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fantasme

fantasme [ fɑ̃tasm ] n. m. VAR. (vieilli) phantasme
• 1891, répandu au XXe par la psychanalyse; 1836 méd. « hallucination »; XIVe « fantôme »; 1190 « illusion »; lat. phantasma, mot gr. « vision »
Production de l'imagination par laquelle le moi cherche à échapper à l'emprise de la réalité. imagination, rêve. Vivre de fantasmes. Des fantasmes de richesse. Fantasmes sexuels. Les fantasmes de Mme Bovary. « Il eut l'idée de rentrer chez lui, puis il se rendit compte qu'il ne travaillerait pas, qu'il retomberait, tout seul, dans ses phantasmes » (Huysmans).

fantasme ou phantasme nom masculin (latin phantasma, -atis, du grec phantasma, apparition) Représentation imaginaire traduisant des désirs plus ou moins conscients : Être dominé par ses fantasmes. Les fantasmes d'une société.fantasme ou phantasme (difficultés) nom masculin (latin phantasma, -atis, du grec phantasma, apparition) Orthographe Avec un f initial. - L'orthographe phantasme est aujourd'hui presque entièrement abandonnée, sauf dans le vocabulaire technique de la psychanalyse. Orthographe On écrit plus couramment fantasme.

fantasme ou (vieilli) phantasme
n. m. PSYCHAN Ensemble de représentations imagées mettant en scène le sujet et traduisant les désirs inconscients de celui qui l'élabore.
Cour. Représentation imaginaire de la réalisation d'un désir, qui ne tient pas compte de la réalité.

⇒FANTASME, PHANTASME, subst. masc.
A.— Vx, PATHOL. Vision hallucinatoire. Synon. hallucination. Je voyais en marge de mon champ visuel et à quelque distance une grande ombre en mouvement, je tourne le regard de ce côté, le fantasme se rétrécit et se met en place : ce n'était qu'une mouche près de mon œil. J'avais conscience de voir une ombre et j'ai maintenant conscience de n'avoir vu qu'une mouche (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 344).
B.— PSYCHANAL. Construction imaginaire, consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s'y met en scène, d'exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse. Fantasme conscient, inconscient, sexuel. [Freud] vit dans le refoulement des désirs œdipiens intolérables la source des phantasmes (...) des névrosés (Hist. de la sc., 1957, p. 1697). Les interprétations de Jung ont fait l'objet de nombreuses critiques chez les alchimistes contemporains (Canseliet, Alleau, Claude d'Ygé), — alarmés à juste titre de voir l'art d'Hermès rapproché des visions, des rêves, des phantasmes pathologiques (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 84) :
1. Ces pulsions refoulées cristallisent sur elles les complexes morbides les plus différents. (...). (Au lieu d'être enfoui dans les profondeurs du moi, l'objet redouté ou désagréable peut être dérivé vers un fantasme imaginaire et agréable, où se dissout l'angoisse, souvent en retournant l'objet en son contraire : c'est le rôle fréquent de la rêverie diurne; ...).
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 353.
Fantasmes originaires. ,,Fantasmes qui transcendent le vécu individuel et ont un certain caractère d'universalité. En ce sens, ils sont à rapprocher des mythes collectifs. Ils « mettent en scène » ce qui aurait pu dans la préhistoire de l'humanité participer à la réalité de fait et à ce titre ils entrent dans le cadre de la réalité psychique`` (A.-J. Coudert ds POROT 1975, p. 270).
P. ext., usuel. Représentation imaginaire marquant une rupture avec la réalité consciente. Synon. chimère, rêverie. Alors, ils se montaient des bobards, des entourloupes monumentes, ils rêvaient tous de réussites, de carambouilles formidables... Ils se voyaient expropriés, c'était des fantasmes! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 342). La montagne célèbre [le Matterhorn] avait beau ne plus être la cime surnaturelle, environnée de terreurs et de fantasmes de jadis (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 57) :
2. À l'heure où le silence, l'ombre, l'ennui des immeubles bourgeois envahissaient le vestibule, je lâchais mes phantasmes; nous les matérialisions, à grand renfort de gestes et de paroles, et parfois, nous envoûtant l'une l'autre, nous réussissions à décoller de ce monde jusqu'à ce qu'une voix impérieuse nous rappelât à la réalité.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 46.
Prononc. et Orth. :[]. ROB. et Lar. Lang. fr. parmi les dict. gén. et de nombreux dict. techn. tels que FOULQ.-ST-JEAN 1962, RYCR. 1972, CARR.-DESS. Psych. 1976 admettent 2 graph. : fantasme ou phantasme. D'apr. DUPRÉ 1972 le mot, doublet de fantôme, a été mis à la mode par la psychol. freudienne et par conséquent devrait plutôt s'écrire avec ph. Il note que ds LAPL.-PONT. 1967 on distingue fantasme « scénario imaginaire où le sujet est présent et qui figure, d'une façon plus ou moins déformée par les processus défensifs, l'accomplissement d'un désir et, en dernier ressort, d'un désir inconscient » et phantasme qui désigne « le fantasme inconscient ». Cette distinction est jugée arbitraire ds COLIN 1971 et ds SOURNIA Méd. 1974 qui préfèrent la graph. avec f : ,,Cette orthographe simplifiée (f) s'impose de plus en plus et avec raison sur phantasme puisque nous avons déjà fantasque, fantastique, fantaisie, etc. Donner un sens différent à fantasme et phantasme c'est rechercher la confusion.`` Étymol. et Hist. XIIIe s. « illusion, fausse apparence » (Li Epistle Saint Bernard a Mont Deu, ms. Verdun, 72, f° 32 v° ds GDF. Compl.); 1832 méd. « image hallucinatoire » (RAYMOND); 1866 « production de l'imaginaire par laquelle le moi échappe à la réalité » (AMIEL, Journal, p. 266 : leçon sur les mythes, légendes, fables, fantasmes et rêves comme produits de l'imagination). Empr. au lat. impérial phantasma, -atis « fantôme, spectre », b. lat. « image, représentation par l'imagination », transcr. du gr. « apparition; image offerte à l'esprit par un objet; spectre, fantôme », v. fantôme. Fréq. abs. littér. :66.
DÉR. Fantasmatique, adj. a) Vx. Qui présente un caractère irréel. Cette lugubre dalle calviniste, sans croix, avec le seul nom terrifiant et fantasmatique de Louis XVII (BLOY, Journal, 1902, p. 91). Gracian, Castiglione et La Bruyère observent la Cour, ce milieu irréel, fantasmatique et inconsistant entre tous, comme on observe les images d'une lanterne magique (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 9). b) Néol. [Correspond à fantasme B] Qui relève du fantasme. [La langue poétique] dépôt de toutes les poésies antérieures, image fantastique (ou fantasmatique) d'un patrimoine qui n'est pas celui de l'auteur (R. BARTHES ds Nouv. Obs., 17.6.69, p. 38, col. 1). []. Pour la graphie ph, cf. fantôme. 1re attest. 1604 « de la nature d'un fantôme » (LE LOYER, Hist. des spectres I, 1 ds HUG.); de fantasme, suff. -atique. Fréq. abs. littér. : 11.
BBG. — CLÉMENT (C.-B.). De la Méconnaissance : fantasme, texte, scène. Langages. Paris. 1973, t. 8, pp. 36-37. — COQUET (J.-C.). Sémiotiques. Langages. Paris. 1973, t. 8, p. 6. — DARM. 1877, p. 188 (s.v. fantasmatique). — QUEM. DDL t. 2, 14 (s.v. fantasmatique).

fantasme ou (vieilli) phantasme [fɑ̃tasm] n. m.
ÉTYM. 1190, « illusion »; « fantôme », XIVe; lat. phantasma, mot grec « vision ». — REM. La graphie fantasme a éliminé, dans l'usage psychologique et courant la forme phantasme, que Laplanche et Pontalis (Voc. de la psychanalyse) réservent au sens de « fantasme inconscient ».
1 (1836; phantasme, 1814). Pathol. (Vx). Représentation imaginaire.Spécialt. Hallucination visuelle.
2 (1891; répandu au XXe par la psychanalyse). Mod. Production imaginative par laquelle le moi cherche à échapper à l'emprise de la réalité (rêverie, rêve éveillé…). || Les fantasmes de l'imagination. Fantôme. || Phantasmes évanescents (cit.).
1 Il eut l'idée de rentrer chez lui, puis il se rendit compte qu'il ne travaillerait pas, qu'il retomberait, tout seul, dans ses phantasmes.
Huysmans, Là-bas, VII.
2 (…) les processus inconscients demeurent soustraits au contrôle du principe de réalité : la pensée est assimilée au réel, le désir à sa réalisation; d'où le danger de sous-estimer l'action passagère des fantasmes, sous prétexte qu'ils ne correspondent à rien de réel (…)
Daniel Lagache, la Psychanalyse, p. 21.
3 (…) la psychanalyse ne quitte pas l'individu, ne recourt pas aux coquecigrues de la psychologie théorique : on s'apercevra vite que le complexe d'Œdipe est aussi répandu que l'amour. Mais avant la mythologie freudienne, avant ses phantasmes à têtes de pieuvres entre les Mères et les Parques, son profond domaine d'ombre donne à ce qui l'a précédée, un accent superficiel et rationaliste.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 188.
4 Pourtant, dès que l'on m'écoute attentivement, dès que l'on me trouve captivant, je sors de moi tous mes fantasmes et mes vérités, le pitoyable et l'excellent.
Georges Borgeaud, le Voyage à l'étranger, I, p. 95.
Didact. (psychan.). Action imaginaire qui implique le sujet, et figure, au travers de processus défensifs, l'accomplissement d'un désir (inconscient). || Conception freudienne du fantasme.
5 Les termes fantasme, fantasmatique ne peuvent manquer d'évoquer l'opposition entre imagination et réalité (perception). Si l'on fait de cette opposition une référence majeure de la psychanalyse, on est conduit à définir le fantasme comme une production purement illusoire qui ne résisterait pas à une appréhension correcte du réel. Aussi bien certains textes de Freud paraissent-ils justifier une telle orientation (…) Freud oppose au monde intérieur qui tend à la satisfaction par illusion, un monde extérieur imposant progressivement au sujet, par la médiation du système perceptif, le principe de réalité.
J. Laplanche, Voc. de la psychanalyse, art. Fantasme.
Fantasmes conscients (ou rêves diurnes) : fictions forgées et vécues en imagination, à l'état de veille. || Fantasmes inconscients, liés à des désirs inconscients, notamment dans le processus de formation des rêves.Fantasmes originaires : fantasmes typiques (inceste, castration, séduction, etc.) qui constitueraient, selon Freud, un patrimoine génétique héréditaire. aussi Scène.
DÉR. Fantasmatique, fantasmer. — (Du même rad.) Fantasmagorie.

Encyclopédie Universelle. 2012.