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HOLOCAUSTE
HOLOCAUSTE

HOLOCAUSTE

Les deux termes grecs qui ont formé le mot «holocauste» signifient «je brûle tout». C’est, en effet, un sacrifice où la victime est tout entière brûlée, détruite. Le premier chapitre du Lévitique règle l’ordonnance des holocaustes de gros bétail (veaux), de menu bétail (agneaux, chèvres), d’oiseaux (pigeons, tourterelles) en spécifiant, s’il s’agit d’un quadrupède, qu’il importe d’offrir un mâle, et un mâle sans défaut.

L’holocauste n’est pas un sacrifice mangé, puisque la victime est consumée intégralement (sauf la peau, qui revenait aux prêtres, et le sang, qui était versé au pied de l’autel). Mais c’est un sacrifice de repas préparé pour le dieu, et même un repas complet, à lui réservé. Les parties comestibles de la victime étaient, en effet, apprêtées; les entrailles et les jambes étaient lavées; les pigeons étaient plumés; on ajoutait de la farine trempée d’huile et des libations de vin. Le sens est donc clair: c’est à la nourriture du dieu, à son entretien, à la restauration de ses forces qu’on pourvoyait. Bien entendu, des sens symboliques se sont rapidement greffés sur ce sens trop matériel. L’holocauste était le signe d’une offrande totale. C’était le donateur, non la victime, qui vouait son sang et son cœur, sa graisse et ses reins, c’est-à-dire (selon la psychologie des Sémites) son intelligence et sa sensibilité.

Le mot holocauste est passé dans la langue courante: il signifie immolation de soi, ou même sacrifice en général, mais avec l’idée qu’il s’agit d’un don plénier, d’une générosité, d’un renoncement ou d’une souffrance qui ne connaissent pas les demi-mesures.

holocauste [ ɔlokost ] n. m.
XIIe; lat. ecclés. d'o. gr. holocaustum « brûlé tout entier »
1Hist. relig. Chez les Juifs, Sacrifice religieux où la victime était entièrement consumée par le feu. Offrir un bélier en holocauste. Par anal. Sacrifice sanglant de caractère religieux. immolation.
2(déb. XVIIe) Fig. Sacrifice total, à caractère religieux ou non. Faire l'holocauste de son cœur, de ses désirs, de ses goûts. S'offrir en holocauste à une cause.
3La victime immolée. « Ô femme, volontaire holocauste pour l'amour de Dieu » (Villiers).
4Spécialt L'Holocauste ou l'holocauste : le génocide, la tentative d'extermination des Juifs par les nazis (cf. La Shoah).

holocauste nom masculin (bas latin holocaustum, du grec holokaustos, de holos, entier, et kaustos, brûlé) Dans l'ancien Israël, sacrifice religieux où la victime, un animal, était entièrement consumée par le feu ; la victime ainsi sacrifiée. Sacrifice sanglant exécuté dans un but religieux. Ensemble des persécutions, des sévices et des exterminations dont les Juifs furent les victimes de la part des nazis entre 1939 et 1945. (En ce sens, prend souvent une majuscule.) [→ génocide.] Massacre, grande destruction de personnes, de choses, inspirés par une idéologie. ● holocauste (difficultés) nom masculin (bas latin holocaustum, du grec holokaustos, de holos, entier, et kaustos, brûlé) Genre Masculin : un holocauste. Remarque Au xviies., le mot était indifféremment masculin ou féminin. Sens 1. Sacrifice d'un animal dans lequel la victime était entièrement brÛlée, chez les Hébreux. 2. L'Holocauste (avec une majuscule) : l'extermination des Juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale (dite la Shoah par les Juifs). ● holocauste (expressions) nom masculin (bas latin holocaustum, du grec holokaustos, de holos, entier, et kaustos, brûlé) Littéraire. S'offrir en holocauste, se sacrifier généreusement pour une cause.

holocauste
n. m.
d1./d HIST RELIG Sacrifice en usage chez les juifs, au cours duquel la victime (un animal) était entièrement consumée par le feu. Offrir un mouton en holocauste.
|| Par ext. Victime ainsi sacrifiée.
d2./d Sacrifice religieux sanglant.
d3./d Spécial. L'Holocauste ou l'holocauste: l'extermination des Juifs par les nazis.
d4./d Fig. Sacrifice. Offrir son coeur en holocauste. S'offrir en holocauste.

⇒, subst. masc.
A. — RELIGION
1. Sacrifice religieux, pratiqué notamment par les Hébreux aux temps bibliques, et au cours duquel la victime (uniquement animale chez les Hébreux) était entièrement consumée par le feu. Je veux me tenir devant toi continuellement comme un bélier sur l'autel, comme un holocauste qui fume (FLAUB., Tentation, 1856, p. 649). Cette pièce (...) célèbre le combat entre deux héros représentant des tribus rivales (...). Son dénouement est l'acceptation par le prisonnier du sacrifice rituel qui le destine à mourir en holocauste (Encyclop. univ. t. 13 1972, p. 463). Cf. bûcher1 B 1 a :
1. [Dieu] réprouve le culte idolâtrique et purement extérieur qu'on lui rend à Samarie aussi énergiquement que les cultes chananéens infiltrés en Israël. Il préfère la piété, le culte intérieur, aux holocaustes et aux sacrifices.
Théol. cath. t. 4, 1, 1920, p. 988.
SYNT. Holocauste expiatoire, propitiatoire; holocauste d'expiation; holocauste du Temple; autel, fumée des holocaustes; bœufs, viande des holocaustes; faire, offrir un holocauste.
2. P. ext.
a) Sacrifice, offrande. Quand cette urne [l'urne des pleurs], sera remplie, le grand sacrificateur la prendra dans ses mains; il la présentera à son pere en holocauste; puis il la répandra sur le royaume de l'homme, et la vie nous sera rendue (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 269).
En partic. [En parlant d'une pers., d'une collectivité] L'holocauste du roi martyr [Louis XVI] ne fut suivi ni d'une pompe funéraire, ni d'un sacre (CHATEAUBR., Mél. hist., 1827, p. 307). On était un vendredi (...) jour du plus grand sacrifice, où Jésus s'offre en holocauste pour racheter les péchés des hommes (THARAUD, Trag. de Ravaillac, 1913, p. 149). Cf. donner I A 1 b  :
2. ... si tant d'hommes et de femmes, dans le monde libre, ont volontiers souffert, combattu, travaillé, (...), si tant de villes et de villages se sont offerts en holocauste pour le salut commun, il ne serait pas tolérable, il ne serait même pas possible, qu'il ne sortît point, de tant de deuils, de sacrifices et de ruines, un grand et large progrès humain.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 658.
b) P. méton. Victime. Mais toute faute peut être expiée; un holocauste divin s'offrira en sacrifice (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 1, 1831, p. 10). Il avait devant lui un homme allant à la mort (...) holocauste lamentable d'une société frappée de folie qui pense que le génie la souille (BLOY, Désesp., 1886, p. 147). V. consomption ex. 1 :
3. — ... Tu n'ignores pas que le genre humain se fera un dieu qui ne sera pas du tout indifférent sur le culte qu'il faudra lui rendre? — ... j'aurais le temps de mourir avant... — Mais tes enfants, malheureux! (...) seront holocaustes. — Ils auront la ressource de se faire sacrificateurs.
VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 182.
c) Au fig. Sacrifice.
[En parlant des manifestations de l'affectivité, de l'intelligence] Accepte sans dédain les souffrances que j'apporte en holocauste à tes pieds; laisse-moi consumer ma vie et brûler mon cœur sur l'autel que je t'ai dressé (SAND, Lélia, 1833, p. 97) :
4. C'est peut-être le grand sacrifice à offrir à Dieu, que le sacrifice de ses répugnances et de ses aversions. S'immoler soi-même à une volonté divine, cet holocauste quotidien et secret, est d'une beauté qui ne s'use point.
AMIEL, Journal, 1866, p. 513.
[En parlant d'une chose abstr.] V. équité ex. 2 :
5. ... la poursuite de la pure énergie lumineuse, à laquelle se livre l'impressionnisme, va dissoudre la matière elle-même. Désintégrée, éparpillée en des myriades d'éclats colorés, elle est abandonnée en holocauste à la lumière vibrante.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 158.
B. — Destruction totale, anéantissement.
1. [En parlant d'une collectivité ou, plus rarement, d'une pers.] Holocauste épouvantable, sanglant; holocauste nucléaire. La République rêvée en juillet aboutissait aux massacres de Varsovie et à l'holocauste du cloître Saint-Merry (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 174). Il (...) s'agit (...) de savoir maintenant (...) si l'Europe — chrétienne toujours — même dans les pays où elle se croit à jamais détachée du Christ — survivra à l'holocauste indéfiniment renouvelé de son héroïque jeunesse (MAURIAC, Journal occup., 1944, p. 338). La guerre fut, cette guerre, qui, durant quatre années, réclame des holocaustes monstrueux (LA VARENDE, Valse Sibélius, 1953, p. 143).
En partic. Massacres systématiques effectués dans les camps de concentration allemands au cours de la dernière guerre mondiale. L'holocauste énorme, indéfiniment ravitaillé, et auquel tous les peuples d'Europe pourvoient; huit millions d'innocents torturés et brûlés, sans compter ce que dévore la bataille (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 116). Ces choses simples, dites à cette mer humaine revêtaient un aspect de singulière grandeur. Pour les exprimer en ce lieu, en l'an 1979, où fleurissent antisémitisme et mensonges énormes sur l'Holocauste, il fallait à un Pontife polonais un courage tranquille exceptionnel en notre siècle. Jean-Paul II a tenu la gageure (La Rumeur d'Auschwitz ds Tribune juive, 15-21 juin 1979, n° 572, p. 6).
P. ext. Si nous nous taisons face à tous les goulags, à tous les Cambodge, à toutes les ratonnades et tous les Santiago du monde, nous laissons faire une série de massacres qui, mis bout à bout deviennent l'Holocauste de notre temps (Télérama, 14 mars 1979, n° 1522, p. 3).
2. [En parlant d'une chose concr.] À quoi bon écrire tout ceci? Ne sais-tu pas que tu vas le détruire un jour? Tu as jeté déjà au feu des livres entiers (...). Je ne sais comment Le Malfaiteur et le manuscrit de mon journal ont échappé à l'holocauste (GREEN, Journal, 1954, p. 238).
Prononc. et Orth. : [] ou [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1200 (Job, 301, 21.22 ds T.-L.). Empr. au lat. chrét. holocaustum « sacrifice d'adoration dans lequel la victime offerte à Dieu est totalement consumée par le feu de l'autel (Lév. I, 1-17; VI, 1-6; XXI, 17-25) », gr. (d'apr. D.S. BLONDHEIM ds Romania t. 50, p. 585), (id., ibid. t. 49, p. 350), de « tout » et « brûlé ». Fréq. abs. littér. : 191.

holocauste [olokost] n. m.
ÉTYM. V. 1170; lat. ecclés. d'orig. grecque holocaustum « brûlé tout entier », de holos (→ Holo-), et kaustos « brûlé », de kaiein « allumer, faire brûler ».
A
1 Chez les juifs, Sacrifice religieux où la victime était entièrement consumée par le feu. || Faire, pratiquer un holocauste.
En holocauste. || Offrir un bélier (cit. 1) en holocauste. || Victime propitiatoire brûlée en holocauste. || L'autel (cit. 1 et 10) des holocaustes.REM. Au XVIIe s., holocauste était indifféremment féminin ou masculin.
1 Si l'offrande de bêtes à quatre pieds est un holocauste de brebis ou de chèvres, celui qui l'offre choisira un mâle sans tache; Et il l'immolera devant le Seigneur (…) et le prêtre brûlera sur l'autel toutes ces choses offertes, pour être au Seigneur un holocauste et un sacrifice de très-agréable odeur.
Bible (Sacy), Lévitique, I, 10-11-13.
2 (1691). Sacrifice sanglant, de caractère religieux. Immolation. || L'holocauste du Christ sur la croix.
2 Est-ce qu'en holocauste aujourd'hui présenté,
Je dois, comme autrefois la fille de Jephté,
Du Seigneur par ma mort apaiser la colère ?
Racine, Athalie, IV, I.
3 Ces abominables holocaustes s'établirent dans presque toute la terre. Pausanias prétend que Lycaon immola le premier des victimes humaines en Grèce.
Voltaire, Essai sur les mœurs, Introd., Des victimes humaines.
4 (…) qu'ils fassent l'holocauste en adjurant les dieux (…)
Victor Bérard, Trad. de l'Odyssée, p. 176.
3 (Fin XVIe). Fig. Vx ou littér. (Dans des loc. verbales). Sacrifice total, à caractère religieux ou non (→ Expiatoire, cit. 5).S'offrir en holocauste à Dieu, à la patrie, à une cause. Immoler (s').Faire l'holocauste de son cœur, de ses désirs, de ses goûts.
5 Notre sacrifice n'est point un simple sacrifice; mais c'est un holocauste où toute la victime doit être consommée (…)
Bourdaloue, Pensées, Sacrifice religieux.
6 Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?
Baudelaire, les Épaves, « Femmes damnées ».
6.1 En vain, il tâchait de retrouver le brûlant état d'esprit, le besoin de charité et de martyre qui l'avait fait s'offrir en holocauste.
Zola, Paris, t. II, p. 72.
4 (1958, Mauriac). Spécialt (avec l'article défini, en emploi absolu). || L'Holocauste ou l'holocauste : le massacre, l'extermination des juifs par les nazis. || Les six millions de victimes de l'holocauste.
Massacre, génocide. || L'holocauste des albigeois, au XIIIe siècle.
B (1690). Par métonymie. Littér. Victime immolée dans un sacrifice. Hostie (vx).
7 L'angoisse d'être au monde autant que l'épouvante
De la mort, voue au feu stupide de l'Enfer
L'holocauste fumant sur son autel de fer !
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Siècles maudits ».
Par métaphore :
8 « Que celui qui veut venir après moi, se renonce soi-même ». Ah ! que ces paroles sont dures, je l'avoue, et qu'elles sont difficiles à embrasser ! (…) Mais il faut que le sacrifice soit entier; il faut que l'holocauste soit parfait, qu'il soit jeté au feu, entièrement brûlé, détruit et consumé, pour être agréable à Dieu.
Bossuet, Sermons, Conférence aux Ursulines de Meaux.
Figuré :
9 Ô femme ! si tu viens en oblation, volontaire holocauste, pour l'amour de Dieu, tu deviendras ton amour même réalisé, quand tu entreras dans ton éternité.
Villiers de L'Isle-Adam, Axel, I, 6.

Encyclopédie Universelle. 2012.