marbre [ marbr ] n. m.
• 1050; lat. marmor
1 ♦ Roche métamorphique dérivée de calcaires ou de dolomies, souvent veinée de couleurs variées et pouvant prendre un beau poli. ⇒ brocatelle, carrare, cipolin, griotte, 1. ophite, paros, turquin. Carrière de marbre. ⇒ marbrière. Marbre rose, vert, bleu. Marbres jaspés, tachetés, veinés. Colonnes, escalier, cheminée de marbre, en marbre. Statue de marbre.
2 ♦ Bloc, objet de marbre. Spécialt Plateau de marbre d'une table, d'une commode. « Le bruit des jetons sur le marbre de la caisse » (Simenon).
♢ Statue de marbre. « Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres » (Verlaine).
3 ♦ Loc. Froid comme le (ou un) marbre, qui reste impassible, glacial. Être, rester de marbre, impassible. « l'homme était de marbre, et, comme le marbre, glacé, impénétrable et poli » (Barbey). — Visage de marbre (cf. De bois). Cœur de marbre, insensible.
4 ♦ Matière imitant le marbre. Marbre artificiel : stuc mêlé de couleurs. Faux marbre : peinture imitant les couleurs, les veines du marbre.
♢ Spécialt Teinte qu'on donne aux pages de garde, aux tranches d'un livre. ⇒ marbrure.
5 ♦ Surface, table (à l'origine en marbre) de pierre ou de métal utilisée pour diverses opérations techniques (en mécanique, verrerie, poudrerie).
♢ (1622) Typogr. Plateau de fonte polie sur lequel on faisait les impositions ou la correction des textes.
♢ Mécan. Passer une voiture au marbre : contrôler et rectifier la planéité du châssis.
● marbre nom masculin (latin marmor) Calcaire ou dolomie métamorphique, capable de prendre un beau poli et qui est employé dans les arts. Objet, plateau, statue, etc., en marbre : Le marbre d'une cheminée. Imprimerie Grande table de fonte (jadis en marbre ou en pierre) sur laquelle on place les compositions typographiques. Table métallique de la machine à imprimer typographique. Composition en attente de mise en pages pour un journal ou un périodique. Mécanique Plaque rigide, en fonte ou en pierre dure, dont la face supérieure, qui présente une excellente planéité, sert de référence pour le traçage ou le contrôle géométrique des pièces que l'on y dépose. Métallurgie Plaque métallique matérialisant le joint du moule dans une plaque-modèle. ● marbre (citations) nom masculin (latin marmor) Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Je vois le marbre des tombeaux tomber en poussière, et je ne veux pas mourir ! Salon de 1767 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Moi, j'ai toujours pitié du pauvre marbre obscur. De l'homme moins souvent, parce qu'il est plus dur. Les Rayons et les Ombres, la Statue Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 La cour est comme un édifice de marbre ; je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis. Les Caractères, De la cour Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Un bloc de marbre était si beau Qu'un statuaire en fit l'emplette. Qu'en fera, dit-il, mon ciseau ? Sera-t-il dieu, table ou cuvette ? Fables, le Statuaire et la Statue de Jupiter Paul Verlaine Metz 1844-Paris 1896 Pauvres gens ! l'Art n'est pas d'éparpiller son âme : Est-elle en marbre, ou non, la Vénus de Milo ? Poèmes saturniens, Épilogue Messein Nathaniel Hawthorne Salem, Massachusetts, 1804-Plymouth, New Hampshire, 1864 La vie est faite de marbre et de boue. Life is made up of marble and mud. The House of the Seven Gables, 2 ● marbre (expressions) nom masculin (latin marmor) De marbre, impassible et froid, qui ne manifeste aucune émotion. Gravé, inscrit dans le marbre, établi de façon sûre et définitive. Faux marbre, imitation du marbre en peinture décorative. ● marbre (synonymes) nom masculin (latin marmor) Métallurgie. Plaque métallique matérialisant le joint du moule dans une plaque-modèle.
Synonymes :
- plateau
n. m.
d1./d Calcaire cristallin métamorphique, souvent veiné, dont les colorations variées sont dues à diverses impuretés. Palais, colonne, statue, plaque de marbre.
|| Loc. fig. être, rester de marbre, impassible.
d2./d Morceau, objet de marbre. Le marbre d'une cheminée.
|| Statue de marbre. Un marbre de Rodin.
d3./d TECH Table, plaque métallique parfaitement plane, servant à divers usages. Marbre de mécanicien.
|| TYPO Grande table en fonte sur laquelle on étale les formes pour les corriger et faire la mise en page.
d4./d SPORT Au base-ball, à la balle-molle, cible du lanceur représentant également le point de départ et le point d'arrivée du circuit à parcourir par le frappeur.
⇒MARBRE, subst. masc.
A. — 1. CHIM., MINÉR., GÉOL. Calcaire (sous forme de calcite) compact, parsemé de fissures remplies de matières diversement colorées et dont certaines variétés sont très pures. Carrière de marbre, marbre brut. Le marbre (ou CO3 Ca pur) n'est pas décomposé à 900o (SAILLARD, Betterave, t. 1, 1923, p. 335). Un marbre blanc (...) (attaqué par l'acide chlorhydrique) produira une infinité de petites bulles crevant instantanément (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 49).
2. Roche généralement calcaire, d'origines et de variétés diverses, pouvant prendre un beau poli et un aspect décoratif particulier. C'est en Grèce que l'on rencontre les plus beaux marbres antiques: le paros blanc (...) le rouge antique; enfin de nombreux marbres blancs (BOURDE, Trav. publ., 1928, pp. 86-87):
• 1. ... Tournai ne cesse de fournir au reste des Flandres, et même au nord de la France, ses marbres bleuâtres, si renommés qu'on les retrouve employés, même dans la Picardie et l'Île-de-France, comme décoration de tant de vieilles églises.
VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 80.
SYNT. Bloc de marbre; marbre de Carrare; marbres carbonifères, cipolins, griottes; marbre rose, rouge, vert; marbre jaspé, moucheté, tacheté, veiné; marbre mosaïque, multicolore; marbre turquin.
♦ Marbre brèche. ,,Marbre ayant l'aspect de la brèche`` (BARB.-CAD. 1963). Marbre composé. ,,Marbre constitué de parties juxtaposées de couleurs différentes`` (BARB.-CAD. 1963). Marbre lumachelle. Calcaire pétri de débris coquilliers, madréporiques, agglomérés d'une façon confuse ou disséminés dans une masse plus ou moins homogène (d'apr. GRAND. 1962). Un petit mortier à piler les amandes et les pâtes, en marbre lumachelle très rare, et un cachemire de l'Inde (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 22). Marbre simple. ,,Marbre de couleur uniforme ou simplement veiné`` (BARB.-CAD. 1963).
a) [Considéré dans ses transformations ou imitations]
) Chaux de marbre. ,,Chaux très pure obtenue en calcinant le marbre`` (DUVAL 1959).
♦Ciment de marbre. ,,Produit obtenu en traitant du plâtre à stuc par une solution aqueuse d'alun de potassium, puis, en cuisant de nouveau, après séchage, dans un four à plâtre`` (DUVAL 1959).
) Marbre artificiel, faux marbre. ,,Stuc coloré`` (DUVAL 1959). Octave regardait l'entrée, aux panneaux de faux marbre, et dont la voûte était décorée de rosaces (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 4). Assis sur une marche souillée, le dos appuyé contre le faux marbre plein d'éraflures (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 255).
— Peinture imitant les couleurs, les veines, les taches du marbre; spéc. (reliure), teinte donnée aux pages de garde, aux tranches d'un livre. M. Lerond tira à lui successivement plusieurs volumes, (...) reliés en veau marbre (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 71).
♦Marbre chiqueté. Marbre qui imite les granits (d'apr. JOSSIER 1881). Marbre feint. Représentation des diverses couleurs, des veines, taches et accidents du marbre (d'apr. JOSSIER 1881). Marbre jeté. Marbre qui imite les porphyres (d'apr. JOSSIER 1881).
b) [Considéré dans les différentes phases de son traitement, et tel qu'il est utilisé] Marbre débité, ébauché, lustré, piqué, poli. On distingue plusieurs sortes de tailles de marbre: l'équarrissage, l'ébauche ou ébauchage, la taille brute, la taille apparente (CHABAT t. 2 1876).
) ARCHIT. Un escalier de marbre que couvrait un tapis de genre oriental (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Ami patience, 1883, p. 1244). Les galeries du rez-de-chaussée dont le plafond est supporté par de belles colonnes de marbre cipolin furent naturellement réservées à la sculpture antique (RÉAU, Archives, bibl., musées, 1909, p. 11).
) BEAUX-ARTS, GRAV., SCULPT. Marbre statuaire; statues de marbre et de bronze; cheminée, vasque de marbre; tombeau de marbre. Mais encore avaient-ils [les sculpteurs grecs] besoin d'appuyer la statuaire, fût-elle taillée dans du marbre blanc, par la peinture (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 248). [Dans l'oeuvre de Rodin] le beau marbre fin apparaît moelleux, tiède, fluide, pour mieux rendre la tendresse enlacée et mettre plus d'adhérence et de caresse dans les contacts (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 449).
— P. méton. Bas-relief, statue de marbre. Les marbres du Parthénon. Les reins souples, la gorge haute, elle ressemblait, amincie de la sorte, à un marbre florentin (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 870). La jolie madame de Bonnières était peinte par Besnard, par Renoir; chez elle, je vis les premiers marbres de Rodin (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 8).
♦Partie en marbre (d'un objet, d'un meuble), morceau de marbre taillé et poli (souvent en forme de plaque). Marbre funéraire. Roland, les reins appuyés au marbre de la cheminée, comme en hiver (...) ne pouvait plus tenir en place (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 305). Elle recommença de serrer les lèvres et de regarder avec application les tiroirs de la commode et le cache-pot de faïence posé sur le marbre pie (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 149).
3. De marbre
a) Qui a l'apparence du marbre. Un ciel de marbre, dis-je; au lieu que la mer n'est jamais marmoréenne (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 233).
b) [En tant que symbole de la froideur et de l'insensibilité]
— [Au physique] Qui est caractéristique du marbre. Visage d'une pâleur de marbre; blancheur de marbre. Un instant, il la regarda de ses yeux troubles, si grande, si belle, le teint d'une pureté de marbre, les cheveux noués en tresses d'or fauve (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 356).
♦Qui a l'apparence du marbre. Marie aux joues de marbre redevenait plutôt aux joues peintes et sa poitrine oppressée soulevait irrégulièrement une tendre masse sous le corsage (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 21).
— [Au moral] Impassible, insensible. Un coeur de marbre, un homme de marbre. Mme Hédouin avait beau être de marbre, elle s'attendrirait dans son veuvage. Mais il attendit inutilement un frisson, un alanguissement de désir (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 166):
• 2. À l'inverse de Pygmalion, il me semblait que dans mes bras la femme devenait statue; ou bien plutôt c'est moi qui me sentais de marbre. Caresses, provocations, rien n'y fit; je restai muet, et la quittai n'ayant pu lui donner que de l'argent.
GIDE, Si le grain, 1924, p. 570.
4. Loc. fam. Froid comme un, du, le marbre (REY-CHANTR. Expr. 1979). Impassible.
B. — 1. IMPR., PRESSE. Table métallique (autrefois en marbre ou en pierre) sur laquelle on place les pages pour l'imposition ou les corrections (d'apr. COMTE-PERN. 1974). Partie plane du chariot d'une presse typographique qui porte la forme d'impression (d'apr. Impr. 1977). Maintenant il allait commencer son éditorial, voir Tournelle, et il aurait juste le temps avant dix heures d'achever son article et de descendre aux marbres. Il arrêta la voiture devant l'immeuble du journal (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 148).
— Sur le marbre. [En parlant d'un article de journal ou de revue, d'un livre] Composé et en attente d'être imprimé. [Gérard de Nerval] partait aussitôt (...) pour proposer à quelque journal l'article d'un camarade sans argent ou s'informer du motif qui le faisait rester si longtemps sur le marbre (GAUTIER, Hist. romant., 1872, p. 70). Un écho que j'avais fait d'avance et qui restera sur le marbre! (A. FRANCE, Jocaste, 1879, p. 96).
— P. méton. ,,Texte composé, inutilisé et fardé en réserve`` (Radio 1972). Avoir du marbre (REY-CHANTR. Expr. 1979).
♦Article sur des sujets divers, tenu en réserve en attendant l'actualité (d'apr. ESN. 1966).
2. TECHNOL., MÉCAN. Surface de pierre ou de métal, parfaitement plane, sur laquelle on effectue certaines opérations. Marbre de traçage, de vérification. Quand l'ingénieur-contrôleur viendra voir les pièces, s'il a besoin d'un coup de dégorgeoir, on est d'attaque, on le passera sur le marbre pour le dégauchir (POULOT, Sublime, 1872, p. 167). Le réglage des deux cales excentriques et leur serrage à bloc sur l'arbre vilebrequin se fait sur le marbre (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 9, 1927, p. 121).
3. DR., vx. Table de marbre (Ac. 1798-1935). Table autour de laquelle se réunissaient les juridictions de la connétablie, de l'amirauté, des eaux et forêts; p. méton., ces juridictions. Le grand Corneille était, dans sa jeunesse, avocat du roi à la table de marbre de Rouen (Ac. 1835-1935).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 «pierre calcaire dure» (Alexis, éd. Chr. Storey, 583); 2. ca 1179 un maubre «morceau de marbre taillé et poli, ici dalle funéraire» (Renart, éd. M. Roques, I, 440); 1831 «plaque de marbre qui recouvre certains meubles, cheminées» (BALZAC, Peau chagr., p. 271); 3. av. 1615 table de marbre «ensemble de différentes juridictions» (PASQUIER, Les Recherches de la France, p. 466); 4. 1771 être de marbre (DORAT, Les Sacrifices de l'Amour, IV, 114 ds Fr. mod. t. 37, p. 120); av. 1799 visage de marbre (MARMONTEL, Mém., VI ds LITTRÉ). B. 1. a) 1522 impr. «partie de la presse sur laquelle on place la forme» (P. PANSIER, Histoire du livre et de l'imprimerie à Avignon, 3, 116 ds L. WOLF Buchdruck 1979); b) 1863 sur le marbre «en parlant d'articles en attente d'impression dans un journal, une revue» (Mme V. HUGO, Hugo, p. 184); 2. 1694 marbre artificiel «stuc de couleurs mélangées imitant le marbre» et marbre feint «peinture imitant le marbre» (CORNEILLE). Du lat. marmor «marbre». Fréq. abs. littér.:3422. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5890, b) 6827. XXe s.: a) 4481, b) 3173.
DÉR. Marbreur, -euse, subst., artis. Ouvrier, ouvrière qui décore des papiers fantaisie en apposant des mélanges colorés qui produisent des effets de marbrures ou d'irisation (d'apr. Mét. 1955). Le marbreur marbre aussi les tranches et les couvertures des livres (CHESN. 1857). — [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a) 1536 «ouvrier qui travaille le marbre» (L. DE LABORDE, Comptes bâtiments du roi, I, 98). b) 1680 «artisan qui marbre la tranche des livres et fait le papier marbré» (RICH.); de marbre, suff. -eur2.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 324. — MACK. t. 2 1939, p. 59. — QUEM. DDL t. 20.
1. marbre [maʀbʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1050; du lat. marmor.
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1 Roche calcaire, formée de cristaux de calcite ou de dolomite, souvent veinée de couleurs variées. || Les marbres, calcaires (ou dolomies) métamorphosés, forment des pierres dures, blanches ou colorées, unies ou veinées, susceptibles de poli. || Calcaire transformé en marbre (⇒ Marmoriser). — Marbre pur, blanc. ⇒ Carrare, paros. || Marbre du Pentélique. || Marbre noir vrai, noir veiné (grand antique). || Marbres colorés, jaspés, tachés, veinés. || Marbre rubané (marbre-onyx). ⇒ Albâtre. || Marbres filandreux (→ Fil, cit. 29). || Marbres de teintes variées (→ Gris, cit. 20). || Marbre polychrome. ⇒ Brocatelle. || Marbre gris micacé (⇒ Cipolin), marbre sarrancolin gris ou rouge, marbre rouge et brun (⇒ Griotte), marbre rouge des Flandres, marbre orangé (⇒ Abricotine), marbre bleu (⇒ Turquin), vert (⇒ Ophite, serpentine), violet. || Certains marbres sont des brèches calcaires. || Marbre à fossiles. ⇒ Lumachelle.
1 Il n'y a que peu de marbres (…) qui soient d'une seule couleur. Les plus beaux marbres blancs ou noirs sont les seuls que l'on puisse citer, et encore sont-ils souvent tachés de gris et de brun; tous les autres sont de plusieurs couleurs (…) on en connaît des rouges et rougeâtres; des orangés, des jaunes et jaunâtres; des verts et verdâtres; des bleuâtres plus ou moins foncés et des violets (…) et du mélange de ces diverses couleurs il résulte une infinité de nuances différentes dans les marbres gris, isabelles, blanchâtres, bruns ou noirâtres.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Du marbre.
➪ tableau Classes de roches.
♦ Extraction du marbre. || Carrière de marbre. ⇒ Marbrière. || Marbre brut. || Marbre débité. || Débitage, sciage, dressage, polissage du marbre. || Bloc de marbre. || Polir le marbre (⇒ Gratteler, rabattre); marbre poli. || Marbre patiné (⇒ Patine). — Marbre antique, provenant de carrières épuisées (paros).
♦ (En parlant du marbre débité, poli, tel qu'il est utilisé). || Emploi du marbre en architecture, en décoration (→ Architecture, cit. 1). || « Plus que le marbre dur… » (→ Ardoise, cit. 1, Du Bellay). || Palais, temple de marbre (→ Architrave, cit. 2; incrustation, cit. 1). || Façade (cit. 2), escalier, degrés de marbre. || Colonnes (→ Albâtre, cit. 2; équarrir, cit. 2), balustrade (cit. 1), grille (cit. 9), tombeau de marbre. — Décoration de marbre, de plaques de marbre. || Marbre incrusté (cit. 1). || Dallage, pavage de marbre. — Baignoire (cit. 1), bassin (cit. 5), fontaine (cit. 7), de marbre. || Étagère (cit. 3), guéridon (cit. 2), comptoir, table de marbre. — Cheminée de marbre. — Imitations de marbre (→ infra 4.). || Porcelaine imitant le marbre. ⇒ Biscuit (II.), parian.
2 — Avec quel charme est nuancée
Cette dalle à moitié cassée !
Voyez-vous ces veines d'azur,
Légères, fines et polies,
Courant, sous les roses pâlies,
Dans la blancheur d'un marbre pur ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Sur trois marches de marbre rose ».
3 (…) c'est la pâleur diaphane, la splendeur muette et blanche; on est arrivé parmi les marbres. Tout est blanc, les dalles, les murs, les colonnes, les voûtes, les balustres ciselés au bord des terrasses qui regardent les profonds lointains (…) l'usure du temps n'a sur le marbre qu'une prise très lente (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), VI, III.
4 Je regardais, par contenance, le marbre de la table. Un vieux marbre roux, onctueux, où les sirops et les liqueurs avaient lentement pénétré, et que veinaient de grandes branches minérales.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 113.
♦ Spécialt. || Table de marbre de la salle du Palais, autour de laquelle se réunissaient certains tribunaux (connétablie, amirauté, eaux et forêts). Par ext. Ces juridictions.
♦ Le marbre blanc utilisé en sculpture (marbre statuaire). → Bloc, cit. 1. || Ciseau (cit. 3), boucharde de sculpteur pour sculpter, travailler le marbre. || Buste, frise (1. Frise, cit. 1), statue de marbre. Par ext. || Animer (cit. 8) le marbre.
5 Le marbre blanc, chair froide et pâle,
Où vivent les divinités (…)
Th. Gautier, Émaux et Camées, « Symphonie en blanc majeur ».
2 (XIIIe). || Un marbre : un bloc, une dalle, un objet… en marbre taillé et poli. || Un marbre votif. — Spécialt. La plaque de marbre qui forme le dessus de certains meubles (→ Barman, cit. 1; humide, cit. 4). || Le marbre d'une commode.
6 (…) la place où la Vierge enfanta le Rédempteur des hommes (…) est marquée par un marbre blanc incrusté de jaspe et entouré d'un cercle d'argent (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, III, p. 283.
7 La commode surtout lui était chère (…) Un rêve, dont elle n'osait parler, était d'avoir une pendule pour la mettre au beau milieu du marbre, où elle aurait produit un effet magnifique.
Zola, l'Assommoir, t. I, IV, p. 122.
♦ Vieilli. Bloc de marbre utilisé par le sculpteur. || Façonner un marbre (→ Ébaucher, cit. 2; forme, cit. 16).
♦ Œuvre plastique (statue, bas-relief) en marbre. || Marbre antique (→ Bacchanale, cit. 1). || Les marbres d'un musée (→ Cruauté, cit. 7).
3 ☑ Loc. métaphorique et fig. Blancheur de marbre (→ Jupe, cit. 2). — ☑ Froid (→ 1. Froid, cit. 20) comme le marbre, comme un marbre, se dit d'une chose très froide, d'une personne transie de froid, glacée par la peur, et, fig., d'une personne qui reste impassible, glaciale… — ☑ Être, rester de marbre. ⇒ Impassible, insensible, marmoréen. ☑ Cœur de marbre, visage de marbre, insensible.
8 (…) croit-il que vous soyez de marbre ?
Molière, l'Amour médecin, I, 4.
9 La cour est comme un édifice bâti de marbre : je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis.
La Bruyère, les Caractères, VIII, 10.
10 Je restai comme un marbre à ce discours (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, I, p. 25.
11 (…) des femmes qui n'ont pas plus de tempérament qu'un marbre de cheminée.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, III, p. 22.
11.1 (…) pour un observateur moins averti que nous, votre conduite laisserait croire que vous êtes un homme de marbre.
J. Anouilh, le Voyageur sans bagage, Folio, p. 13.
4 Par anal. (du sens 1). Matière ressemblant au marbre ou imitant le marbre. || Marbre artificiel : calcaire tendre desséché et plongé dans des bains de sels métalliques. ⇒ Stuc. || Marbre feint, factice.
♦ Peinture imitant les couleurs, les veines, les taches du marbre (⇒ Marbrer). — Spécialt. (Reliure). Teinte qu'on donne aux pages de garde, aux tranches d'un livre. ⇒ Marbrure.
♦ Méd. || Maladie des os de marbre, autre nom de l'ostéopétrose (parce que la radiographie montre chez les sujets atteints de cette maladie que les os sont uniformément denses).
5 Par ext. (Surface plane).
a Techn. Table, surface de pierre (de marbre à l'origine), de métal sur laquelle on effectue certaines opérations (en mécanique, verrerie, poudrerie : broyage des couleurs, des drogues; coulage des glaces…).
b (1622). Spécialt. Plateau de fonte polie, placé sur un bâti (pied du marbre). — Table de la presse à bras sur laquelle on place la forme (cit. 82).
♦ ☑ Loc. fig. Livre, article sur le marbre : prêt à être imprimé. Par métonymie. || Le marbre : les manuscrits en attente, prêts pour l'impression.
♦ ☑ (Journalisme). Avoir du marbre, des articles composés qui n'ont pu être imprimés, faute de place, et qui restent sur le marbre pour être utilisés ultérieurement.
♦ Par ext. Salle, service de mise en pages, dans un journal. || Secrétaire au marbre.
11.2 Lorsqu'il a envoyé toute la copie et tous les titres à la composition, toutes les illustrations à la gravure, le secrétaire de rédaction a achevé son travail de la journée dans son bureau. Mais il ne quitte pas le journal pour autant; il se rend au marbre. Le marbre, nous l'avons vu, désigne par extension la salle de mise en pages. Lorsque le secrétaire de rédaction y arrive, la plupart des textes des pages dont il est responsable sont tombés, c'est-à-dire que la composition a été déposée, de même que les titres correspondants, sur le marbre (au sens strict cette fois) où ils vont être montés.
Philippe Gaillard, Technique du journalisme, p. 118-119.
c Mécan. Tablette de métal (acier, le plus souvent) poli, parfaitement plane, utilisée pour la vérification des surfaces planes, le traçage…
12 Je voyais les autres, d'abord les traceurs dont le travail exige calme, concentration. Debout devant de vastes marbres, ils poussaient le trusquin (…)
G. Navel, Travaux, in la Classe de français, 1953-1954, p. 61.
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DÉR. Marbrer, marbrier, marbrière. (Cf. les dér. sav. du lat. marmor).
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2. marbre [maʀbʀ] n. m.
ÉTYM. XVIIIe, Trévoux; par corruption d'arbre.
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♦ Mar. Tambour horizontal sur lequel s'enroule une drosse.
Encyclopédie Universelle. 2012.