étincelle [ etɛ̃sɛl ] n. f.
1 ♦ Parcelle incandescente qui se détache d'un corps en ignition ou qui jaillit au contact, sous le choc de deux corps. Petite étincelle. ⇒vx bluette. Jeter des étincelles. Étincelles qui crépitent, s'élèvent d'un brasier, fusent en gerbe. Incendie provoqué par une étincelle. Loc. C'est l'étincelle qui a mis le feu aux poudres, le petit incident qui a déclenché le conflit, la catastrophe. « Les nouveautés politiques sont l'étincelle qui met le feu à l'amas de poudre » (Taine). — Spécialt Étincelle électrique, provoquée par le rapprochement de deux corps de potentiel différent (cf. Décharge disruptive).
2 ♦ Point brillant; reflet. Le soleil « Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle » (Verlaine).
♢ Regard qui jette des étincelles, où s'allument des étincelles. ⇒ étincelant. — Loc. Faire des étincelles : réussir brillamment (personne).
3 ♦ (XVe) Fig. Petite lueur. Une étincelle de raison. « Si vous avez une étincelle de génie, allez passer une année à Paris » (Rousseau).
● étincelle nom féminin (ancien français estencele, du latin populaire stincilla, du latin classique scintilla) Parcelle incandescente qui se détache d'un corps enflammé ou qui jaillit du frottement de deux corps : Le brasier jetait des étincelles. Petit incident, faible cause qui produit un effet important : L'étincelle qui met le feu aux poudres. Littéraire. Point, reflet brillant : Il y avait des étincelles dans son regard. Manifestation vive, soudaine et de peu de durée de quelque chose : Une étincelle de génie. ● étincelle (citations) nom féminin (ancien français estencele, du latin populaire stincilla, du latin classique scintilla) Alexandre Arnoux Digne 1884-Paris 1973 Tant qu'il y a une étincelle, il y a une espérance de brasier. Faut-il brûler Jeanne ? Gallimard Édouard Joachim, dit Tristan Corbière domaine de Coat Congar, près de Morlaix, 1845-Morlaix 1875 Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles ! […]. Rondels pour après Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu Paris 1585-Paris 1642 Les grands embrasements naissent de petites étincelles. Testament politique ● étincelle (expressions) nom féminin (ancien français estencele, du latin populaire stincilla, du latin classique scintilla) Littéraire. Étincelle de vie, un peu de vie, une lueur de vie. Familier. Faire des étincelles, obtenir de brillants résultats, en parlant de quelqu'un ; faire du scandale, du bruit, en parlant de quelque chose. Étincelle électrique, petit arc électrique très lumineux. ● étincelle (synonymes) nom féminin (ancien français estencele, du latin populaire stincilla, du latin classique scintilla) Littéraire. Point, reflet brillant
Synonymes :
- feu
- flamme
- lueur
- lumière
Manifestation vive, soudaine et de peu de durée de quelque chose
Synonymes :
- éclair
étincelle
n. f.
d1./d Petite parcelle de substance incandescente qui se détache d'un corps qui brûle ou d'un corps qui subit un choc. Faire jaillir des étincelles. Syn. (Acadie) bluette.
|| Loc. fig. Faire des étincelles: briller, éblouir par ses aptitudes.
d2./d ELECTR étincelle électrique: phénomène lumineux de courte durée qui évacue l'énergie lors d'une décharge.
d3./d Fig. Petite lueur, petite quantité. Il retrouve une étincelle de courage.
⇒ÉTINCELLE, subst. fém.
A.— Parcelle incandescente
1. projetée avec force d'un corps enflammé duquel elle se détache. Il lui est interdit d'allumer du feu. La moindre étincelle embrase la pignada. L'incendie est le risque irrémédiable de ces contrées (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 123). Cf. boudin ex. 1 :
• 1. ... quand elle restait seule auprès du feu (...) elle se laissait tellement absorber par la contemplation, que des étincelles ou des charbons tombaient sur ses pauvres vêtemens...
MONTALEMBERT, Hist. Ste Élisabeth, 1836, p. 208.
2. produite par le choc ou le frottement de deux corps :
• 2. ... l'Indien tira une étincelle de deux branches de cyprès en les frottant l'une contre l'autre, et en embrasa quelques feuilles.
CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 308.
— P. métaph. Une étincelle jaillissait de sa pupille à travers le miroitement de ses lunettes (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 157). Roy lança vers Studler un regard chargé d'étincelles (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 341).
— Spéc. Étincelle électrique. ,,Décharge électrique accompagnée de lumière et de bruit, à travers un diélectrique ou un isolateur`` (UV.-CHAPMAN 1956). Cf. aussi CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 135.
B.— P. anal. [P. allus. à l'éclat vif et lumineux de l'étincelle] Les gouttes des brouillards du matin (...) brillaient en étincelles sur les prés (LAMART., Raphaël, 1849, p. 137). Épais toit de neige tissée d'étincelles froides, bleues et blanches (TRIOLET, Prem. accroc., 1945, p. 276) :
• 3. Des feux s'allumaient à fleur d'eau : soit la vive étincelle des phares, soit le fanal rougeâtre des bateaux mouillés en rade, ou le feu résineux des canots de pêche.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 162.
C.— Au fig.
1. [P. réf. à son origine : parcelle infime d'un foyer ou jaillissement du choc de deux corps] Manifestation, apparence éclatante, vive et brève. La charité n'est point éteinte; il en reste de précieuses étincelles, que le souffle d'un roi vertueux doit ranimer (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 436). L'esprit de chevalerie qui brilloit encore par étincelles sous Louis XIV s'éteignit après lui (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 76) :
• 4. ... il est l'anneau qui manquait, l'anneau de l'ancienne et de la nouvelle alliance, il est la rencontre de l'homme avec Dieu, la rencontre unique d'où a jailli l'étincelle de la charité. Car sans JÉSUS, c'est-à-dire sans médiateur, il n'y a pas de mouvement de l'homme à Dieu, donc pas de charité.
PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 219.
— Fam. [P. allus. aux étincelles qui jaillissent sous les fers des chevaux] Faire des étincelles. Avoir de brillants résultats, notamment aux examens. Ça va faire des étincelles. Synon. ça va barder. Attesté dans ROB., Lar. Lang. fr.
2. [P. réf. à son rôle] Principe, germe de quelque chose. Mon siècle a fait jaillir les étincelles de la vérité qu'il couve (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 5) :
• 5. Un même esprit fluide et brillant court à travers les âges. L'étincelle repose au sein de tous les êtres, prête à jaillir sous un choc.
BARRÈS, Pays Levant, t. 2, 1923, p. 156.
3. [P. réf. à son effet, sans mesure avec sa taille, de provoquer un grand feu] Cause immédiate d'un grand effet à portée imprévisible. L'Angleterre, et M. Pitt en particulier, n'ont-ils pas dû craindre que l'étincelle révolutionnaire ne se communiquât sur la flotte et dans les rangs inférieurs de la société? (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 260). Soit directement, soit dorénavant par les Romains, cette âme légère [de la Grèce], cette étincelle (car il ne faut pas plus qu'une étincelle), cet atome igné et subtil de civilisation n'a cessé d'agir aux époques décisives pour donner la vie et le signal à des floraisons inattendues, à des renaissances (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 15, 1858, p. 361) :
• 6. C'est une date mémorable dans l'histoire de la charité rhénane. L'étincelle a jailli; le foyer de charité française, une fois allumé, va répandre sa chaleur et peu à peu ses flammes, à travers toute la Rhénanie...
BARRÈS, Génie Rhin, 1921, p. 97.
Rem. La plupart des dict. gén. enregistrent l'adj. étincelé employé en hérald. et signifiant « qui est semé d'étincelles ». Écu étincelé (Ac. 1798-1878).
Prononc. et Orth. :[
]. Enq. : /
/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIe s. estencele (RASCHI Blondh. 429); 1155 estencele (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12860); ca 1200 estincele (St Jean Bouche d'or, 92 ds T.-L.). Du lat. vulg. stincilla, issu par métathèse du lat. class. scintilla de même sens; v. JUD ds R. Ling. rom. t. 1, 1925, p. 232; la forme étincelle, pic. et du Nord-Est, s'est généralisée; cf. cintre, pinte. Fréq. abs. littér. :1 352. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 182, b) 3 159; XXe s. : a) 1 420, b) 1 340. Bbg. QUEM. DDL t. 8 (s.v. étincelage).
]. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIe s. estencele (RASCHI Blondh. 429); 1155 estencele (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12860); ca 1200 estincele (St Jean Bouche d'or, 92 ds T.-L.). Du lat. vulg. stincilla, issu par métathèse du lat. class. scintilla de même sens; v. JUD ds R. Ling. rom. t. 1, 1925, p. 232; la forme étincelle, pic. et du Nord-Est, s'est généralisée; cf. cintre, pinte. Fréq. abs. littér. :1 352. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 182, b) 3 159; XXe s. : a) 1 420, b) 1 340. Bbg. QUEM. DDL t. 8 (s.v. étincelage).
étincelle [etɛ̃sɛl] n. f.
ÉTYM. Fin XIe (encore en 1155), estencele; du lat. scintilla, devenu stincilla, par métathèse.
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1 Parcelle incandescente qui se détache d'un corps en ignition ou qui jaillit au contact, sous le choc ou par frottement de deux corps. || Petite étincelle. ⇒ Bluette (vx). || Jeter (vieilli), lancer, produire des étincelles. || Faire jaillir une étincelle du pavé (→ Aigrette, cit. 5), du silex, de l'enclume (→ Brasillement, cit.), du briquet (cit. 1). ⇒ Scintillation. || Combustion avec flammes et étincelles. ⇒ Déflagration, feu. || Étincelles qui crépitent, rougeoient, s'élèvent au-dessus d'un brasier (⇒ Flammèche), fusent en gerbe, s'éparpillent. || Fusée qui s'épanouit en étincelles. || Pluie d'étincelles. — ☑ Prov. Il ne faut qu'une étincelle pour engendrer un grand feu.
1 (…) un feu mal éteint, qui sort de temps en temps de dessous la cendre et qui repousse de vives étincelles.
Fénelon, Télémaque, VI.
2 Durandal heurte et suit Closamont; l'étincelle
Jaillit de toutes parts sous leurs coups répétés.
L'ombre autour d'eux s'emplit de sinistres clartés.
Hugo, la Légende des siècles, X, « Mariage de Roland ».
2.1 Il avait trouvé quelques mousses sèches, et, en frappant deux galets, il obtint des étincelles; mais la mousse, n'étant pas assez inflammable, ne prit pas, et, d'ailleurs, ces étincelles, qui n'étaient que du silex incandescent, n'avaient pas la consistance de celles qui s'échappent du morceau d'acier dans le briquet usuel. L'opération ne réussit donc pas.
J. Verne, l'île mystérieuse, t. I, p. 105 (1874).
3 Alors la colonne d'air tourbillonne et un train de fumée et d'étincelles part en grondant à travers le canon (de la cheminée), dans le noir, vers le ciel (…)
H. Bosco, Hyacinthe, p. 104.
♦ Étincelle (électrique), provoquée par le rapprochement de deux corps dont les potentiels sont différents. || L'étincelle du trolley. || L'éclair est une gigantesque étincelle. || Étincelle qui jaillit entre deux électrodes reliées aux bornes d'un générateur. ⇒ Arc (électrique).
♦ Par métaphore. ⇒ Éclair, éclat, feu. || Regard qui jette des étincelles, où s'allument des étincelles.
4 À cette audace inattendue dans un homme ordinairement si craintif, je les vis l'un et l'autre atterrés, abasourdis, ne répondant pas un mot; je vis surtout cet homme arrogant baisser les yeux à terre, et n'oser soutenir les étincelles de mes regards (…)
Rousseau, les Confessions, IX.
5 Les brillants de ses oreilles sautaient, l'étoffe de son dos chatoyait; de ses bras, de ses pieds, de ses vêtements jaillissaient d'invisibles étincelles qui enflammaient les hommes.
Flaubert, Trois contes, « Hérodias », III.
2 (XVe). Fig. Petite lueur. || Une étincelle de raison, de courage. — L'âme, l'intelligence, étincelles divines. — Esprit qui jette des étincelles, des traits brillants. — ☑ Loc. fig. Faire des étincelles : briller, dans la conversation; réussir brillamment, dans l'action.
6 D'espoir une seule étincelle (…)
Villon, le Testament, XCII.
7 (La Discorde) Faisait d'une étincelle un feu long à s'éteindre.
La Fontaine, Fables, VI, 20.
8 Si vous avez une étincelle de génie, allez passer une année à Paris : bientôt vous serez tout ce que vous pouvez être, ou vous ne serez jamais rien.
Rousseau, Émile, IV.
9 Il y a encore là peut-être une lueur de vie; je vais risquer mon existence à moi pour cette misérable étincelle !
Hugo, les Misérables, V, V, VIII.
10 (…) l'homme, tenant dans ses bras sa compagne, au sein de la toute-puissante nature, sent bondir dans son cœur l'étincelle divine qui l'a créé.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, I, V.
11 Énergie de Zeus, étincelle qui allumes et entretiens le feu chez les héros et les hommes de génie, fais de nous des spiritualistes accomplis.
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, I.
♦ ☑ Loc. fig. C'est l'étincelle qui a mis le feu aux poudres, le petit incident qui a déclenché le conflit, la catastrophe.
12 (…) les nouveautés politiques sont l'étincelle qui met le feu à l'amas de poudre; partout, c'est le jour même de l'assemblée électorale que le peuple se soulève (…)
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 27.
3 Point brillant; reflet intense et ponctuel. || Prunelles semées, piquées, striées d'étincelles d'or. || Mare où dorment des étincelles. || Le soleil allumait des étincelles sur la mer.
13 Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d'étincelles.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XIV.
14 (…) le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.
Verlaine, Poèmes saturniens, « Après trois ans ».
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DÉR. Étinceler.
COMP. Antiétincelles, pare-étincelles.
Encyclopédie Universelle. 2012.