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furie

furie [ fyri ] n. f.
XIVe; fuire XIIe; lat. furia fureur
1Myth. rom. Chacune des trois divinités infernales (Alecto, Mégère, Tisiphone) chargées d'exercer sur les criminels la vengeance divine.
Fig. (1559) Femme donnant libre cours à sa colère, à sa haine avec violence. harpie, mégère. Elle s'est jetée sur lui comme une furie.
2Fureur particulièrement vive qui se manifeste avec éclat. passion. La furie du jeu. manie. Mettre qqn en furie. colère, rage. Lionne en furie. Spécialt Colère que développe l'action violente. Attaquer avec furie. La furie française (d'apr. l'expr. it. furia francese) . ardeur, courage, impétuosité.
Violente agitation. Mer en furie. « Le vent soufflait en furie » (Zola). Fig. La furie des passions.
⊗ CONTR. 1. Calme, douceur.

furie nom féminin (latin furia) (avec une majuscule) Divinité romaine infernale assimilée aux Érinyes. Femme très méchante et emportée. Accès de rage, de fureur se manifestant par des actes d'une grande violence : Mettre quelqu'un en furie. Littéraire. Ardeur impétueuse développée au cours d'une action violente : La furie de l'attaque ennemie. Littéraire. Mouvements impétueux des choses, violence : Les vagues en furie.furie (synonymes) nom féminin (latin furia) Femme très méchante et emportée.
Synonymes :
- harpie
- mégère
Accès de rage, de fureur se manifestant par des actes...
Synonymes :
- colère
- courroux (littéraire)
- emportement
- fureur
- rage
Littéraire. Ardeur impétueuse développée au cours d'une action violente
Synonymes :
- fougue
- impétuosité
- véhémence
- violence

furie
n. f.
d1./d Colère démesurée. être en furie.
d2./d Ardeur impétueuse. Combattre avec furie.
|| Fig. La furie de la tempête.
d3./d Femme très méchante et violente. C'est une vraie furie!

⇒FURIE, subst. fém.
A.— [En tant que symbole ou personnification du mal, de la vengeance dans la myth. antique]
1. MYTH. ROMAINE. [Avec une majuscule]
a) Au plur. Divinités infernales au nombre de trois, qui étaient chargées d'exécuter la vengeance divine. Synon. Euménides. On invoque le Chaos, le Styx, le Phlégéton, les Parques, les Furies, divinités infernales (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 53). Cf. antiphrase ex. 1 :
1. Gamelin, incapable de faire les frais d'un tableau (...) laissait à peine ébauchée sa vaste toile du Tyran poursuivi aux Enfers par les Furies [it. ds le texte]. Elle couvrait la moitié de l'atelier de figures inachevées et terribles, plus grandes que nature, et d'une multitude de serpents verts dardant chacun deux langues aiguës et recourbées.
FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 15.
b) Au sing. Chacune de ces divinités. Nuit traversée de rêves stupides, Mlle Sergent en Furie, des serpents dans ses cheveux roux (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 60) :
2. ... elle [Junon] montre à Mégère des monceaux de morts, malheureux débris de l'armée des Indiens. La Furie se retire dans un antre, où elle se dépouille de sa figure hideuse et de ses serpens...
DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 204.
2. Au fig., cour., fam. Femme donnant (occasionnellement ou habituellement) libre cours à sa colère, à sa rancune, avec une rare violence. C'est une furie. Synon. harpie, mégère. Cette femme, cette furie, dont vingt scènes bruyantes m'avaient donné la plus terrible idée, depuis que je demeurais chez elle (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 96). Il y avait toujours un va-et-vient de filles douteuses, (...) elles parlaient haut, se querellaient : parfois elles en venaient aux coups. Alors, le Christ (...) empoignait chacune des furies par un bras, les jetait dans l'escalier (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 203) :
3. ... dès qu'elle aperçut son mari, qu'elle devait attendre depuis la tombée du jour, elle hurla, en s'élançant vers moi :
« Ah canaille, je savais bien que vous le ramèneriez soûl! »
Ma foi, je me sauvai en courant jusqu'à la gare, et comme je pensais que la furie me poursuivait, je m'enfermai dans les water-closets, car un train ne devait passer qu'une demi-heure plus tard. Voilà pourquoi je ne me suis jamais marié, et pourquoi je ne sors plus jamais de Paris.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Mongilet, 1885, p. 546.
B.— [En tant que sentiment; correspond à fureur B]
1. [Correspond à fureur B 1] Fureur portée à l'extrême, déchaînement de fureur (pour/contre quelqu'un ou quelque chose). L'espèce de furie avec laquelle ils [les jeunes gens] se ruent au plaisir (BALZAC, Goriot, 1835, p. 173). On les voit [les clercs français] trouver que leur furie nationaliste les grandit, qu'elle sert la civilisation, qu'elle embellit l'humanité (BENDA, Trah. clercs, 1927, p. 73).
a) En partic. Excès de fureur amoureuse. Ce fut comme une sorte de furie qui s'empara de nous, qui mêla nos baisers, nos corps, nos âmes, dans une étreinte, dans une possession sans fin (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 144).
b) Furie de. [Suivi d'un subst. ou d'un inf., indiquant l'obj. de la furie] Furie du jeu. C'est à vous qu'on doit cet exil? et cette furie de savoir? (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 170). Ce qui nous foutait tout par terre c'était l'autre polichinelle avec sa furie des courses (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 505).
[Avec subst. désignant un sentiment poussé au paroxysme] Raoul Nathan se précipita sur Lucien avec une furie d'amitié, lui prit les mains et les lui serra (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 442). L'enfant, à qui il faisait voir un écu, le saisit des deux mains avec une furie de joie (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 23) :
4. D'abord, ce fut superbe, les hommes qui tombaient n'arrêtaient pas l'élan des autres, on parcourut près de cinq cents mètres avec une véritable furie de courage.
ZOLA, Débâcle, 1892, p. 351.
2. [Correspond à fureur B 2] Colère intense, aux effets souvent démesurés. Entrer, être, se mettre en furie. Il lui dit, d'une voix étranglée de furie : — Sortez, impudent coquin! Je vous chasse! (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 188). Cf. âcreté ex. 10.
a) P. méton., au plur. Accès de fureur démesurée. Il [le Capitaine] pourrait entrer en des furies et faire des esclandres dont souffrirait ma réputation (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 272).
b) P. ext. Déchaînement de fureur meurtrière dans un engagement armé, une lutte, etc. Ces deux lignes [de combattants] devaient essuyer la première furie du combat et émousser les épées romaines (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 44). Les deux adversaires se saisirent corps à corps, s'enlacèrent comme deux serpents et se frappèrent avec furie (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 54) :
5. Rien ne put lui [à Quasimodo] arracher un mouvement. Ni son sang qui ne cessait de couler, ni les coups qui redoublaient de furie, ni la colère du tourmenteur qui s'excitait lui-même et s'enivrait de l'exécution.
HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 267.
En partic., vx. La furie française. [Trad. de l'expr. ital. née au XVe s. furia francese]. Impétuosité proverbiale des troupes françaises dans la première attaque. (Dict. XIXe et XXe s.; cf. ROB. ex. de Chateaubr.).
c) P. anal. Déchaînement d'une extrême violence.
[Le compl. éventuel désigne un animal] Sais-tu que l'amitié, dans cet heureux moment, m'a donné d'un lion la force et la furie? (FLORIAN, Fables, 1792, p. 92). Le superbe animal [un cheval] bondissait avec une incroyable furie, se cabrait, pirouettait, se dressait sur ses jarrets d'acier (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 194).
[Le compl. éventuel désigne un phénomène naturel] La furie de la vague bouillonnante qui userait le granit, ferait voler le rocher (MICHELET, Insecte, 1857, p. 36). La nuit tombait sur la tempête, enveloppant d'ombre l'océan affolé, et tout le fracas des éléments en furie (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Ivrogne, 1884, p. 929). Le vent souffle avec une sorte de furie désespérée dans un ciel d'un bleu pur et glacial (GREEN, Journal, 1944, p. 91).
Prononc. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) XVe s. « fureur vive qui se manifeste avec éclat » (O. BASSELIN, Vaux-de-Vire, éd. P.-L. Jacob LXI); b) 1635 « impétuosité d'action » (MAIR., Sophon., IV, 5 ds LITTRÉ); c) 1668 « passion excessive » (BOILEAU, Satires, éd. A. Cahen, VIII, 240); d) 1668 « agitation violente (ici en parlant d'éléments naturels) » (LA FONTAINE, Fables, éd. H. Regnier, livre I, 22, 25); 2. 1640 (par allusion aux divinités infernales les Furies) « femme violente, emportée » (CORNEILLE, Cinna, IV, 1). Empr. au lat. class. Furia, gén. au plur., désignant les trois Furies, déesses symbolisant la vengeance (cf. XIVe s. [ms.] BERCHEURE, f° 23 v° ds LITTRÉ); puis « une femme emportée »; en lat. imp. signifie « délire, égarement »; furie a remplacé les formes pop. fuire. 1re moitié XIIe s. (Psautier Cambridge, p. 268, 7 ds T.-L.); fure (ca 1165, B. DE STE-MAURE, Troie, 26393, ibid.). Fréq. abs. littér. :574. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 832, b) 1 182; XXe s. : a) 763, b) 638. Bbg. JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, p. 231. — KOHLM. 1901, p. 21. — QUEM. DDL t. 15.

furie [fyʀi] n. f.
ÉTYM. XIVe; fuire, XIIe; lat. furia. → Fureur.
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I
1 Myth. (Souvent écrit avec une majuscule). Chacune des trois divinités infernales (Alecto, Mégère, Tisiphone) chargées d'exercer sur les criminels la vengeance divine. Euménides. || Les Furies, filles d'Enfer. || Les serpents (Racine, Andromaque, V, 5), les ailes de chauve-souris, les fouets, torches, poignards…, attributs ordinaires des Furies. || Les Furies considérées comme le symbole des remords. || Oreste poursuivi par les Furies vengeresses après son parricide.
1 Jupiter voyant nos fautes;
Dit un jour, du haut des airs (…)
Va-t'en, Mercure, aux enfers.
Amène-moi la Furie
La plus cruelle des trois.
La Fontaine, Fables, VIII, 20.
2 Tes remords te suivront comme autant de furies (…)
Racine, Britannicus, V, 6.
3 La douleur, la rupture de l'âme improvisent une tout autre, une affreuse beauté : les narines se pincent, le masque se déforme et devient celui d'une Furie (…) Vénus enfin abandonne sa proie.
Valéry, Variété V, p. 195.
2 (1640). Vieilli ou littér. Femme que la méchanceté, la haine, la vengeance emportent jusqu'à la fureur. Bacchante, harpie, mégère. || Ce n'est pas une femme, c'est une furie, une vraie furie. || Elle s'est jetée sur lui comme une furie. || Il n'a pu faire entendre raison à ces furies.
4 Il se contentait (…) de dire que votre Émilie (dans Cinna) était la rivale de Caton et de Brutus dans la passion de la liberté. À cette heure il va bien plus loin. Tantôt il la nomme la possédée du démon de la république, et quelquefois la belle, la raisonnable, la sainte et l'adorable furie (…) Elle inspire en effet toute la conjuration (…) Elle entreprend, en se vengeant, de venger toute la terre (…)
Guez de Balzac, Lettre à Corneille, 17 janv. 1643.
5 Qui croyez-vous qui veuille me perdre auprès de cette femme que j'adore ? quelle Furie supposez-vous assez méchante, pour tramer une pareille noirceur ?
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XLIV.
6 Arrivés (…) devant la maison Duplay, les acteurs donnèrent une scène. Des furies dansaient en rond (…) Le soir, ces mêmes bacchantes coururent à Sainte-Pélagie, où était la mère Duplay (…) Elles se firent ouvrir les portes par les geôliers effrayés, étranglèrent la vieille femme et la pendirent (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç. XXI, 10.
———
II Cour.
1 (1635). Fureur particulièrement vive qui se manifeste avec éclat.REM. Le mot furie est ainsi, avec une signification accentuée, une sorte de doublet de fureur, dans tous les sens de ce mot, sauf au sens 1. de folie.
7 Il semble que le mot de fureur dénote davantage l'agitation violente du dedans, et le mot furie l'agitation violente du dehors.
Vaugelas, in Lafaye.
Passion. || Émulation (cit. 4) qui devient une sorte de furie. || Furie de (et un subst. ou un inf.). || S'abandonner à la furie du jeu. Manie.Furie amoureuse, érotique.
8 (…) ce n'est pas d'aujourd'hui qu'elle (Votre Majesté) se voit en butte à la furie des épîtres dédicatoires.
Molière, les Fâcheux, Épître au Roi.
9 (…) tu te demandes pourquoi cette soudaine furie d'écrire (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, I.
10 (…) cette sarabande de projets, cette furie de travail et de création, cette débauche de livres (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 340.
2 (XVe). Colère violente, aux effets démesurés. || Hurler avec furie.
En furie. Colère, rage. || Mettre qqn en furie (→ Bourrade, cit. 3). || Être, entrer en furie. || Lionne en furie.
11 On eut un moment l'idée que les vainqueurs, dans leur furie, pourraient venir frapper en lui (le Roi) le chef de ces Suisses, de ces nobles, qui avaient fait un si grand carnage du peuple.
Michelet, Hist. de la Révolution franç. VII, II.
Spécialt. Colère que développe l'action violente. || Attaquer, charger avec furie (→ Effréné, cit. 1). — ☑ Loc. (1605, in D. D. L.). La furie française, d'après l'expression italienne furia francese (→ Delà, cit. 1), désignant l'impétuosité irrésistible des attaquants français lors des guerres de la fin du XVe siècle. Ardeur, courage; furia.
12 Cette manœuvre, qui lui fut propre, était d'accord avec la furie française; mais elle n'eût point réussi avec des soldats moins impétueux et moins agiles.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 174.
13 L'action s'engagea avec furie, plus de furie peut-être que l'empereur (Napoléon) n'eût voulu, par l'aile gauche française sur Hougomont.
Hugo, les Misérables, II, I, V.
3 (1668). Agitation violente (de qqch.). || La furie de l'océan, de la tempête. || Mer en furie. Fig. || La furie des passions (→ Fermenter, cit. 3), d'une mêlée, d'une scène dramatique (→ Flamenco, cit. 1).
14 Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
La Fontaine, Fables, I, 22.
15 (…) si le corps mort ne reparaît point, ou que la furie du Rhône l'ait jeté au delà d'Arles (…)
Mme de Sévigné, 1268, 26 fév. 1690.
16 Et les écueils centenaires
Rendent des bruits de tonnerre
Dans l'ouragan ? (…)
L'ombre est pleine de furie
Ô chaos ! onde ahurie,
Caps ruisselants (…)
Hugo, la Légende des siècles, Paysans au bord de la mer, V.
17 Tout à coup, une furie de concupiscence sauta sur lui, comme eût fait un tigre.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 231.
CONTR. Calme, douceur, langueur, modération, nonchalance.

Encyclopédie Universelle. 2012.