livrée [ livre ] n. f.
• v. 1290 « vêtements livrés, fournis par un grand seigneur à sa suite »; de livrer
1 ♦ Anciennt Vêtements aux couleurs des armes d'un roi, d'un seigneur, que portaient les hommes de leur suite.
2 ♦ (fin XIVe) Habits d'un modèle particulier, que portaient les domestiques masculins d'une même maison et de nos jours, uniforme analogue (dans certains hôtels). Livrée de valet, de cocher. Portier en livrée. — Vx Porter, revêtir la livrée : être, devenir domestique.
♢ Par ext. Vx La domesticité. « La livrée sort du peuple » (Balzac).
3 ♦ Anciennt La livrée d'une dame, rubans, pièces d'étoffe à ses couleurs.
4 ♦ Littér. Signes extérieurs caractéristiques, révélateurs (d'une condition, d'un état). La livrée de la misère. ⇒ 2. insigne, 1. marque; apparence. « revêtir la livrée du péché » (A. Gide).
5 ♦ Zool. Aspect (d'un animal), temporaire ou non. La livrée nuptiale des tritons. Spécialt Pelage, plumage.
● livrée nom féminin (de livrer) Costume distinctif que portent certains domestiques masculins. Vêtements que les rois et les princes donnaient à leurs courtisans et qui étaient à leurs couleurs ou à leurs armes. Pelage tacheté des faons et pelage couvert de raies jaunâtres des marcassins. Aspect visuel présenté par un insecte, principalement en vue dorsale. Papillon (lasiocampidé) dont la chenille vit en société dans une bourse de soie et se rend très nuisible aux arbres fruitiers et forestiers (genre malacosoma). ● livrée (homonymes) nom féminin (de livrer) livrer verbe livret nom masculin
livrée
n. f.
d1./d Tenue particulière portée autref. par les domestiques d'un prince, d'une grande maison et auj. par le personnel de certains grands hôtels. Portier en livrée.
d2./d ZOOL Pelage, plumage de divers animaux.
⇒LIVRÉE, subst. fém.
A. — Domaine de l'habill.
1. HIST. Vêtement qu'un souverain ou un seigneur faisait porter à ses gens et qui rappelait ses couleurs et ses armoiries. Les écuyers de l'empereur en livrée verte chamarrée d'or sur les courbes des coutures (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 168) :
• 1. C'était la coutume aux fêtes de Noël que le roi fît présent aux seigneurs qui étaient à sa Cour et de sa mesnie, de certaines capes ou casaques qu'ils revêtaient sur-le-champ : ce qu'on appelait les livrées.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, 1851-62, p. 503.
2. Habit d'un modèle particulier que portent les domestiques masculins d'une grande maison, d'un établissement. Le domestique, qui avait promptement mis une livrée, annonça le dîner (BALZAC, Lys, 1836, p. 52). Le valet en livrée verte à boutons d'or se tenait debout devant la table depuis plus de cinq minutes (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 108).
a) Expr. et loc.
— Petite, grande livrée. Livrée ordinaire, d'apparat. Trois ou quatre domestiques en grande livrée, gantés de blanc, font le service de la table (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 90).
— Homme, gens de livrée. Domestique(s). Les gens de livrée rentraient dans les appartements (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 94). Cent cinquante soldats choisis des chasseurs de la garde aidaient aux hommes de livrée (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 22).
— Loc. adj. De livrée. Qui fait partie d'une livrée. Deux Savoyards, travestis en laquais par la vertu d'une casaque de livrée (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 179).
— Loc. verb.
♦ Porter la livrée. Veuillez oublier un moment que je porte la livrée et suis à votre service, et écoutez-moi comme on écoute un ami (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 218).
♦ Porter la livrée de. Être au service de. Voici trente ans qu'il [le chef de gare] porte la livrée de la compagnie (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1068).
Au fig. Être du parti de, dépendre de :
• 2. On serait embarrassé de le rapporter [M. Zeller] à l'une des écoles qui ont régné depuis quarante ans, et de le ranger sous l'un des drapeaux, même les plus modernes; il n'imite pas, il ne porte la livrée de personne...
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, 1865, p. 280.
b) P. méton.
— Une, des livrées. Un, des domestiques. Les quatre livrées circulaient encore à pas imperceptibles (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 87).
— La livrée. L'ensemble des domestiques qui portent la livrée. La livrée de la maison dressait une grande table au milieu du salon (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 105).
3. P. anal.
a) HIST. Livrée d'une dame. Rubans, pièces d'étoffes aux couleurs d'une dame. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Vx. Livrée de la mariée, de la noce. Rubans de couleur qu'on donne aux invités de la noce. La petite Marie n'ayant pas encore reçu les cadeaux de noces, appelés livrées, était vêtue de ce qu'elle avait de mieux dans ses hardes modestes (SAND, Mare au diable, 1846, p. 164).
4. P. ext. Tenue, habit symbolisant un état, une condition. Je puis quitter ces brillantes livrées du monde pour reprendre mes humbles vêtemens (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 283). Ma mère m'enveloppa de crêpe (...). Cette livrée funèbre m'enlaidissait (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 174) :
• 3. ... Mademoiselle (...) sortait du couvent. Elle en gardait la tenue comprimée, les gaucheries de geste, l'embarras d'elle-même; elle en portait la livrée modeste; elle usait encore, au moment dont je vous parle, une série de robes tristes, étroites et montantes...
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 70.
5. Au fig.
a) Marque distinctive (d'un état, d'une condition). La grande vie sauvage de la nature, que recouvre tant bien que mal la livrée de la civilisation (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 801). Ils tenaient trop à ce que leur pensée demeurât libre pour lui faire endosser la livrée des libres penseurs (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 97).
b) Couleur distinctive (d'une chose). Les bois prennent leur livrée d'automne; le tilleul et le mélèze fardent leurs feuilles jaunies (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 194).
B. — P. anal., CHASSE. ,,Aspect visuel que présente, temporairement ou non, un animal`` (HUSSON 1970). Livrée nuptiale. Les pattes sont courtes, robustes et couvertes entièrement de plumes (...). Voilà pour la livrée du coq (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 66). Sur le pelage des faons premiers-nés, les taches de la livrée devenaient moins distinctes (GENEVOIX, Dern. Harde, 1938, p. 54) :
• 4. Le sanglier naît avec « sa livrée », c'est-à-dire avec sa robe. Elle est couleur de froment et marquée de raies noires longitudinales. Cette livrée, dans les premiers mois, sert à le désigner. Et donc, tant qu'il la porte, il est nommé « marcassin »...
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 1.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1290 « habits donnés par un seigneur aux personnes qui étaient attachées à son service » (Livre Roisin, éd. R. Monier, p. 124); b) fin XIVe s. « habits dont l'étoffe et les galons rappelaient, par les dessins et les couleurs, les armoiries du maître » (E. DESCHAMPS, Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 51, 35); c) 1606 « habits d'une couleur convenue, galonnés le plus souvent, que portent les domestiques d'une même maison » (NICOT); av. 1679 « les gens portant une même livrée » (RETZ, Œuvres, éd. A. Feillet, J. Gourdault et R. Chantelauze, t. 3, p. 460); 2. a) 1546 Livrée nuptiale « rubans de couleur distribués par le marié à ceux qui assistent à une noce » (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M.A. Screech, XXX, 61); b) 1690 la livrée d'une dame « rubans, pièces d'étoffe à ses couleurs » (FUR.); 3. a) ca 1450 « couleurs distinctes d'une chose » (Ch. D'ORLÉANS, Rondeaux, CCCXXXIII, 6 ds Poésies, éd. P. Champion, p. 482); b) 1674-75 « signes extérieurs caractéristiques, révélateurs (d'une condition, d'un état...) » (MALEBRANCHE, Recherche de la vérité, 2e part., p. 242); 4. 1765 hist. nat. (Encyclop., s.v. sanglier). Part. passé fém. substantivé de livrer. Fréq. abs. littér. : 489. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 916, b) 849; XXe s. : a) 600, b) 472. Bbg. GREIMAS Mode 1948, p. 76. - LENOBLE-PINSON (M.). Le Lang. de la chasse. Paris, 1977, pp. 57-58, 60, 142-143.
livrée [livʀe] n. f.
ÉTYM. V. 1290, « vêtements livrés, fournis par un grand seigneur à sa suite »; de livrer.
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1 Anciennt ou hist. Habillements, vêtements qu'un roi, un seigneur faisaient porter aux hommes de leur suite et qui, par certains éléments (couleur, galons, boutons), rappelaient les armoiries du maître. || Couleur d'une livrée (→ Biche, cit. 4). || Porter la livrée d'un prince.
1 (…) Mazarin (…) eût la hardiesse de faire porter ses livrées à une armée (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, V.
2 (Fin XIVe). Habits d'une couleur convenue, d'un modèle particulier, portés par les domestiques masculins d'une même maison (→ Correction, cit. 10; honneur, cit. 92). || Livrée sans galons (→ Bourgeois, cit. 19). || Livrée ornée, magnifique. || Grande (cit. 43), petite livrée. || Livrée de valet, de laquais, de cocher, de portier, de chasseur (→ Gourmer, cit. 4). || Un homme, un valet en livrée, portant livrée (→ Guider, cit. 1). — (Av. 1696). || Homme de livrée, gens de livrée : domestiques (→ Essaim, cit. 5). — (1782). || Porter, revêtir la livrée : être, devenir domestique (→ Entrer, cit. 26). — Par ext. (En parlant d'un métier pénible, humiliant). || Endosser la livrée. ⇒ Harnais (fig.).
2 (…) un homme de livrée court après lui (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 7.
3 Depuis six mois, la Durieu avait fait faire en secret une livrée aux couleurs des Cinq-Cygne pour le fils du jardinier et pour Gothard.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 492.
4 La livrée des laquais de la cour est verte et orange, couverte de dorures.
Loti, Aziyadé, II, XII.
♦ (1893). Fig. et vx. || Porter la livrée de qqn, être entièrement dévoué à ses intérêts.
♦ (1660). Par ext. Vx. || La livrée : l'ensemble des « gens de livrée ». ⇒ Domestique, laquais, valet.
5 Il est impossible (…) de rompre l'accord éternel des domestiques avec le peuple. La livrée sort du peuple, elle lui reste attachée.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 57.
6 (…) d'une livrée nombreuse, il n'existait plus qu'un seul domestique, serviteur par dévouement, qui ne pouvait être remplacé (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, I.
3 (1690). Vx. || La livrée d'une dame, rubans, pièces d'étoffe à ses couleurs. || Porter la livrée d'une dame. — ☑ Loc. (1552). Vx. La livrée de la noce, rubans de couleur que la mariée distribuait.
7 Les chevaliers portaient les livrées de leurs maîtresses.
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, IV.
4 (1675). Littér. Signes extérieurs caractéristiques, révélateurs (d'une condition, d'un état…). || La livrée de la misère. ⇒ Apparence, insigne, marque. — Une livrée hypocrite (→ Componction, cit. 1).
8 (…) et le laquais galonné qui porte la livrée du luxe insulte à votre habit qui est la livrée de l'indigence.
Voltaire, Mélanges littéraires, À M. Lefèvre…
9 (…) comprenez-vous que nous n'hésitions pas, par instants, à revêtir la livrée du péché et à feindre quelque complaisance en face des plus coupables joies !
Gide, les Caves du Vatican, II, 11.
10 Comme un grand arbre sous ses hardes et ses haillons de l'autre hiver, portant livrée de (…)
Saint-John Perse, Œuvre poétique, « Vents », 1.
5 (1765). Zool., chasse. Pelage ou plumage (d'un animal) lorsque sa coloration, son aspect, est caractéristique de l'espèce, de l'âge ou du sexe de l'animal. — Vén. Pelage ou plumage (de l'animal jeune).
11 Tous les oiseaux en général muent dans la première année de leur âge, et les couleurs de leur plumage sont presque toujours, après cette première mue, très différentes de ce qu'elles étaient auparavant; ce changement de couleur après le premier âge est assez général dans la nature, et s'étend jusqu'aux quadrupèdes qui portent alors ce qu'on appelle la livrée et qui perdent cette livrée, c'est-à-dire les premières couleurs de leur pelage, à la première mue.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Oiseaux de proie.
12 Le sanglier mort est pendu la hure en bas. La livrée est grisonnante : c'est une bête âgée.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, IV, XIV.
♦ (Mil. XXe). Aspect extérieur d'un insecte, de certains animaux, en dehors des oiseaux et mammifères. || « Livrée nuptiale des Tritons » (R. Husson, Glossaire de biologie animale).
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HOM. Formes du v. livrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.