gobelet [ gɔblɛ ] n. m.
• gubulet XIIIe; de l'a. fr. gobel → gober
1 ♦ Récipient à boire, généralement plus haut que large, et ordinairement sans pied. ⇒ chope, 1. godet, 2. quart, tasse, timbale, verre. Gobelets en papier, en plastique. « la veste blanche du barman, la grâce avec laquelle il secouait les gobelets d'argent » (Radiguet). ⇒ shaker . — Par méton. Son contenu. Boire un gobelet de cidre, de vin.
2 ♦ (1549) Instrument de prestidigitation pour les tours d'escamotage, ayant la forme d'un gobelet à boire.
♢ Récipient tronconique servant à agiter et à lancer les dés.
● gobelet nom masculin (ancien français gobel, du radical gaulois gobbo-, bec) Récipient pour boire, rond, généralement sans pied ou à piédouche ; verre sans pied. Petit cornet tronconique pour lancer les dés à jouer ou faire des tours d'escamotage. Taille de la vigne dans laquelle les souches portent de 3 à 6 bras terminés par un ou deux coursons à un ou deux bourgeons. (Employée pour les vignes basses surtout dans le Midi, la taille en gobelet concerne 500 000 ha de vignobles.) Taille des arbres fruitiers qui leur donne une forme de vase. Petite plante grasse (crassulacée) des rocailles, aux fleurs pendantes verdâtres ou rougeâtres, aux feuilles charnues. Premier office de la Maison du roi de France, créé sous Henri III et englobant la paneterie et l'échansonnerie.
gobelet
n. m.
d1./d Récipient pour boire, de forme cylindrique, plus haut que large, sans anse ni pied.
d2./d JEU Cornet à dés.
⇒GOBELET, subst. masc.
A. — Récipient à boire, plus haut que large, de forme cylindrique ou légèrement évasée, ordinairement sans anse et sans pied. Gobelet de métal, d'or, d'argent, d'étain, de fer-blanc; gobelet de faïence, de porcelaine, de cristal. Prenant le petit gobelet sur la bonde, ils se rafraîchissaient d'un verre de cet excellent vin (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 77) :
• 1. Antoine, penché au bord du divan, tenait à deux mains le gobelet de verre qu'il venait de remplir, et, avant d'y tremper les lèvres, il humait avec gourmandise l'arôme du thé...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 125.
— P. méton. Contenu de ce récipient. Boire un gobelet d'eau, de vin. Il se versa encore un grand gobelet d'alcool (BENOIT, Atlant., 1919, p. 200).
♦ En partic., fam. Boisson généralement alcoolisée, servie dans un café. Synon. verre. Viens me rejoindre aux « Trois Mousquetons »! je paye les gobelets (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 451).
— Vieux
♦ PHARM. Vase dont la matière donnait certaines propriétés thérapeutiques à la liqueur qu'on y laissait séjourner. Gobelet de quassia, de gaïac (Dict. XIXe s.). Le gobelet émétique est fait avec l'antimoine; on y fait séjourner du vin blanc, qui devient purgatif et émétique (Lar. 19e).
♦ HIST. Premier des sept offices de la maison du roi, correspondant au service de la table (l'une des fonctions principales de l'échanson étant de présenter le gobelet au roi). Chef, officier du gobelet. Cet honnête homme n'a jamais fait d'autres voyages que ceux de Compiègne à Fontainebleau, pour le service du gobelet, dont il était officier (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 221).
B. — P. ext., dans le domaine des jeux.
1. Récipient en fer-blanc, conique ou tronconique, utilisé dans certains tours de prestidigitation. Tours de gobelets; jeu des gobelets; joueur de gobelets. Voici un faiseur de tours très habile. La muscade était sous le gobelet; je la retrouve dans ma poche (ALAIN, Propos, 1929, p. 884).
— Loc. fig., vx. Joueur de gobelets. Fourbe, trompeur. Tours, jeux de gobelets. Ruses, tromperies. Contempteur des tours de gobelets que font les hommes du pouvoir (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 30).
2. Récipient tronconique servant à agiter et à lancer les dés :
• 2. La vie est une farce, une comédie, une tragédie universelle, et le sort qui brasse tous les personnages du drame à leur insu, qui les secoue comme dans un gobelet et les jette pêle-mêle sur le tapis comme des dés au poker d'as...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 125.
C. — P. anal., ARBORIC. Forme donnée à certains arbres fruitiers taillés de manière que le haut ait la même largeur que le bas. Taille en gobelet. La longueur totale des branches de charpente des arbres en gobelet est d'un tiers moins considérable que celle des arbres en cône (DU BREUIL, Cult. arbres, 1876, p. 138).
— VITIC. Taille donnant au pied de vigne la forme d'un gobelet, d'une coupe évasée. Vigne en gobelet. Quelques espèces [de vignes] sont à tenir en taille courte, à disposer en « gobelet », coupe au reste productive, qui les mène longtemps (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 91) :
• 3. À Bevaix, comme dans toute la Suisse romande du reste, la vigne est traditionnellement conduite en gobelet (...) chaque cep est formé d'une couronne à 25 cm du sol, cette couronne compte cinq ou six cornes, plus ou moins longue suivant l'âge de la vigne ou l'art de l'homme qui la taille : un gobelet bien formé évoque l'aspect d'une main largement ouverte.
M. CASANOVA, Le Lang. des vignerons à Bevaix ds Les Fr. région., Colloque sur le fr. parlé dans les villages de vignerons, Paris, Klincksieck, 1977, p. 119.
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [XIIIe s. gubulet (Ms. St Jean ds LITTRÉ)]; 1345 (Texte cité ds LABORDE); 1549 « ustensile de l'escamoteur » (EST.). Dér. de l'a. prov. gobel [1310 ds LEVY (E.) Prov.]; suff. -et; dès le début XIVe s. la forme gobeloz attestée en Franche-Comté (Voc. lat. fr., ms. 8653 A, BN ds Bibl. Éc. Chartes t. 34, 1873, p. 36). Fréq. abs. littér. : 176.
DÉR. 1. Gobelet(t)erie, (Gobeleterie, Gobeletterie)subst. fém. Fabrication, commerce de gobelets et de divers objets en verre; ensemble de ces objets. Quant à la gobeletterie, verres et bouteilles, ce ne fut qu'un jeu. On les acceptait, d'ailleurs, tels qu'ils venaient au bout de la canne (VERNE, Île myst., 1874, p. 295). Il [le verre de Bohême] sert à fabriquer les objets de gobeleterie, les verres à boire, les carafes, les flacons, les cornues, etc... (BOURDE, Trav. publ., 1928, p. 147). — []. [] ds BARBEAU-RODHE 1930 et Lar. Lang. fr.; [e] ds Pt ROB. est p. harmon.; var. [] ds BARBEAU-RODHE 1930, avec assourdissement normal en syll. inaccentuée. On a retrouvé le même phénomène dans la 2e syll. de mots du même type (il leur correspond également un simple en -et, -ette) : bonneterie (bonnet), mousqueterie (mousquet), parqueterie (parquet) ou du type : marqueterie, papeterie (auxquels il ne correspond pas de mots simples en -et, -ette). Dans certains cas (cela dépend des consonnes environnantes, p. ex. que 2 occlusives ne soient pas mises en contact), l'[] disparaît totalement : [] pour bonneterie. Dans gobeleterie (et gobeletier) le 1er [] tombant, le 2e subsiste à cause de la loi des 3 consonnes. Quand la prononc. [] se maintient (c'est la tendance dans gobeleterie) c'est sous l'infl. du simple (gobelet) ou p. anal. avec un 3e type de mots : coquetterie, lunetterie, robinetterie, tabletterie, etc., dans lesquels il n'y a aucune hésitation quant à la prononc. (toujours []), ce qui est trad. et assuré par la graph. avec la présence des consonnes doubles, alors que les mots de la 1re série et de la 2e s'écrivent avec une consonne simple (cf. V.-G. GAK, L'Orth. du fr., Paris, SELAF, 1976, § 116). LITTRÉ suggérait déjà à l'Ac. d'aligner les mots de ces 2 séries sur ceux de la 3e série pour éviter les hésitations de prononc. La graph. gobeletterie de Jules Verne (supra) est, à cet égard, révélatrice; on peut proposer aussi d'écrire tous ces mots avec è suivi d'une consonne simple, ce qui va dans le sens de Ac. pour figurer [] (cf. p. ex. les verbes en -eler, -eter). — 1re attest. 1791 (Encyclop. méthod. Mécan. t. 8, p. 546); de gobelet, suff. -erie. 2. Gobeletier, subst. masc. a) Celui qui fabrique ou vend de la gobeleterie. (Dict. XIXe et XXe s.). Apprenti gobeletier (LITTRÉ). b) Vx. Officier de la maison royale, ayant une charge dans le service du gobelet. Sans compter qu'elle m'a fait perdre la charge de gobeletier du roi (DUMAS père, Demois. St-Cyr, 1843, III, 5, p. 150). — []. Contrairement à gobeleterie, il n'y a guère d'hésitation dans la prononc. Les dict. donnent [] (cf. BARBEAU-RODHE 1930, Pt ROB., Lar. Lang. fr.). Seul WARN. 1968 indique aussi [] (ce qui, antérieurement, était la prononc. ds LITTRÉ identique aux prononc. de gobeleterie et de gobeletier). Les mots en -etier qui vont avec -eterie, 2e série, type papeterie (cf. gobeleterie) ont aussi [] : [pap()tje] pour papetier. Quant aux mots en -etterie, type lunetterie (cf. gobeleterie), c'est encore -etier avec consonne simple [-] qui leur correspond : lunetier [lyn()tje], tabletier []. Pour robinetier qui correspond à robinetterie, à côté de [] [()tje], on entend aussi [] [] (cf. BARBEAU-RODHE 1930 et WARN. 1968; [(e)tje] ds Pt ROB. est douteux); le maintien de [] s'explique par l'infl. de robinet. — 1re attest. 1791 sens a (Encyclop. méthod. Mécan. t. 8, p. 546); de gobelet, suff. -ier.
gobelet [gɔblɛ] n. m.
ÉTYM. 1345; régional gobeloz, déb. XIVe; gubulet, XIIIe; dimin. de l'anc. franç. gobel « gobelet » (aussi gobeau…), du gaulois gobbo- « bouche » (→ Gober) ou (Guiraud) du gallo-roman gubbus « enflé, arrondi ».
❖
1 Récipient individuel à boire, généralement plus haut que large, avec ou sans anse, et ordinairement sans pied. ⇒ Chope, godet, quart, tasse, timbale. || Gobelet de verre, d'étain, d'argent, de faïence. || Gobelet pour préparer les cocktails. ⇒ Shaker. — (1799). Par ext. Le contenu du gobelet. || Boire un gobelet de cidre, de vin (→ Fin, cit. 7), de lait (→ Film, cit. 3).
1 Elle s'extasiait, comme une pensionnaire, sur la veste blanche du barman, la grâce avec laquelle il secouait les gobelets d'argent, les noms bizarres ou poétiques des mélanges.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 43.
2 Ce n'est pas avec un gobelet de cocacola (sic) qu'un citoyen inquiet peut oublier son tourment.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IV, p. 76.
➪ tableau Noms de récipients.
♦ (1611). Anciennt. Office de la maison du roi relatif au linge, au vin et au pain.
2 (1549). Vieilli. Instrument de prestidigitation, ayant la forme d'un gobelet à boire. || Tours de gobelet (→ Escamotage, cit. 1; escamoteur, cit.).
♦ ☑ (1690). Vx et fig. Joueur de gobelets : fourbe. ☑ Un tour de gobelet : un tour de fourbe.
3 Tu es des charlatans le seigneur (…)
et de ceux qui aux places
Jouants des gobelets font tours de passe-passes (…)
Ronsard, Pièces posthumes, « Hymnes », X.
4 (…) avec la connaissance des affaires répandue dans les diverses classes de la société, on est à l'abri des tours de gobelet et des finesses de la vieille diplomatie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 125.
3 (XXe). Jeux. || Gobelet à dés : récipient tronconique servant à jeter les dés.
4 (1872; goubelet, 1845). Arbor. Taille d'arbres fruitiers en forme de gobelet. || Des poiriers taillés en gobelet. || Vigne taillée en gobelet, et, ellipt, gobelet.
5 Le gobelet se présente à nous après la taille comme un petit arbre au tronc plus ou moins court, aux bras plus ou moins divergents, terminés chacun par un courson taillé à deux yeux. Chacun de ces yeux portera un sarment (…)
Louis Levadoux, la Vigne et sa culture, p. 56.
6 (…) chaque cep est formé d'une couronne à 25 cm du sol, cette couronne compte cinq ou six cornes, plus ou moins longues suivant l'âge de la vigne ou l'art de l'homme qui la taille : un gobelet bien formé évoque l'aspect d'une main largement ouverte.
Les français régionaux, Colloque sur le franç. parlé dans les villages de vignerons…, p. 119.
5 Régional. Nom de diverses plantes à fleurs en gobelet. — (1549). Renoncule. — Gobelet d'or : liseron. || Gobelet d'eau : hydrocotyle.
♦ (1549, « cupule de gland »; sens actuel à partir de 1690). Bot. Tige qui porte plusieurs fruits (glands, noisettes).
❖
DÉR. Gobeleterie, gobeletier.
COMP. Porte-gobelet.
Encyclopédie Universelle. 2012.