parure [ paryr ] n. f. I ♦ A ♦ Ce qui sert à parer.
1 ♦ Vieilli L'ensemble des vêtements, des ornements, des bijoux d'une personne en grande toilette. Ma toilette « était à peine remarquable au milieu des parures merveilleuses de la plupart des femmes » (Balzac).— Fig. « Les arbres, les arbrisseaux, les plantes sont la parure et le vêtement de la terre » (Rousseau).
2 ♦ Objets précieux et de petite taille, qui servent à orner le vêtement.
♢ Spécialt Ensemble de bijoux assortis (bracelets, broche, collier, pendants). Une parure de diamants.
3 ♦ Ensemble assorti de pièces de linge (de maison ou sous-vêtements féminins). Une parure de lit. Une parure de lingerie.
B ♦ (1611) Action de parer ou de se parer; le fait d'être paré. « ce constant souci de parure par quoi l'éternel féminin cherche [...] à aviver le désir de l'homme » (A. Gide).
II ♦ (1690) Techn. Ce qu'on retranche en parant (I, 4o) avec un outil. ⇒ rognure. Parures de graisse, que le boucher retranche de la viande. Parures de poisson (tête, arêtes...).
● parure nom féminin Ensemble d'objets assortis : Une parure de salle de bains. Littéraire. Ce qui orne, embellit : Les fleurs sont la parure d'un jardin. Ensemble de bijoux assortis destinés à être portés en même temps. Ensemble assorti de pièces de lingerie. Ensemble d'éléments divers (boutons, ceinture, etc.) qui complètent une toilette tout en l'agrémentant. ● parure (citations) nom féminin Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette Paris 1634-Paris 1693 Il n'y a point de femme que le soin de sa parure n'empêche de songer à son amant. La Princesse de Clèves Properce, en latin Sextus Aurelius Propertius Ombrie vers 47-vers 16 avant J.-C. Pour plaire à un seul homme, une jeune fille est toujours assez parée. Uni si qua placet, culta puella sat est. Élégies, I, 2, 26 ● parure (expressions) nom féminin Parure de lit, ensemble constitué d'un drap de dessus et de taies assorties.
parure
n. f.
d1./d Action de parer, de se parer.
d2./d Ce qui sert à parer (vêtements, bijoux, etc.).
d3./d Ensemble assorti (sous-vêtements féminins, linge de table, etc.).
⇒PARURE, subst. fém.
I. —[Corresp. à parer1] Action de parer, résultat de cette action.
A. —Action de parer quelqu'un, de se parer; fait d'être paré. Je prenois soin à mon tour de sa parure. Tantôt je lui mettois sur la tête une couronne de ces mauves bleues (...); tantôt je lui faisois des colliers avec des graines rouges d'azalea (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.207). L'art de la parure (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.348):
• 1. De la parure. Nous connaissons deux sortes de parures; l'une, qui consiste à tenir le corps dans l'état de perfection dont il est susceptible; l'autre, à tirer le parti le plus avantageux des vêtements ou ornements dont le besoin, le caprice ou la raison, ont consacré l'usage (...). La parure est non seulement l'art de tirer parti des dons de la nature, mais encore celui de leur prêter les charmes de l'imagination.
LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p.467.
1. Vieilli. Habillement d'une personne, comprenant les vêtements, les ornements, les bijoux. M. le Comte qui donne la main à Suzette. Suzette en belle parure; qu'est-ce que cela signifie? (SCRIBE, VARNER, Mariage raison, 1826, II, 2, p.397). Tout le monde était en grande parure, et Stephen s'estima heureux de son accident, qui l'empêchait de se trouver pauvrement habillé au milieu de ces gens (KARR, Sous tilleuls, 1832, p.117):
• 2. La parure des femmes consiste en une jupe plissée, de ces anciennes étoffes d'or ou d'argent qu'on fabriquait autrefois à Lyon; ces jupes, qui sont réservées pour les grandes occasions, peuvent, comme les diamans, être substituées dans les familles, et passer des grand'mères aux petites-filles...
Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.63.
— P. anal. Poil, fourrure d'un animal. Les jarrets du vieux cerf se sont roidis, il a pris sa parure d'hiver, son poil est devenu blanc, et il va bientôt se retirer dans l'étroite caverne (CHATEAUBR., Fragm. Génie, 1800, p.269).
— Loc. De même parure
♦Chevaux de même parure. ,,Chevaux de même taille, de même poil`` (Ac. 1835, 1878).
♦Meubles de même parure. ,,Meubles de même étoffe, de même ouvrage`` (Ac. 1798-1878).
— Au fig. ,,Tout est de même parure. Homme, ouvrage dans lequel tout se ressemble, tout est d'accord`` (Ac. 1835, 1878).
2. Ce qui sert à parer; ensemble des ornements, des objets servant à habiller, à parer quelqu'un, en particulier une femme.
a) Ornements superflus de toilette, d'habillement. Le visage s'allonge entre deux touffes de boucles hautes sur les tempes. Comme parure: diadème, plumes blanches et voile (STÉPHANE, Art coiff. fém., 1932, p.167):
• 3. Les premières représentations plastiques qui se signalèrent à l'attention des chercheurs furent des objets de parure ou d'art mobilier et —comme il est de règle en préhistoire (...) —ce fut d'abord l'art magdalénien dans toute sa perfection qui se révéla.
Hist. sc., 1957, p.1487.
♦P. métaph. La nature a mis dehors toutes ses parures. Elle en est à ce point unique de fraîcheur, de pureté, de grâce, qu'il faut se hâter de saisir, car il passe vite. Les feuilles ouvertes d'hier sont tendres comme la rosée et d'une verdure transparente (M. DE GUÉRIN, Journal, 1833, p.170).
— En partic. Garniture de bijoux assortis et composant un ensemble. Les parures de diamans étaient commandées depuis trois mois (JOUY, Hermite, t.2, 1812, p.116). Catherine de Médicis mit en gage chez ses cousins, les banquiers de Florence, toutes ses parures de rubis pour financer les guerres de religion (METTA, Pierres préc., 1960, p.84):
• 4. Il marmottait de vagues paroles, en soulevant tour à tour les bracelets, les girandoles, les colliers, les diadèmes (...) —Beaux diamants! (...) Sous l'Empire il aurait encore fallu plus de deux cent mille francs pour faire une parure semblable.
BALZAC, Gobseck, 1830, p.413.
b) Ensemble de toilette, de lingerie, assorti et formant un tout. Parure de mariée. École ménagère: (...) On remet à toutes les jeunes filles qui ont suivi les cours pendant 4 ans avec régularité, une parure de mariée (BECQUET, Organ. loisirs travaill., 1939, p.237).
♦Parure de lingerie. Ensemble formé d'un col et de manchettes assorties à ce dernier. Parure brodée, de dentelles. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, ROB.).
— En partic.
♦Ensemble de sous-vêtements féminins assortis. Superbe parure. 4 porte-jarretelles satin lingerie (...) 4 soutien-gorge satin et nylon (Catal. blanc [Louvre], 1952, p.7).
♦Ensemble de linge de table (nappe et serviettes) ou de maison. Parure de lit. Parure de berceau (...) comprenant un drap 80 x 90 avec ourlet à jour et une taie ronde assortie à volant (Catal. La Redoute, automne-hiver, 1951-52, p.8).
3. MAR. Parure d'une galère. Ensemble des flammes, flammettes, bannières, pavesades et tendelets dont on ornait la galère, principalement les jours de fête et de combat (d'apr. LITTRÉ).
B. —Action d'orner quelque chose; résultat de cette action. Autrefois (...) toute la parure du chant (...) comme disait Pacchiarotti (Padoue 1816), appartenait de droit au chanteur (STENDHAL, Rossini, 1823, p.115). Les cérémonies pieuses répétées, prolongées, rendues plus attrayantes par la parure des autels, la magnificence des costumes, les chants (LAMART., Confid., 1849, p.106).
— P. méton. Fait d'être paré; (ce qui constitue un) ornement. L'automne vint. Le grand jardin biblique, lentement, perdit sa parure et mourut (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.407). Ces maisons nobiliaires qui sont la parure héraldique des cités espagnoles (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.320):
• 5. Au milieu du XVIe siècle, les architectes (...) semblent désormais ignorer les tourelles, les lucarnes, les mâchicoulis, les créneaux, qui donnaient une si gracieuse parure aux premiers châteaux du siècle.
HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p.152.
C. —Au fig. Dans Gessner, on voit une nature simple, mais décente, sans grossièreté et sans luxe, qui a, tout ensemble, de la parure dans sa simplicité, et de la simplicité dans sa parure (BONALD, Législ. primit., t.2, 1802, p.213). L'idée d'une rémunération de sa peine est blessante à l'âme bien née. La vertu n'est pas non plus pour elle une parure: non, c'est la forme de sa beauté (GIDE, Porte étr., 1909, p.585). Les défauts de la femme s'exagèrent donc d'autant plus qu'elle n'essaiera pas de les combattre mais qu'au contraire elle s'en fera une parure (BEAUVOIR, Deux. sexe, t.2, 1949, p.443).
II. —[Corresp. à parer1 II]
A. —Action de parer, de préparer; résultat de cette action.
♦Parure du pied d'un cheval. ,,Action d'ôter de la corne au pied d'un cheval avant de le ferrer`` (Ac. 1935).
♦Parure d'une peau. ,,Action par laquelle le relieur détache avec le couteau ce qui ne doit pas servir à couvrir un livre`` (Ac. 1935).
B. —P. méton. Ce qui est enlevé, ôté, retranché. Parures de poisson. Les parures, les rognures (Ac. 1935. Ayez deux livres de bonnes truffes lavées et pelées; divisez-les en morceaux pour les tourner de la grosseur et de la forme d'un oeuf de pigeon. Conservez-en les parures et hachez-les (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p.142). Le chef du garde-manger enlève la parure, c'est-à-dire l'excédent de graisse. Le boucher reprend (...) la parure (graisse crue), qu'il revend au fondeur pour faire des chandelles (E. CHAVETTE, Restaurateurs et restaurés, 1867 ds RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881, p.277).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. XIIes. parure «pelure» (Gloss. Tours, éd. L. Delisle, 329 ds T.-L.) —XVes. ds GDF.; 2. 1680 terme de relieur (RICH.: Parûres. Les extrémitez de la peau qu'on ôte avec le couteau à parer); 1833 «ce qui est enlevé» (Gdes heures cuis. fr., loc. cit.). B. Ca 1230 parëure «ce qui sert à orner» (Guillaume le Clerc, Trois mots, 434 ds T.-L.); spéc. 1694 (Ac.: On appelle, Parure de diamants, parure de rubis, etc. une garniture de diamants, de rubis pour servir à la parure d'une Dame); 1909 lingerie (Femina, 1er sept., 439 ds QUEM. DDL t.16). Dér. de parer1; suff. -ure1. Cf. le b. lat. paratura «ornement» (déb. IIIes.), att. en lat. médiév. au sens de «ensemble de garnitures» (ca 1027 ds NIERM.), ainsi que parura «ornement» (1225 ds LATHAM). Fréq. abs. littér.:779. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1903, b) 944; XXes.: a) 812, b) 693.
DÉR. 1. Parurerie, subst. fém. Fabrication ou commerce d'articles de mode, d'articles de fantaisie, de bijoux destinés à la mode féminine. (Ds Lar. encyclop.). — [RRI]. — 1re attest. 1963 (Lar. encyclop.); de parure, suff. -erie. 2. Parurier, -ière, subst. Personne qui fabrique ou fait le commerce d'articles de mode ou de fantaisie, destinés à la mode féminine. Il en va tout autrement des premières informations recueillies par les paruriers. Ils collaborent au premier chef, au style de la mode en préparation (Combat, 14 janv. 1955, p.7, col. 4). — [], fém. [-]. — 1re attest. 1955 id.; de parure, suff. -ier.
BBG. —DUCH. Beauté. 1960, pp.89-90. —GREIMAS Mode 1948, p.38. —QUEM. DDL t.16.
parure [paʀyʀ] n. f.
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A (Correspond à parer; → 1. Parer, I., 1.).
1 Ce qui sert à parer, à orner (qqn, qqch.). ⇒ Décoration, ornement.
♦ (La parure). Fait de se parer. ⇒ Mise, toilette.
♦ (La parure de qqn; une, des parures). Ensemble des vêtements, des ornements, des bijoux… qu'une personne porte quand elle est en grande toilette. ⇒ Affiquet, ajustement, atour, mise, toilette (→ 2. Négligé, cit. 1). || Briller par sa parure. || Parure brillante, cérémonieuse, élégante. || Riches parures (→ Éblouir, cit. 12). — REM. Le mot est vieilli en parlant de l'habillement masculin (→ 1. Bien, cit. 3; friser, cit. 4).
1 Ma toilette, qui me ravissait dans mon salon blanc et or où je paradais toute seule, était à peine remarquable au milieu des parures merveilleuses de la plupart des femmes.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 148.
2 La parure a pour objet d'attirer l'attention sur celui ou sur celle qui la porte. Comme les fleurs, par l'éclat de leurs couleurs, appellent au temps de la fécondation l'insecte qui leur donnera le grain de pollen nécessaire, comme les mouches à feu ou les vers luisants, en s'éclairant dans la nuit, signalent à ceux de leur espèce un amour offert, ainsi les femmes, par la grâce ou la hardiesse de leurs robes, se proposent au choix des mâles.
A. Maurois, Un art de vivre, II, 4.
2.1 La parure a avant tout une valeur ethnique, l'appartenance au groupe est d'abord sanctionnée par le décor vestimentaire. Prendre le vêtement européen est depuis un siècle la marque de l'acheminement vers la civilisation, un symbole de l'assimilation d'une personnalité sociale idéalement humaine, mais à l'inverse, les dernières bribes du sentiment d'appartenance intime à un groupe s'accrochent au costume folklorique, vestige de la livrée particulière des occupants d'un territoire cohérent.
A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. II, p. 188.
♦ Fig. || Parure de noces : modification de l'aspect de certains animaux, chez les mâles, au moment de la reproduction.
2 Objets, généralement précieux et de petite taille, qui servent à orner le vêtement (⇒ Joyau). → Famille, cit. 14. || Parure d'agate, de jade (cit. 2). — Assortiments d'objets qui servent à orner, à parer. — Spécialt. Garniture de pierres précieuses, de perles…, ensemble de bijoux assortis (bracelet, broche, collier, pendants…). || Parure de diamants (→ 1. Lancer, cit. 10). || La Parure, nouvelle de Maupassant.
3 Elle (Mme Claës) fit vendre secrètement à Paris les riches parures de diamants que son frère lui avait données au jour de son mariage (…)
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 512.
4 Les gros brillants d'oreilles valent vingt mille francs, les bracelets trente-cinq mille, les broches, bagues et médaillons seize mille, une parure d'émeraudes et de saphirs quatorze mille (…)
Maupassant, Clair de lune, « Les bijoux ».
3 Spécialt. Col de lingerie et manchettes qui forment un ensemble assorti. || Parure brodée. || Parure de dentelle. — Ensemble assorti de pièces de linge de table (nappe, serviettes). — Parure de lit : ensemble constitué du drap de dessus et des taies d'oreiller(s) et de traversin. — (1909). Sous-vêtement féminin qui forme un ensemble assorti et qui comprend la chemise, la combinaison et la culotte (→ Coordonné).
4 Ce qui orne, pare. || Les fleurs, parure du printemps.
5 Les arbres, les arbrisseaux, les plantes, sont la parure et le vêtement de la terre.
Rousseau, Rêveries…, VIIe promenade.
♦ Par métaphore. || Une belle expression est à la fois une parure et une armure (cit. 6). → aussi Décor, cit. 1.
6 Le lendemain, j'ai trouvé à mon ami (le pigeon) un coin pour lui seul (…) et depuis lors, depuis trois semaines, il fait la parure et l'animation constante de ma maison.
M. Barrès, le Mystère en pleine lumière, p. 58.
B (1611). Action de parer ou de se parer; le fait d'être paré (→ Ajustement, cit. 4). || Elle passe trop de temps à sa parure.
7 (…) ce constant souci de parure par quoi l'éternel féminin cherche, de tout temps et partout, à aviver le désir de l'homme, à suppléer une insuffisante beauté.
Gide, Corydon, IIIe dialogue, IV.
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II (1690). Techn.
1 Action de parer (→ 1. Parer, II.), de préparer. — Spécialt. Opération par laquelle on amincit les peaux.
2 Ce qu'on retranche en parant avec un outil. ⇒ Rognure. || Parure d'une peau, utilisée pour faire de la colle forte. || Parure de graisse, que le boucher retranche de la viande.
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DÉR. Parurerie, parurier.
Encyclopédie Universelle. 2012.