provocation [ prɔvɔkasjɔ̃ ] n. f.
1 ♦ Action de provoquer, d'inciter (qqn) à (qqch.). ⇒ appel. Provocation à la désobéissance, au meurtre. ⇒ excitation, incitation. Provocation à se battre, au combat. Provocation en duel. ⇒ cartel, défi. Mais c'est de la provocation ! Geste de provocation. — Abrév. fam. (1972) PROVOC [ prɔvɔk ]. Il (elle) fait de la provoc ! Des provocs intolérables. — Dr. pén. Le fait d'inciter impérativement qqn à commettre une infraction. Complicité par provocation. — Absolt Défi. « Il faut dire qu'elle y mettait de la provocation, en face de la maison même » (Zola).
2 ♦ Le fait d'être provoqué. L'agression est une attaque sans provocation.
3 ♦ Ce qui provoque (I); parole qui provoque. Répondre à une provocation. — Rare Ce qui excite le désir. « la décence des figures tempérait les provocations du costume » (Flaubert).
⊗ CONTR. Apaisement, 1. défense.
● provocation nom féminin (latin provocatio, de provocare, exciter) Action de provoquer quelqu'un, de le pousser à commettre une action blâmable, une infraction ; fait ou geste destiné à provoquer. Acte par lequel on cherche à provoquer une réaction violente. Incitation à commettre un crime ou un délit par dons, promesses, menaces, abus d'autorité, ordre, ce qui est assimilé à un acte de complicité. (Elle peut constituer un délit distinct [provocation à la haine raciale]. Bien que le suicide ne soit pas réprimé par le Code pénal, la provocation au suicide est un délit.) ● provocation (expressions) nom féminin (latin provocatio, de provocare, exciter) Excuse de provocation, excuse qui n'est plus reconnue par le Code pénal à celui qui commet une infraction en réponse à une infraction dirigée contre lui personne qui venait elle-même de commettre une infraction dirigée contre elle. (Le juge peut cependant tenir compte des circonstances pour atténuer la peine.) ● provocation (synonymes) nom féminin (latin provocatio, de provocare, exciter) Action de provoquer quelqu'un, de le pousser à commettre une...
Synonymes :
- appel
Contraires :
Acte par lequel on cherche à provoquer une réaction violente.
Synonymes :
- attaque
- bravade
- défi
provocation
n. f.
d1./d Action de provoquer (sens 1 et 2) qqn; situation où une personne en provoque une ou plusieurs autres. Provocation à la violence, à la révolte.
— Absol. C'est de la provocation!
d2./d DR Incitation à commettre (qqch d'illégal).
⇒PROVOCATION, subst. fém.
Action de provoquer.
A.— Provocation (de qqn). Action de provoquer (quelqu'un); p. méton., acte, geste, parole qui en est le moyen ou l'expression.
1. a) [Corresp. à provoquer A 1] Provocation calculée, délibérée, éhontée, goguenarde, haineuse, vindicative, virulente; relever une provocation; réagir, répondre, résister à une provocation; être en butte aux provocations de qqn; c'est de la provocation! À la fin de mars 1916, les vexations et les provocations à notre égard se multiplièrent (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 298). L'officier des gardes civils a donné l'ordre de tirer avant toute provocation (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, II, 5, p. 420). V. défi ex. 3, droit3 ex. 19, grief2 ex. de Camus, inusable ex. de Drieu La Rochelle.
♦ P. anal. [Des chiens malades] se montrent très irritables; ils cherchent à mordre sous la moindre provocation (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p. 418).
— [En position de compl. déterm.] Accent, air, attitude, geste de provocation. De Günther, il avait traduit les cris de provocation et d'ironie vengeresse contre le Dieu ennemi qui l'écrase, ces malédictions furieuses du Titan terrassé, qui retourne la foudre contre le ciel (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 511). À quoi riment ces destructions imbéciles? Certains vont jusqu'à les attribuer à des avions allemands camouflés; tirs de provocation, disent-ils (GIDE, Journal, 1943, p. 210).
— Cycle provocation-répression. L'annulation du match Bastia-Nice du 10 avril (...) avait provoqué chez les insulaires une nouvelle flambée de colère, trois semaines avant l'ouverture du procès Simeoni devant la Cour de Sûreté de l'État. Pour les Corses, il ne s'agit pas d'un fait divers mais de « discrimination politique ». (...) « On a encore voulu punir : c'est le cycle provocation-répression », proclame Max Simeoni, leader de l'Association des Patriotes corses (Le Nouvel Observateur, 3 mai 1976, p. 46, col. 2).
b) En partic. [Corresp. à provoquer A 2]
) Provocation en duel. On parlait hier de l'alcoolisation de Catulle Mendès (...) et, en même temps, de son côté insultant, querelleur dans les cafés. Et Ajalbert parlait presque d'une provocation en duel adressée à Chincholle, pour s'être permis d'adresser la parole à sa maîtresse Moréno (GONCOURT, Journal, 1892, p. 194).
) [Dans le domaine érotique, l'agent de l'action est gén. une femme ou l'un de ses attributs] Là (...) [dans sa loge], il revenait en elle un peu de l'ancienne Faustin (...) Ses yeux s'armaient involontairement de provocation, son sourire prenait un rien de prometteur (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 249). Les danseurs s'avancent l'un vers l'autre, se croisent et se contournent avec une attitude de provocation amoureuse (T'SERTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 169) :
• 1. Est-ce qu'un regard comme elle sait en avoir n'est pas plus provocant, plus impudique, plus clair que toutes nos déclarations brûlantes? Je fis semblant de ne pas comprendre d'abord. Puis la persistance de cette muette provocation me troubla. Je lui murmurai dans l'oreille des choses tendres. Un jour elle s'abandonna. Je l'avais séduite, Messieurs.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Pétition, 1882, p. 770.
c) [L'agent de l'action est une chose] [La basilique du Sacré-Cœur] était, vue ainsi, sous le pâle ciel nocturne, une floraison monstrueuse, d'une provocation et d'une domination souveraines (ZOLA, Paris, t. 2, 1897, p. 166).
2. [Corresp. à provoquer B]
a) Provocation à
) [Le compl. est un subst.] Devant une provocation à l'action, (...) [certains inactifs] réagissent en secrétant un système ou un plan sans lendemain et dont l'arrangement suffit à les occuper (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 400).
— En partic. [Le compl. prép. désigne un acte, un comportement répréhensible au regard de la loi ou de la morale] Provocation à la désertion. Toute opinion même contraire à l'idéal démocratique, pourra s'exprimer librement pourvu qu'elle ne soit pas diffamatoire et ne constitue pas une provocation directe à une action illégale (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 245). V. accablant ex. 18, exhibitionnisme ex. :
• 2. « En vertu de l'article 10 du Code d'instruction criminelle; Requérons le commissaire de police (...) de se transporter chez M. le vicomte de Chateaubriand (...) à l'effet d'y rechercher et saisir tous papiers, correspondances, écrits, contenant des provocations à des crimes et délits contre la paix publique (...) »
CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 82.
♦ [L'obj. de l'action est désigné] Les types (...) se font poisser à la caserne pour provocation-de-militaires-à-la-désobéissance-dans-un-but-de-propagande-anarchiste (NIZAN, Conspir., 1938, p. 68).
) [Le compl. est un inf.] Les deux jeunes personnes n'avaient pas manqué d'entretenir Messieurs Marcel et Schaunard de la générosité de leur ami envers sa maîtresse; et ces confidences avaient été suivies de provocations non équivoques à imiter l'exemple donné par le poëte (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 188).
b) Provocation de + subst., vx. Les provocations d'aumônes, interdites aux mendians qui ont échappé aux dépôts obligent ces derniers à mettre en jeu une industrie nouvelle pour attirer sur eux l'attention des passans (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 40).
B.— Provocation de qqc.
1. [Corresp. à provoquer C 1] Depuis de nombreuses années on sait que la provocation de fièvres artificielles (...) entraîne une augmentation assez importante du pouvoir thrombolytique du sang (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 94). L'excitation sexuelle, la provocation du désir est le prétexte de jeux qui sont (...) élevés au rang d'institutions sociales ou même de rites (Jeux et sports, 1967, p. 809).
2. DR. ROMAIN. Le droit de provocation établi par Valérius, était un privilége des patriciens, comme tous les autres droits (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 104). Le droit d'appel au peuple, provocatio, est une des plus anciennes institutions de Rome (...); cependant, à voir le nombre de lois (...) présentées successivement pour assurer l'exercice de la provocation, il faut croire que les factions (...) parvenaient facilement à rendre illusoire cette sauvegarde de la liberté (MÉRIMÉE, Essai guerre soc., 1841, p. 31).
— P. ext. Fait d'intenter une action. [Les fonctions du corps conservateur seront] 4) De prononcer la destitution des membres du corps exécutif, s'il y a lieu, sur la demande du corps législatif. 5) De décider, d'après la même provocation, s'il y a lieu à accusation contre eux (DESTUTT DE TR., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 204).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. du XIIIe s. « appel » (BERENGIER, Antéchrist, éd. E. Walberg, 258); 2. 1314 « ce qui déclenche une réaction d'ordre physiologique » (HENRI DE MONDEVILLE, Chrirurgie, 2115 ds T.-L.); 3. a) 1549 « action d'inciter quelqu'un à une action violente ou repréhensible » (EST.); b) 1569 « acte, moyen par lequel on défie un individu ou un groupe, par lequel on l'incite à attaquer ou à répondre à une attaque » (G. DU BELLAY, Mém., f° 152 v° ds GDF. Compl.); c) 1865 « moyen employé par une femme pour exciter le désir d'un homme » (TAINE, Philos. art, t. 2, p. 45). Empr. au lat. provocatio « défi; appel, droit d'appel »; dér. de provocare (v. provoquer). Fréq. abs. littér. :301. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 279, b) 341; XXe s. : a) 374, b) 633. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 392. — Notes de lexicogr. critique. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1985, t. 23, n° 1, p. 28.
provocation [pʀɔvɔkɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1536; « appel », 1190; lat. provocatio, de provocare. → Provoquer.
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1 Action de provoquer, d'inciter (qqn) à (qqch.). || La provocation de qqn à une action. ⇒ Appel (I., 6.). || Provocation à la désobéissance, au meurtre (→ Irresponsabilité, cit. 2). ⇒ Excitation, incitation. || Provocation à… (suivi de l'inf.). || La provocation à agir, à se battre. — Spécialt (dr. pén.). Le fait d'inciter qqn à commettre une infraction. || Provocation de militaires à la désobéissance. || Complicité par provocation. || Provocation par un agent de la police. ⇒ Provocateur.
♦ Provocation au combat. — (1869). || Provocation en duel. ⇒ Cartel (I., 1.), défi (3.). — Absolt. Défi. || La provocation cynique (→ Humanitaire, cit. 6). || Attitude de défi et de provocation (→ Insolence, cit. 7). ⇒ Menace (1.). || Mais c'est de la provocation ! → Provoc (fam.).
1 Ce matin, Françoise, en ramenant les vaches, s'était arrêtée un instant avec Jean, qu'elle venait de rencontrer devant l'église. Il faut dire qu'elle y mettait de la provocation, en face de la maison même, dans l'unique but d'exaspérer les Buteau.
Zola, la Terre, IV, V.
2 Le fait d'être provoqué. || L'agression (cit. 1) est une attaque sans provocation. — (1810). Dr. || Excuse de provocation, accordée à celui qui a commis une infraction (coups et blessures, injures) envers une personne qui l'avait provoqué.
3 (XVIe, Du Bellay). Ce qui provoque (I., spécialt); parole qui provoque (→ Instigation, cit. 2; lettre, cit. 4). || Répondre à une provocation (→ Croc, cit. 2). — Les provocations de la calomnie. ⇒ Attaque.
♦ (Av. 1865, Taine). Rare. Ce qui excite le désir. || Provocations luxurieuses d'une peinture (→ Étalage, cit. 4).
2 Mais la décence des figures tempérait les provocations du costume; plusieurs même avaient une placidité presque bestiale, et ce rassemblement de femmes demi-nues faisait songer à un intérieur de harem (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
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CONTR. Apaisement, défense.
Encyclopédie Universelle. 2012.