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émousser

émousser [ emuse ] v. tr. <conjug. : 1>
XIV e; de é- et 3. mousse
1Rendre moins coupant, moins aigu. épointer. Émousser un fleuret. moucheter. Armes émoussées. Pointe d'outil, mine de crayon émoussée, rendue moins pointue par l'usage.
2Fig. Rendre moins vif, moins pénétrant, moins incisif. affaiblir, amortir, atténuer, endormir. Émousser la curiosité de qqn. « Une douce habitude vient émousser toutes les peines de la vie » (Stendhal). « L'accoutumance émousse la sensation » (A. Gide). Pronom. Désir qui s'émousse.
⊗ CONTR. Aiguiser; affiner.

émousser verbe transitif (de mousse) Rendre un objet moins tranchant ou moins aigu : Émousser un couteau. Rendre un sentiment moins vif, l'atténuer, l'affaiblir ; amortir : Émousser la curiosité, la sensibilité.émousser (synonymes) verbe transitif (de mousse) Rendre un sentiment moins vif, l'atténuer, l'affaiblir ; amortir
Synonymes :
- affaiblir
- atténuer
- diminuer
- estomper
- éteindre
- modérer
- tempérer
Contraires :
- accentuer
- accroître
- amplifier
- augmenter
- aviver
- renforcer
émousser verbe transitif (de mousse) Pratiquer l'émoussage.

émousser
v. tr.
d1./d Rendre mousse, moins tranchant, moins aigu. émousser un rasoir.
|| v. Pron. Lame qui s'émousse vite.
d2./d Fig. Rendre moins vif, atténuer, affaiblir. L'habitude émousse le plaisir.
|| v. Pron. Une rancune qui ne s'émousse pas.

I.
⇒ÉMOUSSER1, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne une lame, une pointe] Rendre moins tranchant, moins aigu. Émousser le tranchant d'un outil. Anton. aiguiser. Juste de quoi émousser aux arêtes le granit des tombeaux (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 300). J'émousse mon arme en même temps que je m'en sers (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 588) :
1. ... je suis un vieux soldat.
...
Et ma main, aux combats sans relâche occupée,
Sait ce qu'il faut de coups pour émousser l'épée.
HUGO, Préface de Cromwell, 1827, p. 57.
B.— Au fig. Rendre moins vif, moins incisif, moins sensible. Émousser la curiosité de qqn; émousser un sentiment, une passion. Synon. atténuer, affaiblir, diminuer. On me croit beaucoup plus émotif, à mesure que j'émousse au contraire une sensibilité dont les excès m'ont fait tant de mal (BERNANOS, Joie, 1929, p. 638). Un musicien dont l'âge n'émousse ni la force créatrice, ni la vigilance critique (BLOCH, Dest. S., 1931, p. 14). L'habitude n'a pas émoussé le regard de ses yeux attentifs (GREEN, Journal, 1942, p. 142) :
2. Je ne la laisserai plus habiter que par des caractères trempés, que la vie, loin d'émousser, aiguise.
GIDE, Les Faux monnayeurs, 1925, p. 1111.
Emploi pronom. Devenir moins acéré. Douleur, chagrin qui s'émousse. Mes émotions de néophyte ne s'étaient pas émoussées (BEAUVOIR, Mémoires j. fille, 1958, p. 68).
Prononc. et Orth. :[emuse], (j')émousse [emus]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1575 au fig. (ORESME, Œuvres morales, f° 118c ds GDF. Compl.); av. 1593 « rendre moins tranchant, moins aigu » (AMYOT, De la curiosité, 19 ds LITTRÉ). Dér. de mousse adj. « émoussé »; préf. é-; dés. -er.
II.
⇒ÉMOUSSER2, verbe trans.
ARBORIC. Émousser un arbre. ,,Opération qui consiste à enlever les plantes parasites (Mousses, Lichens, etc.) qui recouvrent l'écorce des arbres, en grattant celle-ci, soit avec le dos d'une serpette, soit à l'aide de tout autre corps résistant`` (CARRIÈRE, Encyclop. hortic., 1862, p. 187).
P. anal. Émousser les tuiles d'un toit (Ac. 1932).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Émoussage, subst. masc. Action d'enlever la mousse; résultat de cette action. Émoussage d'un arbre, d'un toit, d'une prairie. Lorsque les combles sont recouverts de mousse et qu'il s'agit de l'enlèvement, par grattage, de cette mousse, l'opération (...) [s'appelle] émoussage (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 4, 1928, p. 46). b) Émoussoir, subst. masc. Outil employé pour enlever la mousse d'un arbre (d'apr. LITTRÉ, Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. Cf. émousser1. Étymol. et Hist. 1549 esmousser (EST.). Dér. du rad. de mousse (d'un arbre); préf. é-; dés. -er.
STAT. — Émousser1 et 2. Fréq. abs. littér. :223. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 483, b) 308; XXe s. : a) 204, b) 246.

1. émousser [emuse] v. tr.
ÉTYM. XIVe; de é-, et de 3. mousse.
1 (XVIe). Rendre moins coupant, moins aigu; rendre mousse. || Émousser la pointe d'un couteau. Désappointer, épointer. || Émousser une épée en la rabattant. || Émousser un fleuret avec une mouche ( Moucheter), un bouton; émousser une lance avec une morne.Par métaphore :
1 La force blesse. Le regard qui pénètre les cœurs est un poignard pour eux : on lui en veut de la piqûre, fût-il de la pointe la plus fine, et quand il l'émousserait dans l'effusion des plus tendres larmes.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V, p. 246.
2 Fig. Rendre moins vif, moins pénétrant, moins incisif. Abattre, affaiblir, amortir, atténuer, diminuer, endormir. || Émousser la sensibilité, la curiosité de qqn. || Émousser les sens. Blaser. || L'oisiveté émousse le goût de l'effort, l'intelligence. Hébéter. || Les délices de Capoue émoussèrent le courage des soldats d'Hannibal. Énerver (vx).
2 Le mariage a pour sa part l'utilité, la justice, l'honneur et la constance (…) L'amour se fonde au seul plaisir, et l'a de vrai plus chatouillant, plus vif et plus aigu (…) la libéralité des dames est trop profuse au mariage et émousse la pointe de l'affection et du désir.
Montaigne, Essais, III, V.
3 L'étude n'a point émoussé ta vivacité ni appesanti ta personne : la fade galanterie n'a point rétréci ton esprit ni hébété ta raison.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, Lettre XI.
4 (…) quand l'amour perd de sa vivacité, c'est-à-dire de ses craintes, il acquiert le charme d'un entier abandon, d'une confiance sans bornes; une douce habitude vient émousser toutes les peines de la vie (…)
Stendhal, De l'amour, VI.
5 (…) je les accueillis (les adulations) comme la naïve expression du jugement public, à une époque où l'abondance du médiocre avait rendu le goût indulgent et émoussé le sens acéré des choses supérieures.
E. Fromentin, Dominique, p. 253.
6 À quel point l'accoutumance émousse la sensation (…) Il suffit, pour s'en rendre compte, de l'émerveillement que nous cause un paysage familier, inopinément retourné dans un miroir.
Gide, Journal, 14 août 1929.
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s'émousser v. pron.
1 Devenir moins aigu, moins tranchant. || La lame de ce rasoir s'est émoussée.
2 Fig. Devenir moins vif, moins fort. || Violence, sentiment, douleur, force qui s'émousse. || Notre sensibilité semble s'émousser avec l'âge. → Rêve, cit. 3.
7 C'est une femme belle et de riche encolure,
Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure.
Les griffes de l'amour, les poisons du tripot,
Tout glisse et tout s'émousse au granit de sa peau.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Allégorie ».
8 Le rayon de midi dans nos fraîcheurs s'émousse.
Hugo, la Légende des siècles, XII, II.
9 (…) ce regard de myope, aigu et décidé, s'était comme émoussé (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 206.
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émoussé, ée p. p. et adj.
1 Qui est devenu moins pointu, moins tranchant. 3. Mousse, obtus. || Rasoir émoussé. || Lame émoussée. || Pointe émoussée. || Armes émoussées. Arme (armes courtoises, infra cit. 40). || Griffes émoussées.Par métaphore :
10 La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement.
Pascal, Pensées, II, 83.
Blason. || Instruments émoussés, figurés sans pointe sur l'écu.
2 Fig. Devenu moins sensible, moins incisif. || Sensations émoussées (→ Blaser, cit. 4). || Goût émoussé. Usé (→ Breuvage, cit. 2). || Esprit émoussé. Hébété. || Intérêt émoussé. || Sensibilité, curiosité émoussée. Atténué, affaibli.
11 (…) mais sa sensibilité était émoussée autant que son énergie, et le spectacle de cette détresse, au lieu d'exalter la sienne, la paralysait.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 180.
CONTR. Acérer, aiguiser, appointer, appointir; affiner, développer.
DÉR. Émoussement.
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2. émousser [emuse] v. tr.
ÉTYM. 1549, esmousser; de 1. mousse.
Arbor. Débarrasser (un arbre) des mousses, des lichens dont il est recouvert.Par anal. || Émousser un toit, un gazon.
DÉR. Émoussage, émoussoir.

Encyclopédie Universelle. 2012.