enfant épouser un ouvrier » (Zola). « La prudence du gouvernement français, sa répugnance à la guerre » (Bainville).
⊗ CONTR. Attirance, goût.
● répugnance nom féminin (latin repugnantia) Vive sensation de dégoût, d'écœurement à l'égard de quelque chose : Avaler avec répugnance un médicament. Vif sentiment d'aversion, de répulsion, de mépris devant quelqu'un ou quelque chose : Sa répugnance pour ces idées. Sentiment de quelqu'un devant une action qu'il répugne à faire : N'avoir que de la répugnance pour les mathématiques. ● répugnance (citations) nom féminin (latin repugnantia) Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Celui qui n'a pas nos répugnances nous répugne. Mélange Gallimard ● répugnance (synonymes) nom féminin (latin repugnantia) Vive sensation de dégoÛt, d'écœurement à l'égard de quelque chose
Synonymes :
Contraires :
- désir
- envie
- plaisir
Vif sentiment d'aversion, de répulsion, de mépris devant quelqu'un ou...
Synonymes :
- horreur
- répulsion
Contraires :
- faible
- goût
- penchant
répugnance
n. f.
d1./d Aversion, dégoût. Avoir de la répugnance pour (qqch). Avoir de la répugnance à se montrer servile.
d2./d Hésitation, embarras. Travailler sans répugnance.
⇒RÉPUGNANCE, subst. fém.
[À propos d'une chose, plus rarement d'une pers.] Forte aversion qui pousse à s'en détourner. Synon. répulsion. Répugnance extrême, invincible, marquée, naturelle, profonde, secrète; une vive répugnance; causer, éprouver une (de la) répugnance; surmonter, vaincre la (sa) répugnance.
A. — [La cause est physique, concr.] Sensation d'écœurement, de dégoût provoquée par quelqu'un ou quelque chose. Une répugnance physique; un geste de répugnance; inspirer de la répugnance à qqn. La pauvreté du lait en chlorure de sodium lui donne une action déchlorurante qui explique ses bons effets dans le brightisme (...). Pour vaincre la répugnance que le lait engendre à la longue, on lui associe des légumes verts, des fruits et du pain, salé ou non (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 274).
— Répugnance pour + subst. Quelques personnes ont de la répugnance pour le savon (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 201). J'avais une sorte de répugnance pour le vin (CONSTANT, « Cahier rouge », 1830, p. 70).
— Répugnance à + inf. Éprouvant une parfaite répugnance à coucher avec elle, il s'en fait dispenser par une ordonnance de médecin (GONCOURT, Journal, 1886, p. 589).
B. — [La cause est morale, abstr.]
1. Sentiment qui conduit à refuser quelque chose, à s'y opposer, à s'en détourner; difficulté morale ou déplaisir à faire quelque chose. Synon. réticence. Je vis avec répugnance arriver ce changement de forme à mon nom (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 61).
— Répugnance à + subst. Le propre de la sensibilité artistique étant l'amour des réalités concrètes et la répugnance aux conceptions abstraites (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 211).
♦ Avoir répugnance à + subst. Tout le monde, je ne dis pas le peuple, mais l'évêché, les moines, la magistrature, les bourgeois étaient jansénistes en Auvergne. On y eut toujours répugnance aux Jésuites (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 295).
— Répugnance à l'égard de + subst. Notre répugnance à l'égard de cette entrée de la parapsychologie dans la mêlée idéologico-politique (AMADOU, Parapsychol., 1954, p. 316). Répugnance contre + subst. Il dit sa répugnance contre la grève (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1377). Répugnance devant + subst. Ce qui fait qu'on recule devant les efforts qui rapprocheraient du bien, c'est la répugnance de la chair, mais non pas la répugnance de la chair devant l'effort. C'est la répugnance de la chair devant le bien (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 64). Répugnance pour + subst. Ne pourrions-nous trouver un moyen de concilier votre répugnance pour le mariage, et mes scrupules? (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1241).
2. P. ext. Hésitation, manque d'enthousiasme à l'égard de quelque chose. J'avais évité de parler à la fleuriste du père Paturot, de peur qu'elle ne conspirât avec lui pour vaincre mes répugnances au sujet de la bonneterie (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 140). L'armée de métier s'est toujours regardée comme la seule gardienne de l'intégrité du territoire, n'acceptant qu'avec répugnance le contrôle démocratique des élus de la nation (Serv. milit. et réforme arm., 1963, p. 86).
— Répugnance à + inf. Avoir répugnance à faire qqc. Ce que les transporteurs routiers ne disent pas (...) est leur répugnance à se trouver sous les ordres d'agents supérieurs de la SNCF, qui les traitent parfois avec une condescendance un peu humiliante (PINEAU, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 44).
3. PHYS. Répugnance de la cathode. M. Cooper Hewitt a étudié les tubes à vide dès 1895 et a porté spécialement son attention sur les phénomènes qui se manifestent à la surface des électrodes. Il a découvert que la résistance offerte au passage d'un courant par un semblable tube (...) résidait surtout à la surface de la cathode. Il a appelé ce phénomène répugnance de la cathode (Radium, 1905, p. 196).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: repugnance; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Mil. XIIIe s. « opposition, incompatibilité » fere [...] repugnance a (PIERRE D'ABERNUN, Le Secré de secrez, éd. O. A. Beckerlegge, vers 408) — 1718, Ac.; b) 1304 « chose incompatible avec une autre » (De termino Sanctae Trinitatis, Year books of the reign of Edward the first, Years XXXII-XXXIII, p. 311, Rer. brit. script. ds GDF.); 2. 1647 « aversion que l'on éprouve devant quelqu'un, quelque chose » (ROTR.[OU], Venceslas, I, 2 ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. repugnantia « désaccord, antipathie, incompatibilité, opposition » d'où le sens des 1res attest. du mot en fr. Fréq. abs. littér.:1 061. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 868, b) 1 849; XXe s.: a) 1 385, b) 1 093.
répugnance [ʀepyɲɑ̃s] n. f.
ÉTYM. XIIIe; lat repugnantia, de repugnare. → Répugner.
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A Vx. Opposition logique. ⇒ Contradiction, désaccord.|| « Ces deux propositions se détruisent, il y a entre elles de la répugnance, de la contradiction » (Furetière).
1 Mod. Vive sensation d'écœurement, d'horreur, mouvement de recul que provoque une chose qu'on ne peut supporter; éloignement, phobie à l'égard de certains objets ou de certains actes physiques. ⇒ Répulsion. || Causer de la répugnance à qqn. ⇒ Affadir (1., vx), répugner (I., B., 2.); → Soulever le cœur. || Qui inspire de la répugnance. ⇒ Répugnant (B., 1.). || Avoir de la répugnance pour un aliment. ⇒ Dégoût (→ Appétit, cit. 6). || Répugnance invincible.
1 J'ai vu une femme honnête frissonner d'horreur à l'approche de son époux; je l'ai vue se plonger dans le bain, et ne se croire jamais assez lavée de la souillure du devoir. Cette sorte de répugnance nous est presque inconnue.
Diderot, Sur les femmes, Pl., p. 980.
2 Malgré les répugnances qui lui soulevaient le cœur, malgré les frissons qui le secouaient parfois, il alla pendant plus de huit jours, régulièrement, examiner le visage de tous les noyés étendus sur les dalles.
Zola, Thérèse Raquin, XIII.
2 (Av. 1680). Vif sentiment de mépris, de dégoût qui fait qu'on évite (qqn, qqch.). || Éprouver, avoir de la répugnance à l'égard de, pour… ⇒ Dégoût, écœurement, horreur. || Avoir une grande répugnance pour le mensonge, la trahison, la débauche. ⇒ Abhorrer. || Répugnance envers, à l'égard de qqn. ⇒ Aversion, dégoût, éloignement (supra cit. 10), exécration, haine.
3 Entre le paysan et le lettré, l'inimitié d'instinct, la répugnance de classe et d'éducation étaient comme un malaise physique. Le premier pourtant en éprouvait une honte, une tristesse au fond, se faisant petit, tâchant d'échapper à ce mépris hostile qu'il devinait là.
Zola, la Débâcle, I, I.
3 (1651). Hésitation, mauvaise volonté, manque d'enthousiasme à l'égard d'une action ou d'une entreprise; impossibilité ou difficulté psychologique de faire qqch. || La répugnance de qqn pour un travail, une activité. || Répugnance à… (subst. ou inf.). || Avoir de la répugnance, éprouver une invincible répugnance à…, suivi de l'inf. ⇒ Répugner (I., B., 2.); → Avoir toutes les peines du monde à…; et aussi avis, cit. 27; durer, cit. 3. || Sa répugnance à…, suivi d'un nom. — Rare. || Répugnance pour (et inf.). || Sa répugnance pour faire ce travail. — Faire qqch. avec répugnance. ⇒ Contrecœur (à), grâce (de mauvaise), regret (à); rechigner, renâcler. || Faire qqch. sans répugnance ni enthousiasme.
4 (…) si vous auriez de la répugnance à me voir votre belle-mère, je n'en aurais pas moins sans doute à vous voir mon beau-fils.
Molière, l'Avare, III, 7.
5 (…) malgré la respectueuse répugnance qu'on témoignait pour déranger un si important personnage (…)
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, IV.
6 (Ils) lui rendaient son dédain, en disant leur répugnance vaniteuse à laisser leur enfant épouser un ouvrier.
Zola, Travail, III, II.
7 Quelle que fût la prudence du gouvernement français, sa répugnance à la guerre, il finirait par être forcé d'intervenir.
J. Bainville, Hist. de France, XI, p. 198.
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Encyclopédie Universelle. 2012.