immoler [ imɔle ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1460; lat. immolare
♦ Littér.
1 ♦ Tuer en sacrifice à la divinité. ⇒ sacrifier. Immoler une victime sur l'autel.
2 ♦ Faire périr. ⇒ massacrer, tuer. Immoler les innocents et les coupables. — IMMOLER (une personne) À (qqn),la faire périr pour le satisfaire. « Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! » (P. Corneille). — IMMOLER À (qqch.) :faire périr pour satisfaire (tel sentiment), parvenir à (telle fin). Il a immolé des milliers d'hommes à son ambition. — « Virginie, immolée par son père à la pudeur et à la liberté » (Montesquieu).
3 ♦ (déb. XVIIe) Fig. et vieilli Sacrifier. La princesse « fut la première immolée à ces intérêts de famille » (Bossuet).
♢ Abandonner (qqch.) dans un esprit de sacrifice ou d'obéissance. ⇒ offrir. Il a tout immolé pour sa patrie.
4 ♦ S'IMMOLER v. pron. Faire le sacrifice de sa vie. S'immoler par le feu. — Faire le sacrifice de ses intérêts. « Je devais m'immoler [...] au libéralisme » (Chateaubriand).
● immoler verbe transitif (latin immolare, sacrifier) Tuer quelqu'un, un animal pour l'offrir en sacrifice à une divinité : Immoler des victimes sur l'autel. Littéraire. Faire périr quelqu'un, un groupe, concourir à la mort, au massacre d'un grand nombre de personnes : Immoler d'innocentes victimes. Littéraire. Sacrifier quelqu'un, quelque chose ou les abandonner dans un esprit de sacrifice, pour satisfaire une passion, une ambition, une exigence morale : Immoler ses intérêts personnels à la défense de son pays. ● immoler (synonymes) verbe transitif (latin immolare, sacrifier) Tuer quelqu'un, un animal pour l'offrir en sacrifice à une...
Synonymes :
Littéraire. Faire périr quelqu'un, un groupe, concourir à la mort, au...
Synonymes :
- décimer
Littéraire. Sacrifier quelqu'un, quelque chose ou les abandonner dans un esprit de...
Synonymes :
- laisser
- quitter
immoler
v. tr.
d1./d Tuer en sacrifice à un dieu. Immoler un animal.
d2./d v. Pron. Offrir sa vie en sacrifice. S'immoler par le feu.
d3./d Fig., litt. Sacrifier. Immoler sa vie personnelle à la vie publique.
|| v. Pron. Sacrifier sa vie, ses intérêts à. S'immoler pour la patrie.
⇒IMMOLER, verbe trans.
A. — RELIG. Offrir (une personne, un animal) en sacrifice à une divinité. Synon. sacrifier. Immoler une victime sur l'autel; immoler des agneaux; immoler en expiation de. À la mort de leurs chefs, ils immolent des victimes humaines. Ils prétendent par ces sacrifices apaiser la colère du défunt (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 60). L'habitude d'immoler des victimes humaines, habitude qu'on trouverait dans la plupart des religions antiques (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 214).
♦ Immoler à. Offrir un sacrifice à. Immoler à Dieu. Si l'on n'immoloit point une génisse noire aux mânes du héros, du moins on répandoit en son honneur, un sang moins stérile, celui des ennemis de la patrie (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 322).
— THÉOL., au passif. ou en emploi réfl. [Le suj. désigne le Christ] Être offert en sacrifice (sur la croix ou sur l'autel). Jésus-Christ est la victime qui a été immolée pour le salut des hommes (Ac. 1935). La vie eucharistique de Jésus, immolé, anéanti sur l'autel et se donnant aux fidèles dans la communion (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 491).
B. — P. ext., littér. Sacrifier la vie de quelqu'un.
— Immoler qqn. La Convention immola des milliers d'ouvriers (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 524). La guerre (...) immole les héros et les forts et épargne les malades, les habiles, les lâches (MAURIAC, Journal occup., 1942, p. 334).
— Immoler qqn à qqn/qqc.; immoler qqn pour qqn/qqc. Quand on pend un voleur ou un assassin en Angleterre, c'est l'aristocratie qui immole une victime à sa sûreté (STENDHAL, Souv. égotisme, 1832, p. 86). Il va mourir, immolé au bien de l'État (MONTHERL., Reine morte, 1942, III, 6, p. 227) :
• 1. Agamemnon en obéissant aux dieux, ne fait après tout qu'immoler sa fille à son ambition : un oracle qui demande du sang, afin d'obtenir un vent favorable, révolte l'esprit sans toucher le cœur.
CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 342.
♦ Emploi pronom. réfl. Régulus ne s'immole pas seulement à sa patrie, mais à la vérité, à la loi divine comme il la comprend (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 932). Cet amour des uns pour les autres qui (...), dans cette guerre, (...) pousse les officiers à s'immoler pour leurs hommes et ceux-ci pour ceux-là (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 163).
C. — Au fig., littér.
1. Immoler qqn. Sacrifier, faire de quelqu'un une victime. Des naumachies littéraires où on immole tout auteur qui n'a pas des monceaux d'or à répandre (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 83).
— Immoler qqn à/pour. Sacrifier au profit de. J'immolerais les grands hommes à tous les imbéciles, les martyrs à tous les bourreaux (FLAUB., Corresp., 1852, p. 66). Je t'immolais à quelque chose de haut et de pur (MONTHERL., Fils personne, 1943, IV, 2, p. 339).
— Emploi pronom. réfl. Prêt à m'immoler pour vous, je veux du moins que mon sacrifice ne puisse être attribué à l'ambition (GENLIS, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 189) :
• 2. Il n'en reste pas moins qu'un homme réellement supérieur est naturellement sacrificiel, qu'il tend naturellement à s'immoler pour quelque objet qui le dépasse.
BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 909.
2. Immoler qqc.
a) Sacrifier (un intérêt, une passion) dans un esprit d'abnégation. Immoler ses préférences personnelles, vaincre les inclinations de sa nature (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 424).
♦ Emploi pronom. à valeur passive. Dans ces temps-là (...) les intérêts particuliers ne s'immolaient pas plus volontiers qu'aujourd'hui (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 90).
— Immoler qqc. à qqn/qqc. La femme qui aime exige (...) qu'on lui immole tout, l'honneur y compris (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 87). La facilité avec laquelle ses plus grands chefs ont immolé tout au désir de leur promotion personnelle (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. LXXI).
b) Immoler qqc. en soi. Détruire, sacrifier. J'immolerai en moi tout ce qui ne sera pas digne de vous (DUMAS fils, Ami femmes, 1864, III, 2, p. 131). Immole donc en toi chaque jour de plus en plus les vices et la concupiscence (BILLY, Introïbo, 1939, p. 144).
Prononc. et Orth. : [im(m)]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2e moitié XVe s. (Myst. Vieil Test., éd. J. de Rothschild, 23685). Empr. au lat. immolare « sacrifier ». Fréq. abs. littér. : 665. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 021, b) 784; XXe s. : a) 564, b) 339.
immoler [i(m)mɔle] v. tr.
ÉTYM. V. 1460; lat. immolare, de im- (→ 2. In-), et mola « meule », d'où « farine », désignant la farine de blé torréfiée mêlée de sel qu'on répandait sur la tête des victimes, au cours du sacrifice.
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♦ Littér. ou didact. (dans toutes ses acceptions).
1 (1538). Tuer en sacrifice à une divinité. ⇒ Sacrifier; sacrifice (offrir en). || Immoler une victime sur l'autel. ⇒ Égorger (→ aussi Assemblée, cit. 8; assumer, cit. 1; holocauste, cit. 1 et 3). || La terre, immense autel (cit. 19) où tout ce qui vit doit être immolé. || Agamemnon laissant immoler sa fille (→ Approuver, cit. 10; bûcher, cit. 2). — Au p. p. || Victimes humaines immolées à Dieu dans un autodafé (cit. 1).
1 Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée (…)
Boileau, Épître, VII.
2 Si l'on t'immole un bœuf, j'en goûte devant toi.
La Fontaine, Fables, IV, 3.
3 Il n'y a guère de peuples dont la religion n'ait été inhumaine et sanglante : vous savez que les Gaulois, les Carthaginois, les Syriens, les anciens Grecs, immolèrent des hommes.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXLVII.
♦ (1460). Relig. En parlant du sacrifice de Jésus, renouvelé dans le saint sacrifice de la messe. Surtout passif et p. p. || Le fils de Dieu immolé pour le salut des hommes.
4 (…) cette hostie divine qui devait être immolée pour eux et pour nous.
Bourdaloue, Sermon, Sur le sacrifice de la messe.
2 (1691, Racine). Vx. Faire périr. ⇒ Exterminer, massacrer, mort (mettre à), tuer (→ Différer, cit. 2). || Immoler les innocents et les coupables (→ Extermination, cit. 2). || « La Convention immola des milliers d'ouvriers » (Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, in T. L. F.).
5 (…) on disait, on tâchait de croire que Robespierre allait inaugurer une politique nouvelle, qu'il n'avait immolé des indulgents que pour reprendre leurs idées (…) N'était-ce pas assez de sang ? (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., XVIII, II.
♦ Immoler (une, des personnes) à (qqn) : faire périr à l'intention de, en dédiant les victimes à (comme pour rendre hommage à une divinité).
6 Vos ennemis par moi vont vous être immolés (…)
Racine, Andromaque, IV, 3.
♦ Par ext. Faire mourir ou laisser mourir dans l'intérêt supérieur de. || Immoler qqn à la patrie, à l'État (→ Amphore, cit.).
♦ Immoler (qqn) à (qqch.) : faire périr (qqn) pour satisfaire (un sentiment), parvenir à (une fin). || Certains conquérants ont immolé des milliers d'hommes à leur ambition. || Ils l'ont immolé à leur haine, à leur colère, à leur ressentiment.
7 Vengez-la (cette mort) par une autre, et le sang par le sang.
Immolez, non à moi, mais à votre couronne,
Mais à votre grandeur, mais à votre personne;
Immolez, dis-je, Sire, au bien de tout l'État
Tout ce (celui quel qu'il soit) qu'enorgueillit un si haut attentat.
Corneille, le Cid, II, 3.
8 Elle allait immoler Joad à son courroux.
Racine, Athalie, III, 3.
9 (…) la mort de Virginie, immolée par son père à la pudeur et à la liberté (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XI, XV.
♦ Rare. || Immoler qqn pour qqch.
3 Fig. et vieilli. ⇒ Sacrifier (à un intérêt, à une passion). || Immoler des rivaux à sa haine, à son ambition. || Immoler ses meilleurs amis aux caprices d'une femme.
10 Vous laisserez sans honte immoler votre filleAux folles visions qui tiennent la famille (…) ?
Molière, les Femmes savantes, II, 9.
11 La princesse Bénédicte (…) fut la première immolée à ces intérêts de famille.
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
12 À ces martyrs de l'intelligence, impitoyablement immolés sur la terre, les adversités sont comptées en accroissement de gloire (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 208.
13 Dans l'ennui des grandes assemblées, il y a toujours quelqu'un (souvent ce n'est pas le moins raisonnable) que l'on immole ainsi à l'amusement de tous.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, V.
♦ (Compl. n. de chose). Vx. Abandonner dans un esprit de sacrifice ou d'obéissance. ⇒ Offrir, renoncer (à). || Immoler sa fortune, ses intérêts, son ambition. ⇒ Fouler (aux pieds). || Immoler son amour au devoir. || Immoler qqch. en soi, le détruire, le sacrifier.
14 (…) mais c'est à ses beautés
Que je viens immoler toutes mes volontés.
Corneille, Polyeucte, II, 1.
REM. Les emplois où la métaphore du sens 1 est sensible sont encore possibles, mais restent archaïques ou plaisants.
15 (…) la longanimité qu'il avait déployée depuis le jour où sa foi ardente lui avait fait tout immoler sur les autels de la mère patrie.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, p. 222.
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s'immoler v. pron.
1 (1640, Corneille). Faire le sacrifice de sa vie (en se donnant la mort ou en l'acceptant). || Aux Thermopyles, les Spartiates se sont immolés pour la patrie. || Enfant d'Israël qui s'immole pour Dieu (→ Héritage, cit. 7). — Spécialt. || Jésus s'est immolé pour le salut des hommes.
16 La mort seule aujourd'hui peut conserver ma gloire (…)
Permettez, ô grand roi, que de ce bras vainqueur
Je m'immole à ma gloire, et non pas à ma sœur.
Corneille, Horace, V, 2.
2 (1668, Molière). Faire le sacrifice de ses intérêts. || Sa carrière s'annonçait brillante, il s'est immolé par fidélité à ses principes. || S'immoler à sa conscience, à son devoir.
17 Ils (les grands) veulent que pour eux tout soit, dans la nature,
Obligé de s'immoler.
Molière, Amphitryon, I, 1.
18 Ce prêtre, qui depuis quarante années s'immolait chaque jour au service de Dieu et des hommes dans ces montagnes, ne te rappelle-t-il pas ces holocaustes d'Israël, fumant perpétuellement sur les hauts lieux, devant le Seigneur ?
Chateaubriand, Atala, p. 127.
19 Et, chose étrange ! dans cette ardeur généreuse à me pousser dehors, les hommes qui me signifiaient leur volonté n'étaient ni mes amis, ni les copartageants de mes opinions politiques. Je devais m'immoler sur-le-champ au libéralisme, à la doctrine qui m'avait continuellement attaqué (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 564 (éd. Levaillant).
20 Monter, c'est s'immoler. Toute cime est sévère.
L'Olympe lentement se transforme en calvaire;
Partout le martyre est écrit (…)
Hugo, les Contemplations, VI, XVII.
21 De là ces partis pris sublimes, celui des saints ou de Tolstoï, qui fait la bonne bête. Quelque forts qu'ils soient, ils s'immolent; ils veulent croire en Dieu ou à ce monde, à tout prix. Et comme la volonté d'une parfaite croyance est déjà la moitié d'une foi, bientôt ils s'y immolent.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », p. 27.
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immolé, ée p. p. adj.
♦ Voir ci-dessus à l'article (sens 1).
Encyclopédie Universelle. 2012.