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CRÉTACÉ
CRÉTACÉ

Le nom «Crétacé», du latin creta , la craie, a été donné par Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy (1822) à l’ensemble lithologique qui, dans le bassin de Paris, comprend toute la série du Valanginien continental à la craie blanche sénonienne. Les étages ont été choisis en Europe, essentiellement en France et en Suisse; ils sont regroupés en deux ou trois ensembles, selon que certains événements peuvent justifier ou non l’individualisation d’un Crétacé moyen (ou Mésocrétacé).

La première définition du Crétacé est donc lithologique, mais d’autres caractères confirment l’unité de ce système, le dernier de l’ère secondaire, ou Mésozoïque (tabl. 1). Dans les bassins épicontinentaux, ses limites sont parfaitement nettes: il est toujours transgressif à la base et régressif au sommet. En revanche, dans la Mésogée, la sédimentation marine est continue. Sur les continents, l’hécatombe de nombreuses faunes est un bon critère de la limite Crétacé-Tertiaire.

À l’échelle du globe, il existe deux ensembles continentaux, l’un septentrional, l’autre méridional, mais ce dernier, le Gondwana, s’est compartimenté en continents séparés: l’Inde progresse vers le nord, Madagascar s’écarte de l’Afrique et, à la fin du Crétacé, l’Australie, toujours unie à la Nouvelle-Zélande et à la Tasmanie, se désolidarise de l’Antarctique. Mais l’événement le plus spectaculaire est l’expansion de l’Atlantique sud, qui, à partir d’un rift à la fin du Jurassique, devient un océan de 3 000 kilomètres de largeur à l’aurore des temps tertiaires. En revanche, si le Proto-Atlantique nord continue à s’élargir, il n’a pas encore établi sa jonction avec les mers arctiques, et les deux provinces – boréale et mésogéenne-atlantique – persistent au cours du Crétacé (fig. 1).

Une première transgression caractérise le Crétacé inférieur, puis, après une pose ou un recul, débute la plus générale des transgressions marines, la transgression cénomanienne .

Du point de vue tectonique, le Crétacé se situe entre deux drames orogéniques majeurs: la naissance des Névadides, d’une part, avec, en Europe, la phase néocimmérienne des Carpates; la naissance des Laramides, d’autre part, qui précède de peu les grands plissements alpins. Vers le milieu du Crétacé (115 Ma), une tectonique sensible affecte de nombreuses régions, mais les émersions sont peu importantes; en revanche, au Crétacé moyen, la Terre se fissure de toutes parts: fractionnement du continent «lémure» (Inde-Madagascar), grands fossés africains, naissance de l’Atlantique.

L’extension des mers chaudes et peu profondes provoque un enrichissement rapide de la vie. Foraminifères et Mollusques foisonnent, et les Poissons téléostéens envahissent les mers, ce qui fournit une nourriture abondante aux Vertébrés prédateurs.

Les changements constants des lignes de rivage conditionnent la vie sur les continents. L’événement essentiel est l’avènement des Angiospermes dont profitent les grands Reptiles herbivores.

À l’aube du Tertiaire, la disparition concomitante de grandes familles d’animaux appartenant à des groupes aussi différents que les Foraminifères, les Lamellibranches, les Céphalopodes et les Reptiles pose un problème sur lequel s’interrogent encore les chercheurs.

1. Stratigraphie, paléogéographie, tectonique

La localisation des stratotypes montre qu’ils ont été choisis en Europe et surtout en France (tabl. 2). L’histoire de la France constitue ainsi une excellente mise en place des principaux problèmes qui caractérisent cette époque: elle servira d’introduction à ce panorama des temps crétacés.

Le Crétacé en France

Dans les bassins sédimentaires, la transgression marine se fait en deux temps à partir de la Mésogée. Au Néocomien, la mer occupe le sud-est de la France, de la Franche-Comté à la Provence, ainsi que la zone nord-est pyrénéenne. Cette mer progresse en chenaux: celui du bassin de Paris est le plus vaste. Il y a continuité de la sédimentation marine dans le Languedoc, en Provence et dans toute la zone subalpine. C’est dans le Jura que la coupure est la plus nette. L’émersion y est très brève et soulignée par le seul faciès purbeckien , laguno-continental (Characées), équivalent de tout ou partie du Valanginien. Après un recul sensible au Barrémien se développe la grande transgression: la jonction se réalise avec la mer boréale par un bras de mer aptien, puis une vaste mer épicontinentale envahit le sud-ouest du bassin de Paris et communique avec la mer aquitaine au voisinage du seuil du Poitou: l’Atlantique nord s’est individualisé et restera un trait permanent de la «face de la Terre». En revanche, la mer pyrénéo-provençale n’est plus qu’un cul-de-sac, ouvert à l’ouest et séparé de la Mésogée, ce qui entraîne une diversification complexe des faciès.

Bassin de Paris

Le Crétacé supérieur déborde largement le chenal de la mer néocomienne, et l’importance des séries visibles est très variable selon les coupes: en bien des points, seul le Crétacé supérieur apparaît au-dessus des terrains hercyniens, et les beaux affleurements de Crétacé inférieur n’existent que dans l’Argonne, la Champagne humide, le pays de Bray et le Boulonnais.

Les faciès continentaux éocrétacés (Wealdien) sont moins épais que ceux du sud-est de l’Angleterre: connus dans le pays de Bray et le Boulonnais, ainsi que par de nombreux sondages, ils comprennent des sables, des graviers, des argiles, des lignites, souvent en poches dans le calcaire carbonifère.

La transgression atteint le pays de Bray à l’Hauterivien sous forme d’invasions brèves et rythmées qui intercalent des calcaires très fossilifères dans le faciès wealdien.

Au Barrémien, la mer recule jusqu’au sud-est de Chaumont, comme en témoigne le calcaire oolithique ferrugineux de Wassy (Haute-Marne), formation d’eau douce à Unios, Paludines et végétaux, qui repose sur des grès et argiles panachés lagunaires. Des argiles à Huîtres signalent un faciès néritique, général en milieu marin.

Le grand détroit vers la mer boréale s’amorce à l’Aptien: sables et argiles dans le Boulonnais, marnes et calcaires dans l’Aube et l’Yonne, argiles à Plicatules dans la Haute-Marne. Un basculement décale vers l’est le chenal à l’Aptien supérieur.

L’Albien s’étale largement: sables glauconieux et phosphatés dans le domaine épinéritique, argiles vertes ou noires du Gault partout ailleurs. La généralité des faciès détritiques, alimentés par de grands fleuves drainant les plates-formes continentales, implique une reprise d’érosion importante d’origine épirogénique ou tectonique (phase autrichienne) plutôt que climatique.

Dès le Cénomanien, la craie domine. C’est un faciès de mer épicontinentale plus chaude que la Méditerranée actuelle. Les éléments détritiques sont rares, provenant de continents très aplanis où la colonisation active par les Angiospermes a créé un tapis végétal continu, inhibiteur puissant de l’érosion.

Au Cénomanien, la craie est glauconieuse, encore sableuse à la base, plus marneuse là où elle succède en continuité à l’Albien. Au Turonien, c’est la craie marneuse sans silex, mais, sur les bords des bassins, sables et marnes dessinent une frange détritique, et, au voisinage du détroit du Poitou (Touraine, Maine, Anjou), une craie micacée (craie tuffeau), riche en Orbitolines et Rudistes, témoigne de la liaison avec l’Aquitaine. Au Sénonien, le bassin de Paris est le domaine de la craie blanche à silex, avec des faunes beaucoup plus affines des faunes d’Aquitaine.

Bassin d’Aquitaine

Le Crétacé supérieur transgresse largement à partir du bras de mer néocomien. Les faciès sont plus variés que ceux du bassin de Paris et, en général, plus néritiques. Des grès à Orbitolines, des calcaires argileux à Préalvéolines, des calcaires à Huîtres ou à Rudistes caractérisent le Cénomanien. Le Turonien est surtout représenté par des calcaires, parfois argileux, à Rudistes (Hippurites et Radiolites ), avec des Globotruncana dans les zones les plus fines (Dordogne). Au Coniacien, on observe des calcaires grumeleux, organogènes, à Échinides et Mollusques, avec des silex dans la partie supérieure. Le Santonien est surtout calcaire (Échinides, Rudistes, Huîtres), avec, en Dordogne, des Subalvéolines et les premières Orbitoïdes. Le Campanien fournit des calcaires argileux à Échinides (Echinocorys , Micraster ), Bélemnitelles et Foraminifères. Le Maastrichtien est plus détritique (prélude à l’émersion), avec des calcaires à Huîtres localement glauconieux ou dolomitiques.

Ensemble pyrénéo-provençal

Le Néocomien et le Barrémien sont représentés, dans le bras de mer nord-pyrénéen, à l’ouest par des séries néritiques et à l’est par des calcaires, avec un Barrémien sous faciès urgonien (cf. infra ), comme l’Aptien qui est transgressif. Des déformations semblent interrompre dès cette époque la liaison avec la Mésogée. À l’Albien se dépose une puissante série de marnes noires micacées et gréseuses, finement rythmées comme un flysch. De nombreux replis ne permettent pas une mesure correcte de l’épaisseur: on l’estime au minimum à 1 000 mètres. Un métamorphisme léger (à dipyre) affecte ces sédiments, mais il est difficile d’affirmer qu’il résulte des mouvements mésocrétacés plutôt que d’une phase alpine. Des roches ultrabasiques, les lherzolites, soulignent une zone de cassures ouvertes.

Au Crétacé supérieur, le golfe n’est plus ouvert que sur l’Atlantique, et la répartition des faciès de plus en plus profonds se fait d’est en ouest, des Corbières à la «fosse aturienne» où la sédimentation marine se continue dans le Tertiaire. Le Cénomanien est partout transgressif et souvent légèrement discordant. Les faciès continentaux ou deltaïques apparaissent dans l’Aube au début du Maastrichtien avec les «grès d’Alet». Plus à l’ouest, des faciès mixtes comportent des conglomérats cénomaniens (poudingue de Mendibelza), puis des calcaires à Orbitolines et Caprines. La fosse aturienne, accidentée de rides, contient plus de 4 000 mètres de sédiments calcaro-détritiques à faciès flysch, injectés de filons d’épisyénite.

En Provence, le Néocomien est marno-calcaire, et le Barrémien a le faciès urgonien (Orgon est en Vaucluse). L’Aptien comprend des calcaires à silex surmontés de marnes à Orbitolines. À l’Albien, un large bombement émerge temporairement entre les Maures et le Massif central (bombement durancien): c’est le lieu et l’époque de la mise en place des bauxites, sédiments souvent remaniés, de formations plus ou moins lointaines. Au début du Crétacé supérieur, l’agitation spasmodique de la région conduit à des faciès néritiques variés: des zones ou des périodes plus calmes permettent la formation de calcaires ou de marnes qui s’intercalent dans des sédiments détritiques. Le Campanien et le Maastrichtien sont saumâtres ou continentaux, et désignés par des noms de formations locales (Valdonien et Fuvélien avec des lignites, Bégudien et Rognacien). La fin du Crétacé est marquée par la disparition des œufs de Reptiles, souvent très abondants à la base du Vitrollien.

Alpes occidentales

La paléogéographie est celle du Jurassique et les principales zones sont les mêmes [cf. JURASSIQUE].

La lithologie et les faciès de la zone dauphinoise (fig. 2) sont commandés par l’existence d’un bassin transverse, la «fosse vocontienne» (les Voconces étaient une peuplade habitant la région de Vaison-la-Romaine). La sédimentation poursuit sans lacune celle du Jurassique dauphinois. Ce domaine vocontien est axé sur la vallée de la Drôme: il est limité au nord par le Vercors, au sud par le mont Ventoux. En raison de l’épaisseur considérable des dépôts et de leur nature, il s’agit d’un bassin peu profond, dans une zone instable, et non d’une mer de plusieurs milliers de mètres de profondeur.

Au Néocomien, la sédimentation est faite surtout d’alternances marnes-argiles; le Barrémien est plus calcaire avec des silex noirs. L’Aptien et l’Albien sont marneux avec des niveaux de grès glauconieux. Des glissements sous-marins sont soulignés, dans le Néocomien, par des slumpings spectaculaires et par des brèches intraformationnelles. Sur les bordures domine le faciès urgonien: calcaires blancs à Rudistes, Nérinées, Pectens, Échinides et Polypiers. Au nord, ces calcaires forment la grande corniche supérieure subalpine d’âge Barrémien-Aptien inférieur. À cette époque, les sédiments sont beaucoup plus épais sur les bordures (talus continental subsident) qu’au centre.

Au Crétacé supérieur, le bassin se réduit et c’est dans son axe que la sédimentation est la plus importante. Cette région (Diois et Baronnies) est émergée au Coniacien (grès fauves), et seul le Burdigalien y fera quelques incursions discrètes. Vers le nord-est, dans le Dévoluy, le Sénonien supérieur est présent, mais discordant sur tous les termes antérieurs jusqu’au Jurassique. Dans le Dauphiné, le Cénomanien est lenticulaire, le Turonien fait toujours défaut et le Sénonien est en général réduit aux «lauzes» maastrichtiennes: plusieurs centaines de mètres de calcaires lités à silex, karstifiés après l’émersion fini-crétacée.

La série de la zone briançonnaise est très condensée: quelques mètres de «marbres en plaquettes» rouges ou verts, planctoniques à Globotruncana , datés du Sénonien supérieur et reposant directement sur le Jurassique ou même sur le Trias. Parfois tout le Crétacé manque, mais ailleurs on connaît aussi des séries plus épaisses avec un Néocomien à Calpionelles.

Pour ce qui concerne, enfin, la zone piémontaise , il est probable que les calcschistes, qui fourniront par métamorphisme les «schistes lustrés», comportent une partie supérieure crétacée. Le Sénonien supérieur dépose une série épaisse, le «flysch à helminthoïdes», dont les surfaces de bancs portent les pistes en «hiéroglyphes» d’animaux inconnus. Ces flyschs de sillon interne se retrouvent sur les bordures de tout le domaine mésogéen.

Le Crétacé dans le reste de l’Europe

Les figures 3 et 4 schématisent l’évolution du Crétacé en Europe. Les mers épicontinentales d’origine mésogéenne ou boréales recouvrent le continent nord-atlantique en laissant émergées des îles souvent permanentes. C’est ainsi que deux mers (boréales) envahissent, l’une l’Allemagne du Nord, le Danemark et une partie de la Pologne, l’autre une bande de 500 kilomètres de largeur à l’est de Moscou. En Russie, une communication brève se fait au Barrémien avec la Mésogée: la transgression viendra ensuite du sud, à partir de la zone du Caucase; une liaison s’établit aussi avec la mer allemande.

Le Barrémien est représenté en Russie par des argiles noires à Ammonites (Simbirskites ) et par des grès, sur les bordures. Le Crétacé supérieur a des faciès voisins en Allemagne, Pologne et Russie; grès glauconieux au Cénomanien et marnes au Turonien (formation Pläner inférieure et supérieure), marnes grises au Coniacien (formation Emscher), craies au Sénonien supérieur. L’ensemble peut dépasser 600 mètres.

Les faciès anglais sont très voisins de ceux du bassin de Paris, sauf pour le petit golfe néocomien de la mer boréale.

Dans le domaine mésogéen, qui subit plus directement l’influence des plissements, des terres émergent suffisamment pour fournir des flyschs sur leur bordure, c’est-à-dire dans les zones internes des chaînes en formation. Les dépôts mésogéens atteignent souvent, comme dans le Languedoc, des épaisseurs considérables: plusieurs milliers de mètres dans le Caucase.

En Italie, dans l’Apennin du Nord, c’est-à-dire en dehors du domaine alpin, le Néocomien est calcaire, le Cénomanien est gréseux, le Sénonien argileux, mais, plus au sud, le Crétacé est épicontinental, avec des faciès calcaires zoogènes puissants à Polypiers et Rudistes.

Le Crétacé en Afrique

Les séries continentales sont nombreuses et riches en Reptiles et en végétaux (partie supérieure du «continental intercalaire».

En Afrique du Nord, le schéma paléogéographique général est celui du Jurassique. Dans le «Sillon tellien» se déposent au Néocomien des sédiments surtout marneux et rythmés, de type flysch, avec des lentilles de brèches ou de conglomérats, mais aussi des calcaires à Rudistes. Les hauts plateaux et l’Atlas saharien ont des faciès épinéritiques et lagunaires, mais, en Tunisie, l’individualisation d’un panneau du continent africain qui émergera au Turonien (île de Kasserine) est compensée par des subsidences qui créent un sillon avec des faciès franchement marins qui atteignent l’Aurès. Les sédiments néritiques sont cantonnés à l’abri de récifs-barrières à l’Aptien. La transgression généralise ensuite les faciès pélagiques; elle est maximale au Turonien avec des dolomies sur les plates-formes et des calcaires partout ailleurs. Le Sénonien supérieur comprend surtout des calcaires blancs. La régression, accompagnée de déformations, s’amorce assez tôt, mais, dans le «sillon tunisien», le passage continu au Tertiaire se fait par des argiles noires qui atteignent une épaisseur de 1 000 mètres (Maastrichtien supérieur-Paléocène). Le faciès régressif de plate-forme est phosphaté.

Ces phosphates se retrouvent au sommet de la série du Crétacé supérieur de l’Afrique occidentale, du Sénégal à l’Angola, série qui dépasse parfois 2 000 mètres: c’est l’Aptien qui est transgressif, alors qu’au Brésil la mer arrive au Néocomien.

À Madagascar, la série est continue sur la côte ouest, comme sur la côte est de l’Afrique (Mozambique). Une transgression sur la côte est se place au Campanien supérieur, alors qu’une régression marque la série occidentale dès le Santonien et s’accompagne, au Sénonien supérieur, de vastes épanchements basaltiques, les sakalavites. C’est l’époque de la mise en place des kimberlites diamantifères en Afrique australe, ainsi que de puissants épanchements volcaniques aux Indes. Ce sont autant de témoins de la dislocation du continent indo-malgache. Les faunes d’affinité indienne envahissent alors le détroit de Mozambique.

Le Crétacé en Amérique du Nord

Sur les côtes atlantiques et les bords du golfe du Mexique, le Crétacé est peu déformé. Le sommet est caché par le Tertiaire et la base s’abaisse de plus en plus vite vers l’Atlantique. Comme l’ont montré des sondages, la série est complète et divisée en trois termes: Coahuilan à la base, Comanchean , puis Gulfian au sommet. La subsidence n’est pas régulière et des dômes accidentent la série, provoquant des discordances: celle du Gulfian sur le Comanchean a permis la constitution des «biseaux», riches en pétrole, du Texas oriental.

À l’est du Mississippi n’affleure que le Gulfian: 5 000 mètres de sables et argiles continentales, sables marins et «craie» (calcaire blanc argileux). Ces calcaires passent, vers le continent, à des sédiments détritiques côtiers. Les récifs recouvrent des points hauts comme à Jackson (Mississippi). La Floride est, au Crétacé supérieur, une plate-forme où s’accumulent des calcaires coquilliers.

Des intrusions basiques importantes sont datées du Crétacé inférieur dans l’Ordovicien du Québec, et résultent sans doute de ruptures consécutives aux tensions nées, au Trias, de la formation des Appalaches.

Dans l’Alaska, un sillon de 300 kilomètres de largeur est comblé par 1 500 à 4 500 mètres de sédiments: la série crétacée est complète avec des formations marines à l’ouest, imbriquées dans des dépôts continentaux à l’est.

Dans les montagnes Rocheuses et les Grandes Plaines se forme un grand sillon nord-sud, ouvert au Cénomanien, qui évolue très vite avec apparition d’un sillon plus externe entre les Rocheuses en cours de formation et la plate-forme qui est envahie par une mer épicontinentale recouvrant la moitié de l’Amérique du Nord (fig. 5 et 6). Les séries détritiques continentales et deltaïques de type molassique sont dominantes dans les sillons et de plus en plus récentes vers l’est. Des niveaux à bentonite, au sommet du Campanien, soulignent des émissions de cendres volcaniques et permettent des corrélations précises. L’ensemble est couronné par des formations fluviatiles encore subsidentes dans le Wyoming et très riches en Dinosaures.

La déformation des couches pendant le Crétacé (Utah, Colorado, Wyoming) précise l’évolution des Rocheuses: des galets précambriens apparaissent dès le Gulfian supérieur, et des failles n’affectent que la partie inférieure du Sénonien. L’essentiel de la chaîne est formé avant la fin du Crétacé.

Dans le nord du Mexique, le Néocomien est complet: la province de Coahuila, qui sert de référence, borde le Texas au sud-ouest. La série est faite de sables et de gypses dans les golfes, de calcaires ailleurs. Le Crétacé supérieur dépasse 4 000 mètres et montre un accroissement énorme des apports détritiques à partir du Campanien (formation des Rocheuses qui alimentent le nord de la Mésogée).

Sur la côte du Pacifique, 5 000 mètres de sédiments occupent une grande gouttière synclinale entre des terres émergées à l’ouest et les Névadides. Le Crétacé supérieur avance sur le piémont du Nevada, et est alimenté par le soulèvement et le plissement de la partie ouest néocomienne du sillon plus que par les Névadides. Celles-ci continuent néanmoins à se transformer et des intrusions, accompagnées de séries volcano-sédimentaires, permettent de préciser cette évolution.

Dans toute la couronne péripacifique, on rencontre des formations crétacées transgressives, accompagnées de granitisation des chaînes anciennes et surtout d’épanchements volcaniques considérables qui atteignent, par exemple, 7 000 mètres pour le seul Néocomien du Chili.

2. La vie au Crétacé

La vie dans les mers

Les modifications dans les associations faunistiques marines sont peu nombreuses à la limite Jurassique-Crétacé, mais certains groupes semblent soumis à des vicissitudes corrélatives de la régression fini-jurassique: c’est ainsi que deux tiers des espèces de Mollusques disparaissent. Il en est de même pour les Coraux et pour certaines formes inférieures comme les Calpionelles: ces dernières disparaissent au Néocomien.

Invertébrés

Les Foraminifères jouent un grand rôle dans la stratigraphie du Crétacé, surtout en faciès pélagique, où les macrofaunes sont rares.

Au Barrémien, dans la province mésogéenne, apparaît l’un des groupes les plus originaux du Crétacé: les Orbitolines. Ce sont de gros Foraminifères qui vivaient sur les fonds, en compagnie des Polypiers et des Rudistes (faciès urgonien). Elles y pullulaient au point de constituer la quasi-totalité de certains sédiments. Leur test, constitué d’éléments arénacés, agglutinés par un ciment calcaire, affecte généralement à cette époque la forme d’un cône aigu de 2 à 5 millimètres de diamètre; à l’Aptien et à l’Albien, le cône s’aplatit et se creuse, et, au Cénomanien, elles ont souvent la forme de «chapeaux chinois», atteignant parfois 6 centimètres de diamètre: elles disparaissent à cette époque.

À l’Albien se développe la grande famille des Globorotaliidés, avec des espèces à évolution rapide. À l’inverse des Orbitolines, ces animaux vivent en pleine eau et ont une répartition spécifique très large, ce qui leur confère une grande valeur stratigraphique, en particulier pour l’étude des sondages. Ces Globorotaliidés sont des Foraminifères de très petite dimension, avec un petit nombre de loges enroulées en spirale. Leur test est calcaire, perforé de pores multiples. Les Globotruncana (une ou plusieurs carènes) disparaissent au Maastrichtien, les Globorotalia (une carène ou pas du tout) se diversifient au Tertiaire et se maintiennent jusqu’à l’époque actuelle.

Trois autres familles poursuivront leur évolution au Tertiaire, mais permettent déjà une stratigraphie précise du Crétacé supérieur néritique:

– les Alvéolines apparaissent au Cénomanien (Praealveolina );

– les Orbitoïdes se multiplient dès le Campanien; le genre Orbitoïdes , souvent présent en abondance, ne dépasse pas le Maastrichtien (Orbitoides media );

– les Nummulitidés, qui exploseront à l’Éocène, sont représentés par des Operculines à test épais (Sidéralites , sans bras au Maastrichtien).

Certains Flagellés ont été parfaitement conservés à l’état de matière organique dans les silex. Quant à la craie, elle contient des centaines de milliards de coccolithes par mètre cube: ce sont des corpuscules calcaires fibro-radiés en forme de boutons ou de massues, constituant le test fractionné d’une famille originale de Flagellés, les Coccolithophoridés.

Beaucoup d’Ammonites disparaissent à l’orée du Crétacé, mais des groupes solides (Phylloceras , Lytoceras , Perisphinctes ) font souche: Ammonites (et Bélemnites) recolonisent les mers. Des formes diverses d’Ammonites se développent, dont certaines sont très curieusement déroulées. Il ne faut pas y voir un caractère de dégénérescence, car ces espèces sont abondantes: ces formes représentent plutôt des adaptations précises, par exemple à une vie benthique. Beaucoup d’espèces de petite taille se cantonnent dans des faciès réducteurs, probablement à herbiers (marnes noires pyriteuses). Dans le Crétacé supérieur, elles se raréfient, mais la taille est souvent considérable, et les lignes de suture des cloisons se simplifient (Pseudoceratites ).

Les Bélemnites , très nombreuses, ont des rostres très variés, souvent aplatis au Néocomien.

Les Coraux , après une éclipse, reconstituent des biothermes importants, au Crétacé moyen surtout (Barrémien-Aptien), en association avec la famille des Rudistes , grands Lamellibranches hétérodontes fixés par l’une ou l’autre valve (Requienia , Toucasia , Hippurites , Radiolites , etc. ).

Les Oursins , surtout irréguliers, jouent un grand rôle stratigraphique dans les calcaires blancs du Sénonien (Echinocorys , Micraster , Toxaster , Hemiaster , etc.).

Vertébrés

Chez les Poissons , la plupart des familles de Requins actuels sont déjà bien représentées, mais l’avènement des Téléostéens aux dépens des Holostéens conduit aux transformations les plus marquées du milieu marin. Leur squelette très ossifié, plus solide pour les attaches musculaires, des écailles qui protègent bien, quoique plus fines et plus souples, sont parmi les caractères qui leur donnèrent des avantages certains. Leur multiplication rapide, leurs possibilités adaptatives leur permettent d’envahir très vite toutes les mers du globe.

Ce succès entraîna le développement des Reptiles prédateurs. Plusieurs lignées reptiliennes avaient quitté les continents, au Trias et au Jurassique, pour retourner à la vie aquatique de leurs lointains ancêtres amphibiens. Les Ichthyosaures se raréfient: ovovivipares et pélagiques, ils occupaient la niche écologique des actuels dauphins. Les Plésiosaures (Sauroptérygiens) possèdent au Crétacé des représentants nombreux et remarquables. Le genre Elasmosaurus est le plus beau type d’une lignée très évoluée à cou élancé. Sa longueur est voisine de 12 mètres, son corps massif reporté au tiers postérieur, le cou occupant les deux tiers antérieurs: 76 vertèbres cervicales sur un total de 126. Il se propulsait au moyen de 4 pattes en «pagaies» faites d’un repli dermique enveloppant 5 doigts à nombreuses phalanges. Une vaste bouche, malgré une petite tête, des dents aiguës et entrecroisées caractérisent un prédateur adapté à la capture des proies glissantes et vives comme les céphalopodes et les poissons. La mobilité de ses nageoires lui permettait de virer et de reculer, ce qui, joint à une flexibilité extraordinaire du cou, facilitait la pêche de sa nourriture. La craie du Kansas en a fourni de nombreux échantillons.

Chez les vrais Sauropsidés, il existe au Crétacé des Tortues marines et les derniers Crocodiles marins disparaissent au Néocomien, mais les Mosasaures sont abondants et constituent d’excellents fossiles stratigraphiques du Crétacé supérieur: ils présentent de nombreuses affinités avec les Varans. Certains étaient des nageurs de surface, pourvus d’une nageoire caudale et d’un tympan membraneux, les autres étaient des plongeurs avec un opercule tympanique calcifié et des yeux dirigés vers le haut. Ils évoluent très vite, du type à 5 doigts palmés à 6 phalanges vers des types hyperphalangiques à 5 doigts inégaux appliqués les uns aux autres en une palette unique. Ces prédateurs puissants, dont la tête pouvait dépasser 1 mètre pour une longueur totale de 15 mètres, avaient une vie typiquement pélagique, et leur répartition géographique s’étendait à la plupart des mers.

Deux familles de voiliers remarquables représentent le groupe des Reptiles volants (Ptérosauriens) au Crétacé; elles ne diffèrent guère que par la présence de dents chez l’une (Ornithocheirus de l’Aptien anglais) et d’un bec corné chez l’autre (Pteranodon du Santonien d’Amérique du Nord et de Russie). Le crâne est allégé à l’extrême, de même que les os longs; la ceinture scapulaire rigide permet de très grandes envergures (7 m chez le Ptéranodon pour un poids de l’ordre de 12 kg). Le crâne du Ptéranodon était prolongé vers l’arrière en une crête presque aussi longue que le bec: elle pouvait jouer un rôle de gouvernail de plongée tout en équilibrant la tête. Sous le bec se trouvait une poche analogue à celle du pélican: le contenu fossilisé de certaines poches révèle une nourriture de poissons et de crustacés de haute mer. Cet animal pouvait s’éloigner jusqu’à 100 kilomètres des côtes.

Dans ces formes du Crétacé supérieur, l’adaptation au vol plané et au vol à voile a été plus poussée que chez tout autre Vertébré connu. En revanche, ils ne pouvaient ni nager, ni marcher.

La vie sur les continents

Elle est influencée directement par les modifications considérables dans la répartition des terres et des mers. Des territoires immenses furent tout à tour envahis par les eaux ou exondés par la formation des chaînes de montagnes. Les espèces les mieux adaptées à la colonisation de nouveaux territoires furent favorisées. Des îles provoquèrent un endémisme fécond, générateur d’espèces bien adaptées à certains biotopes restreints: les régressions permirent à nombre d’entre elles d’essaimer à travers les continents.

La flore

Au début, la flore est encore typiquement jurassique, mais, bien vite, avec l’explosion des Angiospermes, elle prend un cachet actuel.

Les Fougères sont nombreuses. Les plus originales sont les Osmondales, représentées par des espèces variées qui permettent de suivre l’envahissement progressif du pétiole et de la tige par la structure foliaire; certaines atteignent une polystélie presque parfaite qu’on ne retrouvera plus ensuite.

Les Ptéridospermées sont réduites au groupe des Caytoniales, apparues au Rhétien, et qui disparaîtront toutes au Crétacé supérieur: elles sont caractérisées par une structure «angiospermoïde» de leur appareil reproducteur, mais la pollinisation se fait toujours avant la fermeture de l’utricule ovulifère.

Parmi les Gymnospermes primitives, à côté des Ginkgoales et des Cycadales, il convient de signaler le grand développement des Bennettitales, dont l’apogée se situe au Crétacé inférieur, et qui disparaissent au Cénomanien. Elles avaient des organes reproducteurs en fleurs hermaphrodites (Cycadeoidea ) ou unisexués (la plupart des Williamsoniées). Les Coniférales régressent, mais sont encore abondantes (beaucoup d’Araucariacées).

L’événement fondamental est l’avènement des Angiospermes . Leur rapide conquête du monde dès le Crétacé inférieur laisse supposer une origine assez lointaine (Lias?). Il est probable que les avantages acquis par rapport aux Gymnospermes (embryon parasite de la plante mère, dispersion précoce et lointaine des graines) leur a permis de coloniser plus vite que d’autres plantes les surfaces exondées. Monocotylédones et Dicotylédones coexistent, et, malgré la rareté plus grande des premières, il est encore impossible d’affirmer l’antériorité d’un groupe sur l’autre. En revanche, les Angiospermes gamopétales sont plus tardives, car elles dérivent toutes d’Angiospermes dialypétales. La multiplication des lignées se situe électivement au sommet du Mésocrétacé et a pu être favorisée par des endémismes insulaires.

La faune

La métamorphose des paysages entraîne une diversification concomitante de la faune. Les forêts sombres de Conifères font place à des forêts d’Angiospermes (chêne, saule, etc.) plus aérées et plus colorées, avec des sous-bois plus denses. Les fleurs provoquent la prolifération des insectes, agents de la pollinisation. De multiples niches écologiques nouvelles apparaissent qui favorisent les Mammifères (Multituberculés, Marsupiaux, Insectivores), mais surtout les grands Reptiles herbivores qui, tant que les conditions leur seront favorables, bloqueront l’expansion des Mammifères.

Chez les Reptiles, les Sauripelviens herbivores sont en régression, mais les Avipelviens foisonnent, avec des formes nombreuses et étranges, curieuses par leurs adaptations et leur ornementation. Des formes bipèdes (Ornithopodes), on connaît, en Europe, les Iguanodons (29 squelettes trouvés dans une poche wealdienne du gisement de charbon de Bernissart en Belgique): 5 mètres de hauteur pour une longueur de 10 mètres, pouce de la main terminé par une longue griffe servant d’arme de combat ou d’outil à effeuiller les branches, peau tuberculeuse, langue préhensile; ils vivaient au bord des marécages. Le Tracodon, américain, vivait dans l’eau; il avait un museau formé par les prémaxillaires déprimés et élargis en «bec de canard», avec un pavage de dents aplaties.

Parmi les multiples formes quadrupèdes, les Nodosaures (Ankylosaurus ) avaient le crâne et le corps armés de plaques polygonales. Les Cératopsidés ressemblaient au Rhinocéros, avec un biotope sans doute voisin. Le corps lourd et massif portait une tête énorme pourvue de cornes puissantes et d’une collerette couvrant une nuque consolidée par la soudure des vertèbres cervicales. La fréquence des blessures osseuses signale des mœurs batailleuses, bien qu’ils aient eu à se défendre, le plus souvent, contre de redoutables carnivores qui se recrutaient parmi les Sauripelviens bipèdes (Théropodes). Chez ceux-ci, seuls les membres postérieurs servaient à la marche et à la course et formaient, au repos, trépied avec la queue; le crâne était léger, ajouré par de larges fosses; les dents, aiguës et tranchantes, pouvaient être crénelées; des griffes armaient les doigts. Le plus puissant fut Tyrannosaurus rex (15 m de longeur, 6 de hauteur, crâne de 1,5 m et nombreuses dents de 20 cm), mais certains restent petits (de 0,5 à 2 m), agiles et légers, avec des os creux, et aboutissent à des formes édentées (Ornithomimus , Oviraptor ), qui étaient sans doute des omnivores ou des mangeurs d’œufs.

La grande hécatombe

La disparition des derniers Reptiles marins, terrestres et volants, des Rudistes, des Ammonites et des Bélemnites, ainsi que de nombreuses lignées de Foraminifères et de Coccolithes (nannoplancton calcaire), est un événement considérable et étonnant. Certains faciès invariants de la limite Crétacé-Tertiaire (faciès continental des États-Unis ou de Provence, marnes de transition de l’Afrique du Nord, etc.) précisent la brièveté de certains changements de faunes qui se font en quelques mètres de séries très épaisses. Bien sûr, toutes ces disparitions ne sont pas simultanées, mais elles se groupent toutes au début du drame alpin. Des faits analogues, quoique moins spectaculaires, sont connus à d’autres époques, par exemple à la limite Trias-Jurassique, et ces coïncidences expliquent la théorie catastrophiste des «révolutions de la surface du globe» de Cuvier.

Malheureusement, les causes en sont mal connues. En ne retenant que les plus probables on peut envisager:

– des facteurs internes , comme l’hyperadaptation à un biotope restreint (un prédateur des seules Ammonites et Bélemnites disparaîtrait avec elles, un animal à sang froid pourrait ne pas supporter certaines variations de climat);

– des facteurs externes ; ainsi, l’émersion d’une masse considérable de continents nouveaux abaisse le niveau des mers et peut découvrir, en un temps relativement bref, la presque totalité du domaine des plates-formes continentales, amenant la disparition de faunes inaptes à subsister sur le talus, trop réduit pour les contenir toutes; la migration des continents et la naissance de montagnes immenses ont bouleversé la répartition des courants marins et les climats.

Parmi les facteurs externes, le refroidissement climatique qui survient à la limite Crétacé-Tertiaire est certainement l’un des plus riches de conséquences. Il serait responsable de l’hécatombe des organismes planctoniques, conduisant à la rupture de l’écosystème dont bénéficiaient les Ammonites, les Bélemnites et les Reptiles marins. Quant aux Reptiles terrestres, ils pouvaient être atteints dans leur reproduction (température trop basse pour l’incubation des œufs) ou dans leur système de régulation thermique (absence de revêtement cutané, à la différence des Oiseaux et des Mammifères). Mais les causes de ce refroidissement demeurent hypothétiques: modification de la circulation océanique, événement cosmique comme l’impact d’un astéroïde provoquant la projection d’une énorme quantité de poussière dans l’atmosphère, entraînant un obscurcissement de celle-ci – hypothèse qui s’appuie sur l’augmentation de la teneur en iridium de certains bancs situés à cette limite –, gigantesque crise volcanique (mise en place des trapps du Deccan)... Le champ des investigations reste largement ouvert.

crétacé, ée [ kretase ] adj. et n. m.
• 1735; lat. cretaceus, de creta « craie »
1Vx Qui contient de la craie. crayeux.
2Qui correspond à une période géologique de la fin du secondaire, au cours de laquelle se sont formés (notamment) les terrains à craie. Terrains crétacés, couches crétacées.
N. m. Le crétacé. Reptiles fossiles du crétacé. Le crétacé inférieur, le plus ancien.

crétacé nom masculin Dernière période de l'ère mésozoïque, dont la limite supérieure est marquée par d'importantes disparitions d'organismes (ammonites bélemnites, rudistes, etc.). ● crétacé, crétacée adjectif Relatif au crétacé. Se dit d'une lésion qui a l'aspect de la craie.

crétacé, ée
n. m. et adj. GEOL Période de la fin du secondaire, s'étendant de moins 140 à moins 65 millions d'années, caractérisée par des dépôts considérables de craie. Crétacé inférieur. Crétacé supérieur.
|| adj. Terrain crétacé, formé à cette période.

⇒CRÉTACÉ, ÉE, adj. et subst. masc.
I.— Adjectif
A.— Vx. De la nature de la craie. Synon. crayeux. Matière crétacée. Une cuirasse [de certains animaux] qui n'est ni crétacée ni pierreuse, mais véritablement osseuse (VERNE, Vingt mille lieues, t. 2, 1870, p. 9). Les sables ébouleux et les argiles blanches qui avoisinent le terrain crétacé, fissuré de toutes parts, gonflé d'eau comme une éponge (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1528).
MÉD. Des concrétions crétacées qui rendent les doigts difformes (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 421).
B.— GÉOL., PALÉONT. De la dernière partie de l'ère secondaire (cf. infra II). Âge, période crétacé(e); oiseaux, terrains crétacés. Les escarpements de calcaires jurassiques et crétacés de Nice (ÉLIE DE BEAUMONT, Stratigraphie, 1869, p. 321). La description des fossiles crétacés (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 410).
II.— Subst. masc., GÉOL., PALÉONT. Dernière période de l'ère secondaire, intermédiaire entre le Jurassique et le Tertiaire et caractérisée par le développement des formations crayeuses. Crétacé inférieur, supérieur. Mammifères aux caractères étranges du jurassique et du crétacé (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961 p. 520) :
Un des grands étonnements de la botanique est de voir, au Crétacé commençant, le monde des Cycadées et des Conifères brusquement déplacé et submergé par une forêt d'Angiospermes : ...
TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955, p. 221.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. crétacique. Synon. de crétacé (supra I B). Une énorme plaque de calcaire crétacique (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 238).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1735 (QUESNAY, Œconomie anim., p. 121 ds QUEM.). Empr. au lat. impérial « qui est de la nature de la craie (creta) ». Fréq. abs. littér. :10.

crétacé, ée [kʀetase] adj. et n. m.
ÉTYM. 1735; lat. cretaceus, de creta. → Craie.
1 Adj. Vx. Qui contient de la craie, est de nature crayeuse. || Matière crétacée. || Terrain crétacé (→ Bassin, cit. 9).
2 Adj. Géol. Qui correspond à une période géologique de la fin du secondaire, au cours de laquelle se sont formés (notamment) les terrains à craie. || Période crétacée. || Les dix étages de la période crétacée : berriasien, valanginien, hauterivien, barrémien, aptien, albien, cénomanien, turonien, sénonien, danien. || La période crétacée est caractérisée par le foisonnement des mollusques et des foraminifères, et l'avènement des angiospermes (monocotylédones et dicotylédones).
N. m. || Le crétacé. || Crétacé inférieur, supérieur, moyen. || Mammifère du crétacé. || Reptiles fossiles du crétacé (ex. : atlantosaure, iguanodon, mégalausaure…).
COMP. Mésocrétacé.

Encyclopédie Universelle. 2012.