fabrique [ fabrik ] n. f.
1 ♦ Vx Manière dont une chose est fabriquée. ⇒ fabrication, façon. Ce drap est de bonne fabrique. — Loc. fig. Ces deux hommes sont bien de même fabrique, de la même espèce (cf. De même farine).
2 ♦ (1679) Établissement de moyenne importance ou peu mécanisé ayant pour objet la transformation de matières premières ou de produits semi-finis en produits manufacturés. ⇒ manufacture, usine. Cette fabrique groupe plusieurs ateliers. Fabrique de chaussures, de meubles.
♢ (d'ab. au sens 1 : « de fabrication ») DE FABRIQUE. Marque de fabrique. Prix de fabrique, d'un objet acheté directement chez le fabricant.
3 ♦ (fabrice 1374; lat. fabrica) Vx Petit édifice qui ornait un parc.
♢ Bx-arts Édifice, dans un tableau. Paysage avec des fabriques.
♢ Anciennt Le conseil de fabrique ou la fabrique : l'ensemble des clercs et des laïcs administrant les fonds et revenus affectés à la construction, à l'entretien d'une église. ⇒ fabricien, marguillier.
● fabrique nom féminin (latin fabrica, action de fabriquer) Établissement industriel ayant pour objet de transformer les matières premières en produits manufacturés susceptibles d'être livrés au commerce. Petit temple, ruine ou autre construction de fantaisie servant à l'ornementation d'un jardin (particulièrement à l'anglaise), d'un parc paysager. ● fabrique (expressions) nom féminin (latin fabrica, action de fabriquer) Prix de fabrique, prix auquel le fabricant vend ses produits au commerçant. ● fabrique (synonymes) nom féminin (latin fabrica, action de fabriquer) Établissement industriel ayant pour objet de transformer les matières premières...
Synonymes :
- atelier
- usine
fabrique
n. f.
d1./d établissement de moyenne importance ou peu mécanisé dans lequel des matières premières ou des produits semi-finis sont transformés en produits de consommation. Une fabrique d'emballages.
— Marque de fabrique, placée sur un objet pour en indiquer la provenance.
d2./d HIST (Cour. au Québec) Ensemble des biens et des revenus d'une église paroissiale.
⇒FABRIQUE, subst. fém.
A.— 1. a) Vx. Construction (d'un édifice, spéc. d'une église). Fonds destinés pour la fabrique d'une église paroissiale (Ac. 1798-1878).
b) P. méton. Ensemble des biens matériels d'une église paroissiale, revenus affectés à son entretien, gestion matérielle de ces biens et revenus. Fabrique paroissiale. En voyant combien cette pauvre église était dénuée, elle se promit de consacrer chaque année une somme aux besoins de la fabrique et à l'ornement des autels (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 177). La clarté jaune d'un maigre cierge, dérobé par quelque dévote à la fabrique de la paroisse (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 370).
♦ Conseil de fabrique, ou p. ell., fabrique. Assemblée de clercs et de laïcs chargés d'administrer les biens d'une église. Banc, places réservé(es) à la fabrique. Les fabriques trouvent toujours de l'argent pour décorer et souvent gâter leurs monuments, et (...) s'adressent à l'État lorsqu'il s'agit de les consolider (MÉRIMÉE, Lettres Antiq. Ouest, 1870, p. 150). Il [Jeufroy] attendait les membres du conseil de fabrique (...) pour l'acquisition d'une chasuble (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 93).
2. B.-A.
a) Vieilli. Construction qui orne, décore un jardin, un parc. Fabrique élégante, pittoresque. On cingla vers une rive couronnée de menues fabriques imitant des temples grecs et d'antiques tombeaux (SAND, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 337). Le parc de Stowe est célèbre par ses fabriques; j'aime mieux ses ombrages (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 522).
b) PEINT. (notamment dans la peint. académique). Ensemble des édifices, des ruines qui entrent dans la composition d'un tableau, d'un paysage. On use de l'arbre, du bosquet, des eaux, des monts et des fabriques [à l'époque de Poussin] avec une liberté toute ornementale ou théâtrale (VALÉRY, Degas, 1936, p. 130) :
• 1. ... le paysage (...) est-il susceptible d'être agrandi par le style? Deux grands peintres français l'ont affirmé (...) Nicolas Poussin et Claude Lorrain (...). Les fabriques, c'est-à-dire les constructions dont leur paysage est orné, rappellent les peuples et les temps antiques.
Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 603.
Rem. La docum. atteste un emploi méton. où fabrique désigne le tableau lui-même. Les meilleures toiles de Jacques-Émile (...) voisinaient avec (...) une inoubliable fabrique de Corot (MAURIAC, Journal occup., 1942, p. 345).
B.— 1. a) Vieilli. Action de fabriquer (cf. ce mot A 1). Fabrique des draps, des étoffes, des monnaies. Synon. usuel fabrication. Leurs meubles sont artistement travaillés, et presque tous de fabrique japonaise (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 87). Il tenait à la main un beau fusil à deux coups, de fabrique anglaise (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 51) :
• 2. Le beau-père mourut et laissa peu de chose; il [Charles-Denis-Bartholomé Bovary] en fut indigné, se lança dans la fabrique, y perdit quelque argent, puis se retira dans la campagne.
FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 5.
— Loc. adj. De fabrique. Faux, entièrement construit, inventé. Passeport de fabrique. Les premières personnes que j'aperçus (...) furent les officiers de fabrique (...) ils me proposèrent un grade de sous-lieutenant de chasseurs à cheval (VIDOCQ, Mém., t. 1, 1828-29, p. 73).
— P. méton. Objet fabriqué. Les fabriques les plus splendides ne se vendent qu'à grande perte; ces brillants ustensiles, en peu d'années, ne valent plus que le fer et le cuivre (MICHELET, Peuple, 1846, p. 115).
b) P. anal. et au fig. (Quasi-)synon. création, invention. Vers et musique, tout était de la fabrique du comte (SAND, Consuelo, t. 3, 1842-43 p. 352). Ce livre, un factum (...) n'est pas même de la fabrique du soi-disant voyageur au Congo (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 2, 1869, p. 166) :
• 3. ... il n'existe pas de représentation nationale, dès que le pouvoir exécutif a dans sa main, par les gazettes, la fabrique journalière des raisonnements et des faits : par ce moyen il est autant le maître de commander à l'opinion qu'aux troupes de ligne.
STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 229.
— En mauvaise part. Maréchaux, ducs et comtes de la fabrique de Buonaparte (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 404). Je présente avec assurance mon passeport de sujet ottoman, fabrique du pacha d'Ismidt (LOTI, Aziyadé, 1879, p. 233) :
• 4. ... qu'on déclare hérétique le pape, les cardinaux, tous les catholiques (...) et qu'on adopte une nouvelle religion de la fabrique de M. Saint-Simon, à qui succèderont vingt autres fabricans de religions : beau germe de guerre civile...
FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 6.
— P. plaisant. Il aime la petite drôlesse, et elle l'aime en retour, ce qui est assez probable, vu qu'il est de ma fabrique, et qu'on n'en fait pas tous les jours comme ça (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 349).
2. P. méton. [Gén. accompagné d'un adj.] Manière dont un objet est fabriqué, dont est faite une chose (quant à sa structure, à sa construction). Objet de fabrique artistique. Nous admirons la hardiesse des voûtes, l'élancement des colonnes, en un mot la fabrique tout aérienne, pour me servir de l'expression si juste de M. Dusommerard (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy.-Âge, 1870, p. 48).
— P. anal. (Quasi-)synon. conformation, constitution. Notre condition humaine est telle, par la fabrique de notre corps, que seule l'action efface les passions, délivre le cœur, et enfin la pensée (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 339).
♦ P. plaisant. et fam. Ces hommes sont (bien) de même fabrique. Sont de la même espèce, ne valent pas mieux l'un que l'autre. Eh! toi, l'affreux, ça t'plaît comme ça d'pourrir ici? Ah! ben, sans blague, t'es pas d'la même fabrique que moi (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 121).
— Au fig. C'était un de ces cœurs de fabrique trop fine qui ont besoin de l'amitié de ce qui les entoure (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 45). Le chic, mot affreux et bizarre et de moderne fabrique, dont j'ignore même l'orthographe (BAUDEL., Salon, 1846, p. 163).
C) Vieilli (pour la grande industrie).
1. Établissement industriel qui transforme les produits semi-traités ou les matières premières en objets manufacturés destinés à être livrés au commerce. Fabrique de boutons; contremaître, ouvrier de fabrique. Les socialistes élargirent le champ de leurs observations et opposèrent la division du travail dans les fabriques actuelles à celles des ateliers du XVIIIe siècle (DURKHEIM, Division trav., 1893, p. 9). La plus populaire, la plus encombrée, avec ses boutiques débordantes, est la rue de Brias (...). Car toutes les fabriques sont là, voisines, dégageant à chaque sortie le flot sombre des travailleurs (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 14). Ziegler (...) eut l'idée en 1838 de fonder une fabrique de grès (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 141).
Rem. La fabrique est née de la première révolution industrielle et repose sur le machinisme; elle succède à la manufacture qui primitivement était un établissement utilisant surtout le travail à la main; l'usine est un établissement spécifique de la grande industrie.
— P. métaph. ou au fig. Fabrique de cancans, de fausses nouvelles. Ce Méridional, privé de soleil, exécrait Paris qu'il nommait une fabrique de rhumatismes (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 301) :
• 5. À voir ce va-et-vient d'ambulances, de taxis et de piétons enturbannés devant l'Hôpital ou empaquetés des mains, ou portant leurs bras raidis entre deux planches, ou traînant la jambe, il est facile d'imaginer qu'il y a quelque part dans la ville une fabrique de blessés et de malades.
GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 229.
— Loc. adj. De fabrique. Tout fait, stéréotypé. Elle [Marthe] aura ces mots, ces phrases de fabrique qui traînent dans le feuilleton, le livre, la pièce (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 299).
— Expressions
♦ Marque de fabrique. Label apposé sur un objet par le fabricant pour en garantir la provenance et la qualité. La marque de fabrique, garantie de qualité conférée par la conscience des fabricants, n'est pas, non plus, très éloignée de l'idée du sceau (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 394). Leurs 150 ouvriers fabriquaient des appareils à cylindre Le Coq qui devint la marque de fabrique de la maison (Disque Fr., 1963, p. 6).
Au fig. Je rencontrais tous les jours une adorable petite femme, une de ces étonnantes et gracieuses créatures qui portent la marque de fabrique de Paris (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Rouerie, 1882, p. 360).
♦ Prix de fabrique. Prix de fabrication, auquel le fabricant vend un objet. Elle [Fanny] connaissait les maisons où l'on avait à prix de fabrique une batterie de cuisine complète (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 47).
Rem. Dans ces 2 dernières expr., ,,il est difficile de décider si fabrique représente l'acte de fabrication ou l'établissement où l'on fabrique`` (DUPRÉ, 1972).
2. P. méton. Le personnel, les employés d'une fabrique. Toute la fabrique s'était soulevée et le quartier aussi, et ils marchent au palais en criant : Vive Burkenstaff! (SCRIBE, Bertrand, 1833, p. 159). À sa mort, toutes les fabriques, d'un commun accord, ont chômé (MICHELET, Journal, 1842, p. 473).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1364 « le travail du forgeron » (G. DE MACHAUT, Voir Dit, éd. P. Paris, 5381); 2. 1386-87 « conseil chargé d'administrer les fonds et les revenus affectés à la construction, à l'entretien d'une église » (Compte de J. Guérin, f° 3 v°, A. Cher ds GDF. Compl.); 3. début XVIe s. fabrice « manière dont une chose est fabriquée, fabrication » (J. D'AUTON, Chroniques de Louis XII, éd. R. de Maulde la Clavière, t. 3, p. 75); 4. 1666 fabrique « établissement où l'on fabrique » (Cl. BOUTEROUË, Recherches curieuses des monnoyes de France, p. 376). Empr. au lat. class. fabrica « métier d'artisan; action de travailler; œuvre d'art; atelier ». Spéc. en lat. médiév. « la construction et l'entretien des bâtiments d'une église » (556-561 ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :644. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 892, b) 984; XXe s. : a) 1 109, b) 787. Bbg. Archit. 1972, p. 21, 180. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 134, 265. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 420.
fabrique [fabʀik] n. f.
ÉTYM. XIIIe; lat. fabrica, de faber, fabri « artisan ouvrier ». Cf. le nom propre Fè(b)vre, Lefebvre.
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1 (Mil. XVIe). Vx. Manière dont une chose est fabriquée (en parlant de sa construction, de sa structure, de sa façon). ⇒ Fabrication, façon. || Ce drap est de bonne fabrique. ⇒ Facture. || Objet de fabrique étrangère. — Par analogie :
1 (…) c'était un de ces cœurs de fabrique trop fine qui ont besoin de l'amitié de ce qui les entoure.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, III.
♦ (1637). Par ext. Vx. Conformation, constitution (d'un être, d'une chose).
2 Les animaux reptiles sont d'une autre fabrique (que le renard, le castor).
♦ ☑ Loc. fig. Ces deux hommes sont bien de même fabrique !, de la même espèce. ⇒ Farine (de la même farine); → Ils ne valent pas mieux l'un que l'autre.
2 (1679). Établissement industriel de moyenne importance ou peu mécanisé ayant pour objet la transformation de matières premières ou de produits semi-finis en produits manufacturés. ⇒ Manufacture; atelier. || Cette fabrique groupe plusieurs ateliers et possède même un magasin pour la vente directe. || Certaines régions sont célèbres par leurs fabriques : soieries de Lyon, tapis d'Aubusson, etc. — (D'abord au sens 1. « de fabrication »). ☑ De fabrique. || Marque de fabrique, apposée par le fabricant. || Prix de fabrique, d'un objet acheté directement chez le fabricant.
REM. Fabrique désigne plutôt un établissement dont l'activité n'exige pas un outillage considérable; manufacture, un établissement où la fabrication se fait sur une grande échelle; usine, terme moderne et général, un établissement réservé à la grande industrie, spécialement électrique, mécanique ou métallurgique. Fabrique de boutons, manufacture de draps, usine d'automobiles.
3 M. Fazy avait là une fabrique d'indiennes.
Rousseau, Rêveries, 4e promenade.
4 Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l'infini,
Ronflent le jour, la nuit,
Les usines et les fabriques.
Verhaeren, les Villes tentaculaires, « Les usines ».
4.1 La fabrique avait repris son aspect florissant d'autrefois et son grand bourdonnement de ruche.
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, p. 360.
5 J'ai travaillé un moment à Fiume, comme manutentionnaire, dans une fabrique de boutons.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 227.
♦ Par plais. || « Il nommait Paris une fabrique de rhumatismes » (→ Exécrer, cit. 2).
♦ ☑ Fig. Vieilli. Cela sort, cela est de sa fabrique : c'est une chose de son invention, de sa façon.
6 Il (le gymnaste) racontait que, dans une pantomime de sa fabrique, il se sauvait d'un moulin (…)
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, V.
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II (1374, fabrice; de fabrica). Vx.
1 Petit édifice qui ornait un parc.
2 Arts. Édifices qui servaient de décor dans un tableau, particulièrement dans les tableaux historiques. || On distinguait, dans un paysage, les fabriques à côté des beautés naturelles.
7 Les eaux de la mer baignaient le pied du phare et d'une autre longue fabrique adjacente, en retour d'équerre, qui s'enfuyait dans le lointain (…)
7.1 Le caractère italien se fait sentir dans la sereine chaleur du ciel, dans l'azur splendide de l'eau et, sur les rives, dans le goût des fabriques, douces de lignes, pittoresquement situées, et brillant d'une éclatante blancheur au milieu d'une végétation sombre et vivace.
R. Töpffer, Voyages en zig-zag. Aux Alpes et en Italie, 17, p. 63.
3 Construction d'une église. — (XVe). Relig. Les fonds destinés à cette construction, les revenus destinés à entretenir l'édifice; et, en général, tout ce qui concerne la gestion matérielle d'une paroisse. || Le conseil de fabrique ou la fabrique : ensemble des clercs et des laïcs chargés de cette administration. || Le conseil de fabrique a des places réservées dans le chœur, pendant les offices. ⇒ Fabricien, marguillier.
8 La fameuse division qui fit des dîmes en quatre parties, pour la fabrique des églises, pour les pauvres (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXXI, XII.
9 On l'avait nommé bientôt, vu le petit nombre des compétiteurs, président du conseil de fabrique (…)
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, XXI, p. 165.
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DÉR. (Du sens II., 3.) Fabricien.
Encyclopédie Universelle. 2012.