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ingénu

ingénu, ue [ ɛ̃ʒeny ] adj.
• 1480; h. XIIIe; lat. ingenuus « né libre », et par ext. « noble, franc »
1Dr. rom. Qui est né libre (opposé à esclave et à affranchi).
2(1611) Littér. Qui a une sincérité innocente et naïve. candide, inexpérimenté, innocent, naïf, simple. Jeune fille ingénue, un peu nunuche. « Il est ingénu et sans malice » (Fénelon). Air, regard ingénu. Subst. « L'Ingénu », conte de Voltaire. Faire l'ingénu. Une fausse ingénue : jeune fille qui feint la naïveté. ⇒ sainte nitouche. N. f. Théâtre Rôle d'ingénue, de jeune fille naïve. Jouer les ingénues. Les ingénues et les coquettes.
⊗ CONTR. Averti, hypocrite.

ingénu, ingénue adjectif et nom (latin ingenuus, né de parents libres) Qui laisse voir librement et naïvement ses sentiments : Un pauvre garçon ingénu et sans malice.ingénu, ingénue adjectif Qui manifeste une grande naïveté : Réponse ingénue.ingénu, ingénue (synonymes) adjectif Qui manifeste une grande naïveté
Synonymes :
- candide
- innocent
- naïf
- simple
- simplet
Contraires :
- averti
- malin
- roué
- rusé

ingénu, ue
adj. et n.
d1./d adj. D'une franchise innocente et candide. Fillette ingénue. Air ingénu.Syn. naïf.
|| Subst. Un(e) ingénu(e).
d2./d n. f. THEAT Rôle de jeune fille naïve. Jouer les ingénues.

⇒INGÉNU, -UE, adj.
A. — [En parlant d'une pers.]
1. DR. ROMAIN. Qui est, de par sa naissance, de condition libre (p. oppos. à affranchi). (Dict. XIXe et XXe s.).
Emploi subst. Auguste permit à tous les ingénus qui n'étaient pas sénateurs, d'épouser des affranchies (Ac. 1935).
2. Courant. Qui fait preuve d'une franchise innocente et naïve. Éraste, jeune homme avide, disciple ingénu (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 204) :
1. Pâle, aux visages de perle, mains tordues, je vois palpiter et mourir ces Anglaises et ces Américaines si ingénues dans l'acte de s'offrir.
MONTHERL., Olymp., 1924, p. 330.
Emploi subst. Faire l'ingénu, jouer les ingénues. [En terme de théâtre] Rôle d'ingénue, ingénu de théâtre. Elle éclata d'un rire charmant d'ingénue (PROUST, Swann, 1913, p. 256). Elle avait la voix et l'accent que prennent les ingénues pour dire que le petit chat est mort (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 227) :
2. Il fallut que j'en vinsse à la Sorbonne pour connaître, pour découvrir, avec une stupeur d'ingénu de théâtre, ce que c'est qu'un maître qui en veut à ses élèves, qui sèche d'envie et de jalousie, et du besoin d'une domination tyrannique...
PÉGUY, Argent, 1913, p. 1131.
Une fausse ingénue. Jeune femme jouant l'innocence et la naïveté. La petite se lassa et dit : « Oh! pardon, Monsieur! » en fausse ingénue (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p. 41).
Subst. fém. (Coiffure à l') Ingénue. Une des volumineuses coiffures de femme à la mode au XVIIIe siècle (d'apr. LELOIR 1961).
B. — [En parlant d'un trait physique ou mor.] Qui dénote une franchise innocente et naïve. Un sourire ingénu :
3. Elle n'avait pas l'air de savoir, en effet. Elle gardait ses yeux ingénus, son odeur de chasteté, la naïveté d'une petite fille incapable de distinguer un monsieur d'une dame.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 301.
[En parlant d'une activité ou de son résultat] Qui traduit une franchise innocente et naïve. C'est dans la petite ville d'Arezzo que je devins un adepte conscient de la peinture ingénue (FRANCE, Île ping., 1908, p. 148) :
4. C'est la confession, non pas ingénue et irréfléchie, mais volontaire et comme désespérée, d'un jeune homme ambitieux de produire quelque chose de grand, qui s'agite dans le collier de misère de la critique, acceptée contre son gré, dans un jour d'incertitude ou de découragement.
SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 280.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1480 adj. condicion ingenue « condition libre » (Arch. Nord, B 7662, pièce 15). B. 1611 adj. « qui agit, parle avec une innocente franchise » (COTGR.); 1668 subst. (MOLIÈRE, Amphytrion, II, 3, éd. H. de Bouillane de Lacoste et R. Bray, p. 290 : Quoy! tu fais l'ingénu!). Empr. au lat. ingenuus « né de parents libres » (d'où A), aussi « sincère » (d'où B). Fréq. abs. littér. : 656. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 593, b) 968; XXe s. : a) 1 463, b) 884.

ingénu, ue [ɛ̃ʒeny] adj. et n.
ÉTYM. XIIIe, attestation isolée; condition igenue (sens A), 1480; lat. ingenuus « né libre », et, par ext., « noble, franc »; de in-, et genere, gignere.
A Didact. (dr. rom.). Qui est né libre, par oppos. à esclave ou affranchi.N. m. pl. || Les ingénus.
B
1 Vx. Franc, sincère.
2 (1611). Mod. Littér. ou style soutenu. Qui a une sincérité innocente et naïve. Candide, inexpérimenté, innocent, naïf, simple, simplet. || Jeune fille ingénue. || Un garçon bon et ingénu (→ Sans malice). || Artiste ingénu (→ Coruscant, cit. 1). || L'Ingénue libertine, roman de Colette.Un air, un regard ingénu. || Des yeux ingénus. || D'un air ingénu (→ Sans avoir l'air d'y toucher). || Franchise ingénue. 2. Franc. || Des grâces ingénues, sans fard (cit. 10). || Vantardise ingénue (→ Épate, cit. 1). || Question, réponse ingénue.
1 La déclaration est assez ingénue.
Molière, Sganarelle, XXII.
2 Il est ingénu et sans malice (…)
Fénelon, Dialogue des morts, 6, in Littré.
3 Depuis son hymen avec la civilisation, la société a perdu le droit d'être ingénue et pudibonde. Il est de certaines rougeurs qui sont encore de mise au coucher de la mariée, et qui ne peuvent plus servir le lendemain.
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 15.
3.1 Un ingénu besoin de révérence inclinait devant eux mon esprit.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, p. 238.
N. || Un ingénu, une ingénue. || Une jeune ingénue (→ Harmonie, cit. 36). || Agnès, type de l'ingénue créé par Molière. || L'Ingénu, conte de Voltaire. || Faire l'ingénu. Ignorant. → Sainte nitouche. — N. f. (1829). En t. de théâtre. || Une fausse ingénue : jeune fille qui feint la naïveté.Jouer les ingénues. || Rôle d'ingénue, de jeune fille naïve.
4 Monsieur le bailli, qui s'emparait toujours des étrangers dans quelque maison qu'il se trouvât, et qui était le plus grand questionneur de la province, lui dit en ouvrant la bouche d'un demi-pied : Monsieur, comment vous nommez-vous ? On m'a toujours appelé l'Ingénu, reprit le Huron, et on m'a confirmé ce nom en Angleterre, parce que je dis toujours naïvement ce que je pense, comme je fais tout ce que je veux.
Voltaire, l'Ingénu, I.
5 George Sand est une de ces vieilles ingénues qui ne veulent jamais quitter les planches.
Baudelaire, Journaux intimes, « Mon cœur mis à nu », XXVIII.
6 Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l'œil bleu (…)
Verlaine, Poèmes saturniens, « Chanson des Ingénues ».
CONTR. Averti, faux, hypocrite, retors, roué. (Du n. f.) Coquette.
DÉR. Ingénument.

Encyclopédie Universelle. 2012.