1. idéal, ale, als ou aux [ ideal, o ] adj.
• 1551; bas lat. idealis
1 ♦ Qui est conçu et représenté dans l'esprit sans être ou pouvoir être perçu par les sens. ⇒ idéel, théorique. « Sous le monde réel, il existe un monde idéal » (Hugo). ⇒ imaginaire. « La géométrie a pour objets certains solides idéaux » (Poincaré).
2 ♦ Qui atteint toute la perfection que l'on peut concevoir ou souhaiter. « Quel être idéal que cet Albert, sombre, souffrant, éloquent, travailleur » (Balzac ). ⇒ accompli, parfait. Beauté, formes idéales. Perfection idéale. ⇒ absolu. Dans les conditions idéales. ⇒ optimal.
3 ♦ Fam. Tel qu'on n'en imagine pas de meilleur. ⇒ parfait, rêvé. « Elle voyait dans Edmond et Carlotta le couple idéal, l'amour heureux » (Aragon). C'est la voiture idéale pour rouler sur des pistes. C'est la solution idéale.
4 ♦ Psychan. Le moi idéal, idéal de toute-puissance narcissique.
⊗ CONTR. Matériel; réel; imparfait, relatif.
idéal 2. idéal, als ou aux [ ideal, o ] n. m.
• 1765; « représentation adéquate » 1746; subst. de 1. idéal « modèle conçu par l'artiste »
1 ♦ Ce qu'on se représente ou se propose comme type parfait ou modèle absolu dans l'ordre pratique, esthétique ou intellectuel. Idéal de beauté. ⇒ 2. canon. « Il y a dans l'âme du peintre autant d'idéals que d'individus » (Baudelaire). Avoir un idéal. Poursuivre un idéal. Combattre pour un idéal. Les grands idéaux révolutionnaires. L'idéal démocratique. — Par ext. Cet homme est l'idéal du fonctionnaire, le fonctionnaire idéal, exemplaire. ⇒ modèle.
2 ♦ L'IDÉAL : ensemble de valeurs esthétiques, morales ou intellectuelles (par oppos. aux intérêts de la vie matérielle). Aspirer à l'idéal; s'élever, tendre vers l'idéal; goût, recherche de l'idéal. ⇒ idéalisme.
♢ Ce qui, dans quelque ordre que ce soit, donnerait une parfaite satisfaction aux aspirations du cœur ou de l'esprit. Le contraste entre l'idéal et la triste réalité. — L'idéal, c'est de : ce qui peut pleinement satisfaire, c'est de... « L'idéal pour Javert, ce n'était pas d'être humain [...] , d'être sublime; c'était d'être irréprochable » (Hugo ). Fam. L'idéal, ce serait de, que : ce qu'il y aurait de mieux, ce serait... « Aimer et être aimé, voilà l'idéal » (Cocteau). — Loc. Ce n'est pas l'idéal : il y a mieux. — DANS L'IDÉAL : sans tenir compte des difficultés matérielles. ⇒ théoriquement (cf. Dans l'absolu).
⊗ CONTR. Réalité, réel (n.); 1. positif (n.).
● idéal, idéals ou idéaux nom masculin (latin médiéval idealis, idéal) Ensemble de valeurs intellectuelles, morales, esthétiques, politiques considéré comme conforme aux aspirations les plus élevées de quelqu'un, d'une collectivité et comme une fin qu'ils se proposent d'atteindre : Une jeunesse sans idéal. Modèle qui correspond à ce que quelqu'un, une collectivité estiment être parfait : Sculpture qui représente l'idéal de beauté grecque. Personne apparaissant comme un modèle dans le genre d'activité qui lui est propre : C'est l'idéal de l'employé. ● idéal, idéals ou idéaux (citations) nom masculin (latin médiéval idealis, idéal) Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Rien ne vient. Notre cerveau bout Dans l'Idéal, feu qui nous tente, Et nous mourons. Restent debout, Ceux qui font le cours de la rente. Le Collier de griffes, Banalité Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 Tout idéal, dès qu'il est formulé, prend un aspect désagréablement scolaire. Jaune, bleu, blanc Gallimard Victor Segalen Brest 1878-Huelgoat 1919 Le Peintre la donne ici plus douce que l'autre n'est douce dans l'existence humaine ; car il l'a peinte ici comme il l'aime. Peintures Plon la femme Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 L'idéal est une manière de bouder. Rhumbs Gallimard Albert Einstein Ulm 1879-Princeton 1955 Mon idéal politique est l'idéal démocratique. Chacun doit être respecté en tant que personne, et personne ne doit être divinisé. Mein politisches Ideal ist das demokratische. Jeder soll als Person respektiert und keiner vergöttert werden. Comment je vois le monde Henrik Ibsen Skien 1828-Christiania 1906 Ne vous servez donc pas de ce terme élevé d'idéal quand nous avons pour cela, dans le langage usuel, l'excellente expression de mensonge. Le Canard sauvage Cesare Pavese Santo Stefano Belbo, Cuneo, 1908-Turin 1950 Il y a une chose plus triste que rater ses idéaux : c'est les avoir réalisés. C'è una cosa più triste che fallire i propri ideali : esserci riusciti. Le Métier de vivre ● idéal, idéals ou idéaux (expressions) nom masculin (latin médiéval idealis, idéal) Familier. Ce n'est pas l'idéal, on pouvait certainement espérer mieux. L'idéal est (serait) de, que, la meilleure solution est (serait). Idéal à gauche (respectivement à droite) d'un anneau unitaire (A, +, .), sous-groupe additif I de A tel que, pour tout élément x de l'anneau A et pour tout élément y de I, le produit xy (respectivement yx) appartient à I. (Si A est un anneau commutatif, alors on dit simplement idéal.) ● idéal, idéals ou idéaux (synonymes) nom masculin (latin médiéval idealis, idéal) Modèle qui correspond à ce que quelqu'un, une collectivité estiment...
Synonymes :
- rêve
- utopie
Contraires :
- réalité
- réel
Personne apparaissant comme un modèle dans le genre d'activité qui...
Synonymes :
- modèle
- parangon
- type
L'idéal est (serait) de, que
Synonymes :
- bonheur
- félicité
idéal, ale, als ou aux
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui n'existe que dans l'entendement; créé par l'imagination, la pensée. Figure idéale. Monde idéal.
d2./d Qui atteint le plus haut degré de perfection imaginable, concevable. Pureté idéale.Syn. absolu.
|| Parfait, rêvé. C'est le compagnon de voyage idéal.
rII./r n. m.
d1./d Modèle absolu de la perfection dans un domaine. Idéal de beauté.
— But élevé que l'on se propose d'atteindre. Homme sans idéal.
d2./d Ensemble abstrait de toutes les perfections; conception de la perfection. Recherche de l'idéal.
— Fam. Ce qu'il y a de mieux, de plus satisfaisant. L'idéal serait de pouvoir emmener tout le monde.
d3./d MATH Idéal à gauche (ou à droite) d'un anneau A: sous-groupe additif J de cet anneau tel que, pour tout élément a de A et pour tout élément j de J, l'élément aj (ou ja) appartient à J.
|| Idéal bilatère, qui est à la fois un idéal à gauche et un idéal à droite.
I.
⇒IDÉAL1, -ALE, -ALS ou -AUX, adj.
A. — [P. oppos. à réel] Qui n'a qu'une existence intellectuelle, sans être ou sans pouvoir être perçu par les sens; en partic. qui a les caractères de l'idée. Synon. abstrait, idéel, théorique. Figure idéale; personnage, type idéal; êtres idéaux. Quel que soit l'objet idéal, nombre carré, ligne droite, figure, solide géométrique, vitesse, masse, force, si la définition qu'on en fournit est bien faite, il est entièrement et exactement exprimé par elle (TAINE, Intellig., t. 2, 1870, p. 409). [Dans la démarche kantienne, les objets fournis par la raison] ne sont pas des objets, mais des schèmes idéaux sous lesquels se représente une unité systématique des objets donnés, achèvement de leur unité empirique (V. DELBOS, La Philos. pratique de Kant, Paris, F. Alcan, 1926 [1905], p. 204) :
• 1. Tout ce qui est apparence pour les yeux, tout ce qui est idéal, non substantiel, n'existe pas pour le peuple. Il n'admet que le réel. Quand il a dit : « Cela n'existe pas », tout est fini.
RENAN, Drames philos., Caliban, 1878, IV, 4, p. 421.
— Littér. Qui n'existe que dans l'imagination. Synon. chimérique, irréel. Il chiffonnait de la main un jabot idéal (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 177).
— Spécialement
♦ LITT. (symbolisme). Qui renvoie, qui correspond à l'Idée (v. ce mot II A 1) :
• 2. Ils [les Symbolistes] peuplaient leurs parcs enchantés et leurs sylves évanescentes d'une faune toute idéale. Chaque chose était allusion; rien ne se bornait à être; tout pensait, dans ces royaumes ornés de miroirs; ou, du moins, tout semblait penser...
VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 107.
♦ SOCIOL. Type idéal. Type ou concept ayant une valeur purement opératoire, permettant en particulier de formuler des hypothèses, d'établir des comparaisons entre les différents faits de la réalité historico-sociale. Citons, à titre d'exemple, le type idéal que Weber construit du capitalisme, du charisme, de la bureaucratie, de l'artisanat (Sociol. 1970) :
• 3. Max Weber a appliqué sa méthode de compréhension interprétative des sens internes conduisant aux types idéaux, en particulier à la sociologie des religions, à la sociologie juridique, à la sociologie politique et à la sociologie économique.
Traité sociol., 1967, p. 56.
B. — [Non exclusif de A] Cour. Qui a toutes les qualités propres à son type, à son modèle et correspond à l'idée que l'on se fait de la perfection; qui présente le caractère élevé de la perfection. Monde idéal; femme, pureté, société idéale. Elle était d'une beauté splendide, grave, pâle, idéale, et que je ne lui connaissais pas (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1838, p. 209). Tout homme qui se compare à un homme idéal, par exemple savant, tempérant, courageux, juste, se trouve aussitôt bien petit (ALAIN, Propos, 1913, p. 154). Saint-Just rêve de la cité idéale où les mœurs, enfin conformes aux lois, feront éclater l'innocence de l'homme et l'identité de sa nature avec la raison (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 159) :
• 4. Quand nous pensons, nous détachons de la réalité perçue comme un reflet embelli d'elle-même, nous projetons en avant de nous la vision d'un avenir où le présent se déploierait meilleur, nous créons un type supérieur au fait; et, à l'aide de cette forme idéale, nous mesurons le fait lui-même, nous l'apprécions. La notion du mieux est nécessaire à toute qualification.
A. RICARDOU, De l'Idéal, Paris, F. Alcan, 1890, p. 45.
— Souvent fam. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui a ou semble avoir toutes les qualités que l'on peut souhaiter. Synon. parfait, rêvé. Couple, gendre idéal; maison idéale; vacances idéales. Un mari charmant, parfait, idéal, dont vous raffolerez, j'en suis sûr (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 480). Je recommence à chasser cet animal aussi rare qu'il est farouche : l'appartement idéal (GREEN, Journal, 1937, p. 112) :
• 5. Le vêtement (...) a subi en 1936 un profond changement pour s'adapter au nouveau style de vie. Le pantalon de golf et les chaussettes de laine, qui évoquaient jusque-là, dans les caricatures, le personnage de l'Anglais globe-trotter, se révélèrent comme la tenue idéale pour pédaler à l'aise...
CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 100.
— Spécialement
♦ BEAUX-ARTS. [P. oppos. à beauté naturelle] Beau idéal. La perfection dans l'art par opposition à la pure imitation de la réalité (v. idéalisme B 2). Ceux dont l'âme est ouverte au beau idéal, au sentiment ineffable que cause la perfection dans l'art (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 154). Le réalisme, malgré les sursauts spectaculaires du caravagisme, avait été peu à peu résorbé, remis à sa place sous la férule de la beauté idéale (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 153) :
• 6. ... pourquoi une Vénus de Praxitèle toute nue, charme-t-elle plus notre esprit que nos regards? C'est qu'il y a un beau idéal, qui touche plus à l'âme qu'à la matière.
CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 324.
♦ MATH. Nombres idéaux. Classe de nombres possédant les propriétés de divisibilité des nombres entiers. Les nombres idéaux, comprenant les entiers algébriques mais pour lesquels la notion du PGCD[plus grand commun diviseur] reprend sa signification classique (Gds cour. pensée math., 1948, p. 84) :
• 7. ... les travaux de Kummer avaient ouvert tout un nouveau domaine de recherches, celui des corps de nombres algébriques. Sa théorie des nombres idéaux fut en particulier transformée par Dedeking, en 1871, en celle des idéaux qui se révéla des plus fécondes.
Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 75.
♦ PSYCHANAL. Moi idéal. ,,Formation intrapsychique que certains auteurs, la différenciant de l'idéal du moi, définissent comme un idéal de toute-puissance narcissique forgé sur le modèle du narcissisme infantile`` (LAPL.-PONT. 1967, s.v. moi). Le Moi Idéal conçu comme un idéal narcissique de toute-puissance ne se réduit pas à « l'union du Moi et du Ça », mais comporte une identification primaire avec un autre être, investi de la toute-puissance, c'est-à-dire à la mère (D. LAGACHE, La Psychanalyse et la structure de la personnalité ds La Psychanalyse, 1961, n° 6, p. 43) :
• 8. Pour ma part, je n'ai pas jugé nécessaire de distinguer entre Idéal du Moi et Moi idéal, dans la mesure où toute étude de l'Idéal du Moi implique celle des différents modes des reconquêtes du narcissisme perdu.
J. CHASSEGUET-SMIRGEL, L'Idéal du Moi, Paris, Tchou, 1975, p. 267.
Prononc. et Orth. : [ideal], masc. plur. [-o]. Ac. 1694-1740 : ideal, ensuite -é-. Ac. 1762, 1798 ,,Il n'a point de plur. au masc.`` Ac. 1935 tolère un plur. idéals. Étymol. et Hist. a) 1551 formalité Ideale « qui participe à la nature des idées, et n'existe ou ne peut exister que dans l'intelligence ou dans l'imagination » (DU PARC CHAMPENOIS, Trad. : L. HÉBREU, Philosophie d'amour, 431-2 ds QUEM. DDL t. 7); b) 1758 « qui réunit toutes les perfections que l'esprit peut concevoir, indépendamment de la réalité » (BUFFON, Hist. nat., t. 7, p. 26). Empr. au lat. médiév. idealis « relatif à l'idée », dér. du lat. idea (v. idée); pour l'hist. de ce mot v. FEW t. 4, pp. 536-537. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 318. - DUCH. Beauté 1960, p. 137.
II.
⇒IDÉAL2, -ALS ou -AUX, subst. masc.
A. — [Avec une valeur relative : un idéal particulier]
1. Ce que l'on conçoit comme conforme à la perfection et que l'on donne comme but ou comme norme à sa pensée ou son action dans quelque domaine que ce soit. Oui, mon cher Marsal, je me marie, et j'ai trouvé l'idéal. Vous m'entendez, l'idéal (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 21). Le Cervin qui fut, dans une heure brève, le but de désirs ardents, et dont les échos retentissent de cris de douleur et de cris de victoire, le Cervin passera comme ont passé d'autres idéals (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, pp. 18-19). Je ne connais pas d'idéal politique (...) qui vaille la mort d'un homme (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 389) :
• 1. Il me fallait trouver, non pas en dehors, mais au-dessus des conceptions passagères de l'humanité, au-dessus de moi-même, un idéal de force, de vérité, un type de perfection immuable à embrasser, à contempler, à consulter et à implorer sans cesse.
SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 54.
SYNT. Avoir, (s'efforcer d') atteindre, poursuivre, servir, (faire) triompher un idéal; se dévouer, être fidèle, (se) sacrifier à un idéal; combattre, mourir pour un idéal; trahir son idéal; idéal bourgeois, démocratique, économique, moral, olympique, religieux, républicain, révolutionnaire, romantique, social, socialiste; idéal grec, médiéval; idéal impossible, irréalisable; grand, haut idéal; idéal de l'anarchiste, de l'artiste, de la chevalerie, du poète; idéal d'une société, d'une vie; idéal d'ascétisme, de beauté, de bonheur, de fraternité, d'humanité, de justice, de liberté, de vertu.
— En partic. Ce, celui, celle qui représente ou incarne cette perfection. Synon. modèle (du genre). L'idéal de la beauté; un idéal de vertu. L'idéal du calme est dans un chat assis (RENARD, Journal, 1889, p. 21). Les prières de saint Thomas d'Aquin, c'est pour moi l'idéal même de la prière (DU BOS, Journal, 1927, p. 381) :
• 2. Sa physionomie, noble et vide, annonçait des idées convenables et rares : l'idéal de l'homme aimable, l'horreur de l'imprévu et de la plaisanterie, beaucoup de gravité.
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 266.
— Spécialement
♦ BEAUX-ARTS. Modèle parfait conçu par l'artiste :
• 3. Cette double et inconciliable définition du mot « idéal » qui pour Ingres désigne un principe parfait, unique et commun à tous, et pour Delacroix la manifestation la plus privée des émotions de l'individu, repose sur le conflit entre les recherches plastiques, d'une part, et les recherches expressives d'autre part, que trop d'esthétiques, au gré des tempéraments, prônent contradictoirement.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 267.
♦ MATH. Idéal à gauche (ou à droite) de l'anneau A. Tout sous-groupe additif J de A tel que, pour tout élément x de A et pour tout élément y de J l'élément xy (ou yx) appartient à J (d'apr. CHAMB. 1972). V. idéal1 ex. 7. On dit qu'une partie I d'un anneau commutatif A constitue un idéal de A si : 1) I est un sous-groupe du groupe additif constitué par A; 2) les relations x ∈ I et y ∈ I entraînent xy ∈ I (J. LELONG-FERRAND, Ensembles algèbre et analyse, Paris, A. Colin, 1964, p. 212).
♦ PHILOS. [Chez Kant] Être individuel dont les caractères sont déterminés par l'idée, modèle suprême dont la perfection ne peut être égalée :
• 4. Un idéal est un individu, non plus une généralité comme une idée ou une loi. Le sage, l'homme vertueux est un idéal, tandis que la sagesse, la vertu sont des idées. L'idéal qui contient en lui toutes les perfections et les ramène à l'unité, c'est l'idée de Dieu.
E. BOUTROUX, La Philos. de Kant, Paris, Vrin, 1926, p. 232.
♦ PSYCHANAL. Substitut de la perfection narcissique marquant le début de l'autonomie de l'enfant, résultat d'identification aux parents, à leurs substituts ou à des idéaux collectifs. [J. Sandler, A. Holder et D. Meers] soulignent que, dans l'évolution du concept, Freud est passé d'un Idéal du Moi que le sujet constitue pour lui-même (afin de reconquérir sa perfection perdue) à celle d'un Idéal se référant aux modèles parentaux (J. CHASSEGUET-SMIRGEL, L'Idéal du Moi, Paris, Tchou, 1975, p. 265) :
• 5. Les divers âges de la vie produisent en fait plusieurs « idéals du moi »; le refoulement doit choisir entre leurs sollicitations divergentes : n'y aurait-il pas là l'image d'un sujet qui se cherche?
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 581.
2. [Avec indication du domaine envisagé] Ce qui représente la perfection pour quelqu'un dans ce domaine. L'idéal pour Javert, ce n'était pas d'être humain, d'être grand, d'être sublime; c'était d'être irréprochable (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 582). Mon idéal personnel c'est de faire de la France un paradis terrestre où l'homme n'ait plus rien d'autre à faire que de bien manger, bien boire et s'amuser (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 261) :
• 6. Maintenant, mon idéal serait un vieux château patriarcal, rempli d'enfants qui chantent, de filles et de garçons qui folâtrent, où tout le monde mangerait, boirait, danserait, vivrait de moi.
RENAN, Drames philos., Eau Jouvence, 1881, III, 2, p. 482.
— Loc. (Ne pas) être l'idéal (souvent fam.). (Ne pas) être ce qu'il y a de mieux, la meilleure solution. L'idéal pour toi est évidemment la bourse de licence à Paris. Là tu pourras bûcher à l'aise les math. (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 44). Jonas regardait la chambre conjugale. Bien sûr, ce n'était pas l'idéal, le lit était très large. Mais la pièce était vide toute la journée (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1643) :
• 7. [La] liberté de l'avortement entre les mains des médecins et des commissions que nous préconisons est loin d'être l'idéal. Il vaut mieux, toujours, prévenir que guérir. Il serait donc préférable d'éviter les grossesses « insupportables » et, pour cela, éduquer les femmes et leur donner les possibilités de n'être mères qu'à bon escient.
BIOT, Pol. santé publ., 1933, p. 46.
L'idéal est, serait de + inf., que + subj. Le mieux est, serait de, que. L'idéal, vois-tu, ce serait de ne prêcher l'Évangile qu'aux enfants (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1073). L'idéal, dans un ménage, c'est que la femme comprenne la division du travail (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 335) :
• 8. ... la critique externe est toute préparatoire; elle est un moyen, non un but; l'idéal serait qu'elle eût été suffisamment pratiquée pour qu'il fût désormais possible de s'en dispenser; ce n'est qu'une nécessité provisoire.
LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. ét. hist., 1898, p. 92.
B. — [Avec une valeur absolue : l'idéal]
1. Ce qui satisferait toutes les exigences du cœur et de l'intelligence, par opposition à la réalité limitée et décevante. L'idéal purifie en nous l'amour charnel, Et le terrestre amour nous fait voir l'éternel (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 35). Chimère pour chimère, je crois qu'il vaut mieux que l'idéal soit terrestre, parce que cela donne aux hommes un principe inépuisable d'activité (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 69) :
• 9. Comment te consolerai-je du tourment qui accable ton âme? Quel remède à ces cris de découragement? Non, mon ami, l'idéal n'est pas incompatible avec la nature humaine. Non, ce n'est pas seulement une chimère enfantée à travers quelque rêve de poète! L'idéal pour moi, (c'est difficile à expliquer) mais, pour moi, c'est mêler du grand aux plus humbles choses terrestres...
MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 621.
2. Ensemble des valeurs intellectuelles, morales, esthétiques par opposition aux intérêts matériels particuliers. Aspirer à l'idéal; s'élever, tendre vers l'idéal; goût, recherche de l'idéal. La classe sérieuse et lettrée, qui pratique le devoir, le travail, la pensée et conserve le culte de l'idéal (AMIEL, Journal, 1866, p. 541) :
• 10. La politique de Carthage. C'est le « enrichissez-vous » (...). On voit son plan : une société sans idéal, purement matérialiste; il n'aspire qu'à dire au peuple : tu auras du cinéma, des bons dîners, des filles...
BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 307.
Prononc. et Orth. : [ideal], plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1835. Le plur. idéals est, d'après Ac. 1935, littér.; v. PEYRÉ, loc. cit. et ex. 5. L'usage sc. a toujours idéaux, v. BOURBAKI, Hist. math., 1960, p. 123. ,,En fait l'usage n'a pas tranché et l'on évite le pluriel`` (Lar. Lang. fr.). À rapprocher de l'observation ds Ac. 1762, 1798 sous idéal1. Étymol. et Hist. 1. 1746 « ensemble des représentations abstraites les plus adéquates se rapportant à un être ou à un objet particulier » (BATTEUX, Les Beaux-Arts, p. 109); 2. a) 1765 « modèle intérieur guidant un artiste dans l'exécution de son œuvre » (DIDEROT, Salon, éd. J. Seznec et J. Adhémar, t. 2, p. 149); b) 1799 « assemblage abstrait de perfections spirituelles et esthétiques dont l'âme se forme la notion sans pouvoir y atteindre complètement » (SENANCOUR, Rêveries, p. 12); 3. 1831 « l'ensemble des valeurs esthétiques, morales ou intellectuelles, par opposition aux intérêts matériels » (HUGO, Feuilles automne, p. 768); 4. 1836 « ce qui réalise la perfection dans le domaine envisagé et donne pleine satisfaction » (STENDHAL, H. Brulard, t. 2, p. 335). Empr. à l'all. philos. Ideal, lui-même empr. au lat. médiév. idealis (v. idéal1). Ce mot, véhiculé par les ouvrages de Kant [1724-1804] (cf. 1781, Critique de la Raison pure, livre II, ch. III, § 2 : Von dem transcendentalem Ideal, prototypon transcendentale cité par LAL., p. 435) et de Lessing [1729-1781], semble avoir été employé pour la première fois par Francesco De Lana [1631-1687] (1670, Prodromo, chap. 2 cité ds Historisches Wörterbuch der Philosophie, éd. J. Ritter et K. Gründer, IV, col. 25); pour l'hist. de ce mot v. FEW t. 4, pp. 536-537. Fréq. abs. littér. : 4 261. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 443, b) 8 327; XXe s. : a) 8 220, b) 5 777.
1. idéal, ale [ideal] adj.
ÉTYM. 1551, in D. D. L.; bas lat. idealis, de idea. → Idée. REM. « L'adjectif fait idéaux au pluriel », note Littré dans son Dictionnaire, mais il est moins affirmatif dans son Supplément : « On peut penser qu'il est préférable de dire, comme M. Taine, idéaux au plur. de l'adj. ». L'Académie ne paraît soulever la question que pour le pluriel du substantif. En fait, comme pour beaucoup d'adjectifs en al, le masculin pluriel est peu usité; → cependant cit. 4.1, et, à l'encontre : || « Sur l'enclume, les Forgerons dispersent d'idéals rouges-gorges » (H. Pichette, les Épiphanies, I, p. 39).
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1 Qui est conçu et représenté dans l'esprit sans être ou pouvoir être perçu par les sens. ⇒ Idéel, théorique (s'oppose à concret, matériel, réel). || Notions idéales. || Un être, un monde idéal. ⇒ Imaginaire (→ Bouc, cit. 3). || Schème idéal. ⇒ Abstrait. || Type idéal, à valeur purement opératoire (Max Weber, en sociologie).
1 L'impossibilité d'atteindre aux êtres réels me jeta dans le pays des chimères, et ne voyant rien d'existant qui fût digne de mon délire, je le nourris dans un monde idéal que mon imagination créatrice eut bientôt peuplé d'êtres selon mon cœur.
Rousseau, les Confessions, IX.
2 Au reste, le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l'œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses.
Hugo, Odes et Ballades, Préface de 1822.
3 La géométrie ne s'occupe pas de solides naturels; elle a pour objets certains solides idéaux, absolument invariables, et qui n'en sont qu'une image simplifiée et bien lointaine.
Henri Poincaré, la Science et l'Hypothèse, IV.
4 (…) à l'attente de l'être idéal que nous aimons, chaque rendez-vous nous apporte, en réponse, une personne de chair qui tient déjà si peu de notre rêve.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 49.
4.1 Celle-ci est ce féminin de l'être, ce tendre et ce tiède idéaux (…)
Valéry, Cahiers, t. II, Pl., p. 1276.
4.2 À ma libération, on me conduisit à la frontière autrichienne, que je franchis près de Willach. Radé fit bien en refusant de partir. Durant mon voyage en Europe centrale sa présence idéale m'accompagne. Non seulement il marche et dort près de moi mais dans mes décisions je veux être digne de l'image audacieuse que de lui je m'étais formée.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 124.
♦ Un amour idéal. ⇒ Platonique.
♦ Math. || Nombres idéaux : classe de nombres possédant les propriétés de divisibilité.
♦ Par plais. Littér. (d'une chose concrète). Dépourvu de matière sensible.
4.3 Mon paletot aussi devenait idéal (…)
Rimbaud, Poésies, « Ma bohème ».
2 a (Mil. XVIIIe, Buffon). Qui atteint toute la perfection ou réunit toutes les perfections que l'on peut concevoir ou souhaiter. ⇒ Accompli, merveilleux, parfait, surnaturel. || Beauté, formes idéales (→ Apparence, cit. 4; éthéré, cit. 3; divination, cit. 4). || L'amour dans sa plénitude idéale (→ Bercement, cit. 2). || Perfection idéale. ⇒ Absolu. — (En parlant de choses concrètes). || Rêver de retraites idéales (→ Asile, cit. 23). || « Une machine idéale, qui fonctionnerait sans frottement » (Lalande, Voc. de la philosophie).
5 Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
Lamartine, Premières méditations, « L'isolement ».
6 Quel être idéal que cet Albert, sombre, souffrant, éloquent, travailleur, comparé par mademoiselle de Watteville à ce gros comte joufflu, crevant de santé, diseur de fleurettes (…)
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 768.
b (1812). Cour. ⇒ Parfait, rêvé. || C'est un mari idéal. || Ils forment un couple idéal. || Un séjour de vacances absolument idéal. || Un ciel d'une pureté idéale. || C'est la solution idéale.
7 Elle était sentimentale : elle voyait dans Edmond et Carlotta le couple idéal, l'amour heureux.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 448.
♦ (XXe). || Produit idéal, idéal pour la lessive. — Appartement idéal pour un jeune couple. — Idéal pour (et nom d'activité ou infinitif).
3 (1760). Aux sens 1 et 2, a. || Le beau idéal : la beauté parfaite dans l'art, telle qu'on ne peut la concevoir et l'imaginer (par oppos. aux beautés naturelles). || Fins idéales de l'art (cit. 2).
8 Toujours cachant et choisissant, retranchant ou ajoutant, ils se trouvèrent peu à peu dans des formes qui n'étaient plus naturelles, mais qui étaient plus parfaites que la nature : les artistes appelèrent ces formes le beau idéal. On peut donc définir le beau idéal l'art de choisir et de cacher. Cette définition s'applique également au beau idéal moral et au beau idéal physique. Celui-ci se forme en cachant avec adresse la partie infirme des objets; l'autre, en dérobant à la vue certains côtés faibles de l'âme (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, 2, 11.
9 (…) une de celles qui rêvent le beau idéal et veulent que tout soit complet (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 593.
4 Psychan. || Le Moi idéal, idéal de toute-puissance narcissique (distinct de l'idéal [2. Idéal] du moi).
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DÉR. 2. Idéal, idéalement, idéaliser, idéalisme, idéaliste, idéalité.
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2. idéal, als ou aux [ideal, o] n. m.
ÉTYM. 1765, Diderot; de 1. idéal. REM. Entre les deux pluriels idéals et idéaux, tous deux admis par l'Académie, « l'usage n'a pas prononcé », comme le note justement Littré et comme le confirment les exemples donnés par Grevisse (§278, rem. 4).
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1 Vx. Conception que l'artiste a dans l'esprit, idée de l'œuvre à réaliser (par oppos. au faire, VII., 2.). ⇒ 3. Sujet (I., 5.).
1 Le sujet de ce tableau (« L'enfant gâté », de Greuze) n'est pas clair. L'idéal n'en est pas assez caractéristique : c'est, ou l'enfant, ou le chien gâté.
Diderot, Salon de 1765.
2 Scène froide et mauvaise, où la misère de l'idéal n'est point rachetée par le faire.
Diderot, Salon de 1767.
2 (1802, Chateaubriand). Ce qu'on se représente ou se propose comme type parfait ou modèle absolu dans l'ordre pratique, esthétique ou intellectuel. || Un idéal de beauté (→ Canon, cit. 3). || L'idéal du calme (cit. 15). || L'idéal moral (→ Beau, cit. 101). || Idéal politique, démocratique (→ Aile, cit. 20), internationaliste (→ Adhérer, cit. 3), bourgeois (→ Ascension, cit. 9), libertaire (→ Communisme, cit. 2), socialiste (→ Égalisation, cit.), pacifiste (→ Grandeur, cit. 29). — Concevoir des idéaux (→ Homme, cit. 85). || Avoir un idéal (→ Coopératif, cit. 1; gueuleton, cit. 2). || Chercher à réaliser son idéal, un idéal (→ Forger, cit. 11). || Idéal irréalisable. ⇒ Utopie. || Atteindre (cit. 35 et 36) l'idéal que l'on poursuit. — L'idéal du poète, du critique (→ Coïncider, cit. 2), de certains philosophes, de M. Prudhomme (→ 1. Feu, cit. 21). || L'idéal des jeunes filles de bonne famille (→ 1. Patron, cit. 14.2). — Cette femme est son idéal. ⇒ Genre, type (fam.). — Idéaux conformes à la nature d'une nation (→ Hétérogène, cit. 2).
3 Il règne ici (dans une scène d'« Alzire », de Voltaire) un idéal de vérité au-dessus de tout idéal poétique. Quand nous disons un idéal de vérité, ce n'est point une exagération; on sait que ces vers :Des dieux que nous servons connais la différence, etc.sont les paroles mêmes de François de Guise.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, 2, 7.
4 Toi, femme que j'aimerai, viens, que je ferme sur toi mes bras ouverts depuis si longtemps (…) Si tu viens trop tard, ô mon idéal ! je n'aurai plus la force de t'aimer (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, II, p. 74.
5 (…) le dessin du grand dessinateur doit résumer l'idéal et le modèle (…) Je n'affirme pas qu'il y ait autant d'idéals primitifs que d'individus, car un moule donne plusieurs épreuves; mais il y a dans l'âme du peintre autant d'idéals que d'individus, parce qu'un portrait est un modèle compliqué d'un artiste. Ainsi l'idéal n'est pas cette chose vague, ce rêve ennuyeux et impalpable qui nage au plafond des académies; un idéal, c'est l'individu redressé par l'individu, reconstruit et rendu par le pinceau ou le ciseau à l'éclatante vérité de son harmonie native.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, III, « Salon de 1846 », VII.
6 (L'abbé de Retz) caressait l'idéal du conspirateur et du séditieux grandiose (…)
Sainte- Beuve, Causeries du lundi, 20 oct. 1851, t. V, p. 42.
7 (…) quoique les mariages d'inclination et les bonheurs qu'ils donnent soient en province l'idéal de toutes les mères de famille (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
8 Mais il n'y a pas d'idéal dont le charme n'ait son péril, et pourtant on ne saurait priver la vie d'idéal sans la condamner à la platitude et au morne désespoir.
J. Bédier, Préface à Tristan et Iseut.
9 (…) on demande à ceux qui gouvernent les hommes autre chose et mieux encore que l'intelligence : la sensibilité qui les rend humains et la conscience d'un grand idéal qui les fait supérieurs.
Louis Madelin, Talleyrand, p. 449.
10 Par-dessus les frontières, les mains de tous les travailleurs se tendaient vers le même idéal fraternel (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 65.
10.1 Je ne vais pas (…) raconter pourquoi les adeptes les plus ardents de la pure Maria Spiridonowa ou de l'héroïque lieutenant Schmitt perdirent de vue leurs idéals révolutionnaires et de rénovation sociale pour commettre par bandes des délits de droit commun (…)
B. Cendrars, Moravagine, in Œ. compl., t. IV, p. 109.
♦ (1935, Acad.). Par ext. Individu qui est le modèle (d'un genre). || Cet homme est l'idéal du fonctionnaire (Académie), le fonctionnaire idéal, exemplaire. || Cette femme est un idéal de vertu. ⇒ Modèle, parangon.
♦ Philos. (chez Kant). Être individuel dont tous les caractères sont déterminés par l'idée. || « Le sage, l'homme vertueux est un idéal, tandis que la sagesse, la vertu sont des idées » (É. Boutroux, in T. L. F.).
♦ Psychan. || Idéal du moi : selon Freud, « instance de la personnalité résultant de la convergence du narcissisme (idéalisation du moi) et des identifications aux parents, à leurs substituts et aux idéaux collectifs. En tant qu'instance différenciée, l'idéal du moi constitue un modèle auquel le sujet cherche à se conformer » (Laplanche et Pontalis).
3 (1843, Balzac). Absolt. || L'idéal : ensemble de valeurs esthétiques, morales ou intellectuelles (par oppos. aux intérêts de la vie matérielle). || Avoir toujours le même amour, le même goût pour l'idéal. → Abandonner, cit. 1.1. || Aspirations éthérées et élancements vers l'idéal (→ Effusion, cit. 7). || Invoquer l'idéal (→ Frange, cit. 4). || Tendre vers l'idéal (→ Alourdir, cit. 4). || L'idéal, aimant (cit. 1) de la conscience. || Une envolée vers l'idéal. || Le genre (cit. 4) humain s'élevant des ténèbres à l'idéal. || Drogues propres à créer l'idéal artificiel. → Paradis, cit. 7.
11 À l'idéal ouvre ton âme;Mets dans ton cœur beaucoup de ciel,Aime une nue, aime une femme,Mais aime ! — C'est l'essentiel !
Th. Gautier, Émaux et Camées, « La nue ».
12 L'absolu doit être pratiqué. Il faut que l'idéal soit respirable, potable et mangeable à l'esprit humain.
Hugo, les Misérables, II, VII, VI.
13 Ils voyageaient sans pain, sans bâton et sans urnes,Mordant au citron d'or de l'idéal amer.
Mallarmé, Premiers poèmes, « Le guignon ».
14 Les bourgeois ne m'ont su aucun gré de mes concessions; ils ont vu plus clair que moi en moi-même; ils ont bien senti que j'étais un faible conservateur, et qu'avec la meilleure foi du monde, je les aurais trahis vingt fois, par faiblesse pour mon ancienne maîtresse, l'idéal.
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, VII.
15 M. Gaston Devore a appelé sa pièce l'Envolée (…) Vous sentez tout ce qu'il contient (ce mot), tout ce qu'il veut dire ? C'est un désir vers l'idéal.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XLIV, p. 245.
16 Dans la vie sociale, c'est encore l'idéal qui rassemble les âmes autour d'un but commun; hors de là, il n'y a qu'utilité, et l'utilité, loin de concentrer et d'unir, sépare et disperse.
♦ (1862, Hugo). Ce qui, dans quelque domaine que ce soit, donnerait une parfaite satisfaction aux aspirations du cœur ou de l'esprit (par oppos. à une réalité jugée décevante). || Le contraste entre l'idéal et la triste réalité (→ Folie, cit. 18). || Rêveurs candides (cit. 2), coureurs d'idéal. || Croire atteindre l'idéal en étreignant (cit. 6) le réel.
17 (…) empêchez-la de cultiver dans son cœur la mystérieuse fleur de l'Idéal, cette perfection céleste à laquelle j'ai cru, cette fleur enchantée, aux couleurs ardentes, et dont les parfums inspirent le dégoût des réalités.
Balzac, Honorine, Pl., t. II, p. 315.
18 Quand on parle de l'idéal, c'est avec son cœur; on pense alors au beau rêve vague par lequel s'exprime le sentiment intime (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 223.
19 — Vous pensez alors, comme Hegel, que Dieu n'est pas, mais qu'il sera ? — Pas précisément. L'idéal existe; il est éternel; mais il n'est pas encore matériellement réalisé; il le sera un jour.
Renan, Dialogues philosophiques, II, in Œ. compl., t. I, p. 597.
20 (…) cet idéal que l'homme ne se lasse pas de faire planer au-dessus du réel, et dont les aspects multiples et opposés ne sont que des manifestations diverses de son aspiration obstinée vers le bonheur.
J. Bédier, Tristan et Iseut, Préface, p. 9.
♦ L'idéal, c'est de… : ce qui peut pleinement satisfaire, c'est de…
21 L'idéal pour Javert, ce n'était pas d'être humain, d'être grand, d'être sublime; c'était d'être irréprochable.
Hugo, les Misérables, V, IV.
22 Aimer et être aimé, voilà l'idéal.
Cocteau, le Grand Écart, p. 34.
♦ (Av. 1902, Zola). Fam. || L'idéal, ce serait de…, que… : ce qu'il y aurait de mieux, de plus souhaitable, ce serait… (cf. Le rêve, ce serait que…).
23 L'idéal, je crois, ce serait que nous puissions envisager avec vous quelque autre opération immobilière absolument distincte, qui ne touche en rien aux biens du clergé (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VI, p. 56.
♦ (XXe). || Ce n'est pas l'idéal, évidemment, mais…
4 (1903, in Rev. gén. des sc., no 6, p. 334). Math. Ensemble dans un anneau commutatif formant un sous-groupe additif du groupe de celui-ci et tel que le composé, par la deuxième loi de l'anneau, d'un élément de l'anneau et d'un élément de cet ensemble appartienne à celui-ci. || « L'ensemble (0) réduit au seul élément 0 est un idéal fractionnaire » (la Recherche, no 103, sept. 1979, p. 874). || Idéal à gauche, à droite de l'anneau A (selon le sens dans lequel on compose les éléments de l'anneau et les éléments de l'idéal). || Idéal à gauche et à droite (dit bilatère). || Toute intersection d'idéaux à gauche (respectivement à droite) d'un anneau A est un idéal à gauche (respectivement à droite) de A. || Idéal engendré par une partie P de l'anneau A : l'intersection de tous les idéaux contenant P. || Idéal premier d'un anneau commutatif unitaire A : idéal tel que, pour tout couple d'éléments de l'anneau, si leur composé par la seconde loi de l'anneau appartient à l'idéal, alors l'un de ces éléments appartient à l'idéal.
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CONTR. Réalité, réel n. m.; positif n. m.
Encyclopédie Universelle. 2012.