ourse [ urs ] n. f.
1 ♦ Femelle de l'ours. Une ourse et ses oursons.
2 ♦ (1544) Nom de deux constellations situées près du pôle arctique. La Grande Ourse ou Grand Chariot. L'étoile polaire appartient à la Petite Ourse.
● ourse nom féminin (latin ursa) Ours femelle. ● ourse (difficultés) nom féminin (latin ursa) Orthographe La femelle de l'ours est l'ourse (n.f., avec un e final).
Ourse
(la Grande et la Petite) constellations boréales appelées aussi Grand Chariot et Petit Chariot. L'étoile polaire est située à une extrémité de la Petite Ourse.
⇒OURSE, subst. fém.
A. —Femelle de l'ours. L'ourse des déserts regarde du haut de son rocher ces feux de l'homme sauvage (CHATEAUBR., Mél. littér., 1826, p.103). On peut voir (...) le long d'une âpre crête, une ourse dont on a tué les petits, se traîner rudement sur le ventre pour apaiser l'irritation de ses mamelles pleines, inutilement gonflées (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p.190).
B. —Spécialement
1. MAR., vieilli. ,,Cordage qui sert à manoeuvrer l'extrémité inférieure d'une antenne`` (GRUSS 1958).
2. ASTRONOMIE
♦Grande(-)Ourse.Constellation boréale proche du pôle arctique, composée de sept étoiles dont la disposition représente grossièrement un chariot. Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse (RIMBAUD, Poés., 1871, p.81). Il (...) chercha la Grande Ourse parmi le chaos stellaire (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.182).
♦Petite(-)ourse. Constellation boréale proche du pôle arctique qui forme une figure semblable à la Grande Ourse mais plus petite et disposée en sens contraire (v. chariot). Ô fortes étoiles sublimes (...)! Ô flexion sacrée du long rameau de la Petite-Ourse! (CLAUDEL, Gdes odes, 1910, p.244).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1165 zool. (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 8373 ds T.-L.: Tigres, lïon, orse desvee, Quant ont lor preie devoree); 2. astron. 1544 (SCÈVE, Délie, éd. E. Parturier, CCXCIII, 3, p.268: Je voys, et viens aux ventz de la tempeste De ma pensée incessamment troublée: Ores a Poge, or'a Orse tempeste); a) 1562 [éd.] grande Ourse (DU PINET, L'Hist. du monde de C. Pline Second, p.62); b) av. 1632 petite Ourse (A. D'AUBIGNÉ, La Création ds OEuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t.3, p.374). Fém. de ours. Comme terme d'astron. ourse représente le lat. ursa (maior, minor), v. OLD, lui-même calqué sur le gr. «id.», proprement «ours». Fréq. abs. littér.:78. Bbg. BALDINGER (K.). À propos de l'influence de la lang. sur la pensée. R. Ling. rom. 1973, t.37, pp.256-257. —QUEM. DDL t.25.
ÉTYM. Fin XIIe; urs, 1080, Chanson de Roland; lat. ursus, ursa.
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I N. m.
1 Gros animal, mammifère carnivore plantigrade (Ursidés) au pelage épais, aux membres armés de griffes non rétractiles, au museau allongé; spécialt, cet animal lorsqu'il est mâle.
REM. 1. Ours, comme la plupart des noms d'animaux, peut s'employer indifféremment pour tout individu de l'espèce, qu'il soit mâle ou femelle (un ours femelle, des ours mâles et femelles); le fém. ourse étant relativement courant, ours, n. m., s'emploie aussi pour désigner le mâle exclusivement (la femelle de l'ours, l'ourse; un ours accompagné d'une ourse et de leurs oursons).
➪ tableau Noms de mammifères.
2. Sans qualificatif, ours désigne tout individu de l'espèce. Lorsqu'on veut préciser, on utilise des syntagmes, dont les plus courants sont ours brun et ours blanc. Dans ces emplois, le masculin désigne souvent le mâle et la femelle (une ourse brune, une ourse blanche ne se disent guère; mais en emploiera : un ours brun [blanc] avec une ourse).
♦ Ours brun : l'ours d'Europe et d'Asie. || L'ours brun se nourrit de fruits, de graines, est friand de miel, mais devient facilement carnassier. || Ours gris d'Amérique (⇒ Grizzli). || Ours noir d'Amérique. || Ours du Canada. || L'ours malais, ours des cocotiers (plus petit), excellent grimpeur, se nourrit surtout de noix de coco. || Ours jongleur, ou lippu (Indes, Ceylan). — Ours polaire ou (plus cour.) ours blanc, à corps plus allongé que celui de l'ours brun, à cou mince et à tête aplatie. — Le pelage de l'ours fournit une fourrure appréciée (→ Fourrure, cit. 2). ⇒ aussi Oursin. || Peau d'ours. || Grognement, grondement (cit. 1) de l'ours.
1 (…) cette solide cage de fer derrière laquelle s'agite (…) imitant, dans la perfection, tantôt les bonds circulaires du tigre, tantôt les dandinements stupides de l'ours blanc, ce monstre poilu (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XI.
2 Aux deux côtés du lit, il y avait deux grandes peaux d'ours noir, garnies de velours rose, aux ongles d'argent, et dont les têtes, tournées vers la fenêtre, regardaient fixement le ciel vide de leurs yeux de verre.
Zola, la Curée, p. 246.
♦ Ours dressés, savants, d'un cirque. || Montreur (cit. 1), dresseur d'ours. || Faire danser un ours. || Ours en cage. || La fosse aux ours d'un jardin zoologique.
2 ☑ Loc. fig. Vendre la peau de l'ours (avant qu'on l'ait tué) : disposer d'une chose que l'on ne possède pas encore; spéculer sur ce qui n'est encore qu'en espérance.
3 Il m'a dit qu'il ne faut jamais
Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre.
La Fontaine, Fables, V, 20 (cf. aussi Dire, cit. 23).
♦ ☑ Le pavé de l'ours, se dit d'une maladresse commise dans l'intention de rendre service à autrui, mais qui produit un effet tout contraire (par allus. à L'ours et l'amateur des jardins, fable de La Fontaine. → Ami, cit. 5).
4 Un jour que le vieillard dormait d'un profond somme,Sur le bout de son nez une (mouche) allant se placer
Mit l'ours au désespoir : il eut beau la chasser.
« Je t'attraperai bien, dit-il, et voici comme. »
Aussitôt fait que dit : le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec raideur,
Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 10.
♦ ☑ Vx. Prenez mon ours, réplique de L'ours et le Pacha, de Scribe, « se dit quand on presse quelqu'un de prendre quelque chose dont on veut se défaire » (Littré).
5 (…) les Grecs ne proposent pas de bonnes affaires aux Troyens sans y gagner quelque chose. Autrefois ils disaient : Prenez mon cheval ! Aujourd'hui nous disons : Prenez mon ours (…)
Balzac, Pierre Grassou, Pl., t. VI, p. 115.
♦ ☑ Loc. compar. Se balancer, se dandiner, tourner comme un ours en cage, se dit d'une personne qui va et vient par inaction. ☑ La danse des ours : danse lourde et sans grâce. || Dodeliner de la tête comme un ours (→ Cambrer, cit. 2).
6 Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène
Tournons tournons tournons toujours
Apollinaire, Alcools, p. 152.
♦ ☑ Loc. fig. Oreille d'ours.
♦ Par anal. Jouet d'enfant (en peluche, etc.) ayant l'apparence d'un ourson. || Ours en peluche. ⇒ Nounours.
3 (Animal ayant une ressemblance avec l'ours). || Ours marin : sorte de phoque.
4 (V. 1670; adj.; par allus. aux mœurs solitaires, à l'aspect lourdaud de l'ours). Homme insociable, rude ou hargneux, qui fuit la société. ⇒ Grossier, misanthrope, sauvage (→ Balourdise, cit. 2). || Mener une existence d'ours. ⇒ Solitaire (→ Exil, cit. 11). || C'est un vieil ours. — ☑ Loc. Ours mal léché. ⇒ Lécher (cit. 8 et supra).
7 Il y avait bien aussi quelque affectation dans ce rôle de bourru, renouvelé de Jean-Jacques (Rousseau). Cela excitait la curiosité des gens du monde, et les femmes du plus haut rang se piquaient d'apprivoiser l'ours.
Nerval, les Illuminés, « Confidence de Nicolas », IV.
8 (…) pendant qu'on s'agitait autour d'elle pour s'informer de sa santé, Pierre disparut par la porte restée ouverte. Quand on s'aperçut de son départ, on s'étonna. Jean mécontent, à cause de la jeune veuve qu'il craignait blessée, murmurait : — Quel ours !
Maupassant, Pierre et Jean, V.
♦ Adj. || Il est un peu ours.
9 Dites votre choix à M. de Chateaubriand, et ne profitez pas de ce contretemps pour redevenir le plus ours des ours. Salut à votre ourserie.
Mme de Beaumont, Lettre à Chênedollé (1803), citée par Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 174.
10 Ce fut à ce dîner de baptême que les Coupeau achevèrent de se lier étroitement avec les voisins du palier (…) la mère et le fils, les Goujet, comme on les appelait (…) semblaient un peu ours.
Zola, l'Assommoir, t. I, IV, p. 133.
5 a Vieilli. Pièce de théâtre, et, par ext., ouvrage littéraire qui vieillit dans les cartons en attendant la publication.
11 On appelle un ours une pièce refusée à beaucoup de théâtres, et qui finit par être représentée (…) Ce mot a nécessairement passé de la langue des coulisses dans l'argot du journalisme, et s'est appliqué aux romans qui se promènent. On devrait appeler ours blanc celui de la librairie, et les autres des ours noirs.
Balzac, Petites misères de la vie conjugale, Pl., t. X, p. 978, note.
♦ Mod., fam. Manuscrit, œuvre non publiée.
b Argot (typogr., journal.). Liste des responsables et des collaborateurs (d'un journal, d'une publication).
6 Fig., vieilli. (À cause des mouvements latéraux alternés). Ouvrier typographe employé à la presse (→ Frisquette, cit.).
7 Pop., vieilli. Prison, salle de police.
8 ☑ Fam. (D'une femme). Avoir ses ours : ses règles.
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II Ourse. N. f. (XIIIe; orsse, fin XIIe; lat. ursa).
1 Femelle de l'ours. || Une ourse et ses petits.
11.1 Les oursons têtent la vieille ourse pelée, aux yeux chassieux.
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 282.
2 (1544). Nom donné à deux constellations situées près du pôle arctique. || La Grande Ourse ou Grand Chariot (→ Asseoir, cit. 43); la Petite Ourse. || L'étoile polaire appartient à la Petite Ourse.
♦ Poét., vx. Le Nord, le Septentrion.
12 (…) Qu'Ismaël en sa garde
Prenne tout le côté que l'orient regarde;
Vous, le côté de l'ourse; et vous, de l'occident (…)
Racine, Athalie, IV, 5.
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DÉR. Nounours, ourserie, ourson. — V. aussi Oursin.
Encyclopédie Universelle. 2012.