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merci

merci [ mɛrsi ] n. f. et m.
mercit v. 880; lat. merces, edis « prix, salaire, récompense », et en lat. tardif « faveur, grâce »
I N. f.
1Vx grâce, pitié. Avoir merci de qqn. « ils me réduiraient à crier merci » (Rousseau),à demander grâce. — Mod. Lutte sans merci. acharné, impitoyable. « une bataille sans trêve et sans merci » (R. Rolland).
Loc. adv. (cf. a. fr. la merci Dieu, merci Dieu) D IEU MERCI : grâce à Dieu, heureusement. Dieu merci, il s'en est bien tiré. « Elles ne se portaient pas mal, Dieu merci ! » (Zola).
2Loc. prép. À LA MERCI DE : dans une situation où l'on dépend entièrement de (qqn, qqch.). « L'esprit est à la merci du corps comme sont les aveugles à la merci des voyants » (Valéry). Tenir qqn à sa merci. Je suis à votre merci. Ellipt Être taillable et corvéable à merci. Fig. Dans une situation où l'on est entièrement exposé aux effets (d'une chose). Votre destinée « est à la merci d'un faux pas, d'une décision hâtive » (Bernanos).
II N. m. (1533 un grand merci; masc. par erreur sur le genre de grand dans cette expr.)
1Remerciement. « le froid merci qu'une femme accorde à son valet » (Balzac). Mille mercis. Je vous dois un grand merci.
2Terme de politesse dont on use pour remercier. Merci mille fois. Tu diras merci à ta mère. Fam. Merci beaucoup, merci bien. « Merci pour cette bonne promesse » (Dumas fils). Merci pour tout. « merci de votre adhésion » (Romains). « merci d'être venue » (Bourget). Merci qui ? Merci mon chien ! Merci madame. Merci à vous. Iron. « Ah bien ! merci, elle était jolie, la noce ! » (Zola). Merci du compliment ! Merci de bien vouloir répondre dans les plus brefs délais (demande écrite).
3Formule de politesse accompagnant un refus. Non, merci. Merci, je ne fume pas. Sans façon, merci. Merci bien, très peu pour moi.

merci nom masculin (latin merces, -edis, salaire) Terme de politesse dont on use pour remercier (accompagné parfois de grand, mille) : Merci de vous êtes dérangé. Mille mercis pour votre aide. Parole de remerciement : Dire un grand merci. Terme de politesse accompagnant un refus : Merci, non merci, je n'ai plus faim. Marque la négation, la dénégation (souvent renforcé par bien) : Y aller ? Merci bien, après tout ce qu'il m'a fait !merci (difficultés) nom masculin (latin merces, -edis, salaire) Sens et genre Ne pas confondre merci, nom masculin, et merci, nom féminin. 1. Merci = remerciement, est masculin. Je vous dois un grand merci. 2. Merci = pitié, grâce, est féminin. Être à la merci de qqn, tenir qqn à sa merci, n'espérer aucune merci des vainqueurs. Construction 1. Merci de, merci pour (+ nom) : merci de votre visite, merci pour votre cadeau. (Le nom désignant ce qui fait l'objet du remerciement est introduit par de ou par pour.) 2. Merci à (+ nom ou pronom) : merci à vous tous ; un grand merci à vos amis. (Le nom ou le pronom désignant la personne à qui est destiné le remerciement est introduit par à.) 3. Merci de (+ infinitif) : merci d'être venu. (L'infinitif est toujours introduit par de.) ● merci (homonymes) nom masculin (latin merces, -edis, salaire) merci nom fémininmerci nom féminin Littéraire. Demander merci, se reconnaître vaincu, demander grâce. Dieu merci !, grâce à Dieu, heureusement. Être à la merci de, être sous la dépendance de quelqu'un, soumis à l'action de quelque chose. Sans merci, sans pitié. Tenir quelqu'un à sa merci, le tenir dans une dépendance totale. ● merci (difficultés) nom féminin Sens et genre Ne pas confondre merci, nom masculin, et merci, nom féminin. 1. Merci = remerciement, est masculin. Je vous dois un grand merci. 2. Merci = pitié, grâce, est féminin. Être à la merci de qqn, tenir qqn à sa merci, n'espérer aucune merci des vainqueurs. Construction 1. Merci de, merci pour (+ nom) : merci de votre visite, merci pour votre cadeau. (Le nom désignant ce qui fait l'objet du remerciement est introduit par de ou par pour.) 2. Merci à (+ nom ou pronom) : merci à vous tous ; un grand merci à vos amis. (Le nom ou le pronom désignant la personne à qui est destiné le remerciement est introduit par à.) 3. Merci de (+ infinitif) : merci d'être venu. (L'infinitif est toujours introduit par de.) ● merci (expressions) nom féminin Littéraire. Demander merci, se reconnaître vaincu, demander grâce. Dieu merci !, grâce à Dieu, heureusement. Être à la merci de, être sous la dépendance de quelqu'un, soumis à l'action de quelque chose. Sans merci, sans pitié. Tenir quelqu'un à sa merci, le tenir dans une dépendance totale. ● merci (homonymes) nom féminin merci nom masculin

merci
n.
rI./r n. f.
d1./d Vx Miséricorde, grâce, pitié. Demander, crier merci.
|| Mod. Une lutte sans merci, sans pitié, acharnée.
d2./d Loc. Prép. être à la merci de qqn, être entièrement dépendant de lui, livré à son bon vouloir.
|| Fig. Vous êtes à la merci du moindre imprévu.
|| Loc. adv. Dieu merci: grâce à Dieu.
rII./r n. m.
d1./d Formule de remerciement. Merci beaucoup. Dire merci.
d2./d Remerciement. Voilà le seul merci que j'aie reçu pour tous mes efforts!
d3./d Formule de politesse servant à décliner les offres de qqn. Prenez-vous du café? Non, merci.

⇒MERCI, subst. et interj.
I.Subst. fém.
A.Littér., vx. Grâce que quelqu'un accorde à quelqu'un d'autre. Synon. miséricorde. Implorer la merci du vainqueur; accorder sa merci. Vous me criez merci, d'avance je l'accorde, Sans demander pourquoi vous voulez ce pardon; Et puis vous hésitez? (DUMAS père, Christine, 1830, II, 1, p.223). S'adressant à la merci du roi, elle [la noblesse] le supplie de lui accorder des exemptions, des pensions (MÉRIMÉE, Don Pèdre Ier, 1848, p.72):
1. Hélas! voici bientôt que l'ultime des heures
Sonnera le dernier glas sur nos demeures;
Nulle rémission, ni délai, ni merci.
LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p.88.
Au fig. Le commerce [après la révolution de février] criait merci; l'ouvrier était sans travail (PROUDHON, Confess. révol., 1849, p.143).
Locutions
Merci de moi! Merci de ma vie (vx, pop.). [S'emploie pour exprimer son indignation, sa colère] Mariquita: Me prenez-vous pour une sorcière? Antonio: Vous le dites. Mariquita: Merci de moi! (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p.143).
Recevoir, prendre (qqn) à merci (vieilli). Faire grâce (à quelqu'un). Ah! Je voudrais, pour être reçue à merci, réparer tout le mal que j'ai fait (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.398):
2. Une esquisse y représentait l'empereur Henri IV à genoux dans la neige, et attendant que le pape Hildebrand fît ouvrir la porte du château de Canossa pour le recevoir à merci.
ADAM, Enf. Aust., 1902, p.436.
Faire merci (à qqn) (vx). Témoigner de sa miséricorde (envers quelqu'un). Ouvrez donc à de pauvres pèlerins qui mourront à votre porte si vous ne leur faites merci (SAND, Mare au diable, 1846, p.177).
Sans merci (usuel). Sans pitié. Lutte sans merci. Le jugement de nos contemporains sur Guillaume Tell (...) c'est l'indifférence. L'indifférence absolue (...) sans merci (P. LALO, Mus., 1899, p.116).
HIST. Merci de Dieu. Poignard (d'apr. Ac. Compl. 1842). Synon. miséricorde.
B. — État de dépendance vis-à-vis de quelqu'un à qui l'on demande grâce.
Locutions
(Être) à la merci de qqn. Être dans une dépendance totale vis-à-vis de quelqu'un. Il ne s'agit pas (...) d'accepter la victoire de Franco, avec la trouille pendant vingt ans, à la merci d'une dénonciation de la putain, de la voisine ou du curé (MALRAUX, Espoir, 1937, p.658).
P. anal. (Être) à la merci de qqc. (Être) dans un état de dépendance extrême vis-à-vis de quelque chose. Être à la merci des flots, à la merci de l'orage (Ac.).
Avoir, tenir (qqn) à sa merci. Avoir, tenir (quelqu'un) sous sa dépendance. Louis XI s'était tiré du plus mauvais pas de sa vie. Mais pourquoi Charles le Téméraire l'avait-il laissé partir quand il le tenait à sa merci? (BAINVILLE, Hist. Fr., t.1, 1924, p.130).
Avoir, tenir à merci (littér.). Même sens. N'est-ce pas plutôt une espèce de comédie amoureuse, imposée par le mari à sa femme pour avoir à merci une âme honnête et jeune (...)? (GONCOURT, Journal, 1880, p.75). Cette fille d'habitude si humble, qu'il croyait dépourvue de toute sorte d'amour-propre, cette fille que le premier venu pouvait tenir à merci, voilà qu'elle rugissait! (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p.239).
Se rendre à merci (littér.). Capituler. Tandis que si ma mère (...) levait tant seulement un doigt, je me rendais tout de suite à merci (FABRE, Barnabé, 1875, p.163). À la guerre un papillon au chapeau était signe qu'on se rendait à merci ou qu'on avait un sauf-conduit (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p.298).
Taillable et corvéable à merci (et miséricorde) et var. Qu'on peut exploiter sans vergogne. Le gouvernement (...) taille à merci et miséricorde le peuple extra-officiel (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p.299). V. congéable ex. 1:
3. Il semble admettre que les poëtes, chansonniers et diseurs de bons mots, sont gent bâtonnable à merci et miséricorde.
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, 1864, p.37.
II.Interj. et subst. masc.
A. —[S'emploie pour signifier à qqn qu'on le remercie, qu'on apprécie l'attitude, le comportement qu'il a envers vous] — Bon voyage, Gustave, a dit Nègre en haussant la main. — Merci! Toi de même, a fait le boucher (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.143). Mme Dandillot parut et, s'adressant à son mari: — Je suis venue voir si vous n'aviez besoin de rien. — Mais non, merci (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p.1181):
4. L'employé (...) prit (...) un paquet de pièces enfermées dans une chemise bleue, et le présentant: «Voici, monsieur Lesable, vous n'ignorez pas que le chef a enlevé hier trois dépêches dans ce dossier? — Oui. Je les ai, merci
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p.466.
Loc. Grand merci, merci beaucoup, merci bien. [Même emploi] Elle retournait à ses affaires, bourdonnant très-distinctement: «Adieu, madame, et grand merci.» (MICHELET, Insecte, 1857, p.325). Mais Pauline, sans répondre, congédiait les enfants, qui s'en allaient en traînant leurs savates, avec des «merci bien!» et des «Dieu vous le rende!» (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p.901).
En partic. [S'emploie pour signifier à qqn qu'on accepte l'offre qu'il vous a faite, qu'on apprécie qu'il vous l'ait faite] — Un whisky? — Volontiers. — Cigarette? — Merci. — Je vais mettre un disque (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.313).
Plus fréq. [S'emploie pour signifier à qqn qu'on refuse l'offre qu'il vous a faite tout en appréciant qu'il vous l'ait faite] Quand elles disaient: «Ce petit enfant est si mignon!...» il leur offrait d'en faire à chacune un plus mignon encore. — Grand merci! répondaient-elles en riant (A. FRANCE, Puits Ste Claire, 1895, p.117). — On prend un verre ensemble? proposa Pierrot. — Merci. J'ai mal au foie, et le vichy-fraise me débecte (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.212).
[Avec un compl. introd. par de ou pour indiquant l'objet du remerciement] Merci pour ton aide; merci de l'avoir dit. À bientôt. Henri. Merci de tes lettres quotidiennes (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p.144).
Rem. ,,Devant un infinitif, si l'on a pu citer quelque exemple de pour, c'est de qui est d'usage`` (HANSE Nouv. 1983).
[Avec un compl. introd. par pour indiquant la pers., autre que le locuteur, qui remercie] Madeleine: Hum! parlons d'autre chose. (Haut.) Comment va votre ami Lignières? Soubrian: Pas mal. Merci pour lui (BATAILLE, Maman Colibri, 1904, IV, 1, p.27).
[Avec un compl. introd. par à indiquant le destinataire du remerciement autre que l'interlocuteur] Merci à maman pour sa lettre de l'autre jour (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière] 1909, p.124).
B.Subst. masc. Le mot «merci». Partir sans un merci [sans un «merci», sans avoir dit «merci»]. Cela vaut bien un grand merci (Ac. 1798-1878). Alors, pendant qu'une ouvrière l'alléchait [l'enfant] avec un morceau de sucre, la femme s'en fut doucement, la tête baissée, bégayant des mercis, avalant ses larmes (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.170). Un soir, Jonas ajouta un merci à son salut. «Pourquoi merci? — Parce que tu m'aimes. — Grande nouvelle!» dit Rateau et il partit (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p.1651).
Loc. Un grand merci, mille mercis. Mille tendres mercis pour votre bonne lettre (BALZAC, Corresp., 1838, p.437).
[En position de déterminant d'un subst. d'action] Rare. Bellah releva son front pâle (...) adressa au ciel un dernier regard de merci, et tendit sa main tremblante à l'anneau (FEUILLET, Bellah, 1850, p.310).
P. méton. Paroles dont l'énonciation sert à remercier. Synon. remerciement. Je vide ma bourse dans la menotte (...). Un regard étonné m'arrive à travers l'étamine épaisse du tcharchaf, et le merci prend une forme que je n'attendais pas, et qui me trouble: «Soyez heureux par l'amour de celle à qui vous pensez...» (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.315).
C.Par antiphrase. [S'emploie pour signifier ironiquement à qqn qu'on n'apprécie pas l'attitude,le comportement qu'il a envers vous] — Vous êtes folle! murmura Fernand. — Merci du compliment, mon ami (PONSON DU TERR., Rocambole, t.2, 1859, p.440). Vous me chargez là d'une agréable mission: grand merci (Ac. 1935):
5. ... Thomas, d'une voix calme, proposa des solutions pacifiques: faire garder la mère par une vieille de l'île; pour que la vieille emporte la maison? pour que les deux femmes se prennent aux cheveux? — Confier la mère à un couvent d'Audierne; merci bien! pour payer une pension? et avec quoi?
QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.185.
En partic., fam. et p. iron. Merci du peu (devant quelque chose d'excessif).
III.Dieu merci, loc. adv. [Marque qu'une appréciation positive d'un fait asserté (ou qui va l'être) s'impose au locuteur]
A. — [En tête de prop.] Tu as peut-être appris par les journaux qu'un de mes enfants, mon pauvre gros Charlot, avait été malade du choléra. Dieu merci! nous l'avons sauvé (HUGO, Corresp., 1832, p.506). Il vivait dans une saleté honteuse. Dieu merci, je lui soigne pourtant assez son linge! (RENARD, Journal, 1897, p.409).
[Dans un discours rapporté] Elle rentra dans la pièce voisine, laissant Hortense murmurer que, Dieu merci! elle ne demandait l'approbation de personne, et qu'il y aurait bien du monde d'attrapé, lorsqu'on la verrait, un jour, se marier mieux que les autres (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.155).
B. — [En fin de prop.] Nous avons donc réuni douze orphelins pourvus de solides cordes vocales et nous nous sommes réfugiés dans l'aile droite. Ferbroques est vaste, Dieu merci! (ANOUILH, Répét., 1950, I, p.19).
En partic. [La prop. est une réplique de l'interlocuteur ou une reprise de celle-ci] — Eh bien (...)? Le père Christel va toujours bien? — Oh! oui, monsieur, Dieu merci, fit la petite, il va toujours bien (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.29):
6. CONSTANT: Ah! soyons justes... Pauline voulait d'abord régler la chose directement. C'est nous qui avons consulté Liégeois. GABRIELLE: Dieu merci! Tu allais te faire rouler une fois de plus! CONSTANT: En effet! Sans toi je me laissais tondre...
BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 1, p.5.
C. — [En incise] Et pourquoi Dieu aurait-il mis des hommes sur nos têtes, si ce n'est afin qu'on leur obéisse? Nous vivons, Dieu merci, dans un royaume où le subalterne reste toujours à sa place (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p.1033).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694-1762: grand merci; dep. 1798: merci. Étymol. et Hist. A. 1. a) 881 mercit «grâce, miséricorde, pitié» (Eulalie, 27 ds HENRY Chrestomathie, p.3); 2e moitié Xes. merci (St Léger, 183, ibid., p.12); b) ca 1135 crïer merci «demander grâce» (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 2206); 1160 querre merci (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3616); 1176-81 demander merci (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 899); mil. XIIIe s. recevoir aucun a merci «grâcier quelqu'un» (J.DE THUIN, Jules César, 78, 13 ds T.-L.); c) 1181-90 sanz merci «sans pitié» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 8119); d) ca 1200 «faveur qu'un amoureux obtient de la femme qu'il aime» (CHATELAIN DE COUCY, Chansons, éd. A. Lerond, XVI, 45); ca 1462 le don de mercy «les dernières faveurs d'une dame» (Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F.P. Sweetser, LIV, 25); 1666 le don d'amoureuse merci (LA FONTAINE, Contes et Nouvelles ds Œuvres, éd. H. Regnier, t.4, p.267); e) ca 1100 Dieu mercit «comme le veut Dieu» (Roland, éd. J. Bédier, 1250); 1666-67 merci de moi (LA FONTAINE, op. cit., p.305); 1669 merci de ma vie (MOLIÈRE, Tartuffe, I, 1); f) 1840 merci de Dieu «poignard qu'on a aussi nommé miséricorde» (Ac. Compl. 1842); 2. a) 1165-70 estre en la merci d'aucun «à la discrétion de» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1008); 1538 à la merci de (EST., s.v. dedere); 1559 estre exposé à la merci de qqc. (p. ex. de la fortune) (AMYOT, Vies des hommes illustres, Romulus, t. 1, f° 15 r°); 1608 à la merci de qqc. (p. ex. du vent) «(être livré) à l'action de, aux effets de» (RÉGNIER, Satyres, VII ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p.78, 158); b) 1283 rachat à merci «payé à la volonté du seigneur» (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis ds LA CURNE); 1636 à merci «à discrétion, à volonté» (MONET). B. a) Ca 1135 granz merciz «remerciement, interjection pour remercier» (Couronnement Louis, éd. citée, rédaction AB, 148); 1539 masc. (MAROT, Epigrammes, éd. C. A. Mayer, p.322); b) ca 1160 fém. «remerciement» (Eneas, éd. citée, 1701); 1874 merci du peu! (Lar. 19e). Du lat. mercedem, acc. de merces «salaire, récompense, solde, intérêt, rapport» et, à basse époque, «prix, faveur, grâce qu'on accorde à quelqu'un en l'épargnant». Fréq. abs. littér.: 4612. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 3747, b) 9557; XXe s.: a) 8092, b) 6428. Bbg. ANSCOMBRE (J. Cl.). Voulez-vous dériver avec moi? Communications. 1980, n° 32, pp.117-118. — CORNULIER (B. de). La Notion de dér. délocutive. R. Ling. rom. 1976, t. 40, p.116, 119. — DUCROT (O.). Analyses pragmatiques. Communications. 1980, n°32, pp.52-53.

merci [mɛʀsi] n. f. et m.
ÉTYM. Fin XIe; mercit, v. 880; lat. merces, accusatif mercedem « salaire », d'où « prix », et lat. tardif « faveur », puis « grâce ».
———
I N. f.
1 Vx ou littér. Grâce, miséricorde, pitié. || Implorer la merci du vainqueur ( Quartier).
Loc. Crier (cit. 30), demander merci.Homme sans merci. Impitoyable. || La Belle Dame sans merci (1424), poème d'Alain Chartier.Spécialt. || Don d'amoureuse merci, les dernières faveurs qu'accorde une femme (cf. La Fontaine, Contes, Oraison).
1 Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci.
Villon, Épitaphe.
2 Sa merci n'est pas franche et sa haine est tenace;
Rarement il oublie et jamais ne menace,
D'autant plus rancunier que les torts sont anciens.
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Romance de Don Fadrique ».
Mod. Sans merci : sans pitié.Bataille (cit. 17), lutte sans merci, livrée avec acharnement, sans la moindre pitié pour l'adversaire.
3 (…) La Fontaine, d'un trait sûr et sans merci, qui vibre comme une flèche se fichant au but, nous dit en trois mots tout ce qu'il faut dire.
André Siegfried, La Fontaine…, p. 62.
3.1 Tante Eugénie, tellement tellement vieille qu'elle en est laide de partout (…) Line et moi la regardons sans merci et avec une vilaine curiosité. Je n'ai presque pas de pitié en moi; la vieillesse me fait peur;
B. et F. Groult, Journal à quatre mains, p. 176.
(1669). Vx. Merci de moi ! (→ Assouvir, cit. 1), merci de ma vie !, loc. exclamatives marquant la surprise, l'impatience, la colère.
4 Hé ! merci de ma vie, il en irait bien mieux,
Si tout se gouvernait par ses ordres pieux.
Molière, Tartuffe, I, 1.
2 À la merci de…, loc. prép. (1538). || Être à la merci de qqn, être dans une situation où l'on dépend entièrement de sa volonté, de son bon plaisir, de ses caprices. Dépendance (sous la), discrétion (à la). || Être à la merci du premier venu (→ Coiffer, cit. 19; éviter, cit. 28). || Naïf qui tombe à la merci d'un escroc (→ Sous la patte). — ☑ À ma, ta, sa… merci. || Tenir qqn à sa merci (→ Gaucherie, cit. 2; inhibition, cit. 3). || Que votre élève sache qu'il est à votre merci (→ Fort, cit. 34, Rousseau).
5 (Antiochus) Me laisse à la merci d'une foule inconnue.
Racine, Bérénice, I, 4.
6 Le vieillard passionné qui s'est livré, pieds et poings liés, aux caprices, à la merci d'une jeune folle, dit depuis le matin jusqu'au soir : Où est ma bonne, ma vieille gouvernante ?
Diderot, Regrets sur ma vieille robe de chambre.
7 (…) pauvre novice d'un humble bateau de commerce, sans liberté, sans argent, quels projets pouvait-il bien faire ? À la merci absolue de l'homme sombre qui commandait, il ne pouvait rien dire ni rien promettre.
Loti, Matelot, XII.
8 L'esprit est à la merci du corps comme sont les aveugles à la merci des voyants qui les assistent.
Valéry, Suite, p. 171.
Ellipt.Serfs taillables et corvéables à merci (pour : à la merci du seigneur).
8.1 Il fut éveillé à Valence par de tristes êtres qui poussaient devant eux une vieille chose; à l'habit de Gustin ils le jugeaient corvéable à merci et comptaient sur lui pour qu'il fit place à la chose emmitouflée.
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 28.
(Mil. XVIe). Fig. Dans une situation où l'on est entièrement exposé aux effets (d'une chose). || Être à la merci de ses passions.Navires à la merci du vent (→ Écueil, cit. 3).Bonheurs menacés, à la merci de la fortune (→ Fragilité, cit. 6).
9 Notre sagesse n'est pas moins à la merci de la fortune que nos biens.
La Rochefoucauld, Maximes, 323.
10 Les brusqueries de l'Océan sont obscures. Elles sont le perpétuel peut-être. Quand on est à leur merci, on ne peut ni espérer ni désespérer.
Hugo, l'Homme qui rit, I, II, XV.
Être à la merci d'un incident (cit. 6), des influences (cit. 6), des microbes (→ Arrosement, cit. 3; assaut, cit. 12; fort, cit. 11).Sa vie privée est à la merci d'une indiscrétion (cit. 13).
11 (…) alors que sa santé fort ébranlée laissait son cœur à la merci d'une trop forte surprise.
Gide, Et nunc manet in te, p. 44.
12 Votre destinée, à laquelle tant d'autres destinées sont liées sans doute, cela est à la merci d'un faux pas, d'un abus même involontaire de la grâce, d'une décision hâtive, d'une incertitude, d'une équivoque.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, I, III.
3 Loc. adv. (1080; cf. en anc. franç. la merci Dieu, merci Dieu). Dieu merci : grâce à Dieu (→ 1. Fin, cit. 17; fois, cit. 20; grand, cit. 59).Je ne le vois pas souvent, Dieu merci !
12.1 Dieu merci, depuis trois ans que je suis avec Pierre, j'ai oublié ce que c'est qu'un ennui.
Colette, Mitsou, I.
———
II N. m. (1533, un grand merci; masc. par erreur). « Grand étant invariable en genre au moyen âge, on disait une grand merci, comme on disait une grand mère. Quand grand eut pris la forme grande au féminin, comme on continuait à dire grand merci dans la locution figée, on crut rendre toutes choses régulières en disant un grand merci… » (Grevisse, le Bon Usage, no 259).
1 (V. 1131). Remerciement. || Dites-lui un grand merci, mille mercis de ma part.
13 Si je volais d'un bout du salon à l'autre pour lui ramasser son mouchoir, elle ne me disait que le froid merci qu'une femme accorde à son valet.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 782.
2 (V. 1160). Terme de politesse dont on use pour remercier. || Dire merci. || Il me dit : merci ! (→ Ingrat, cit. 7). || Grand merci. || Merci mille fois, mille fois merci, et, fam., merci beaucoup, merci bien.Merci de (ou pour) votre visite. || Merci de tout (mon) cœur pour cette photo (→ Instantané, cit. 3).(Avec un inf.). || Merci de m'avoir longuement écrit.
14 … Seigneur, bonsoir, et grand merci.
Molière, l'Étourdi, III, 8.
15 Merci pour cette bonne promesse.
Dumas fils, le Fils naturel, Prologue, VI.
16 Enfant rieuse au penser grave,
À qui tout mon cœur dit : Merci !
Verlaine, la Bonne Chanson, XVIII.
17 Partez, et merci d'être venue… Allons, adieu; ne m'ôtez pas mon courage (…)
Paul Bourget, le Disciple, IV, VI.
18 À bientôt, cher monsieur Bernard, et merci de votre adhésion, dont je ne doutais pas.
J. Romains, Knock, II, 2.
Par antiphr. (Iron.). || Sortir avec lui ? Merci bien ! || Merci du compliment !
19 (…) Ah bien ! merci, elle était jolie, la noce !
Zola, l'Assommoir, t. I, III, p. 114.
3 (1897). Formule de politesse qui accompagne ou atténue un refus. || Encore un peu de café ?Non, merci.Une cigarette ? Merci, je ne fume pas.
20 Non, monsieur, merci. Je ne sens jamais la fatigue. Souffrez que je reste debout.
Cocteau, l'Aigle à deux têtes, I, 6.
Iron. || Non, merci ! non, merci ! non, merci !… (cf. E. Rostand, Cyrano, II, 8).
(1835). Fam. Merci oui ou merci non ?, formule par laquelle on demande à l'interlocuteur si son « merci » est un véritable refus.
COMP. Remercier.

Encyclopédie Universelle. 2012.