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irréel

irréel, elle [ ireɛl ] adj.
• 1794; de 1. in- et réel
1Qui n'est pas réel, qui est en dehors de la réalité. abstrait, imaginaire. Univers irréel. Aspect irréel. fantastique.
Subst. Sa stupidité atteignait « aux limites les plus reculées du chimérique et de l'irréel » (Courteline).
2Ling. Mode irréel, ou n. m. l'irréel : construction ou forme verbale exprimant une hypothèse irréalisable. Le latin distingue l'irréel (du présent, du passé) et le potentiel; ces formes sont rendues en français par le conditionnel.
⊗ CONTR. Authentique, 1. effectif, réel.

irréel nom masculin Ce qui est irréel, imaginaire : Le domaine de l'irréel. Construction ou forme verbale exprimant que le procès dépend d'une condition jugée irréalisable. (Cette condition peut se rapporter au présent : Si tu voulais, tu réussirais [irréel du présent] ; ou au passé : Si tu avais voulu, tu aurais réussi [irréel du passé]. Certaines langues distinguent l'irréel du potentiel.) ● irréel, irréelle adjectif Qui n'est pas réel, qui paraît en dehors de la réalité : Paysage irréel.irréel, irréelle (citations) adjectif Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Un peuple n'a une vie réelle grande que s'il a une vie irréelle puissante. L'Impromptu de Paris, scène 4, Jouvet Grassetirréel, irréelle (synonymes) adjectif Qui n'est pas réel , qui paraît en dehors de...
Synonymes :
- fantasmagorique
- illusoire
- imaginaire
- inexistant
- mythique
Contraires :
- authentique
- effectif
- manifeste
- réel
- tangible
- vrai

irréel, elle
adj. et n. m.
d1./d Qui n'a pas de réalité, qui est en dehors de la réalité. Monde irréel.
|| n. m. Ce qui est irréel. Avoir un sentiment d'irréel.
d2./d GRAM Mode irréel ou, n. m., l'irréel, qualifie une construction exprimant une supposition contraire à la réalité présente ou passée (ex. si les vents n'existaient pas, la mer serait calme) (par oppos. à potentiel).

⇒IRRÉEL, -ELLE, adj. et subst.
I. — Emploi adj.
A. — Qui n'a pas de réalité, qui n'existe pas ou n'existe que dans l'imagination. Synon. imaginaire, fantastique.
1. [Appliqué à une pers.] Qui n'a pas d'existence réelle. Ce château de rêve et de fantasmagorie où d'irréels valets, des ombres l'avaient reçu! (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 2). Les romantiques (...) ne sont pas ces créatures évanescentes, irréelles et trop angéliques (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 152) :
1. Ô hommes! Cette forme émouvante, ce n'est pas une forme irréelle, ce n'est pas le fantôme d'un paradis de mensonge : c'est le fils Guillet, le fils du plombier, celui qui démonte et remonte tout le temps sa bécane.
MONTHERL., Olymp., 1924, p. 345.
2. [Appliqué à un inanimé] Qui n'a pas de réalité matérielle. Cela [son mariage] me semblait irréel, mais en ce temps-là la vie était folle et tout se faisait très vite (MAUROIS, Climats, 1928, p. 159). Il vit dans un univers irréel que son imagination mystique a créé de toutes pièces (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 806) :
2. Un homme est doué à un bon degré de la mémoire visuelle et de la mémoire verbale simple; s'il décrit un paysage, même imaginaire, même fantastique, même irréel, c'est qu'il le voit.
GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 287.
B. — Qui ne paraît pas réel, semble vivre, se situer ou se dérouler dans un autre monde, généralement étrange et fantastique.
1. [Appliqué à une pers.] Qui paraît ailleurs ou venu d'ailleurs, lointain, absent des réalités de la vie. Son père était plus bienveillant mais plus irréel que jamais (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 24) :
3. Je l'ai trouvée pourtant moins irréelle qu'au temps où nous jouions dans notre enfance, aux jardins de Sancergues. Son corps léger et son visage m'étaient merveilleusement devenus insaisissables. Il n'en restait qu'une fragile et indéfinissable transparence au fond de laquelle un contour, aussi doux que ce corps évanoui, décelait tous les mouvements de l'âme.
BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 345.
2. [Appliqué à un inanimé] Souvenir des récits évoquant les régions lointaines, irréelles (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 11). Toute cette chambre était blanche, opaline, irréelle de blancheur (MORAND, Parfaite de Saligny, 1947, p. 140) :
4. C'était irréel et charmant cette terrasse où ces deux femmes en toilettes un peu raides regardaient une mer en tulle, tandis qu'au-dessus d'elles descendait obliquement un amour.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1908, p. 372.
II. — Emploi subst. masc.
A. — Sing. à valeur de neutre. (Tout) ce qui n'est (ou ne paraît) pas réel. Synon. imaginaire, fantastique. Ma prière s'enfuit dans l'irréel, dans l'impossible (LOTI, Jérusalem, 1895, p. 173). J'étais en plein irréel et jamais je n'ai été aussi heureux ni aussi accablé que ce jour-là (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 281) :
5. ... mes intentions sont comme désincarnées, cérébrales et menacent sans cesse de virer à l'irréel, à cet imaginaire qui annule la réalité au lieu d'annoncer sa transformation.
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 133.
PSYCHOL. Sentiment d'irréel. ,,Impression d'étrangeté, de non-réalité du monde, éprouvé par les psychasthéniques (P. Janet) et aussi par de nombreux schizophrènes (Sivadon)`` (MARCH. 1970; également ds PIERRON 1973). Ils [ces malades] ont donc un sentiment fondamental de rêve, d'irréel (JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p. 42).
B. — GRAMM. Mode irréel ou irréel. Forme verbale du conditionnel exprimant une hypothèse irréalisable soit dans le passé (irréel du passé) soit dans le présent (irréel du présent). Certaines langues comme le latin distinguent l'irréel (réalisation impossible) du potentiel (action non réalisée, mais possible) (MOUNIN 1974).
REM. Irréellement, adv. De manière irréelle. Dolorès sourit de nouveau doucement, presque irréellement (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 166).
Prononc. et Orth. : [()]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1794 sans précision de sens (POUGENS, Vocab. des Privatifs fr. ds BRUNOT t. 10, p. 603); ds la lexicogr. à partir de 1840 (Ac. Compl. 1842 au sens de « qui manque de réalité »); d'où 1890 subst. (COURTELINE, Femmes d'amis, Violette, p. 166 : l'irréel et ... l'inconcevable); 2. 1907 gramm. mode irréel ou irréel (Lar. pour tous). Dér. de réel; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 329. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) néant, b) 7; XXe s. : a) 431, b) 1 135.

irréel, elle [i(ʀ)ʀeɛl] adj.
ÉTYM. 1794, repris 1838-40, Académie, Compl.; de ir- (1. In-), et réel.
1 Qui n'est pas réel, qui est en dehors de la réalité. Abstrait, imaginaire; fantastique. || Homme, objet qui semble irréel (→ Briquet, cit. 2; entrer, cit. 17; incorporel, cit. 2; inaccessible, cit. 10). || Aspect irréel. Fantastique (→ Fragilité, cit. 6). || Croire irréelles certaines passions, certaines difficultés. Chimérique, vain (→ Courtois, cit. 4; fléau, cit. 6). || Espoirs irréels. Illusion. || Vos craintes sont absolument irréelles, ce sont des fantômes, des chimères. Irréalisable. || Une beauté irréelle. || L'irréel pays d'Eldorado. Fabuleux.
1 En ce sens, les petits drames de M. Maeterlinck, si délicieusement irréels, sont profondément vivants et vrais.
R. de Gourmont, le Livre des masques, p. 21.
2 Il s'agit du pays de Tendre, dont Mademoiselle de Scudéry et son ami (Pellisson), par jeu, ont relevé le plan irréel et sentimental, avec toutes les voies de communication, où se retrouver, où se perdre.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 39.
N. m. (1890, Courteline). || L'irréel : ce qui est irréel. || Le chimérique (cit. 5) et l'irréel.Psychol. || Sentiment d'irréel. Irréalité.
3 (…) ces jardins qui ne sont pas des jardins, ces lignes qui s'emmêlent avec une souplesse et une liberté sans fin, tout cet irréel précieux qui n'emprunte rien, ou presque rien, à la réalité des choses et ne paraît pas avoir d'autre objet que lui-même (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, IV.
4 (…) le monde n'est pas « irréel » (je pourrais alors le parler : il y a des arts de l'irréel, et des plus grands), mais déréel : le réel en a fui, nulle part.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 106.
2 Par ext. Qui ne semble pas appartenir à la réalité. || « Je l'ai trouvée pourtant moins irréelle qu'au temps où nous jouions dans notre enfance » (H. Bosco, le Mas Théotime, in T. L. F.). || Un endroit irréel.
3 (1907). Ling. || Mode irréel, ou, n. m., l'irréel : « construction ou forme verbale susceptible d'exprimer que l'action énoncée est envisagée à titre d'hypothèse irréalisable » (Marouzeau). || Irréel du présent, dans le présent (ex : si j'étais plus âgé, je prendrais ma retraite). || Irréel du passé, dans le passé (ex. : s'il avait fait beau, je me serais promené).
CONTR. Authentique, effectif, réel.
DÉR. Irréalisme, irréalité, irréellement.

Encyclopédie Universelle. 2012.