penchant [ pɑ̃ʃɑ̃ ] n. m.
• 1538; « mur qui penche » 1532; de pencher
1 ♦ Vx ou littér. Versant, pente. « la ville, bâtie sur le penchant d'une montagne » (Nerval).
2 ♦ (1642) Mod. et cour. Inclination naturelle vers un objet ou une fin. ⇒ faible, goût, propension, tendance. Mauvais penchants (⇒ défaut, vice) . Avoir un penchant à la paresse, y être enclin. Avoir un penchant pour l'alcool. « vous aviez un fâcheux penchant à vous jeter étourdiment dans les entretiens sérieux comme un chien dans un jeu de quilles » (France).
3 ♦ Littér. Mouvement qui porte à aimer une personne, à prendre parti pour elle. ⇒ sympathie. Avoir un penchant pour qqn. « Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux » (Racine). ⇒ affection, amour, passion.
⊗ CONTR. Antipathie, aversion, répugnance.
● penchant nom masculin Inclination naturelle, tendance instinctive vers quelque chose : Avoir un penchant pour la boisson. Tendance à aimer quelqu'un, à éprouver pour lui de la sympathie. ● penchant (citations) nom masculin Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Ceux qui se moquent des penchants sérieux aiment sérieusement les bagatelles. Réflexions et Maximes Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Chacun a son penchant qui l'entraîne. Trahit sua quemque voluptas. Les Bucoliques, II, 65 ● penchant (expressions) nom masculin Mauvais penchants, tendances innées à faire le mal. ● penchant (synonymes) nom masculin Inclination naturelle, tendance instinctive vers quelque chose
Synonymes :
- aptitude
- faible
- goût
- prédisposition
Contraires :
- aversion
- répugnance
Tendance à aimer quelqu'un, à éprouver pour lui de la...
Synonymes :
penchant
n. m. Inclination, goût. Se laisser aller à ses penchants.
|| Spécial. Sentiment d'attirance amoureuse envers qqn.
I.
⇒PENCHANT1, -ANTE, part. prés. et adj.
I. —Part. prés. de pencher.
II. —Adj., vieilli ou littér.
A. —Qui penche. Synon. penché. Elle est bordée de pauvres maisonnettes penchantes qui se soutiennent à grand'peine les unes les autres (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p.187). Ses laboureurs aux fronts penchants Le portent jusques à la tombe (TOULET, Vers inéd., 1920, p.95).
B. —Au fig. Qui décline; qui est sur son déclin.
1. [En parlant d'une institution] Tous ces magistrats qui n'avaient pas de robe à se mettre (...) avant que cette Pucelle eût soutenu leur cause penchante (A. FRANCE, J. d'Arc, t.2, 1908, p.343). Qui donc avait dit Que cette France était penchante? Qu'elle fredonnait? Elle chante! (ROSTAND, Vol Marseill., 1918, p.217).
2. [En parlant d'un moment du temps] Le soir tombait, un soir si penchant et si triste, C'était comme la fin de tout ce qui existe (NOAILLES, Ombre jours, 1902, p.146).
3. [En parlant d'une pers.] Synon. affaibli. Et Philippe se sentit tout à coup fatigué, penchant et faible, paralysé par une de ces crises de féminité qui saisissent un adolescent devant une femme (COLETTE, Blé en herbe, 1923, p.42).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. pencher.
II.
⇒PENCHANT2, subst. masc.
I. —Vieilli
A. —Versant. Synon. pente. Penchant d'une colline. Le couvent est si bien situé sur le penchant de la montagne (DUPANLOUP, Journal, 1869, p.324). J'ai ma flûte et j'en joue au penchant des montagnes (HUGO, Légende, t.6, 1883, p.310).
B. —Être sur son penchant. [Le sujet désigne un astre] Être sur son déclin. Synon. descendre. Le soleil était bien sur son penchant. Le vent soufflait (GIONO, Triomphe vie, 1941, p.194). V. décliner1 A 1 ex. de Bourges.
— Au fig. Être sur le penchant de la vie. Le nôtre [un empire] (...) est sur le penchant de sa ruine (DUSAULX, Voy. Barrège, t.1, 1796, p.34). Il n'y a plus de haute littérature en France depuis la mort de M. de Fontanes. C'était le dernier des Grecs. Lui seul soutenait la poésie et la belle prose sur le penchant de leur décadence (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1821, p.108).
II. A. —Mouvement naturel, affectif ou psychologique, qui pousse à adopter tel ou tel comportement, à rechercher quelque chose. Synon. inclination, tendance.
— [Constr. avec un compl. prép.ou un adj. spécifiant l'objet du penchant] Gén. au sing.
♦[Constr. avec un compl. à, vers; de (vieilli)] Penchant à la mélancolie, à la paresse. Elle m'inspirait dès ma douzième année un penchant de vénération tendre et de soumission presque religieuse (NODIER, Fée Miettes, 1831, p.75). Un penchant inné que nous avons tous vers la vérité (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.8):
• 1. Souvent, dans des heures solitaires, il a réfléchi à ce penchant irrésistible de son âme à la tristesse, qui souvent le replongeait dans la tristesse lorsqu'il était sur le point d'en trouver la raison profonde...
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.25.
♦[Constr. avec un compl. prép. à, de (vieilli) suivi de l'inf.] Son penchant à prendre au sérieux tout ce qui est saugrenu (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.20).
♦[Constr. avec un compl. prép. pour] Synon. de attirance, goût pour quelque chose. Penchant pour la boisson. Il vantait les beaux temps de la Renaissance, mais son penchant était pour les médaillons de Le Prince et les pastorales de Boucher (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.187). N'oublions pas que les enfants ont un penchant naturel pour les jouets bruyants et sonores (Jeux et sports, 1967, p.753).
En partic. Sentiment d'amour, de sympathie pour quelqu'un. Éprouver du penchant pour qqn. Il avait pris un penchant réel pour le roi (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.443). Elle avait toujours eu du penchant pour les frères Iturria. Et elle s'était mise à chérir Santos tout particulièrement (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.185).
[Constr. avec un adj.] Mes parents qui avaient des sentiments religieux et des penchants aristocratiques (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.245). De ces guerres prolongées, les peuples sortaient épuisés, hébétés et vaccinés pour un temps contre leurs penchants belliqueux (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p.24).
— Absol. Ces existences de rentiers dominés par leurs penchants ou leurs manies (LARBAUD, Journal, 1931, p.246):
• 2. ... on n'obéit plus à la nature par raison, on se livre avidement à ses penchants; on les désire, et on s'y abandonne. La pente est inévitable. La cause profonde de cela est que notre vie est une continuelle aspiration, et que nous ne pouvons par conséquent résister, sans point d'appui, à la force qui nous entraîne.
P. LEROUX, Humanité, 1840, p.77.
SYNT. Penchant du coeur, de l'imagination, de l'intelligence, de la nature; bas, bons, mauvais penchants, penchants naturels; penchant invincible, irrésistible, secret; combattre, réprimer un penchant; lutter contre un penchant; suivre, surmonter ses penchants; se livrer à ses penchants.
B. —PSYCHOL., vieilli. Disposition naturelle et permanente, différente de l'appétit et de la passion, relevant de la sphère du coeur et de la vie morale (d'apr. FRANCK 1875 et LAL. 1968). L'intelligence s'est mise en action pour modifier les impulsions que produisent les besoins, les penchants, les sentiments et les passions (BROUSSAIS, Phrénol., leçon 2, 1836, p.44). [A. Comte] attribue à l'âme trois fonctions principales: le coeur qui comporte les penchants ou sentiments et dont le rôle est de provoquer les opérations mentales... (Hist. sc., 1957, p.1646).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1538 «pente d'une montagne, d'une colline» (EST.); b) 1658 «déclivité d'une chose qui penche» (LA FONTAINE, Adonis, 349 ds OEuvres, éd. H. Régnier, VI, 256: le penchant affreux des rocs et des vallons); 2. fin XVIes. être sur le penchant de «être sur le point d'être précipité dans...» (D'AUBIGNÉ, Méditations sur les Psaumes, Psaume 73 ds OEuvres compl., éd. H. Weber, p.529); 3. a) 1647 «tendance, inclination naturelle vers un objet ou une fin» (CORNEILLE, Héraclius, III, 1); b) 1673 «naissance d'un sentiment tendre» (RACINE, Mithridate, IV, 4); 4. 1654 «diminution de grandeur de ce qui peut décroître» (LORET, Muze histor., 26 déc. ds LIVET Molière t.3: Quand l'an vers son penchant décline). Part. prés. subst. de pencher.
STAT. —Penchant1 et 2. Fréq. abs. littér.: 2122. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 5048, b) 3024; XXes.: a) 2113, b) 1825.
penchant, ante [pɑ̃ʃɑ̃, ɑ̃t] adj. et n. m.
ÉTYM. 1532, mur penchant; p. prés. de pencher.
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I Adj. Vx ou littér. Qui penche. || « L'eau bleue où fuit (cit. 13) la nef penchante » (Hugo). — Fig. Qui menace de s'effondrer, qui décline. || « Ô d'un État penchant l'inespéré (cit. 1) secours » (Corneille).
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II N. m.
1 (1538). Vx ou littér. Versant, partie inclinée d'une colline (cit. 1), d'un coteau, d'une montagne… ⇒ Déclivité, inclinaison, obliquité, pente (→ Bâtir, cit. 45; ébouler, cit. 4).
1 La grotte de la déesse était sur le penchant d'une colline.
Fénelon, Télémaque, I.
2 (…) la ville, bâtie sur le penchant d'une montagne dont la pente rapide favorise le prompt écoulement des eaux (…)
Nerval, Notes de voyage, Lettres des Flandres, II.
♦ ☑ Loc. fig. ou métaphorique. (Vx). Être sur le penchant de la vie : être sur le déclin de la vie, aller vers la fin de sa vie. || Dans le premier penchant de l'âge (cit. 7). — || « C'est fait de l'État; il est du moins sur le penchant de sa ruine » (La Bruyère, X, 11).
2 (1642). Mod., cour. Inclination naturelle vers un objet ou une fin. ⇒ Amour, désir, faible, faiblesse, goût, habitude, impulsion, inclination, propension, tendance. — Penchants naturels. ⇒ Nature. || L'ensemble des penchants d'un individu constitue son caractère, son tempérament. || Penchants droits (1. Droit, cit. 21) et vertueux. || Penchants répréhensibles, mauvais (→ Égarement, cit. 3; homme, cit. 83), vicieux… ⇒ Défaut, vice. || Flotter entre ses penchants et ses devoirs (→ Contradiction, cit. 4). || Suivre, surmonter ses penchants (→ Donner, cit. 56). || Un penchant à la mélancolie (→ Misanthrope, cit. 4), à l'imitation (→ Modeler, cit. 8). || Avoir un penchant à la paresse, pour la paresse. ⇒ Enclin (être enclin à); volontiers (être volontiers…). — Avoir, manifester un penchant à… (et inf.) → Habitude, cit. 17; lointain, cit. 11. || Avoir un certain penchant à boire. — Penchant qu'on éprouve pour tel travail, tel métier. ⇒ Aptitude, disposition, facilité, génie, prédisposition, vocation.
3 L'inclination est plus faible que le penchant (…) L'inclination fait tendre vers un objet, le penchant y entraîne.
Lafaye, Dict. des synonymes, Inclination, penchant…, propension.
4 Il n'est point vrai que le penchant au mal soit indomptable, et qu'on ne soit pas maître de le vaincre avant d'avoir pris l'habitude d'y succomber.
Rousseau, Émile, IV.
5 Le penchant de Frédéric pour la guerre peut être excusé par de grands motifs politiques.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XVI.
6 (…) j'ai maintes fois remarqué que vous aviez un fâcheux penchant à vous jeter étourdiment dans les entretiens sérieux comme un chien dans un jeu de quilles.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, II, Œ., t. VIII, p. 17.
6.1 Mais l'enfance, où l'on fait le mal sans le connaître, et la jeunesse, conflit des désirs et des devoirs, temps où les habitudes commençantes ne sont encore connues que comme des penchants et sont étroitement mêlées aux remords et aux résolutions, étaient passées.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 705.
3 Spécialt. (Littér.). Mouvement qui porte à aimer qqn, à prendre parti pour une personne… ⇒ Affection, sympathie. — Penchant amoureux. ⇒ Amour, passion. || Avoir un penchant pour une personne. ⇒ Tendre (avoir un tendre pour). || Penchant mutuel (→ Convenance, cit. 5; époux, cit. 9).
7 Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux (…)
Racine, Phèdre, IV, 6.
8 Cet amour inné de la justice, qui dévora toujours mon cœur, joint à mon penchant secret pour la France, m'avait inspiré de l'aversion pour le Roi de Prusse (…)
Rousseau, les Confessions, XII.
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CONTR. Antipathie, aversion, répugnance…
Encyclopédie Universelle. 2012.