garrotter [ garɔte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1535; de 2. garrot
♦ Attacher, lier très solidement, comme un garrot (2o). Garrotter un prisonnier. Spécialt Garrotter les jambes sur des éclisses.
♢ (av. 1592) Fig. Garrotter l'opposition. ⇒ bâillonner, museler. — « je me sentais lié, garrotté, par d'autres serments » (Sainte-Beuve). ⇒ lier, ligoter.
⊗ CONTR. Délier, délivrer, libérer.
● garrotter verbe transitif (de garrot 2) Lier étroitement et fortement quelqu'un avec quelque chose : Garrotter un prisonnier avec des cordes. Littéraire. Priver de liberté, lier moralement : Garrotter la presse. Faire périr par le supplice du garrot. ● garrotter (synonymes) verbe transitif (de garrot 2) Lier étroitement et fortement quelqu'un avec quelque chose
Synonymes :
- ficeler
- ligoter
Contraires :
- délier
Littéraire. Priver de liberté, lier moralement
Synonymes :
- bâillonner
- enchaîner
- lier
- museler
garrotter
v. tr. Attacher, lier fortement et étroitement. On garrotta le prisonnier.
⇒GARROTTER, verbe trans.
A. — Lier, attacher solidement, étroitement comme avec un garrot. Une seconde plus tard, j'étais délivré de l'étreinte du guépard. Les six touareg blancs m'entouraient et cherchaient à me garrotter (BENOIT, Atlant., 1919, p. 276) :
• 1. ... j'ajuste, j'agglutine, je garrotte, je sangle, j'entrave, j'accumule, jusqu'à ce que tu te sentes, de la pointe des pieds à la racine des cheveux, vêtu de toutes les boucles d'un seul reptile dont la moindre respiration coupe la tienne et te rende pareil au bras inerte sur lequel un dormeur s'est endormi.
COCTEAU, Machine infern., 1934, II, p. 83.
— Emploi pronom. réfl., au fig. S'entourer étroitement de. Farau haussa les épaules en se garrottant d'une écharpe de laine (COLETTE, Seconde, 1929, p. 215).
B. — Au fig. Mettre dans l'impossibilité d'agir librement, priver de toute liberté d'action. Je suis lié et garrotté par le contrat qui m'a été imposé (Ac. 1932). Je me trouverais pris par une famille qui me garrotterait de tous les côtés (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 126). [L'abbé Capdepont à ses confrères] (...) Pie IX (...) sait trop bien à quelles contraintes nous obligent les lois civiles dont on a garrotté l'Église (FABRE, Abbé Tigrane, 1873, p. 192) :
• 2. ... qu'arrivera-t-il donc quand mon existence se trouvera liée à des hommes tout hérissés de préjugés, fiers et absolus dans leurs opinions serviles, gourmés, ampoulés, et les mains toujours prêtes à garroter les faibles?
M. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p. 213.
— Emploi pronom. réfl. Celui qui ment en gardant sa pensée fait donc une œuvre ingrate et se garrotte lui-même (ALAIN, Propos, 1922, p. 426).
Prononc. et Orth. : [], (il) garrotte []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. [date du ms.] garocier « immobiliser, bloquer (quelqu'un) ou peut-être attacher, ligoter » (WACE, Rou, éd. A.J. Holden, III, 11180 [var.]), attest. isolée; de nouv. 1470 waroquier « attacher très solidement (un objet) » (WAVRIN, Anc. Cron. d'Engl., II, 132 ds GDF.); 2. a) XVe s. garrotter « serrer fortement (un objet) » (Banquet du boys ds Anc. Poés. fr., X, 218); b) 1535 garrotter « attacher très solidement (un objet, une personne) » (Olivetan, éd. H. Kunze, p. 106); 3. a) 1601 fig. « priver de liberté » (CHARRON, Sagesse, I, 15 ds LITTRÉ); b) 1718 « user de tous les moyens pour empêcher quelqu'un de manquer à ses engagements » (Ac.); 4. 1757 « placer un garrot à un arbre, à une branche pour en corriger la direction » (Encyclop.). Dér. de garrot2; dés. -er. Dans le fr. général, c'est le sens « serrer un lien » (v. garrot2 sens 1 b) qui s'est imposé, mais dans les parlers région. on trouve aussi les sens « lancer, jeter, rouer de coups » (v. garrot2 sens 2, 3) cf. nant. ang. garrocher « lancer des pierres contre quelqu'un » (FEW t. 17, p. 624b), ang. garotter « frapper à coups de bâton ou de pierres » (ibid., p. 625a); cf. garrocher. Fréq. abs. littér. : 167. Bbg. GOHIN 1903, p. 344.
garrotter [gaʀɔte] v. tr.
ÉTYM. 1535; garocier « immobiliser », XIIIe; de 2. garrot.
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1 Attacher, lier très solidement, comme avec un garrot. || Garrotter un prisonnier (→ Couple, cit. 1; exécution, cit. 19).
1 Un jour, quatre hommes masqués, qui avaient reçu des ordres, se jetèrent sur lui et le garrottèrent solidement, de manière qu'il ne pût remuer que les jambes.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II, p. 71.
♦ Au participe passé :
2 Garrotté pieds et mains, de cent chaînes de fer.
Ronsard, Premier livre des hymnes, « De l'Éternité ».
♦ Par anal. Vx. Serrer, gêner dans ses mouvements. — Au p. p. || Être garrotté dans des vêtements, des bandelettes. ⇒ Emmailloté, entortillé.
3 On doit s'attendre à de grandes oppositions de la part des nourrices, à qui l'enfant bien garrotté donne moins de peine que celui qu'il faut veiller incessamment.
Rousseau, Émile, I.
♦ Spécialt. || Jambes garrottées sur des éclisses (→ Bandage, cit. 2.).
2 (Av. 1580). Par métaphore (→ cit. 5, ci-dessous) ou fig. (→ cit. 4). Surtout au passif et p. p. || Être garrotté par un contrat, des serments, des conventions, des préjugés. ⇒ Lier. || Opposition garrottée et réduite à l'impuissance. ⇒ Bâillonner, museler.
4 Les conventions humaines m'ont trop longtemps garrotté.
Chamfort, Lettre de Mirabeau, p. 319.
5 Il y avait un an, vers la même époque, dans les mêmes lieux, que nous ne nous étions promenés ensemble; je me sentais lié, garrotté, par d'autres serments; je m'étais dit de bien mesurer mes paroles.
Sainte-Beuve, Volupté, XIX.
3 Techn. Arbor. Lier (une branche, un arbre) par un garrot pour corriger sa direction. Lier temporairement (un tronc, une branche) pour ralentir la croissance et favoriser la fructification.
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CONTR. Délier, délivrer, libérer.
DÉR. Garrottage.
Encyclopédie Universelle. 2012.