1. épier [ epje ] v. intr. <conjug. : 7>
• espier XIIIe; de épi
♦ Rare Monter en épi. Les blés vont épier.
épier 2. épier [ epje ] v. tr. <conjug. : 7>
1 ♦ ( espier XIIe) Observer attentivement et secrètement (qqn, un animal). Épier une personne suspecte. ⇒ espionner. Suivre qqn pour l'épier. ⇒ filer, pister; surveiller. « Rodrigue, caché derrière un rideau, épiait les jeunes filles au bain » ( Gautier). — Animal qui épie sa proie. ⇒ guetter. Pronom. (récipr.) « Les êtres et les choses, à l'affût, s'épiaient » (Bosco). — Absolt Être à l'affût, aux aguets. Elle « observa la maison, épia, guetta » (Hugo).
2 ♦ Observer attentivement pour découvrir qqch. « Hubert, maintenant silencieux, m'épiait à travers ses lunettes » (F. Mauriac). Épier les réactions de qqn sur son visage. ⇒ guetter, scruter. Elle « épia, en retenant ses pas sur le gravier [...] les bruits qui venaient de la maison » (Colette).
♢ Attendre avec espoir ou angoisse (un moment). Épier le retour de qqn. « On épie, dans la terreur désolée, le moment où les femmes détourneront vers d'autres leur regard » (Loti). Chien qui épie l'arrivée de son maître.
● épier verbe transitif (francique spehôn) Observer attentivement et secrètement quelqu'un, un animal, son comportement, dans une intention malveillante, pour attaquer, etc. ; être à l'affût de ses faits et gestes : Les voisins épiaient ses allées et venues. Guetter l'apparition de quelque chose, surveiller attentivement la manifestation d'un sentiment : Épier sur le visage de son interlocuteur les réactions à une critique. ● épier (homonymes) verbe transitif (francique spehôn) ● épier (synonymes) verbe transitif (francique spehôn) Observer attentivement et secrètement quelqu'un, un animal, son comportement, dans...
Synonymes :
Guetter l'apparition de quelque chose, surveiller attentivement la manifestation d'un sentiment
Synonymes :
- guetter
- observer
● épier
verbe intransitif
(latin spicare, fournir un épi, de spica, épi)
En parlant des graminées et notamment des céréales, laisser apparaître les épis hors des gaines foliaires.
● épier (homonymes)
verbe intransitif
(latin spicare, fournir un épi, de spica, épi)
épier
v. tr.
d1./d Observer attentivement et secrètement. épier qqn.
d2./d Attendre en guettant. épier l'occasion.
I.
⇒ÉPIER1, verbe intrans.
Monter en épi. Les blés épiés plus hauts que lui (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 137). Les blés commencent à épier (Ac. 1798-1932).
Prononc. et Orth. :[epje], (il) épie [epi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1174-77 espïé « en épis » (Renart, éd. M. Roques, 6460); ca 1234 « monter en épis » (GEOFFROY DES NÉS, Bible des sept états du monde, BN 1526 [XIIIe s.], f° 94e ds GDF. Compl.). Du lat. impérial spicare « fournir un épi ».
DÉR. Épiage, subst. masc., épiaison, subst. fém. Développement de l'épi dans la tige des graminées et, p. méton., époque de l'année où se produit ce développement. On a ainsi les éléments permettant de comparer le développement du blé avec les conditions météorologiques, et d'étudier en particulier les périodes levée-épiaison et épiaison-maturité (MAURAIN, Météor., 1950, p. 222). La plupart des dict. gén. donne épiage, subst. masc. — []. Ds Ac. 1932. []. — 1res attest. 1864 épiage « développement de l'épi dans la tige » (LITTRÉ), 1893 épiaison (MARTELLIÈRE, Gloss. Vendômois, p. 120); de épier1, suff. -age, -aison.
II.
⇒ÉPIER2, verbe trans.
A.— Observer attentivement et à son insu quelqu'un, ses faits et gestes. (Quasi-)synon. surveiller, espionner. Le faire épier par un agent (VERNE, Tour monde, 1873, p. 90). Derrière la persienne mi-close, le vieux les épiait. Quand elle leva les yeux, il se recula dans sa chambre (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 822) :
• 1. Le vrai romancier observe, épie ses personnages, il est un peu comme quelqu'un qui écouterait aux portes et qui regarderait par le trou de la serrure, mais il ne tente jamais d'intervenir. Intervenir, changer le cours d'une action déterminée par les personnages, c'est fabriquer un roman. Tout le monde peut faire cela.
GREEN, Journal, 1955-58, p. 29.
B.— P. ext. [Gén. avec une idée de dissimulation ou d'hostilité de la part de la pers. désignée par le suj.]
1. Observer attentivement, avec insistance. Synon. scruter. Élisa Piombo épiait les expressions qui passaient sur la blanche figure de son mari (BALZAC, Vendetta, 1830, p. 218). Mais le mourant les épiait sans en avoir l'air, entre ses paupières mi-closes (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1432). Florentine courut aussitôt à la glace de l'armoire et là, sans témoin, épia longuement, en ennemie, cette nouvelle image d'elle-même (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 324).
— Emploi pronom. réciproque. Ils s'épiaient entre eux comme des bêtes sans confiance, souvent battues (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 278).
2. [Le compl. d'obj. désigne une réalité qui n'est pas visible] :
• 2. Un dégoût, une haine atroce de moi-même surit toutes mes pensées dès le réveil. L'hostilité minutieuse avec laquelle j'épie chaque mouvement de mon être, le contorsionne. Défauts ou qualités, je n'ai plus rien de naturel.
GIDE, Journal, 1916, p. 561.
— Emploi pronom. réfl. Elle s'épiait curieusement, pour discerner si elle ne souffrait pas (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 170). La plupart des jeunes gens modernes, analystes qui s'épient eux-mêmes, curieux qui se passionnent pour trouver les mobiles de tous actes (BARRÈS, Renan, 1888, p. 93).
3. [Le compl. d'obj. désigne un son] Écouter avec attention. J'épiai le moindre bruit, retenant mon souffle. L'escalier privé craqua légèrement. Au dehors, la sirène d'un bateau (SARTRE, Nausée, 1938, p. 104).
4. Absol. Être aux aguets, à l'affût. Émile de Girardin est un veilleur public; son journal, c'est son poste; il attend, il regarde, il épie, il éclaire, il guette, il crie qui vive (HUGO, Hist. crime, 1877, p. 201).
C.— Attendre quelque chose, en observant attentivement, pour en profiter. Épier le moment favorable, l'occasion de faire, pour faire qqc. (Quasi-)synon. guetter. C'est là que j'épiais le printemps, là que, quatre fois la journée, je lui dédiais au passage un hymne de muette allégresse (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 8). [Bernard] épia sur les lèvres et les joues de Catherine il ne savait quels signes de bonheur qu'il tremblait d'y apercevoir (NIZAN, Conspir., 1938, p. 149) :
• 3. Ils [les hommes] sont sans cesse aux aguets, toujours occupés à surveiller quelqu'un ou à se surveiller eux-mêmes, épiant les accidents, les gaffes ou les erreurs possibles, dragons de vigilance morale s'ils sont moraux — et ils le sont en général avec frénésie.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 288.
Rem. On rencontre ds la docum. qq. attest. du part. prés. épiant employé adj. Elle [Baptistine] se plaça au bout de la table, avec une attitude de domestique espion (...) et, à la voir ainsi épiante, silencieuse, l'idée venait tout de suite qu'elle devait jouer, dans le ménage Ferramus, une partie toute-puissante de vigilance malveillante (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p. 63).
Prononc. et Orth. :[epje], (j')épie [epi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 espier « trahir » (Roland, éd. J. Bédier, 1147), emploi isolé; 2. a) 1155 « observer attentivement, essayer de découvrir (quelque chose) » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8966); b) 1160-74 « observer attentivement et secrètement (une personne, un animal) » (ID., Rou, éd. A. J. Holden, II, 569). De l'a. b. frq. spehôn « observer attentivement »; cf. a. h. all. spehôn de même sens (GRAFF t. 6, col. 323), all. spähen.
STAT. — Épier1 et 2. Fréq. abs. littér. :807. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 966, b) 1 079; XXe s. : a) 1 130, b) 1 348.
DÉR. Épieur, euse, adj. et subst. a) Adj. Qui épie. Les regards allaient recommencer à s'échanger entre M. de Charlus et sa cousine, à la fois baissés et épieurs (PROUST, Prisonn., 1922, p. 269). b) Subst. Personne qui épie. Il [Maurice] jetait un regard sur les haies d'alentour propices aux épieurs (H. BAZIN, Qui j'ose aimer, 1956, p. 143). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1260 espieur « espion » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. J. Carmody, III 98, 3); du rad. de épier2, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 31 (s.v. épiaison).
1. épier [epje] v. intr.
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♦ Techn. Rare. Monter en épi. || Les blés vont épier.
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DÉR. Épiage ou épiation.
HOM. 2. Épier; formes du v. épierrer.
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2. épier [epje] v. tr.
ÉTYM. XIIe; attestation isolée, espier « trahir », 1080; du francique spehôn; cf. all. spähen.
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1 (XIIe, espier). Observer attentivement et secrètement (qqn, un animal). ⇒ Espionner (→ Cœur, cit. 127). || Épier qqn pour confirmer des soupçons. || Se cacher pour épier qqn (→ Craquer, cit. 2). || Suivre qqn pour l'épier. ⇒ Filer, pister. || Il rôde sans cesse autour de nous pour nous épier. || Chasseur, animal qui épie sa proie. ⇒ Guetter (→ Doux, cit. 31). || Chat qui épie une souris.
1 Je l'ai fait épier par des regards fidèles.
Voltaire, Sémiramis, V, 2.
2 (…) le chien du paysan (…) qui vous épie, caché dans les broussailles, et prend la fuite au bruit de la pomme tombée.
G. Sand, la Mare au diable, Appendice, I, p. 149.
3 (…) sitôt qu'elles les eurent épiés et vus une ou deux fois ensemble, elles en firent grand bruit dans tout le pays (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXVIII, p. 185.
4 C'est du balcon de cette fenêtre que Rodrigue, caché derrière un rideau, épiait les jeunes filles au bain, et aperçut la belle Florinde mesurant sa jambe et celle de ses compagnes, pour savoir qui l'avait la plus ronde et la mieux faite.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 123.
5 Hubert, maintenant silencieux, m'épiait à travers ses lunettes : Que pouvais-je bien manigancer ?
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XVII, p. 208.
♦ Par ext. || Épier les démarches, les faits et gestes de qqn, les mouvements de l'ennemi. ⇒ Observer, scruter, surveiller.
6 Si vous faisiez épier ses démarches, je suis sûre que vous découvririez qu'il n'a fait que prendre un asile plus commode, pour quelque noirceur qu'il médite dans les environs.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre, IX.
7 Éponine alla rue Plumet, reconnut la grille et le jardin, observa la maison, épia, guetta (…)
Hugo, les Misérables, IV, II, II.
2 Observer attentivement, essayer de découvrir (qqch.). || Épier les bruits, les sons. || Épier les réactions de qqn sur son visage.
8 (…) j'ambitionnais votre suffrage pour l'avenir. Je le cherchais dans vos discours, je l'épiais dans vos regards (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XXXVI.
9 (Elle) épia, en retenant ses pas sur le gravier de Mme Peloux, les bruits qui venaient de la maison.
Colette, Chéri, p. 19.
♦ Attendre avec angoisse ou espoir. || Épier le moment où va se passer une action. ⇒ Guetter. || Épier les signes de la fièvre (→ Approche, cit. 26). || Épier l'instant, l'occasion favorable, l'attendre pour en profiter. || Épier le retour de qqn.
10 Il faut (…) qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure (…) et l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils.
Molière, l'Avare, IV, 7.
11 Je viens pour épier le moment favorable.
Racine, Esther, II, 1.
12 Et alors commencent les puérils et lamentables désespoirs, parce que les cheveux blanchissent et que les yeux s'éteignent (…) on épie, dans la terreur désolée, le moment où les femmes détourneront vers d'autres leur regard (…)
Loti, les Désenchantées, V, XXXIX.
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s'épier v. pron.
♦ (Récipr.). Se surveiller mutuellement en secret. || Ils n'ont guère confiance l'un en l'autre; ils s'épient constamment. || Animaux qui s'épient.
13 Les êtres et les choses, à l'affût, s'épiaient. J'épiais aussi, animalement, sans dessein, et prêt à bondir dans les ténèbres.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 233.
♦ (Réfl.). || S'épier soi-même.
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DÉR. Épieur.
HOM. 1. Épier; formes du v. épierrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.