garce [ gars ] n. f.
1 ♦ Anciennt (jusqu'au XVIe) Féminin de gars.⇒ fille.
2 ♦ Mod. Fam. Fille de mauvaise vie. ⇒ putain. « Les grandes garces fardées qui sortaient des magasins » (Sartre).
♢ Femme, fille méprisable ou méchante, dont on a à se plaindre. ⇒ chameau, chipie, vache. Ah ! la garce ! ⇒ salope. — Adjt Elle est un peu garce.
♢ Par anal. (en parlant d'une chose désagréable, fâcheuse) Cette garce de vie. ⇒ chienne, putain.
● garce nom féminin (féminin de gars) Populaire Fille ou femme de mauvaise vie. Jeune fille ou femme mauvaise ou très désagréable. Jeune fille ou femme en général, souvent avec une nuance admirative pour son aspect physique : Une belle garce. ● garce (expressions) nom féminin (féminin de gars) Populaire Fils de garce, terme d'injure. ● garce adjectif Familier. Qui est méchant, mauvais : Ce qu'elle peut être garce avec toi.
garce
n. f. Fam., péjor. Fille ou femme sans moralité ou méchante (équivalent masculin: salaud).
|| Fam. Cette garce de...: cette maudite...
⇒GARCE, subst. fém. et adj.
I. — Subst. fém.
A. — [Les subst. masc. corresp. sont garçon (cf. ce mot I A 2) et gars (cf. ce mot A)] Synon. (jeune) fille (cf. ce mot II A).
1. Vx. Adolescente. Elle (...) retrouva des jambes de jeune garce, s'occupa des papiers de sa nièce (ZOLA, Terre, 1887, p. 384). De son temps encore, les petits gars et les petites garces du village venaient faire, en manière de jeu, le diable et la belle Orberose (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 178).
2. Mod. et région. [Souvent avec une nuance d'admiration pour son aspect physique] Jeune fille ou femme. Honoré avait ri en regardant sa fille : une belle grande garce, il était d'accord, mais jeunette quand même (AYMÉ, Jument, 1933, p. 174). Le vieux général et moi, nous étions ravis tant cette garce [une fille de vingt ans] était belle à voir avec ses dents, (...) son appétit de jeune animal, (...) sa fougue, son ardeur (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 36).
B. — Vieilli et pop. [Avec un adj. poss.] Compagne (hors mariage). Synon. amante, (petite) amie (cf. ce mot I A 2 b), maîtresse. Il était à présent trop âgé, trop usé pour prendre garce (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 147). Le Dr B..., un terrible viking (...) bien connu à Montparnasse, ainsi que sa garce, Gabrielle, une repasseuse de fin (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 193) :
• ... le grand Volat y vivait comme un loup, avec sa garce, la Flora, et la fille de Flora, la Delphine, une drôline de dix ans qu'elle avait eue d'un braconnier...
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 72.
C. — Péj. Femme de mauvaise vie. Synon. fille (cf. ce mot II C 2), prostituée, putain (pop.), pute (pop.). Ah! ce bougre de farceur qui découche! Il est peut-être allé voir les garces... C'est donc ça qui vous a creusé, hein? (ZOLA, Terre, 1887, p. 426). Qu'ils n'aillent pas se figurer qu'un affront pareil se paie sur une petite roulure comme celle-là (...). Une garce si garce que sa famille en a honte (AYMÉ, Jument, 1933, p. 261).
— En exclam., pop. [Terme d'injure] Ah! garce! Ah! salope! C'est avec ce gueux que tu couches (ZOLA, Terre, 1887, p. 249). T'as une langue de garce (HAMP, Champagne, 1909, p. 121). Garce! Fille des rues! (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 60). [Expr. injurieuse] Fils de garce. L'écume lui coule! Tais-toi, fi de garce! (CLAUDEL, Ville, 1894, III, p. 384). [Juron] Bon Dieu de garce! (CARABELLI, [Lang. pop.]).
D. — Fam. Fille ou femme méchante ou désagréable. Synon. pop. chameau (cf. ce mot B 2), chipie. Les garces démoliraient le plancher de ma maison pour cuire des œufs à ce garçon-là (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 120). L'homme, la femme (...) gueulaient, dans le désespoir sauvage de n'être pas les plus forts, d'avoir été joués par cette garce de gamine (ZOLA, Terre, 1887, p. 393). Chez quelles dindes, chez quelles garces sans éducation, chez quels goujats m'as-tu fourvoyée? (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 784).
— P. anal. [En parlant de choses abstr. considérées comme des pers. de sexe fém. avec les traits énoncés ci-dessus] Oh! cette bonne civilisation, cette bonne pâte de garce qui a inventé les chemins de fer, les prisons, (...) les tartes à la crème (FLAUB., Corresp., 1837, p. 26). La victoire au fond n'est qu'une garce (HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 985). Je suis furieux que l'armée te tienne, et que cette garce t'embrasse de force (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1892, p. 155).
II. — Emploi adj.
A. — [En parlant de pers.] Qui a l'apparence d'une femme de mauvaise vie (cf. supra I C). Synon. fam. chienne (cf. ce mot II A 2). Les femmes sortent nu-tête en voiture, avec des fleurs dans les cheveux, et elles ont toutes l'air très garces (FLAUB., Corresp., 1851, p. 301).
B. — Pop. [En parlant d'une chose désagréable ou pénible] Garce de + subst. Synon. fam. chienne (de) (cf. ce mot II B 1 b). Quéq'tu veux qu'nous fichions dehors d'un temps pareil? Ah! garce de pluie! Voleur de temps! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part. II, p. 107). Ne vous endormez pas trop vite parce que notre garce de musique va passer sous vos fenêtres; mais aussitôt après, je pense que vous aurez la paix (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 90).
Rem. Emploi adj. de ce mot antéposé à un subst., avec le sens fam. « sacré », « fameux ». Je balance toutes les couvertures... Je me retrouve une garce vigueur (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 3). Malgré des ruses infinies, ma grande ingéniosité, je désespérais fort souvent sur cette garce enveloppe (ID., ibid., p. 456).
REM. 1. Garçailler, verbe intrans. [En parlant des garçons]. Fréquenter les garces. Il garçaillait quelque peu. Ces façons de roulier, peut-être les prenait-il pour marquer des distances (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 171). P. ext. [En parlant des filles] Fréquenter les garçons. La bague au doigt, fini, dame! Fini, ma jolie, on ne garçaille plus! (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 65). (Ds BOISTE 1834). 2. Garçaill(i)er, (Garçailler, Garçaillier)subst. masc. Synon. garçon (débauché). [Henri, suivi de 5200 hommes] marcha vers les pommiers de Caux et les garçailliers de Rouen pour se faire des camarades en Normandie (D'ESPARBÈS, Roi, 1901, p. 249). 3. Garcerie, subst. fém. [En parlant d'une fille ou d'un garçon]. Caractère de la garce (cf. supra I D), effronterie désinvolte et cruelle. Quelle joie il aurait eue à humilier en elle toute la garcerie féminine (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 334). Hippo a pour lui son admirable museau et cette garcerie même qui sent sa graine de chouan et fait soupirer la rude compassion des commères (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 233). P. ext. [En parlant de choses abstr.]. La garcerie de ma putaine existence! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 48). 4. Garcinette, subst. fém. Dimin. de garce (cf. supra I D). À moins que cette garcinette de Marguerite ne veuille me faire payer par trop ses émotions (LA VARENDE, Dern. fête, 1953, p. 239). 5. Gerce, subst. fém., arg. Femme, maîtresse. Synon. garce (pop. et vx). [Au Château-Rouge] Les gerces, en cheveux, dépenaillées circulent (MÉTÉNIER, Lutte pour amour, 1891, p. 154). La Guillaumette qui, avec un copain, ne voyait plus de motif à se gêner, aborda le point délicat : — C'est pas tout ça : où q'sont les gerces dans ce pays-ci? (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e partie, 4, p. 136). Pop. Femme méchante. Mais elles savent se défendre, les autres filles, et les malins l'apprennent vite. Les serpes, les gerces, les guêpes, pas question de les tenir! Pucelles ou pas, c'est comme les alouettes, pour les attraper faudrait être le vent (J. CHESSEX, Portrait des Vaudois, Lausanne, Bertil Galland, 19724, p. 90).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « fille ou femme débauchée, putain » (G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1127); 2. XIIIe s. « jeune fille » (Pastourelles, éd. J. Cl. Rivière, III, 68, 22); 3. 1865 garce de (suivi d'un subst.) en parlant d'une chose désagréable, pénible (LITTRÉ). Fém. de gars. Fréq. abs. littér. : 270. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 14, b) 246; XXe s. : a) 466, b) 723. Bbg. MIGL. 1968 [1927], p. 161.
garce [gaʀs] n. et adj. f.
ÉTYM. V. 1165 au sens 2.; « jeune fille de basse condition », XIIIe; fém. de gars.
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A N. f.
2 (XIIe). Mod. (Péj. et fam.). Fille de mauvaise vie.
1 Au lit par exemple, c'était une superbe affaire et on y revenait et elle nous donnait bien de la joie. Pour une garce c'en était une vraie.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 62.
2 (…) les grandes garces fardées qui sortaient des magasins lui lançaient des œillades hardies (…)
Sartre, l'Âge de raison, IX.
♦ Spécialt (dans un vocabulaire lié aux préjugés masculins). Femme, fille qui se conduit mal avec les hommes, les attire et les désappointe, etc.
3 (Déb. XXe). Mod. et fam. Péj. Femme (équivaut à salaud). || Ah ! la garce, la petite garce, elle s'est bien fichue de nous ! || La vieille garce a refusé son consentement. ⇒ Chameau, chipie; régional chabraque. — Appellatif. || Sale garce ! tu m'as bien eu !
3 — Faites donc taire cette femme (une manifestante) ! Emmenez-la.
Le commissaire haussait les épaules et disait :
— Est-ce que c'est des femmes, ces garces-là ?
P. Nizan, le Cheval de Troie, X.
4 Mme Steinheil, née Marguerite Japy, avoue avoir placé elle-même la perle accusatrice dans le portefeuille de Rémy Couillard (…) Raison de plus pour guillotiner cette garce, toute femme, et grande dame qu'elle est.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XXIII, p. 305.
4 (1865). Par anal. (En parlant d'une chose désagréable, fâcheuse). || Cette garce de vie. || Garce d'existence ! ⇒ Putain.
5 Mais nous sommes des êtres réels, des hommes réels, assaillis de soucis, battus des vents, battus d'épreuves, rongés de soucis, acheminés à coups de lanières dans cette garce de société moderne.
Ch. Péguy, Victor-Marie comte Hugo, p. 17.
B Adj. fém. (Av. 1880).
2 (Correspond à A., 3.). || Elle a été garce avec ses amies. || Tu es vraiment trop garce !
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DÉR. 1. Garcette.
Encyclopédie Universelle. 2012.