mander [ mɑ̃de ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vx Transmettre, faire parvenir à qqn (un ordre, une instruction). ⇒ communiquer, ordonner. Mandons et ordonnons que (telle chose soit faite) :formule des mandements faits au nom du souverain, sous l'Ancien Régime.
2 ♦ Vx Faire venir (qqn) par un ordre ou un avis. ⇒ appeler, convoquer. Mander qqn d'urgence.
3 ♦ (v. 1080) Vx Faire savoir par lettre, message. ⇒ écrire . « Ma fille me prie de vous mander le mariage de M. de Nevers » (Mme de Sévigné).
● mander verbe transitif (latin mandare) Littéraire. Demander ou intimer l'ordre à quelqu'un de venir quelque part ; appeler. ● mander (difficultés) verbe transitif (latin mandare) Sens 1. Mandater qqn = donner à qqn un mandat, un pouvoir pour représenter qqn d'autre. 2. Mander qqn = demander, faire venir qqn. Registre Mander est un mot vieux. ● mander (homonymes) verbe transitif (latin mandare) mandé nom masculin
⇒MANDER, verbe trans.
Littéraire
A.—Mander qqc. à qqn
1. a) Faire savoir, faire connaître quelque chose à quelqu'un par lettre ou par message. «Pétain résiste», nous mandait en langage convenu la femme d'un de nos camarades, rédactrice dans un ministère (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 132). Quand j'eus pris connaissance de la communication qui lui avait été faite, je lui mandai aussitôt: «Je vous réitère les ordres que je vous ai donnés (...)» (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 194):
• 1. Libre à vous de renoncer à ce que vous appeliez une passion bien heureuse: vous m'avez trop blessée pour que je puisse vous mander autre chose que mon étonnement d'une conduite qui n'est pas digne du prince charmant que j'ai cru plus noble encore de coeur que de race.
PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 163.
♦Mander + inf. Je viens enfin de recevoir des nouvelles de mon agent de Londres. Il me mande avoir fait honneur à tous mes billets (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 626).
— [L'obj. dir. est une prop. introd. par que dont le verbe est à l'ind.] Faire savoir à quelqu'un que. Dépêche de Daudet, qui me mande qu'on a crié hier soir: «À bas Vitu!» (GONCOURT, Journal, 1888, p. 882). Je reçus une invitation d'un paysan poète, qui me mandait qu'il venait de construire une petite isba pour y écrire (DU BOS, Journal, 1925, p. 285):
• 2. Enfin l'agence Associated Press mande de Tokyo que la décision de M. Yoshida d'ignorer la Chine communiste soulève de vives critiques.
Le Monde, 19 janv. 1952, p. 3, col. 3.
b) Faire parvenir, envoyer quelque chose à quelqu'un. Je n'ai pu vous mander par la poste ce que vous avez dû deviner (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1794, p. 281).
2. Mander à qqn de + inf. Faire dire à quelqu'un de (faire quelque chose). Il envoya à sa mère de magnifiques présents, mais il lui manda de ne pas se mêler du gouvernement (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 286). Je lui enjoignis de me tenir au courant de tout et de ne pas manquer de me mander de revenir, en cas qu'il eût affaire de moi (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 211):
• 3. ... elle alla trouver le maître d'école qui la fit asseoir et lut: «Ma chère fille, la présente est pour te dire que je suis bien bas; notre voisin, maître Dentu, a pris la plume pour te mander de venir si tu peux (...)».
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 29.
3. Mander que + subj. Ordonner que. Monseigneur, dit-il, le Roi vous mande que vous veniez devers lui sans délai (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 418). Apollon: Et je mande qu'ici même il se présente pour recevoir purification (CLAUDEL, Euménides, 1920, I, p. 956).
B. — Mander qqn. Faire venir quelqu'un, lui donner avis ou ordre de venir. Synon. appeler, convoquer. Mander le médecin. M. de Ruyasan requit le président de mander deux chimistes et deux naturalistes, et de soumettre les épingles à leur analyse (BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 68). J'adopte l'attitude du malade qui, en désespoir de cause, mande un charlatan sous prétexte qu'on ne risque rien à essayer (G. MARCEL, Journal, 1923, p. 287):
• 4. Il eut une crise de rhumatismes et il en fut d'abord heureux. Il manda son fils, qui pêchait en Sologne, et se réjouissait de se montrer à lui amoindri.
GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 117.
REM. Mandeur, subst. masc., hist. Le corps municipal [de Valence] se composa de Syndics et Conseillers, communément appelés Consuls, d'un secrétaire et d'un Mandeur, officier chargé de faire les commandements de service pour la garde urbaine (THIERRY, Tiers État, 1853, p. 354).
Prononc. et Orth.:[], (il) mande []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. «demander, commander» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 124); 2e moitié Xe s. «faire tenir une instruction (un ordre à quelqu'un)» (St Léger, éd. J. Linskill, 87); 2. 2e moitié Xe s. «faire venir» (ibid., 43); ca 1100 «faire venir quelqu'un par un ordre écrit, ou oral» (Roland, éd. J. Bédier, 2614 et 3699); 3. ca 1100 «faire savoir par un messager» (Roland, 28). Du lat. mandare «donner en mission», bien que ce terme soit surtout de la lang. écrite, également att. en lat. tardif aux sens de «envoyer demander, faire demander» (492-496 ds NIERM.), «faire savoir par message» (643, ibid.); cf. dès le XIIe s. au sens de «commander, donner l'ordre» l'esp. mandar (ds AL.), l'ital. mandare (ds BATT.), l'a. prov. mandar ds RAYN. et l'emploi usuel de ce terme au sens de «envoyer» dans la vallée du Rhône (v. FEW t. 6, 1, p. 148b et MISTRAL), également att. en a. prov. mandar (fin XIIe s. ds LEVY Prov.), a. fr. mander dans le domaine méd. (1314 Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 457; v. aussi GDF.), m. fr. (1534 RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, p. 42), ital. mandare (1574 ds BATT.), esp. mandar (XVIe s. ds AL.), sens que connaît déjà le lat.: mandare «envoyer» ca 840 ds Nov. Gloss., v. aussi BLAISE Latin. Med. Aev. et NIERM. Fréq. abs. littér.:848. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2740, b) 959; XXe s.: a) 642, b) 365.
mander [mɑ̃de] v. tr.
ÉTYM. V. 980, sens 2; du lat. mandare.
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1 (XIIe). Vx. Transmettre, faire tenir à quelqu'un (un ordre, une instruction). ⇒ Mandat (2.), mandement; communiquer, ordonner. || Mander à quelqu'un de… (suivi de l'infinitif). → Broderie, cit. 5, Saint-Simon. || Mander que… (suivi du subjonctif). || Mandons et ordonnons que (telle chose soit faite), formule des mandements faits au nom du souverain, sous l'Ancien Régime. || Mander à quelqu'un la conduite qu'il doit tenir. ⇒ Marquer.
1 Mais vous ne dites point ce que vous mande un père.
Racine, Andromaque, II, 1.
2 Messieurs les Maréchaux, dont j'ai commandement,
Vous mandent de venir les trouver promptement.
Molière, le Misanthrope, II, 6.
2 Vieilli ou littér. Faire venir (quelqu'un) par un ordre ou un avis. ⇒ Appeler, convoquer. || Mander quelqu'un d'urgence. || Le roi manda ses vassaux. || Gentilshommes mandés des provinces (→ Furtivement, cit. 3).
3 Et n'est-ce pas pour moi que vous l'avez mandée !
Racine, Iphigénie, IV, 6.
4 À son air pressé, ces messieurs le crurent mandé par l'évêque et le laissèrent passer.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XVIII.
5 Ce jour-là, dans la seconde semaine de mars, M. Denizet, le juge d'instruction, avait mandé de nouveau à son cabinet, au Palais de Justice de Rouen, certains témoins importants de l'affaire Grandmorin.
Zola, la Bête humaine, IV.
6 Le ministre de la Guerre, et celui de la Marine, étaient mandés d'urgence à l'Élysée, où se trouvait déjà le Président du Conseil (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 88.
6.1 San Antonio, vous ne devinerez jamais la raison pour laquelle je vous ai mandé !
« Mandé ! » C'est tout lui. Quand il jacte, on se croirait à une réception chez le marquis du Trou-Fignon.
San-Antonio, le Secret de Polichinelle, p. 26.
3 (1080). Vx ou par archaïsme. Faire connaître, faire savoir, par lettre, par message. ⇒ Écrire. || Mander quelque chose à quelqu'un. || Mander des nouvelles. || Mander que… (→ Étriquer, cit. 2, Voltaire). — REM. Cet emploi de mander est caractéristique du style épistolaire du XVIIe s., et spécialt de Mme de Sévigné (→ 2. Botte, cit. 2; effusion, cit. 2; glisser, cit. 13; et aussi faire, cit. 165, Proust).
7 — Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle ? (…) À qui mon père les a mandées par une lettre ?
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 1.
8 Vous ne me mandez point ce qu'ont fait les peintres; écrivez-moi un peu quelques détails sur cela.
Voltaire, Correspondance, 43, 3 janv. 1723.
9 La chance peut tourner. Patience et persévérance peuvent beaucoup, mandait-il à Addington (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, XVIII.
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DÉR. Mandant, mandement. — V. Mandat.
COMP. Contremander. — V. Commander, demander.
Encyclopédie Universelle. 2012.