pervertir [ pɛrvɛrtir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Faire changer en mal, rendre mauvais. ⇒ corrompre . Pervertir qqn. ⇒ débaucher, dépraver, dévoyer. Livre, théorie qui pervertit la jeunesse. ⇒ empoisonner. « La souffrance et le malheur peuvent pervertir la plus belle âme » (P. Borel) . ⇒ gâter. — P. p. adj. « Le Paysan perverti », œuvre de Restif de La Bretonne. — Subst. Un(e) perverti(e).
2 ♦ Modifier en dérangeant ou en détournant de sa fin, de son sens. ⇒ altérer, dénaturer. L'argent pervertit le sport. « il pervertit l'ordre de la nature, Et fait du jour la nuit » (Molière). ⇒ fausser. P. p. adj. Langage « surchargé d'adjectifs pervertis et employés hors d'eux-mêmes » (Valéry). — Pronom. SE PERVERTIR. Pensée qui s'est pervertie en se politisant. ⇒ dégénérer.
⊗ CONTR. Améliorer, amender, convertir, corriger, édifier, élever, épurer.
● pervertir verbe transitif (latin pervertere) Corrompre quelqu'un, le tourner vers le mal : De telles émissions peuvent pervertir le public le plus jeune. Détourner quelque chose de sa fonction normale : Ces aliments épicés lui ont perverti le goût. ● pervertir (synonymes) verbe transitif (latin pervertere) Corrompre quelqu'un, le tourner vers le mal
Synonymes :
- dépraver
- dévoyer
- perdre
Détourner quelque chose de sa fonction normale
Synonymes :
- altérer
- déformer
- dénaturer
- détraquer
- fausser
- gâter
- infecter
- troubler
- vicier
pervertir
v. tr.
d1./d Faire changer en mal. L'oisiveté et le luxe l'ont perverti.
|| v. Pron. "Cet aimable enfant... n'avait pas tardé à se pervertir" (Aymé).
d2./d Dénaturer, altérer. Interprétation qui pervertit le sens d'un texte.
⇒PERVERTIR, verbe trans.
A. —[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un ensemble de pers.] Faire changer en mal, pousser au mal, corrompre (v. ce mot II B). Synon. débaucher, dépraver, dévoyer, gâter. Pervertir la jeunesse. La souffrance et le malheur peuvent pervertir la plus belle âme; elle, douce, bonne, fervente, aimante, religieuse, n'avait plus que du fiel dans la poitrine et du venin à la bouche (BOREL, Champavert, 1833, p.29). C'est par malice qu'ils [les démons] poursuivent les hommes, les pervertissent et les portent au mal par de fausses manoeuvres très variées (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.343). V. déconsidération ex.:
• 1. À dix ans, je n'étais plus chaste. Initiée par le triste exemple de maman à ce que c'est que l'amour, pervertie par toutes les polissonneries auxquelles je me livrais avec les petits garçons, je m'étais développée physiquement très vite...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.100.
— Empl. pronom. Ce jeune homme s'est promptement perverti (Ac.). Elle crevait de fureur. Elle ne s'amendait pas, s'aigrissait, se pervertissait plutôt, tâchait de faire quelque mal (MICHELET, Journal, 1861, p.577).
B. —[Le compl. d'obj. désigne le plus souvent une manifestation de l'esprit humain] Détourner quelque chose de sa vraie nature, de la normalité. Synon. corrompre, dénaturer, fausser. Pervertir le goût, une idée, le jugement, une notion, un principe, le sens d'un mot, d'un texte. Pervertir l'ordre des choses (Ac.). La civilisation, en s'universalisant, pervertit les besoins de l'âme populaire dont les manifestations s'abâtardissent peu à peu (FAURE, Hist. art, 1912, p.227). Langage visant toujours à l'inattendu et à l'extrême de l'expression, surchargé d'adjectifs pervertis et employés hors d'eux-mêmes (VALÉRY, Variété II, 1929, p.220). V. conjoindre ex. de Chateaubriand:
• 2. ... Walter Scott (...) me semble avoir créé un genre faux; il a perverti le roman et l'histoire; le romancier s'est mis à faire des romans historiques, et l'historien des histoires romanesques.
CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.507.
— Empl. pronom. Le goût public se pervertit; jamais, au sein d'une plus fastueuse abondance de livres, le domaine intellectuel ne fut plus stérile (L. BLANC, Organ. trav., 1845, p.187). L'oreille moderne s'est pervertie jusqu'à tolérer, aimer, exiger du vitriol (Arts et litt., 1935, p.34-11).
Prononc. et Orth.:[], (il) pervertit []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1re moitié XIIes. purvertir «faire changer en mal» (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, XVII, 26); fin XIIes. pervertir (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, 85, 9 ds T.-L.); 1846 part. passé subst. (BALZAC, Cous. Bette, p.295); 2. ca 1170 purvertir «détourner de sa destination normale» (Rois, éd. E. R. Curtius, III, XI, 3, p.137); spéc. fin XIIes. pervertir «dénaturer un texte» (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, XLII, 2, 15, p.62). Empr. au lat. pervertere «mettre sens dessus dessous» et «faire mal tourner», att. en lat. chrét. au sens de «corrompre, fausser (les esprits)» (déb. Ves. ds BLAISE Lat. chrét.) et «falsifier (un texte)» (déb. IIIes., ibid.), dér. de vertere «tourner». Fréq. abs. littér.:108.
DÉR. 1. Pervertissement, subst. masc. Action de pousser au mal, de corrompre (v. ce mot II B); résultat de cette action. Le pervertissement de la jeunesse. Le pervertissement des moeurs (Ac. 1878-1935). La puissance du mal sera centuplée; (...) nous aurons tous les fléaux à la fois: pervertissement des esprits et des coeurs, par l'inondation des livres dangereux; appauvrissement des grands écrivains (L. BLANC, Organ. trav., 1845, p.210). — []. Att. ds Ac. dep. 1878. — 1re attest. 1453 (ds Ordonnances des rois de France, t.14, p.311); de pervertir, suff. -(isse)ment1. 2. Pervertisseur, -euse, subst. Personne qui pousse au mal, qui corrompt (v. ce mot II B). Malédiction sur ce Verlaine, (...) malédiction sur ce grand pervertisseur qui, par son talent, a fait école, dans la jeunesse lettrée, de tous les mauvais appétits, de tous les goûts antinaturels, de tout ce qui est dégoût et horreur! (GONCOURT, Journal, 1893, p.423). C'était, pendant douze années, tout ce que la jouisseuse, la pervertisseuse, avec son fond de cruauté innée, avait goûté là de rare et d'exquis, satisfaisant ses appétits démesurés, apaisant la rancune noire amassée dès l'enfance (ZOLA, Travail, t.2, 1901, p.83). Empl. adj. [En parlant d'une manifestation de l'esprit humain] Qui est le fait d'une telle personne. Je parvins à recruter un nombre respectable d'abonnés (...). J'écartais de ces lecteurs d'élite (...) les livres médiocres ou pervertisseurs, que mon jury se gardait, il va sans dire, de mentionner (GIDE, Robert, 1930, p.1321). — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. 1552 (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, XLVI, 78, p.194), 1902 adj. (ZOLA, Vérité, 193); de pervertir, suff. -(iss)eur2, cf. l'a. fr. pervertor «id.» (fin XIIes. Sermons St Grégoire sur Ezechiel 85, 17 ds T.-L.).
BBG. —DE GOROG (R.). The Concept to destroy in Old Fr. and the question of synonymy. Linguistics. La Haye. 1972, n° 93, p.39. —DUB. Pol. 1962, p.371.
pervertir [pɛʀvɛʀtiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1115, purvertir; lat. pervertere « renverser, retourner », de per-, et vertere « tourner ».
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1 Faire changer en mal, rendre mauvais. ⇒ Corrompre. || Pervertir qqn. ⇒ Débaucher, dépraver, déranger, dévoyer, gâter. → Libertin, cit. 5. || Livre, théorie qui pervertit la jeunesse. ⇒ Empoisonner. || Pervertir les mœurs. — Pron. || Se pervertir.
1 Puis la guerre civile et l'effroyable anarchie qui suivit la mort de Boris Godounof pervertirent complètement ces soldats et leur donnèrent le goût du pillage et du désordre.
Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 7.
♦ Au p. p. || Être perverti. || Le Paysan perverti, œuvre de Restif de La Bretonne. — Subst :
2 (… il) n'était probablement pas pervers : il fut un des grands pervertis de l'Histoire.
Louis Madelin, Talleyrand, XL.
2 Modifier en dérangeant ou en détournant (de sa fin, de son sens…). ⇒ Altérer, corrompre, dénaturer, détériorer. || Pervertir l'ordre de la nature. ⇒ Troubler (→ Jour, cit. 30). || Des institutions que l'on a misérablement perverties (→ Gibet, cit. 5). || Pervertir l'esprit, le cerveau de qqn. ⇒ Détraquer, fausser. — Pron. || Se pervertir. ⇒ Dégénérer. — Au p. p. || L'idée de justice, bizarrement (cit. 2) pervertie…
3 La nature veut que les enfants soient enfants avant que d'être hommes. Si nous voulons pervertir cet ordre, nous produirons des fruits précoces, qui n'auront ni maturité, ni saveur, et ne tarderont pas à se corrompre (…)
Rousseau, Émile, II.
4 Le sentiment religieux chez les peuples jeunes est souvent perverti par des superstitions ridicules ou barbares (…)
Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 302.
5 (…) ce goût de confusion qui est le propre des sens, qui les porte à détourner chaque objet de son usage, à le pervertir comme on dit.
Aragon, le Paysan de Paris, p. 66.
♦ Didact. || Pervertir le sens d'un texte, d'un passage, le dénaturer, l'altérer, lui donner un sens faux.
3 Adj. Didact., cour. || Perverti, ie : dont la perversité (2.) est acquise. || Enfant perverti (à distinguer de pervers) : enfant « dont le sens moral a été dévié par le contact avec un milieu social néfaste et qui se livre à des conduites malignes ou délictueuses apprises » (d'après R. Bascou, in Lafon). — N. || Un perverti (→ ci dessus 1., cit. 2).
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CONTR. Améliorer, amender, convertir, corriger, édifier, élever, épurer.
DÉR. Pervertissement, pervertisseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.