profane [ prɔfan ] adj. et n.
• 1553; prophane 1228; lat. profanus « hors du temple »
I ♦
1 ♦ Didact. ou littér. Qui est étranger à la religion (opposé à religieux, sacré). Le monde profane. « Des thés et autres divertissements profanes » (Toulet). Annibal, César, prénoms profanes. Fête profane. Littératures profanes et religieuses. Art profane. Musique profane. — Par ext. Auteur profane, dont les œuvres sont profanes.
2 ♦ N. m. Ce qui est étranger à la religion. « Quoique j'aie évité soigneusement de mêler le profane avec le sacré » (Racine ).
3 ♦ N. Personne qui n'est pas initiée à une religion. « Le concierge [de la synagogue] louait des chapeaux à l'usage des profanes non avertis » (A. Gide).
II ♦ (1690) Cour.
1 ♦ Qui n'est pas initié à un art, une science, une technique, un mode de vie, etc. ⇒ béotien, ignorant. Expliquez-moi, je suis profane en la matière.
2 ♦ N. ⇒ non-initié. Un, une profane en peinture. « Le léger agacement du technicien devant le profane » (Maurois). Les profanes et les initiés, et les spécialistes. — N. m. Collect. Le profane : les gens profanes. Aux yeux du profane.
⊗ CONTR. 1. Sacré; connaisseur, initié.
● profane adjectif (latin profanus, de fanum, temple) Qui est étranger aux choses sacrées, à la religion ou qui est en dehors de la sphère du sacré : Art profane. Qui est ignorant en une science, en un art, qui n'y est pas initié : Être profane en musique. ● profane (synonymes) adjectif (latin profanus, de fanum, temple) Qui est étranger aux choses sacrées, à la religion ou...
Synonymes :
- païen
Contraires :
- sacré
● profane
nom
Personne qui n'est pas au nombre des adeptes d'une religion, d'une doctrine : Les francs-maçons n'ouvrent pas leurs loges aux profanes.
Personne qui n'est pas initiée à telle science, à tel art, etc. : Pour le profane que je suis, cette discussion est incompréhensible.
● profane
nom masculin
Ensemble des choses profanes : Mêler le profane au sacré.
● profane (citations)
nom
Friedrich, baron von Hardenberg, dit Novalis
Wiederstedt, près de Hettstedt, Saxe, 1772-Weissenfels 1801
Tout mystère vrai exclut de lui-même les profanes. Quiconque le comprend est de lui-même, et à bon droit, initié.
Jedes wahre Geheimnis muß die Profanen von selbst ausschließen. Wer es versteht, ist von selbst, mit Recht, Eingeweihter.
Foi et amour
● profane (synonymes)
nom
Personne qui n'est pas initiée à telle science, à tel...
Synonymes :
- béotien
- ignorant
- incompétent
profane
adj. et n.
d1./d Qui n'a pas un caractère religieux, sacré.
|| n. m. Opposition du profane et du sacré.
|| Subst. Personne qui n'est pas initiée à une religion à mystères.
d2./d (Personnes) Qui ignore tout d'un art, d'une science.
|| Subst. C'est un(e) profane.
⇒PROFANE, adj. et subst.
I. —Adjectif
A. —Qui est dépourvu de caractère religieux, sacré; qui a trait au domaine humain, temporel, terrestre. Cette division [de l'art dramatique au Moy. Âge] peut, suivant nous, se réduire à deux: le drame profane ou mondain, ou le drame religieux ou liturgique (COUSSEMAKER, Hist. harm. Moy. Âge, 1852, p.125). En vertu de la Création, et, plus encore, de l'Incarnation, rien n'est profane, ici-bas, à qui sait voir. Tout est sacré, au contraire, pour qui distingue, en chaque créature, la parcelle d'être élu soumise à l'attraction du Christ (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p.56):
• 1. Mes pensées voltigeaient avec une légèreté égale à celle de l'atmosphère; les passions vulgaires, telles que la haine et l'amour profane, m'apparaissaient maintenant aussi éloignées que les nuées qui défilaient au fond des abîmes sous mes pieds; mon âme me semblait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont j'étais enveloppé; le souvenir des choses terrestres n'arrivait à mon coeur qu'affaibli et diminué...
BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p.76.
SYNT. Monde, ordre, vie profane; l'Antiquité profane; fêtes, cérémonies profanes; monuments, objets profanes; activité profane; sujets profanes; art, culture, histoire, littérature, musique profane.
♦Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Les choses profanes; ce qui est dépourvu de caractère religieux, sacré. Parmi les choses intellectuelles qui sont toutes également saintes, on distingua du sacré et du profane. Le profane, grâce aux instincts de la nature plus forts que les principes d'un ascétisme artificiel, ne fut pas entièrement banni (RENAN, Avenir sc., 1890, p.9). Ainsi une rénovation sociale vitalement chrétienne sera oeuvre de sainteté ou elle ne sera pas; je dis d'une sainteté tournée vers le temporel, le séculier, le profane (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p.133).
— [P. méton., en parlant d'une pers. (auteur, artiste)] Dont les oeuvres traitent de sujets non religieux. Peut-être récusera-t-on l'autorité de Montesquieu; c'est un auteur profane, c'est un philosophe... eh bien! écoutons un Père de l'Église (COURIER, Pamphlets pol., Procès, 1821, p.117).
B. —Vieilli, littér. ou p.plaisant. Qui porte atteinte au caractère sacré de quelque chose; impie, sacrilège. Je ne lui permettrai pas de se trouver un seul instant avec l'impie qui a osé jeter un oeil profane sur elle (COTTIN, Mathilde, t.1, 1805, p.180). Toutefois rien de divin ne peut réussir entrepris avec un coeur profane (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.344). Du moment que je n'avais pas fracturé un lieu sacré et plongé ma main profane au milieu de restes vénérables (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Relique, 1882, p.842).
A. —[Surtout empl. comme subst.]
1. [Dans les relig. antiques ou certaines relig. ésotériques] Personne qui n'est pas initiée aux mystères, n'est pas admise à leur célébration. Le héraut ne manquait pas, au commencement de la célébration des mysteres anciens, de prononcer la terrible défense: loin d'ici tout profane, c'est-à-dire, tous ceux qui ne sont pas initiés. On interdisait l'entrée du temple de Cérès et la participation aux mysteres à tous ceux qui ne jouissaient pas de la liberté, et dont la naissance n'était point reconnue par la loi (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.482). [Les Druzes] s'assemblent un jour de la semaine, chacun dans le lieu consacré au degré d'initiation auquel il est parvenu, et accomplissent leurs rites. Des gardes veillent, pendant les cérémonies, à ce qu'aucun profane ne puisse approcher des initiés (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.112). Il ne fallait pas songer à entrer au temple par la grande porte. Les douze hermaphrodites qui gardaient l'entrée eussent sans doute laissé passer Démétrios, malgré l'interdiction qui arrêtait tout profane en l'absence des prêtres (LOUYS, Aphrodite, 1896, p.98). V. exclure A 2 a ex. de Michelet.
2. P. ext. Personne qui n'a pas de religion ou est étrangère à la religion considérée. Anton. adepte, fidèle, croyant. Les profanes n'entendent que la voix des sens et le témoignage de l'entendement, mais les fils du Christ méprisent leurs sens et s'en rapportent à la parole du Verbe, car le Verbe est immortel (FLAUB., Tentation, 1849, p.334). Puis ce qui détourne l'attention, c'est la réputation qu'a ce livre-ci [la Bible], de se vouloir édifiant; et l'ennui qu'on en attend en conséquence. On l'abandonne aux prêtres, aux pasteurs; bon pour les convertis! un profane n'a que faire de se laisser catéchiser (GIDE, Journal, 1941, p.97).
— P. méton., en empl. adj. D'une personne non initiée à une religion. J'entrai dans une cour éclairée où une vingtaine d'hommes réunis en cercle se dandinaient en imitant les mouvements d'un chef qui donnait le ton, et hurlaient le nom d'Allah avec ces intonations gutturales, forcenées et sauvages dont les derviches de Scutari t'ont donné l'exemple. Nul ne s'inquiéta de ma présence profane, et je pus rester jusqu'à la fin de cette cérémonie (DU CAMP, Nil, 1854, p.29).
3. P. anal. ou dans des empl. métaph.
a) (Personne) qui ne fait pas partie d'une association ésotérique. Les francs-maçons n'ouvrent jamais leurs loges aux profanes (Lar. 19e-Lar. encyclop.). Pour ce seul fait d'avoir laissé jeter à une personne profane un coup d'oeil sur les mystères maçonniques, l'intriguant Cagliostro eût mérité d'en être à jamais exclu (SAND, Ctesse de Rudolstadt, t.2, 1844, p.171).
b) Personne qui ne fait pas partie d'un groupe, d'une association (considérée comme une société fermée). Un Otto, un Andréossi entreront-ils dans les salons de Vienne? Aussitôt les épanchements de l'opinion se tairont, les habitudes de moeurs cesseront; ce sont des intrus, des profanes (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.497). À plusieurs reprises déjà j'avais voulu me retirer, et, plus que pour toute autre raison, à cause de l'insignifiance que ma présence imposait à cette réunion, l'une pourtant de celles que j'avais longtemps imaginées si belles, et qui sans doute l'eût été si elle n'avait pas eu de témoin gênant. Du moins mon départ allait permettre aux invités, une fois que le profane ne serait plus là, de se constituer enfin en comité secret (PROUST, Guermantes 2, 1921, p.543).
B. —Subst. et adj.
1. [Désignant ou qualifiant une pers.] (Celui, celle) qui n'est pas initié(e) à quelque chose (un art, une science, une technique, certains usages). Synon. ignorant, incompétent, béotien; anton. connaisseur, spécialiste. Les profanes de la science; parler en profane; aux yeux du profane; être profane en la matière; le vulgaire profane. À ces expressions le lecteur profane avait aussitôt reconnu et salué le diplomate de carrière (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.462). La discussion marque assez fidèlement la différence de l'initié et du profane; si l'on préfère, du lecteur qui connaît le secret de la critique et de celui qui l'ignore (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.201):
• 2. Que tout le monde se rassure. Je ne dirai pas que tout notre enseignement exige une réforme des plus profondes. Ce serait l'opinion d'un profane, d'un amateur, et il faut se garder de ces gens-là. Il ne faut écouter jamais que les hommes compétents, qui sont les hommes qui se trompent dans toutes les règles.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p.202.
2. P. méton., en empl. adj. D'une personne non initiée. L'entraîneur, John Kent, regardait sans confiance cet homme étrange et pâle qui traversait les écuries avec des précautions maladroites et parlait des chevaux dans un langage profane (MAUROIS, Disraëli, 1927, p.180).
REM. Profanité, subst. fém., hapax. Caractère profane. Je ne puis supporter votre profanité (CLAUDEL, Échange, 1954, III, p.792).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1228 «qui n'est pas sacré» (Reg. de S. Denis, p.560, TANON, Hist. des just. des églises de Paris ds GDF. Compl.: Et fut enterré [...] en terre prophane); 1486 «qui se comporte en impie» (JEAN MICHEL, Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, t.1, p.45, vers 3543); subst. 1553 «celui qui manque de respect pour les choses de la religion» (La Bible... de l'impr. Jean Gérard, 1 Mach 7). B. P. ext. subst. 1690 «celui qui n'est pas initié (à un art, une science...)» (FUR.); 1694 «celui qu'on ne veut pas admettre dans une société» (Ac.). Empr. au lat. profanus (de pro «devant» et fanum «lieu consacré») «qui n'est pas consacré» ou «qui n'est plus sacré» et p.ext. «impie», «non initié, ignorant». Fréq. abs. littér.:743. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1106, b) 706; XXes.: a) 1095, b) 1178.
profane [pʀɔfan] adj. et n.
ÉTYM. 1553; prophane, 1229; lat. profanus, de pro « devant », et fanum « temple », proprt « hors du temple ».
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1 Adj. Qui est étranger à la religion (opposé à religieux, sacré). || Le monde profane (→ Humanisme, cit. 3). || Usage profane d'un objet sacré (⇒ Profanation), d'une langue hiératique (cit. 2). || Annibal, César, prénoms profanes (→ Baptiser, cit. 5). || Occupations, désirs profanes. ⇒ Mondain (cit. 2). || Fête (cit. 2) profane. || Valeurs profanes de l'Occident (→ Dirigeant, cit.). || Art profane. || Musique profane. || Savoir sacré et savoir profane, au moyen âge. || Chants noirs profanes (→ Blues, cit. 2). || Littérature profane. ⇒ Laïc.
1 Du reste, le Père Nicolle ne laisse pas d'aller dans le monde, assiste à des garden-parties, à des lawn-tennis, à des thés et autres divertissements profanes où il lui est facile de pêcher à l'âme.
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, VII.
2 Tout art est l'expression, lentement conquise, du sentiment fondamental qu'éprouve l'artiste devant l'univers. C'est sans doute pourquoi toute religion vivante imprègne les œuvres profanes; et pourquoi il n'y a d'œuvres profanes capitales que dans les sociétés dont le sacré se retire.
Malraux, les Voix du silence, p. 412.
♦ Par ext. || Auteur profane, dont les œuvres sont profanes.
♦ Vx. Qui est contraire à la religion établie. ⇒ Impie. || Un temple profane (→ Approcher, cit. 26). || Un profane adultère (→ Falloir, cit. 28).
3 Jusqu'à quand souffre-t-on que ce peuple respire,
Et d'un culte profane infecte votre empire ?
Racine, Esther, II, 1.
♦ Vx. (Personnes). Qui n'est pas du clergé. || Évêques investis (cit. 1) par des princes profanes. ⇒ Laïque.
2 N. m. Ce qui est étranger à la religion. || Confusion du sacré et du profane (→ 1. Garde, cit. 29).
4 (…) quoique j'aie évité soigneusement de mêler le profane avec le sacré, j'ai cru néanmoins que je pouvais emprunter deux ou trois traits d'Hérodote, pour mieux peindre Assuérus.
Racine, Esther, Préface.
4.1 Sans doute, par rapport au sacré, le profane n'est empreint que de caractères négatifs : il semble en comparaison aussi pauvre et dépourvu d'existence que le néant en face de l'être.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 20.
5 Dans la masse des traditions orales, qu'il est embarrassant de distinguer ce qui revient au sacré et ce qui proprement appartient au profane. Force contes ou récits, que nous tenons volontiers pour de belles histoires, amusantes ou tragiques, en tout cas comme des histoires, qui nous garantit que ce ne furent pas, voilà quelques millénaires, des paraboles religieuses, ou des rituels d'initiation ?
Étiemble, Littératures laïques, in Encycl. Pl., Hist. des littératures, t. I, p. 44.
3 N. Didact. ou littér. Un, une profane. Personne qui n'est pas initiée à une religion donnée (qu'elle ait ou non une autre religion).
6 Quel profane en ce lieu s'ose avancer vers nous ?
Racine, Esther, I, 3.
7 Les situations de la vie sont éclairées par les livres; les profanes ont les sorts virgiliens, les croyants ont les avertissements bibliques.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, VII, III.
8 (…) à la porte (de la synagogue), on m'arrêta : personne n'avait le droit d'entrer que couvert. Mais on me fit aussitôt entendre que le concierge louait des chapeaux à l'usage des profanes non avertis.
Gide, Ainsi soit-il, p. 92.
———
II (1690).
1 Adj. Qui n'est pas initié à un art, une science, une technique, un mode de vie, etc. ⇒ Béotien, ignorant. || Expliquez-moi, je suis profane en la matière.
2 N. || Un profane, une profane en peinture. || Les profanes et les initiés (cit. 10), et les spécialistes. || École (cit. 23) d'où les profanes sont exclus. || Expliquer à un profane (→ Cuisson, cit. 1).
9 La couleur n'y fait rien, dit Bernard, avec le léger agacement du technicien devant le profane (…)
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXXIII.
♦ N. m. (Collectif). || Le profane : les gens profanes. || Comme le croit souvent le profane (→ Forme, cit. 59). || Aux yeux du profane (→ Fouille, cit. 3).
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CONTR. Auguste, benoît, divin, hiératique, sacré. — Ésotérique. — Connaisseur, initié.
Encyclopédie Universelle. 2012.