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oppression

oppression [ ɔpresjɔ̃ ] n. f.
• déb. XIIIe; plur. « violences, dommages » XIIe; lat. oppressio
1Action, fait d'opprimer. Oppression du faible par le fort. domination; joug. Oppression des minorités. Absolt Action de faire violence par abus d'autorité. asservissement, tyrannie. La résistance à l'oppression est un des droits du citoyen. contrainte, dépendance, sujétion. Régime d'oppression.
État d'opprimé. « Syracuse. Cette ville, toujours dans la licence ou dans l'oppression » (Montesquieu).
2(1659) Gêne respiratoire, sensation d'un poids qui oppresse la poitrine. suffocation. « il fut pris d'une grande chaleur dans la poitrine, avec une oppression à ne pouvoir se tenir couché » (Flaubert).
Fig. Malaise psychique, accompagné d'une sensation de pesanteur ou de crispation dans la poitrine (cf. Avoir le cœur serré). angoisse. « cette oppression douloureuse, ce malaise de l'âme que laisse en nous le chagrin sur lequel on a dormi » (Maupassant).
⊗ CONTR. Liberté.

oppression nom féminin (latin oppressio, -onis) Fait d'oppresser ; sensation de gêne respiratoire. Malaise psychique sourd, un peu angoissant, qui étreint : Ressentir un sentiment d'oppression. Action d'opprimer, d'accabler sous une autorité tyrannique : Lutter contre l'oppression.oppression (citations) nom féminin (latin oppressio, -onis) Eugène Ionesco Slatina 1912-Paris 1994 Une forme d'expression établie est aussi une forme d'oppression. Notes et Contre-notes Gallimard Pierre Joseph Proudhon Besançon 1809-Paris 1865 Le gouvernement de l'homme par l'homme, sous quelque nom qu'il se déguise, est oppression. Qu'est-ce que la propriété ? Abd al-Rahman Ibn Khaldun Tunis 1332-Le Caire 1406 Dans la nature innée des hommes se trouve le penchant vers la tyrannie et l'oppression mutuelle. Prolégomènesoppression (synonymes) nom féminin (latin oppressio, -onis) Fait d' oppresser ; sensation de gêne respiratoire.
Synonymes :
- suffocation
Action d' opprimer , d'accabler sous une autorité tyrannique
Synonymes :
- asservissement
- assujettissement
- chaînes (littéraire)
- domination
- esclavage
- joug (littéraire)
- servitude
- tyrannie

oppression
n. f.
rI./r
d1./d Sensation d'un poids sur la poitrine.
d2./d Par ext. Malaise physique ou psychique d'une personne oppressée.
rII./r
d1./d Action d'opprimer; contrainte tyrannique. Oppression policière.
d2./d état d'opprimé. Vivre dans l'oppression.

⇒OPPRESSION, subst. fém.
A. —1. Difficulté d'une personne à respirer et gêne qu'elle ressent au niveau de la poitrine. Synon. dyspnée. Souffrir d'oppression. Virginie s'affaiblissait. Des oppressions, de la toux (...) décelaient quelque affection profonde (FLAUB., Coeur simple, 1877, p.40). L'enfant est pris tout à coup d'une oppression formidable (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, p.203). Aérophagie, oppression et suffocation respiratoires (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.233).
2. Gêne, malaise d'ordre psychique s'accompagnant au niveau de la poitrine d'une sensation de poids et d'une douleur sourde. Le matin mon oppression fut si forte, que je crus en mourir (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.140). Le soir, elle éprouva un peu d'oppression (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p.159):
1. La chaleur, le bruit, l'odeur des victuailles mêlée à la fumée du tabac, lui causaient un malaise croissant. Son oppression ne cessait d'augmenter.
MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.807.
[Avec un compl. spécifiant l'endroit de l'oppression] Il lui vient, se pressant, un tas de phrases embrouillées par de l'oppression de poitrine (GONCOURT, Journal, 1865, p.201). Dans ce salon, (...) il éprouvait cependant, chaque fois qu'il s'y trouvait seul, une oppression du coeur, un peu d'essoufflement, d'énervement (MAUPASS., Notre coeur, 1890, p.347):
2. Je sens bien que je ne puis t'écrire mes grandes oppressions de coeur, à ces premières entrevisions d'été.
ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p.328.
[Avec un compl. indiquant ce qui oppresse] Peu à peu, une torpeur lourde —causée par la chaleur suffocante, l'oppression de l'obscurité, (...) envahit le wagon (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.429). Là-bas, sous les latitudes de sa naissance, Maxence voyait une plaine couleur de plomb, l'air raréfié, l'oppression d'un ciel de cuivre (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p.42).
B. —1. Action, fait d'opprimer (v. ce mot B) (quelqu'un). Synon. domination, tyrannie. Accentuer, augmenter, renforcer l'oppression; combattre l'oppression; résistance à l'oppression. Vous aurez détruit l'oppression, rendu l'Alsace et la Lorraine à la France (A. FRANCE, Voie glor., 1915, p.25).
[Avec une détermination spécifiant la nature de l'oppression] L'oppression féodale, laïque, napoléonienne; oppression policière. Il viendrait aider ses anciens sujets à s'affranchir de l'oppression d'un tyran (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p.474). La Contre-Révolution prenait aussitôt le caractère de (...) la réconciliation du peuple et de l'État, unis contre l'oppression de l'argent (BERNANOS, Gde peur, 1931, p.206):
3. Il a peur parce qu'il voit bien que ses autos-mitrailleuses (...) ne pourront jamais empêcher le peuple tunisien de se libérer de l'oppression colonialiste...
L'Humanité, 19 janv. 1952, p.3, col.7.
Subst. + de + oppression Mais voici toutes les puissances d'oppression réveillées (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p.258). La propriété des moyens de production et de vie qui sont (...) une force d'exploitation et d'oppression (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.130).
DR. CONSTIT. ,,Violation répétée et systématique, par les pouvoirs publics, par un usurpateur, des principes constitutionnels et spécialement de ceux qui protègent les droits publics individuels`` (CAP. 1936).
2. État de celui qui est opprimé. Synon. servitude; anton. liberté. Fuir, s'échapper de l'oppression. Entre l'oppression subie et l'oppression exercée il n'y eut pas le temps de la réflexion ou la liberté du choix (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p.65). J'ai dit que, sur 100 Français soustraits à l'oppression, 98 sont dans nos troupes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.369).
[Avec un compl. indiquant ce qui est opprimé] Souhaiter autre chose, c'est souhaiter l'oppression de l'Église et la ruine de la foi (LAMENNAIS ds L'Avenir, 1831, p.135).
Prononc. et Orth.:[] et [-e-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 plur. «violences, dommages faits à quelqu'un» (Chroniques Ducs Normandie, 12249 ds T.-L.); ca 1190 sing. «tâche accablante» (MARIE DE FRANCE, Purgatoire, 571, ibid.); 2. a) 1re moitié du XIIIe s. «contrainte» (BERENGIER, L'Antéchrist, éd. E. Walberg, 810); b) 1487 «fait d'accabler par la violence, état de celui qui est accablé» (Vocabulaire fr.-lat., Genève, Garbin d'apr. FEW t. 7, p.377a); 3. 1659 «gêne respiratoire» (HUYGENS, OEuvres complètes, 2, 514 d'apr. FEW, loc. cit.); 4. [1747] «angoisse psychique» (Fr. GRAFIGNY, Lettres d'une Péruvienne, p.165). Empr. au lat. oppressio «action de presser; destruction, action d'étouffer (les lois, la liberté); action violente contre quelqu'un, quelque chose», de oppressum, supin de opprimere, v. opprimer. Fréq. abs. littér.:711. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1509, b) 881; XXe s.: a) 798, b) 782. Bbg. DUB. Pol. 1962, pp.356-357. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.277.

oppression [ɔpʀesjɔ̃; ɔpʀɛsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. Déb. XIIIe; XIIe, au plur. « violences, dommages faits à quelqu'un »; lat. oppressio, de opprimere. → Oppresser.
1 Action, fait d'opprimer; état de celui qui est opprimé. || Oppression du faible par le fort, du juste par le méchant. Domination; joug (→ Destructif, cit. 2; immatérialité, cit. 1). || Les oppressions qui accablent les hommes (→ Fraternité, cit. 4). || Oppression des consciences. Asphyxie.
1 En considérant la société humaine d'un regard tranquille et désintéressé, elle ne semble montrer d'abord que la violence des hommes puissants et l'oppression des faibles : l'esprit se révolte contre la dureté des uns, ou est porté à déplorer l'aveuglement des autres (…)
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Préface.
Absolt. « Abus d'une autorité qui ne veut point de bornes, qui se met au-dessus des lois, et qui dégénère en usurpation sur la liberté naturelle des hommes… état des malheureux qui sont écrasés sous le poids de cette autorité » (Trévoux). || La résistance à l'oppression, un des droits (3. Droit, cit. 7) du citoyen. Asservissement, tyrannie. || Crier à l'oppression.État d'opprimé. || Peuple qui veut se garantir de l'oppression (→ Avilissement, cit. 7), se résigne à l'oppression (→ Garder, cit. 48), gémit sous l'oppression. Contrainte, dépendance, esclavage, sujétion. || Régime d'oppression. Autorité, force, violence; oppresseur. || Mesures d'oppression. Oppressif.
2 Syracuse (…) Cette ville, toujours dans la licence ou dans l'oppression, également travaillée par sa liberté et sa servitude (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, VIII, II.
3 Il y a oppression lorsqu'une loi viole les droits naturels, civils et politiques qu'elle doit garantir. — Il y a oppression lorsque la loi est violée par les fonctionnaires publics dans son application à des faits individuels. — Il y a oppression lorsque des actes arbitraires violent les droits des citoyens contre l'expression de la loi. — Dans tout gouvernement libre, le mode de résistance à ces différents actes d'oppression doit être réglé par la constitution.
Constitution des 15 et 16 févr. 1793, I, 32.
2 Vx. Gêne, embarras. || Pour vous tirer de l'oppression où vous êtes (Mme de Sévigné, 1258, 25 janv. 1690).
3 (1659). Gêne respiratoire, sensation d'un poids qui oppresse la poitrine. || Souffrir d'oppression, avoir des oppressions (→ aussi Affection, cit. 16). Suffocation. || Malade dont l'oppression diminue. Halètement (→ Mieux, cit. 27). || Respirer sans oppression (→ Jambe, cit. 20). || Oppression qui accompagne les cauchemars.
4 Le soir même, il fut pris d'une grande chaleur dans la poitrine, avec une oppression à ne pouvoir se tenir couché. Des sangsues amenèrent un soulagement immédiat.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, IV.
5 (…) elle espérait que l'exercice et le grand air la guériraient de cette espèce d'oppression qu'elle se sentait dans la poitrine; parfois, de brefs accès de toux la soulageaient (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, III, I.
4 (1747). Par ext., fig. Malaise d'ordre psychique, accompagné d'une douleur sourde, d'une sensation de pesanteur ou de crispation dans la poitrine (→ Avoir le cœur serré).
6 (…) il ressentit, avant même que la pensée se fût rallumée en lui, cette oppression douloureuse, ce malaise de l'âme que laisse en nous le chagrin sur lequel on a dormi.
Maupassant, Pierre et Jean, V.
CONTR. Liberté, protection.
HOM. Forme du v. oppresser.

Encyclopédie Universelle. 2012.