ombrer [ ɔ̃bre ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Marquer de traits ou de couleurs figurant les ombres, en dessinant ou en peignant. Ombrer un dessin. Terre à ombrer. ⇒ 3. ombre. P. p. adj. Partie ombrée. — Par ext. Maquillage qui ombre les paupières. Paupières ombrées de mauve.
2 ♦ Littér. Mettre dans l'ombre. « Un grand feutre à longue plume Ombrait son œil qui s'allume » (Verlaine).
● ombrer verbe transitif (latin umbrare, par l'intermédiaire de l'italien ombrare) Marquer les ombres dans un dessin, une peinture. Littéraire. Donner à quelque chose une couleur plus sombre, plus foncée : Ombrer ses paupières d'un fard bleu. Dans la broderie de couleur, rendre l'ombre de certaines parties déjà brodées en reprenant les coloris, mais dans une graduation plus foncée. ● ombrer (homonymes) verbe transitif (latin umbrare, par l'intermédiaire de l'italien ombrare) ● ombrer (synonymes) verbe transitif (latin umbrare, par l'intermédiaire de l'italien ombrare) Littéraire. Donner à quelque chose une couleur plus sombre, plus foncée
Synonymes :
- brunir
- farder
- foncer
- noircir
ombrer
v. tr. Figurer une ombre, les ombres sur (un dessin, un tableau).
⇒OMBRER, verbe trans.
A. —1. Faire de l'ombre sur.
a) [Le suj. désigne un/des arbre(s) ou un élément végétal] Synon. de ombrager (v. ce mot A 1 a). L'étroite vallée qui semblait si lumineuse en face de la clairière ombrée par les grands arbres (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.152):
• 1. J'ai vu un oranger domestique (...) perdre la tête. Il vivait au soleil. Une palme lui fit de l'ombre. Cette ombre l'épouvanta. Sur les quatre branches que la palme ombrait il poussa de longues épines. Il redevint sauvage.
COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p.168.
b) [Le suj. désigne un écran quelconque] Synon. de ombrager (v. ce mot A 1 b). Arrachant le chapeau qui lui ombrait le visage, elle le jeta à terre. Le roux vénitien de ses cheveux brilla (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.217).
2. [Le suj. désigne un animé] Synon. de ombrager (v. ce mot A 2). Je devais les ombrer [les panneaux des châssis] avec du paillis que je jetais dessus pour préserver les plantes d'un coup de soleil (MALOT, Sans fam., 1878, p.366).
— Emploi abs. Pendant les grandes chaleurs, il est urgent de faire les semis de choux et de salades à l'ombre (...). À défaut d'endroit ombragé, on ombre avec une toile ou une claie (GRESSENT, Potager mod., 1863, p.255).
3. BEAUX-ARTS. Représenter les ombres dans un tableau, un dessin. Elle (...) faisait des hachures, comme pour ombrer un dessin (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p.60). Voilà Gavarni (...) traçant ses bonshommes, les lignant et les ombrant; puis passant ce qu'il appelle des eaux, (...) réindiquant ses contours et ses ombres (GONCOURT, Journal, 1861, p.924).
— P. métaph. La prose classique s'efforçait qu'aucun mot de la phrase ne se détachât (...). L'une [la prose nouvelle] souligne et enlumine aux mêmes places où l'autre atténuait et ombrait (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p.182). Quelques rappels du thème principal, à peine ombrés d'un bémol, avivés d'un dièse (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p.257).
B. —P. anal.
1. [Le suj. désigne notamment un élément de la physionomie] Synon. de ombrager (v. ce mot B 1 a). Yeux bleus ombrés de cils noirs (COCTEAU, Enfants, 1929, p.27).
— Emploi pronom. passif. La lèvre supérieure un peu surplombante s'ombrait d'une petite ligne de soie noire (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, L. Leclercq, 1886, p.118).
2. a) Synon. de ombrager (v. ce mot B 2 a). Un ciel gris-perle, ombré d'or (BARB. D'AUREV., Memor. pour l'A... B..., 1864, p.423). Dans certains champs, on venait d'étendre les tas, dont le flot répandu ombrait au loin le sol d'une salissure noirâtre (ZOLA, Terre, 1887, p.403).
— Emploi pronom. passif. Les lignes fines et nobles de son profil perdu s'ombraient des rouges ténèbres de la loge (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.313).
— Spécialement
♦COSMÉT. Ombrer les paupières, les yeux. Maquiller avec de l'ombre à paupières. Les yeux du printemps ont les paupières ombrées de bleu. (...) maquillage subtil qui s'harmonise avec la couleur de l'iris de l'oeil (...) l'ombre peut être d'un bleu violet pour les yeux verts (Elle, 22 mars 1982, n° 1889, p.104, col. 1).
♦MARQ. Donner (par la chaleur, les acides, etc.) un ton plus ou moins brun à certaines pièces de bois. On fait usage de deux moyens pour ombrer, le sable chaud et les acides (NOSBAN, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.150).
♦BIOL. Préparer par ombrage (v. ombrage A 1 b). Pour ombrer une réplique, on place celle-ci dans une cloche à vide où on évapore le métal dense sous forme d'un petit cavalier (...) de telle sorte que ce métal soit projeté obliquement sur la surface de la réplique. Le dépôt métallique très dense aux électrons est plus épais sur les parties de la réplique qui «regardent» le petit cavalier et absent dans les parties qui sont «à l'ombre». Le contraste de l'image est ainsi fortement accentué et le relief souligné par les ombres (P. SELME, Le Microscope électron., Paris, P.U.F., 1970, pp.117-118):
• 2. Pour accentuer le contraste de l'image, les petits objets sont ombrés [it. ds le texte] par projection oblique d'ions métalliques (...). L'étude du relief d'un objet sera réalisée par les techniques de moulage qui consistent à recouvrir les objets d'un film de matière plastique (...). On examine ensuite ce film au microscope électronique. Cette technique de moulage peut être combinée avec diverses méthodes d'ombrage.
HUSSON, GRAF, Manuel biol. gén., 1965, p.73.
b) Au fig.
— Marquer d'une expression de tristesse, de gravité, etc. Le rêve inassouvi (...) Avait ombré ses yeux d'un regret (RÉGNIER, Prem. poèmes, Apaisement, 1886, p.103).
— Dissimuler, rendre vague, indécis. Il y a de courts sommeils qui viennent ombrer nos pensées et rabattre notre ton (ALAIN, Propos, 1929, p.888).
REM. Ombrant, -ante, part. prés. en emploi adj., beaux-arts, céram. Qui figure des ombres. L'émail ombrant n'est qu'une modification de l'invention nommée lithophanie (Al. BRONGNIART, Arts céram., t.1, 1877, p.741).
Prononc. et Orth.:[], (il) ombre []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Ca 1175 «donner de l'ombre» (Horn, éd. M. K. Pope, 294: En un jardin espes bien foilluz e umbranz) — XVIe s., v. GDF. et HUG. II. a) 1555 «marquer d'une teinte plus sombre» (P.BELON, L'histoire ... des oyseaux, 170 d'apr. VAGANAY ds Rom. Forsch. t.32, p.115); b) 1622 peint. (RENÉ FRANÇOIS [E. BINET], Merveilles de nature, p.313). I dér. de ombre1; dés. -er; l'a. fr. et le m. fr. avaient les dér. très fréq. ombroier, ombriier «mettre dans l'ombre; obscurcir; faire de l'ombre» (v. GDF. et T.-L.), ombroyer encore au XVIes. (v. HUG.). II empr. à l'ital. ombrare, att. comme terme de peint. dep. 1550-68 (VASARI ds TOMM.-BELL.), proprement «couvrir d'ombre»; le sens a est peut-être à rattacher à I (v. FEW t.14, pp.24b-25a). Fréq. abs. littér.:21. Bbg. HOPE 1971, p.149, 212.
ombrer [ɔ̃bʀe] v. tr.
ÉTYM. 1621; de l'ital. ombrare; « mettre à l'ombre », en moy. franç.; « marquer d'un trait noir », 1555; de 1. ombre.
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1 Arts. Marquer de traits ou de couleurs figurant les ombres, en dessinant ou en peignant. || Ombrer un dessin, un tableau. || Ombrer une partie d'un dessin par des hachures, des pointillés… || Terre à ombrer. ⇒ 3. Ombre. Par ext. || Maquillage qui ombre les paupières, les joues (→ Maquiller, cit. 1).
1 Gurau écoutait très attentivement, tout en dessinant et en ombrant des étoiles à six branches sur un bout de papier.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. X, XVII, p. 192.
2 Littér. Mettre dans l'ombre, rendre plus sombre.
2 Un grand feutre à longue plume
Ombrait son œil qui s'allume (…)
Verlaine, Poèmes saturniens, « Cauchemar ».
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ombré, ée p. p. adj.
2 Placé dans l'ombre. || Les îlots (cit. 5) de maisons se détachent par tranches ombrées ou lumineuses.
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DÉR. Ombrée.
Encyclopédie Universelle. 2012.