Akademik

ordonner

ordonner [ ɔrdɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
XIVe, d'apr. donner; ordener 1119; lat. ordinare
1Disposer, mettre dans un certain ordre. agencer, arranger, classer, distribuer, organiser, 1. ranger. Ordonner ses souvenirs. « Tout le secret de l'art est peut-être de savoir ordonner des émotions désordonnées » (Ramuz ). Pronom. « Insensiblement, ce tumulte s'ordonna, devint rythme » (Martin du Gard).
Math. Conférer un ordre aux éléments de (un ensemble). Alg. Disposer, écrire (un polynôme) en rangeant ses termes suivant les puissances croissantes ou décroissantes d'un terme.
2Élever (qqn) à l'un des ordres de l'Église. consacrer; ordination, ordre. Ordonner un diacre, un prêtre.
3(1352) Cour. Prescrire par un ordre. adjurer, commander, dicter, enjoindre, prescrire. Ordonner qqch. à qqn. Vous me voyez « prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner » (Beaumarchais). Je vous ordonne de vous taire. 1. sommer. Il ordonne que tout le monde soit convoqué chez lui. Absolt Ordonnez, vous serez obéi. Spécialt Médecin qui ordonne un traitement, des médicaments ( ordonnance) .
Dr. Prescrire par une ordonnance. décider, statuer. Ordonner le huis clos.
⊗ CONTR. Déranger, dérégler, embrouiller. Interdire; obéir.

ordonner verbe transitif (ancien français ordener, du latin ordinare, peut-être avec l'influence de donner) Mettre en ordre, classer, ranger : Prendre son temps pour ordonner ses idées. Conférer le sacrement de l'ordre. ● ordonner (citations) verbe transitif (ancien français ordener, du latin ordinare, peut-être avec l'influence de donner) Charles-Ferdinand Ramuz Lausanne 1878-Pully, près de Lausanne, 1947 Tout le secret de l'art est peut-être de savoir ordonner des émotions désordonnées, mais de les ordonner de telle façon qu'on en fasse sentir encore mieux le désordre. Journal, 7 janvier 1906 Mermodordonner (difficultés) verbe transitif (ancien français ordener, du latin ordinare, peut-être avec l'influence de donner) Construction 1. Ordonner que (+ subjonctif) : il a ordonné que les listes soient closes. C'est la construction habituelle. 2. Ordonner que (+ indicatif) : le tribunal ordonne que M. X rend son bien au plaignant ; il ordonne qu'il aura à publier un avis dans la presse. Cette construction est employée dans la langue juridique et administrative. ● ordonner (synonymes) verbe transitif (ancien français ordener, du latin ordinare, peut-être avec l'influence de donner) Mettre en ordre, classer, ranger
Synonymes :
- agencer
- ajuster
- aménager
- apprêter
- arranger
- combiner
- composer
- coordonner
- distribuer
- harmoniser
- orchestrer
- ordonnancer
- organiser
- planifier
- ranger
- régler
- répartir
- structurer
Contraires :
- bouleverser
- déclasser
- déplacer
- déranger
- dérégler
- désorganiser
- embrouiller
- emmêler
- mélanger
- perturber
- troubler
ordonner verbe transitif (de ordonner) Commander quelque chose (à quelqu'un), donner tel ordre : On nous a ordonné le silence sur cette affaire. Je vous ordonne de vous taire. En parlant d'un médecin, prescrire quelque chose à quelqu'un dans son ordonnance : Le docteur m'a ordonné de l'aspirine.ordonner (synonymes) verbe transitif (de ordonner) Commander quelque chose (à quelqu'un), donner tel ordre
Synonymes :
- dicter
- enjoindre
- imposer
- intimer l'ordre de
- prescrire
- sommer
Contraires :
- défendre
- empêcher
- interdire
- prohiber

ordonner
v. tr.
d1./d Mettre en ordre. Ordonner les diverses parties d'un manuscrit.
|| MATH Ordonner un polynôme, ranger ses termes suivant les puissances croissantes ou décroissantes de l'une des variations.
d2./d Commander; prescrire. Ordonner à qqn de partir. Je fais ce qu'on m'ordonne.
Le médecin lui a ordonné un régime.
d3./d RELIG Conférer le sacrement de l'ordre à (qqn).

⇒ORDONNER, verbe trans.
I. Ordonner qqc. Mettre en ordre.
A. —Disposer dans un certain ordre (des éléments dans l'espace, de façon à obtenir un ensemble régulier, harmonieux ou fonctionnel). Ordonner son intérieur. Duchêne (...) vit comment il fallait ordonner les arbres, diriger les allées, organiser les terrasses. Sur le sable, du bout de sa canne, il traça le plan du plus gracieux jardin français (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.214). Dans sa boutique, il a ordonné jusqu'à l'obscurité sur ses étagères (GIONO, Hussard, 1951, p.172).
Empl. pronom. L'Apennin est franchi, et les collines modérées, les riches plaines bien encadrées commencent à se déployer et à s'ordonner comme sur l'autre versant (TAINE, Voy. Ital., t.2, 1866, p.8). D'un bout à l'autre de mon terrain, tout s'arrange et s'ordonne en une série de plans et de lignes simples, droites, qui donnent à l'esprit une impression parfaite d'équilibre et de repos (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1913, p.215).
En partic.
♦Dans le domaine de l'art. Disposer les éléments d'une composition. Qu'on relise, dans son Étude première, la composition qu'il [Bernardin de St-Pierre] fait d'un paysage à l'embouchure d'un fleuve: comme il le dessine! comme il l'ordonne! (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.6, 1852, p.438). Les vitraux du portail méridional [de la cathédrale de Chartres] (...) n'égalent pas les trois merveilles de la façade occidentale. Mais ils ont une manière à eux, violente et impérieuse, d'ordonner le poème de la couleur (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.34). La fresque [le Jugement dernier de Michel-Ange] est moins ordonnée autour du Christ (...) que savamment désordonnée par le grand vide où s'écroule sans l'emplir l'avalanche des damnés (MALRAUX, Voix sil., 1951, p.325).
♦Régler les différentes phases, organiser le déroulement (d'une cérémonie, d'une fête, d'un repas, etc.). Tout est immuable dans un ministère, excepté le ministre (...). Le cuisinier préparera le dîner pour le nouveau comme pour l'ancien; le maître d'hôtel ordonnera le service sans s'inquiéter de la révolution des portefeuilles (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.375). Le prince ordonna la journée; car il en est d'une chasse comme d'une bataille (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p.295):
1. Mon oncle le prieur connaissait, dans leurs petits détails, le cérémonial de ces fêtes, et mettait tous ses soins à le faire observer. Ces jours-là, il se constituait, de sa pleine autorité, maître de maison; il ordonnait le repas, présidait aux invitations, désignait les places à table, et veillait à ce que tout se passât dans les règles.
JOUY, Hermite, t.5, 1814, p.30.
B. —Classer méthodiquement, ranger dans un ordre logique, satisfaisant pour l'esprit. Ordonner ses idées, ses pensées. Le tableau du progrès des sciences mathématiques et physiques nous présente un horizon immense, dont il faut distribuer et ordonner les diverses parties, si l'on veut en bien saisir l'ensemble, en bien observer les rapports (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.173). Je me décidai à ordonner tous mes papiers dans l'ordre rigoureusement chronologique, en sorte que toute ma science entrât dans ma vie (MICHELET, Journal, 1842, p.380). Je ne pouvais espérer garder en moi assez de faits pour saisir d'un coup et dans toute sa durée la vie de mon héros, et en ordonner le récit d'après un plan une fois arrêté (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p.11).
Empl. pronom. Le mieux est de laisser l'oeuvre se composer et s'ordonner elle-même, et surtout ne pas la forcer (GIDE, Journal, Feuillets, 1921, p.716). Au mépris de leur enchaînement fortuit, les moments de toute une vie s'ordonnent par rapport à leur signification commune (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.360).
MATHÉMATIQUES
♦Conférer un ordre aux éléments d'un ensemble. Un ensemble est totalement ordonné s'il est muni d'une relation d'ordre total (CHAMB. 1972).
♦Disposer, écrire (un polynôme) en rangeant ses termes suivant les puissances croissantes ou décroissantes d'un terme. (Dict. XIXe et XXe s.).
C. —[Le compl. désigne la vie, la conduite, des actions, un temps vécu, etc.] Organiser en fonction d'une certaine finalité, soumettre à une règle. Ordonner ses actes, sa vie; ordonner sa journée, son emploi du temps. C'est quand on ordonne son activité par rapport à un but précis que les fonctions mentales et organiques s'harmonisent le plus complètement (CARREL, L'Homme, 1935, p.172):
2. Sous peine de se perdre dans le plus vulgaire empirisme et de se dissoudre dans un opportunisme sans règle et sans objet, il [le parti socialiste] devra ordonner toutes ses pensées, toute son action en vue de l'idéal communiste. Ou plutôt cet idéal devra être toujours présent et toujours discernable en chacun de ses actes, en chacune de ses paroles.
JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.LIII.
D.Vx. Ordonner de qqc. Disposer, décider (de quelque chose). La plupart de ces dieux se mêlent des héros de l'Éneide, à l'exception de Jupiter, ou plutôt du destin, qui a ordonné de toutes choses (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.123).
II. Ordonner (à qqn), ordonner que + subj., ordonner de + inf. Prescrire par un ordre.
A. —1. Ordonner de + inf. (à qqn.). Commander (quelque chose à quelqu'un), enjoindre (à quelqu'un de faire quelque chose). Les jeunes gens de l'époque à qui la mode ordonnait d'affecter des manières brutales (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.33). L'adjudant ordonna à Fabrice de le suivre sans répliquer (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.31).
2. Ordonner que + subj. Prescrire expressément que. Le médecin a ordonné qu'on ne me laissât pas toucher une plume (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.286). Le tribunal ordonna qu'on suspendît la séance et qu'on brûlât des herbes odoriférantes, pour purifier l'air (MORAND, Londres, 1933, p.108).
Rem. Ordonner que peut parfois être constr. avec l'ind. fut. ou le cond. lorsqu'on veut insister sur le fait que l'exécution de l'ordre est impérative. Le tribunal (...) ordonne qu'il sera donné lecture de la sentence devant la garde rassemblée sous les armes (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.216). Le colonel, furieux, ordonna que les vingt coupables demeureraient au garde-à-vous à la porte de son bureau tant qu'ils ne seraient pas venus à résipiscence (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.280).
3. Empl. abs. Donner des ordres. La comtesse: (...) je me rends à vos ordres. (...) je sais qu'un mari a le droit d'ordonner (DUMAS père, Mariage sous Louix XV, 1841, I, 8, p.116).
Loc. fam. [Placé après Monsieur, Madame, Mademoiselle; en parlant d'une pers. autoritaire, qui aime commander] Faire sa mademoiselle j'ordonne. (Dict. XIXe et XXe s.).
B.En partic. Prescrire (un traitement, un médicament). Dès la troisième année de son deuil, Noémi épaissit et le docteur Pieuchon dut lui ordonner de marcher une heure chaque jour (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p.211). Le bon docteur Bessonaz ne savait plus s'il fallait lui ordonner du bifteeck de cheval haché cru et du sirop Deschiens, ou lui soigner l'intestin par un régime (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.430).
C.DR. Prescrire par une ordonnance. Ordonner une enquête, un interrogatoire. V. huis B 2 b ex. de Borel et de Gide.
III. —Ordonner qqn. Conférer (à quelqu'un) le sacrement d'un ordre de l'Église. L'évêque étoit obligé de remplir ses fonctions religieuses, comme d'enseigner la morale, d'administrer les sacremens, d'ordonner les prêtres (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.372). J'ai le droit de «faire l'évêque», d'ordonner des clercs, de consacrer des prêtres, de gouverner mon diocèse comme bon me semble (BILLY, Introïbo, 1939, p.123).
Prononc. et Orth.:[], (il) ordonne []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 «disposer dans un certain ordre» lampes... en ordre ordenees (PHILIPPE DE THAON, Comput, 2536); 2. 1er quart XIIIe s. «soumettre à une règle ses actions, sa conduite» (RECLUS DE MOLLIENS, Carité, éd. A. G. Van Hamel, 136, 1: Cloistriers, ordene te persone, Ke male novele n'en sone!); d'où a) 1er quart XIIIe s. ordené part. passé adj. «personne qui a des qualités d'ordre» (ID., ibid., 69, 6); d'où 2e moitié XVIe s. mal ordoné de son cerveau «esprit dérangé» (PASQUIER, Recherches de la France [éd. 1665], p.59 ds IGLF); 1798 une tête bien ordonnée (Ac.); b) 1701 id. «qui est conforme à certaines règles établies» moeurs ordonnées (MASS., Carème, Prod. ds LITTRÉ); 3. ca 1380 «régler, organiser le déroulement de quelque chose» (JEAN LE FÈVRE, trad. La Vieille, éd. H. Cocheris, I, 1723); 4. 1765 «classer méthodiquement, ranger dans un ordre satisfaisant pour l'esprit» en partic. math. équation ordonnée (Encyclop., t.11); 1948 ensemble ordonné fini (Gds cour. pensée math., p.89). II. 1. 1re moitié XIIe s. «établir quelqu'un dans un état» (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, II, 6: Jo acertes ordenai men rei sur Syon); 2. en partic. ca 1140 ordener qqn «lui conférer le sacrement de l'ordre» (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1457). III. 1. a) Trans. ca 1165 «commander» (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 6935 ds T.-L.); 1524-27 ordonner que (GRINGORE, Vie Ms S. Loys, 5146 ds OEuvres compl., éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, II, 255); 1580 ordonner de (B. PALISSY, Discours admir., p.302 ds IGLF); b) intrans. 1370-74 ordonner de qqc. «prendre des dispositions au sujet de quelque chose» qui ordene de tout (N. ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 123b, p.344); 2. a) ca 1500 ordonner une loi à qqn «imposer» (PH. DE COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, I, 117); b) 1538 «rendre une ordonnance judiciaire en jugement» (EST.); 3. 1558 «prescrire un remède» ici absol. (DES PÉRIERS, Nouv. récréations et joyeux devis, éd. Kr. Kasprzyk, LIX, p.220); 1560 ordonner quelque médicament (J. GRÉVIN, L'Olympe, éd. L. Pinvert, p.282); 4. ca 1590 «donner l'ordre de payer» (MONTAIGNE, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, XXXIV, p.222). Empr. au lat. class. «mettre en ordre; arranger, disposer en ordre régulier», d'où en a. fr. la forme ordiner, ca 1200 (Dialogue Grégoire, 244, 6 ds T.-L.); la forme ordener (supra) est devenue très tôt (ca 1200, Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 2983) ordonner sans doute sous l'infl. de donner. Fréq. abs. littér.: 2837. Fréq. rel. littér.: XIXe s. a) 6228, b) 3270; XXe s.: a) 2947, b) 3223.
DÉR. Ordonnable, adj., rare. Qui peut être ordonné. De même que les Monimes [de Chardin], ses plus beaux tableaux font apparaître le monde comme une matière première disparate, ordonnable par une peinture souveraine (MALRAUX, Voix sil., 1951, p.294). []. 1res attest. Ca 1300 «arrangé» ordenables (MACÉ DE LA CHARITÉ, Bible, éd. P. E. R. Verhuyck, 5691: Lesquiex tu fes bien ordenables), ca 1370 ordonable a «qui peut s'accorder avec» (ORESME, Thèse de Meunier ds LITTRÉ; le mot ne figure pas ds l'ét. de F. J. MEISSNER, Maistre Nicolas Oresme et la lexicol. fr. ds Cah. Lexicol. t.40 1982, n°1, pp.51-66.
BBG. —JESSEN (H.). Pragmatische Aspekte lexikalischer Semantik. Tübingen, 1979, p.45, 55, 176, 189.

ordonner [ɔʀdɔne] v. tr.
ÉTYM. XIVe, d'après donner; de ordener, v. 1119; lat. ordinare « mettre en ordre », de ordo, -inis « ordre ».
———
I
1 (V. 1360; ordener, v. 1138). Disposer, mettre dans un certain ordre. Agencer, arranger, classer (I., 4.), classifier, combiner, coordonner, disposer, distribuer (4.), organiser, ranger (→ Analytique, cit. 3; charge, cit. 24; hiérarchie, cit. 10; 1. logique, cit. 2). || Dieu (cit. 7) ordonne toutes choses. || Ordonner les éléments d'un dispositif, d'un mécanisme. Ajuster. || Ordonner son intérieur. Agencer, aménager. || Ordonner ce qui était embrouillé ( Débrouiller, démêler) selon une hiérarchie ( Hiérarchiser). || « Ordonner les passions humaines » (→ Assigner, cit. 5).(V. 1380). || Ordonner une cérémonie, une réception, en organiser le déroulement.Ordonner une opération militaire. Diriger.Pron. (→ ci-dessous cit. 3 et 5). || L'organisateur par qui le chaos (cit. 2) s'ordonne. || Bataille qui s'ordonne comme une partie d'échecs (cit. 19).
1 Il verra comme il faut dompter des nations,
Attaquer une place, ordonner une armée (…)
Corneille, le Cid, I, 4.
REM. L'Académie ayant critiqué l'expression « ordonner une armée », Voltaire réplique : « Puisqu'on ne peut rendre ce mot que par une périphrase, il vaut mieux que la périphrase; il répond à ordinaire : il est plus énergique qu'arranger, disposer » (Rem. sur les sentiments de l'Académie).
2 Méfiez-vous de celui qui veut mettre de l'ordre. Ordonner, c'est toujours se rendre le maître des autres en les gênant : et les Calabrais sont presque les seuls à qui la flatterie des législateurs s'en ait point encore imposé.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, IV.
3 Le navire se rapproche (…) au fond d'une baie, arrondie comme un lac, quelques maisons blanches s'ordonnent en avenues rectilignes, un campanile surgit (…)
Louis Bertrand, Livre de la Méditerranée, p. 297.
4 Et plus les faits désordonnés lui font obstacle, plus il souffre amèrement de sentir en soi la force qui les ordonne.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », I.
5 Insensiblement, ce tumulte s'ordonna, devint rythme.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 57.
Math. Conférer un ordre aux éléments de (un ensemble) (→ ci-dessous Ordonné, p. p.).Alg. Disposer, écrire (un polynôme) en rangeant ses termes suivant les puissances croissantes ou décroissantes d'un terme.
2 (1463; ordener de, 1370). Vieilli. || Ordonner de… : prévoir, prescrire un certain nombre de dispositions au sujet de… Ordre (I., 2.; donner, apporter ordre à…).
(1580). || Ordonner de qqch., en disposer; en décider. || La Providence en ordonnera (Mme de Sévigné).
6 Va, ne le quitte point; et qu'il se garde bien
D'ordonner de son sort, sans être instruit du mien.
Racine, Mithridate, IV, 3.
7 Et seul de tous les Grecs ne m'est-il pas permis
D'ordonner d'un captif que le sort m'a soumis ?
Racine, Andromaque, I, 2.
3 (XIVe; ordener, v. 1138). Élever (qqn) à l'un des ordres de l'Église. Conférer (les ordres); consacrer; ordination, ordre (II., B., 6.). || Ordonner un diacre, un prêtre (→ Évêque, cit. 5).
———
II Cour.
1 (1352). Prescrire par un ordre. Adjurer, commander (cit. 2), dicter, dire (II., 8.), enjoindre, mander (vx), prescrire. || Ordonner qqch. à qqn. Demander (impérativement), demeure (mettre en). → Austérité, cit. 15; candeur, cit. 7. || Ordonner à qqn de faire qqch. Sommer (→ Attester, cit. 1; connaissance, cit. 9; dieu, cit. 42). || Je vous ordonne de vous taire (→ Voulez-vous bien vous taire). || On lui ordonna de se retirer, de sortir : on le congédia. || Ordonner à une sentinelle de faire bonne garde. Consigner (7.).Ordonner que… (normalement suivi du subjonctif). || → Assoupissement, cit. 1.Ce qu'ordonne la loi (→ Contraindre, cit. 8; défendre, cit. 22). || Commandements (cit. 1), préceptes qui ordonnent de faire qqch. (→ Imperfection, cit. 3). || Le devoir (→ Austère, cit. 13), l'honneur (→ Extrémité, cit. 11), l'équité (→ Justice, cit. 44) ordonne de… || Ce que sa fantaisie (cit. 30) m'ordonne.
8 Le christianisme est étrange. Il ordonne à l'homme de reconnaître qu'il est vil, et même abominable, et lui ordonne de vouloir être semblable à Dieu.
Pascal, Pensées, VII, 537.
9 (…) vous me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 2.
10 Il sentait bien que s'il s'accordait une minute de réflexion, il ne commettrait pas cet acte extravagant qu'une force secrète lui ordonnait d'accomplir, sans délai.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 84.
Absolt. Commander.
11 Voilà la faute ! tu t'es subordonné, quand tu es fait pour ordonner.
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 1053.
REM. 1. J'ordonne forme une sorte de substantif, après Monsieur, Madame… en parlant d'une personne tyrannique qui aime à donner des ordres. Elle fait sa mademoiselle j'ordonne ! J'ordonne.
2. Ordonner que… est généralement construit avec le subjonctif. On emploie parfois l'indicatif (futur) ou le conditionnel (→ Arc, cit. 5; article, cit. 7) lorsqu'il s'agit d'un ordre dont l'exécution est impérative. Il ordonne que tout le monde soit (sera) convoqué chez lui.
12 (…) ce sera une très bonne loi (…) que celle qui ordonnera qu'on emploiera des monnaies réelles (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXII, III.
13 (…) le Conseil ordonne que la façade de la maison Commune sera sur-le-champ illuminée.
France, Les dieux ont soif, XXVII.
2 (1671). Prescrire. || Médecin qui ordonne un traitement, un régime, des médicaments. Ordonnance (→ Admettre, cit. 16).
14 Craignant beaucoup de tuer son monde, Charles, en effet, n'ordonnait guère que des potions calmantes, de temps à autre de l'émétique, un bain de pieds ou des sangsues.
Flaubert, Mme Bovary, I, IX.
3 (1538). Dr. Prescrire par une ordonnance (II, 3.). Décider (I., 1.), statuer. || Ce que le président ordonne sera exécuté (→ Audience, cit. 15). || Ordonner le huis (cit. 8) -clos, un interrogatoire (cit. 1). || Jugement qui ordonne une enquête (cit. 2).Ordonner par décret. Décréter. — ☑ Loc. Ordonné que…
15 Ordonné qu'il sera fait rapport à la cour.
Racine, les Plaideurs, I, 7.
Ordonner une dépense (vx). Ordonnancer. || Ordonner un achat ( Acheter).
——————
ordonné, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XIVe; ordroné, XIIIe).
1 Disposé selon un ordre (cit. 3), un arrangement déterminé (→ Arranger, cit. 8; avantager, cit. 1; église, cit. 10). || Intérieur (cit. 8), maison (cit. 17), bien ordonnés. || Un univers harmonieusement ordonné. Réglé. || Discours ordonné. Cohérent, suivi. — ☑ Loc. (1798). Une tête bien ordonnée : un esprit clair, méthodique.N. m. || L'ordonné.
16 Le souci de l'ordonné est un des traits essentiels de la création classique.
Julien Benda, la France byzantine, p. 97.
Prov. Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Math. || Ensemble ordonné, muni d'une relation d'ordre. Ordre, I., 1., sc. || Ensemble totalement ordonné, où la relation d'ordre est définie pour tous les couples d'éléments. || Ensemble bien ordonné, dont deux éléments quelconques sont tels que l'un doit être considéré comme précédant l'autre. Couple.Polynôme ordonné (→ ci-dessus, Ordonner, I., 1.).
2 (1559; ordené, fin XIIe). Personnes. Qui a de l'ordre, aime l'ordre. Méthodique, rangé. || Il n'est pas très ordonné. || Un enfant ordonné.
CONTR. Compliquer, déranger, dérégler. — Défendre, exécuter, interdire, obéir, observer, obtempérer. — (Du p. p.) Confus, dérangé, déréglé, désordonné, échevelé, embroussaillé, incohérent. — Brouillon.
DÉR. et COMP. Ordonnable, ordonnance, ordonnateur, ordonnée. — Désordonné, coordonner, superordonné. — V. aussi Subordonner.
HOM. Ordonnée.

Encyclopédie Universelle. 2012.