moralité [ mɔralite ] n. f.
• fin XIIe; lat. moralitas
1 ♦ Caractère moral, valeur au point de vue moral, éthique. ⇒ mérite. Moralité d'une action, d'une attitude.
♢ Absolt Valeur morale positive. « la moralité de l'artiste est dans la force et la vérité de sa peinture » (Barbey).
2 ♦ (Personnes) Attitude, conduite ou valeur morale. Faire une enquête sur la moralité de qqn. Personne de haute moralité, d'une moralité douteuse. La moralité de son fils l'inquiète. ⇒ mentalité.
♢ Absolt Sens moral (⇒ conscience); vie conforme aux préceptes de la morale (⇒ honnêteté). Témoins, certificat de moralité. Un individu sans moralité.
3 ♦ Vieilli Réflexion morale. ⇒ morale (II, 2o); maxime, sentence. Mod. Enseignement moral que l'on peut tirer d'un récit, d'un événement. La moralité d'une fable. ⇒ conclusion, enseignement. Moralité passée en proverbe. Moralité : ne faites pas comme moi !
♢ Hist. littér. Au Moyen Âge, Courte pièce de théâtre, souvent allégorique, à l'intention édifiante.
⊗ CONTR. Immoralité.
● moralité nom féminin (bas latin moralitas, -atis) Rapport, conformité à la morale, à l'éthique : Film d'une moralité douteuse. Souci de quelqu'un, d'un groupe, de conformer sa conduite à un ensemble de principes moraux ; comportement qui manifeste ce souci : La moralité d'un fonctionnaire. Enseignement moral que l'on tire d'une œuvre : La moralité d'un conte. Sentence morale qui précède ou suit un apologue, une fable. S'emploie devant une conclusion d'ordre moral, sentencieux ou ironique qu'on tire d'une situation quelconque. Genre dramatique de la fin du Moyen Âge et du XVIe s., caractérisé par des intentions morales et satiriques, et qui met en scène des allégories personnifiées. ● moralité (citations) nom féminin (bas latin moralitas, -atis) Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 La moralité n'est bien souvent qu'une affaire d'éclairage et tu es le gardien de ton propre phare. Éléments pour une éthique Grasset ● moralité (expressions) nom féminin (bas latin moralitas, -atis) Certificat de moralité, attestation de bonnes mœurs. ● moralité (synonymes) nom féminin (bas latin moralitas, -atis) Rapport, conformité à la morale , à l'éthique
Contraires :
- amoralité
- immoralité
Souci de quelqu'un, d'un groupe, de conformer sa conduite à...
Synonymes :
- honnêteté
- mentalité
- moeurs
Enseignement moral que l'on tire d'une œuvre
Synonymes :
- exemple
- leçon
- morale
moralité
n. f.
d1./d Conformité aux principes, aux règles de la morale. Moralité d'une action.
d2./d Sens moral d'une personne, tel qu'il peut se manifester dans sa conduite. Un homme de moralité douteuse.
d3./d Enseignement moral. Moralité d'un événement.
d4./d LITTER Pièce de théâtre, fréquemment allégorique et à portée moralisatrice, au Moyen âge.
⇒MORALITÉ, subst. fém.
A. — 1. [Correspond à moral1 A 2 a, p. oppos. à amoralité] Caractère de ce (ou de celui) qui peut être apprécié (ou jugé) selon les notions de bien et de mal. Si le hasard de la naissance et de l'éducation décidoit de la moralité d'un homme, comment pourroit-on l'accuser de ses actions? (STAËL, Allemagne, t.4, 1810, p.44). Ni la science, ni l'art, ne franchissent d'eux-mêmes le seuil de la moralité (L. BRUNSCHVICG, Le Progrès de la conscience, Paris, Alcan, 1927, p.741):
• 1. C'est expérimentalement qu'on constate que tel comportement est utile ou nuisible. Il s'agit d'une valeur relative, alors que le bien moral dénote une valeur absolue de nos actes. L'enfant commence par discerner l'utile; quand il parvient à distinguer la valeur absolue du bien moral, on peut dire qu'il accède à la moralité.
MANTOY Psychol. 1971, p.100.
2. [Correspond à moral1 A 2 b; p.oppos. à immoralité]
a) Caractère de ce qui est conforme aux principes, à l'idéal de la conduite. J'étais devenu leur fils d'adoption, ils admiraient surtout la moralité de mes sentiments (BALZAC, Méd. camp., 1833, p.222). Ruiné dans je ne sais quelle opération d'une moralité obscure, il avait été admis, par suite de recommandations, dans une des hautes administrations de la Belgique (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p.127). Il croyait à la moralité de la victoire et que le vaincu est toujours méprisable (THARAUD, Dingley, 1906, p.15):
• 2. Cette prodigieuse disparité entre la fonction surhumaine qu'on propose à la France et l'organisation proprement mécanique inhérente à la démocratie réalise tous ses effets dans les contrastes qui surgissent entre la moralité éthérée du programme idéal et la rare immoralité de la conduite effective.
MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p.XXXI.
b) Caractère de celui qui agit conformément aux principes, à l'idéal de la conduite; cour. valeur d'une personne du point de vue moral. Grande, haute moralité; moralité douteuse, inattaquable, irréprochable, raffinée, rigide; être sûr de, veiller sur la moralité de qqn. J'étais bien embarrassée pour faire un bon choix. Vous comprenez, il faut un homme d'une moralité parfaite, avec toutes ces jeunes filles (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p.1003). La moralité, de nos jours, est si relâchée qu'il semble que l'on doive complimenter les gens dès que simplement ils font leur devoir (GIDE, Journal, 1938, p.1300):
• 3. La morale, aujourd'hui, dira la voix du plus grand nombre, n'appartient en propre ni au catholicisme, ni aux doctrines protestantes; un musulman, un païen peut être aussi élevé en moralité que l'ermite le plus austère.
GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1843, p.51.
— [Sans compl. prép. ni adj. déterminatif] Sens moral, conscience morale. N'avoir aucune moralité; manquer de moralité. Je ne suis pas de ces promeneurs sans moralité qui se figurent qu'il n'y a qu'une manière de s'intéresser à une femme (JANIN, Âne mort, 1829, p.31). Rougon s'est absolument compromis pour elle, dans cette affaire Martineau. Il a fait preuve là de bien peu de moralité (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.159):
• 4. Il y a du Condé et des Nassau dans cet autre portrait qui me regarde: Eugène de Savoie; très longue figure arquée, fine, intelligente, grand air de distinction, de commandement. La solennelle perruque à la Louis XIV ne lui va pas trop bien. En résumé, nulle aménité, nulle moralité. Ce n'est qu'une intelligence.
MICHELET, Chemins Europe, 1874, p.370.
♦Loc. Subst. + de moralité. On me demande la date précise de l'envoi, le bulletin, etc. J'ai vu le moment où on allait exiger de moi un certificat de moralité! (FLAUB., Corresp., 1865, p.190). Le tribunal a entendu plusieurs témoins de moralité (DAVAU-COHEN 1972).
— En partic. [Concernant une collectivité] Moralité bourgeoise. La moralité américaine me semble d'une abominable vulgarité (STENDHAL, L. Leuwen, t.1, 1835, p.114). Tout est important: les finances, la moralité publique, la politique extérieure, l'approvisionnement de l'armée et les lois agraires! (CAMUS, Caligula, 1944, I, 7, p.21):
• 5. La IVe République française (...) abolira toutes les coalitions d'intérêts ou de privilèges, dont on n'a que trop vu comment elles la mettaient en péril, introduisaient dans son sein les jeux de l'étranger, dégradaient la moralité civique et s'opposaient au progrès social.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.515.
B. — P. méton.
1. Vieilli, littér. Réflexion morale. L'auteur [l'évêque de Clermont] y montre [dans Le Petit carême], sans doute, une grande connoissance du coeur humain, des vues fines sur les vices des cours, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.119). Le recueil des moralités qui commence à Confucius est un abrégé des principes des religions (VIGNY, Journ. poète, 1834, p.1013).
2. Leçon morale, exprimée ou implicite, proposée par une oeuvre; enseignement moral que l'on peut tirer d'un événement, d'un fait, d'un comportement. Synon. morale. On trouve toujours ce qu'on ne cherche pas (...). Ce sera la moralité de cette aventure (BALZAC, Ét. femme, 1830, p.385). Si le lecteur ne tire pas d'un livre la moralité qui doit s'y trouver, c'est que le lecteur est un imbécile ou que le livre est faux au point de vue de l'exactitude (FLAUB., Corresp., 1876, p.285). Il évoquait des souvenirs, racontait des anecdotes, en tirait une moralité piquante et profonde (SARTRE, Nausée, 1938, p.116):
• 6. Mes Dames de village sont parues hier. On n'a pas gardé les italiques qui enveloppaient plus doucement le texte et lui gardaient un air de poème. Écrit ainsi en romaine, il a l'air d'un mauvais conte et je ne le relis pas sans agacement. Moralité: écrire des contes qui ne soient pas des poèmes.
ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1910, p.221.
— En partic. [À propos d'une fable, d'un apologue, d'un conte] Conclusion morale. Je ne crois pas nécessaire, ainsi que l'exige M. de La Motte, de placer la moralité à la fin de mon apologue (FLORIAN, Fables, 1792, p.18). Léonard [de Vinci] assortit, comme il convient, à cette fable une moralité: «Ainsi de la bouche qui en disant son secret se met à la merci de l'auditeur indiscret» (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p.121).
3. THÉÂTRE. [Au Moy. Âge] Poème dramatique dont le sujet met en valeur des préceptes moraux. La littérature qui prétend à un fond de vérité, la comédie, la sotie, la satire, la moralité, fut faite par le peuple pour le peuple (BENDA, Fr. byz., 1945, p.177):
• 7. Il y avait (...) des moralités sans personnages allégoriques, paraboles assez simples, destinées à montrer en action un précepte moral: ainsi l'histoire du Mauvais riche et du Ladre, celle de L'Enfant prodigue...
SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p.201.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1180 par moralite «en vue d'un enseignement» (MARIE DE FRANCE, Fables, Prol. 7 ds T.-L.); 2. XIIIe s. «sens moral qu'un auteur ou son lecteur tire d'une oeuvre littéraire» (Isopet de Lyon, 51, ibid.); 3. 1426 «pièce de théâtre représentant une action à l'aide de personnages allégoriques» (Moralité du jour Saint-Antoine, titre de la Moralité, copiée en 1433 dans le ms. B.N. 25547, éd. A. et R. Bossuat). II. 1. Ca 1270 «caractère moral, valeur au point de vue éthique» (BRUNET LATIN, Li Livres dou Tresor, II, 8, éd. F. J. Carmody, p.181); 1865 certificat de moralité (FLAUB., loc. cit.); 2. 1601 «valeur positive ou négative que présente la façon d'être d'une personne, selon qu'elle est conforme ou non aux exigences de la morale» (P. CHARRON, De La sagesse, I, 35 ds LITTRÉ); 3. 1759 «rapport d'une chose, d'un acte avec les règles de la morale» (RICH.). Empr. au lat. tardif moralitas «caractère, caractéristique». Fréq. abs. littér.:933. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1504, b) 1214; XXe s.: a) 1448, b) 1161. Bbg. UNDHAGEN (L.). Morale et les autres lexèmes formés sur le rad. moral-. Lund, 1975, pp.50-55, 149-158.
moralité [mɔʀalite] n. f.
ÉTYM. XIIe; du bas lat. moralitas, du lat. class. moralis. → Moral.
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1 Caractère moral, valeur au point de vue éthique. ⇒ Mérite. || Moralité d'une action, d'une attitude, d'un comportement… — Absolt. Valeur morale positive. || Moralité ou immoralité (cit. 8) d'une œuvre.
1 Toute la moralité de nos actions est dans le jugement que nous en portons nous-mêmes. S'il est vrai que le bien soit bien, il doit l'être au fond de nos cœurs, comme dans nos œuvres, et le premier prix de la justice est de sentir qu'on la pratique.
Rousseau, Émile, IV.
2 (…) la moralité de l'artiste est dans la force et la vérité de sa peinture. En peignant la réalité, en lui infiltrant, en lui insufflant la vie, il a été assez moral : il a été vrai.
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, Introd.
2 (Personnes). Plus cour. Attitude, conduite ou valeur morale. || Faire une enquête sur la moralité de qqn (→ Explorateur, cit. 2). || Personne d'une moralité irréprochable (cit. 5), de haute moralité (→ Indigne, cit. 17). || Niveau, abaissement, élévation de la moralité de qqn. || La moralité de son fils l'inquiète. ⇒ Mentalité (cit. 4).
3 Il n'est pas gentilhomme : mais c'est un de ces hommes ordinaires, à vertus positives, d'une moralité sûre, qui plaisent aux parents.
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 493.
♦ Moralité publique, de l'ensemble des citoyens.
3.1 chronique de la moralité privée I Je ne parlerai pas de la moralité publique, parce qu'il n'y en a pas.
Gide, le Prométhée mal enchaîné, in Romans, Pl., p. 304.
4 Ne pensez-vous pas que le régime des assurances contribue, pour une bonne part, à l'abaissement de la moralité publique ?
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XIII.
♦ Absolt. Sens moral (⇒ Conscience); vie conforme aux préceptes de la morale. ⇒ Honnêteté. || N'avoir aucune moralité. || Témoins de moralité. || Certificat de moralité, de bonnes vie et mœurs.
5 Dès les premiers jours de son arrivée à Paris, il est tombé dans la dépendance d'un jeune homme sans moralité, mais dont l'adresse et l'expérience au milieu des difficultés de la vie littéraire l'ont ébloui. Ce prestidigitateur a complètement séduit Lucien (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 906.
♦ Spécialt. Mise en pratique de la morale (I., 3.), « croyances et pratiques morales effectives d'une société » (Cuvillier). || Pour des raisons de moralité… (→ Existence, cit. 12).
3 (XIIIe; seul sens courant au XVIIe). || Une, des moralités. Réflexion morale (⇒ Morale, II.; maxime, sentence). || Il y a de belles moralités à tirer de cette histoire (Académie). || La satire de Pétrone est un mélange… de moralités et d'ordures (→ Bon, cit. 132). || De sottes moralités (→ Importuner, cit. 1). Enseignement que l'on peut tirer d'un événement, d'un récit, sur le plan moral. || La moralité d'une fable. ⇒ Affabulation, conclusion, enseignement, morale.
6 Une fable avait cours parmi l'antiquité,
Et la raison ne m'en est pas connue.
Que le lecteur en tire une moralité.
La Fontaine, Fables, IV, 12.
4 (XVe). Hist. littér. Courte pièce de théâtre médiévale, à intention édifiante, recourant souvent aux allégories.
7 La moralité remplit tout l'espace qui sépare le mystère de la sottie et de la farce (…) elle est souvent attendrissante, et parfois pathétique : c'est vraiment ce que nous appelons le drame, avec toute la variété de tons (…) que ce mot comporte, avec la variété de sujets, qui tantôt sont historiques, tantôt légendaires, tantôt de pure imagination, et tantôt d'origine religieuse. Mais dans ce dernier cas, le caractère pieux disparaît devant l'intention morale.
Gustave Lanson, Hist. de la littérature franç., p. 214.
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CONTR. Amoralité, immoralité.
Encyclopédie Universelle. 2012.