élégance [ elegɑ̃s ] n. f.
• fin XIVe; lat. elegantia
1 ♦ Qualité esthétique qu'on reconnaît à certaines formes naturelles ou créées par l'homme dont la perfection est faite de grâce et de simplicité. Élégance des formes, des proportions. L'élégance d'un meuble. Intérieur d'une élégance raffinée. ⇒ agrément, beauté; harmonie.
2 ♦ Qualité de style, consistant en un choix heureux des expressions, une langue pure et harmonieuse. L'élégance attique, l'élégance de Racine. Un tour d'une grande élégance. S'exprimer, parler, écrire avec élégance. « Si l'élégance a toujours l'air facile, tout ce qui est facile et naturel n'est cependant pas élégant » (Voltaire).
♢ Une, des élégances : tournure, expression plus ou moins convenue considérée comme une marque de l'élégance du style (souvent péj.). ⇒ fioriture, ornement. « Il notait une phrase d'Honoré en la débarrassant de ses vaines élégances et de ses redites » (Romains).
3 ♦ (XVIIIe) Bon goût manifestant un style personnel dans l'habillement, la parure, les manières. ⇒ chic, classe, distinction. « J'aimais ma mère pour son élégance. J'étais donc un dandy précoce » (Baudelaire). « Un certain chic dans la façon de s'habiller, une élégance un peu négligée » (Aymé). L'élégance de sa toilette. Quelle élégance ! L'arbitre des élégances.
4 ♦ Bon goût, distinction accompagnés d'aisance et de style dans l'ordre moral ou intellectuel. Un procédé qui manque d'élégance. ⇒ délicatesse. L'élégance de son geste. Savoir perdre avec élégance. Élégance d'une démonstration, d'une solution. ⇒ habileté. « L'aisance du discours, l'élégance de la preuve » (Taine).
♢ Au plur. « Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances » (Ed. Rostand).
⊗ CONTR. Inélégance, vulgarité.
● élégance nom féminin (latin elegantia) Qualité de quelqu'un qui se distingue par son goût, son choix en matière de vêtements, par sa grâce dans ses manières, etc. ; qualité de ses manières elles-mêmes ; chic, distinction : S'habiller avec élégance. Qualité de ce qui est d'une beauté sobre et de bon goût ; harmonie : L'élégance d'un mobilier. Qualité de ce qui est exprimé avec justesse et agrément, avec une netteté sobre, sans lourdeur : L'élégance d'une traduction. Qualité de quelqu'un, de son comportement, qui fait preuve de distinction morale ou intellectuelle ; délicatesse : Son procédé manque d'élégance. ● élégance (synonymes) nom féminin (latin elegantia) Qualité de quelqu'un qui se distingue par son goÛt, son...
Synonymes :
- chic (familier)
- classe (familier)
Contraires :
- excentricité
- inélégance
- négligence
- vulgarité
Qualité de ce qui est d'une beauté sobre et de...
Synonymes :
- grâce
- harmonie
- joliesse
Contraires :
- laideur
- lourdeur
Qualité de ce qui est exprimé avec justesse et agrément...
Synonymes :
- aisance
Qualité de quelqu'un, de son comportement, qui fait preuve de...
Synonymes :
- délicatesse
Contraires :
- grossièreté
- sans-gêne
élégance
n. f.
d1./d Qualité esthétique naturelle ou acquise alliant la grâce, la distinction et la simplicité. L'élégance d'un mouvement. écrire avec élégance. Ant. vulgarité, lourdeur.
d2./d Raffinement de bon goût dans l'habillement, la parure, les manières.
d3./d Délicatesse et raffinement dans l'ordre moral. Agir avec élégance.
⇒ÉLÉGANCE, subst. fém.
A.— [Domaine de l'esthétique en tant que science du beau; correspond à élégant A]
1. [Correspond à élégant A 1] Qualité qui se caractérise par une grâce faite d'harmonie, de légèreté et d'aisance dans la forme et les lignes, dans la disposition et les proportions des parties, dans le mouvement. La grossièreté de ses vêtements ne pouvait dissimuler l'extrême élégance de sa taille (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 92). L'élégance presque féminine de ses mains maigres et allongées (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 9) :
• 1. Toutes les fenêtres et les portes des salles (...) sont ornées dans le style plateresque, avec une fantaisie d'un goût très sûr et d'une finesse exquise. La beauté de tout ceci n'est pas seulement dans l'élégance des proportions architecturales et de l'ornementation, mais surtout dans le contraste entre la rude écorce du castel et la délicatesse du fruit.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, p. 94.
SYNT. Élégance d'une courbe, d'une ligne, d'un intérieur; élégance naturelle d'un corps; élégance incomparable d'un geste; élégance majestueuse d'une colonne; noblesse et élégance d'une démarche; jambe d'une élégance parfaite; raffinement de l'élégance et du bon goût; respirer l'élégance et le bon goût; être coiffée avec élégance; danser avec élégance et légèreté; meubler une chambre avec une élégance discrète.
— P. méton. (au plur.). Manifestations, expressions de cette élégance. Une femme d'une trentaine d'années, maigre et avec toutes les élégances de la maigreur (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1341). Ces vieilles maisons aux élégances surannées (GREEN, Journal, 1941, p. 145) :
• 2. La pelouse s'émaillait des corbeilles dont Ortègue faisait renouveler les fleurs chaque semaine. C'était une des élégances de sa clinique...
BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, p. 146.
2. [Correspond à élégant A 2] Spéc.
a) [En parlant d'une pers.]
— [Du point de vue de son habillement] Qualité du goût qui se manifeste dans le choix des vêtements et la façon raffinée et discrète de les porter. Élégance éminine. Le costume de la jeune fille prouvait par son élégance la richesse et le rang de celle qui le portait (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 263). Il portait avec élégance un habit à la française, semé de taches et tout râpé (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 443) :
• 3. La disgrâce de ses mouvements et de son habillement, sa gaucherie, sa froideur, eussent éloigné tout homme, sensible comme Christophe à la grâce féminine. Quand il se rappelait la spirituelle élégance des Parisiennes, il ne pouvait s'empêcher, en regardant Anna, de penser : — comme elle est laide!
ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, p. 1346.
SYNT. Élégance instinctive, naturelle, simple, discrète, sobre, souple, gracieuse, ultra-moderne, recherchée, exagérée, tapageuse, souveraine, somptueuse, prétentieuse; fausse élégance; élégance de la toilette, des vêtements, d'une robe, de la parure; souci d'élégance; goût, idées de luxe et d'élégance; reines de l'élégance; être habillé avec élégance; manquer totalement d'élégance.
— P. méton. (gén. au plur.). Manifestations, expressions de cette élégance. Élégances féminines, parisiennes, élégances des vêtements, de la toilette, de la mise; élégances de pacotille. Les orchestres qui font tourbillonner, à leur respiration vibrante, les élégances de toutes classes (Ch. CROS, Coffret santal, 1873, p. 130). Un changement dans la toilette des femmes qui promènent ici leurs élégances plus ou moins coquettes est noté, critiqué, interprété (BOURGET, Disciple, 1889, p. 13) :
• 4. Elle l'étonnait par ses gestes éperdus, par ses exclamations larmoyantes. Elle était dépouillée de ses élégances admirables et habituelles. Sa « vitchoura » de velours vert et d'hermine parut flétrie, loqueteuse même.
ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 80.
♦ Au sing. Le rempli du bas de jambe, simulant un retroussé, était considéré comme une élégance un peu frivole ou comme une mode de jeunes gens (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 31) :
• 5. ... ses vêtements, qui n'étaient plus entretenus, avaient vite pris un aspect défraîchi. Sa seule élégance résidait dans sa collection de chapeaux melons.
DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 221.
— P. ext. [Du point de vue de son comportement, de ses manières] Pauliet toussait. Il toussait avec une élégance d'artiste. Pauliet souriait en toussant (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 215).
♦ [En parlant du comportement, des manières mêmes] Qualité du comportement, des manières qui révèle une grande distinction. L'élégance des manières. Édouard ne manque pas de louer en ses lettres la gravité de ton caractère et l'élégance de tes façons (ADAM, Enfant Aust., 1902, p. 376). Attendre, attendre... cela s'apprend à la bonne école, où s'enseigne aussi la grande élégance des mœurs, le chic suprême du savoir-décliner... (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 70).
Au plur. Manifestations, expressions de cette élégance. Élégances aristocratiques. On ne le reconnaissait plus; les élégances de ses habits et de ses manières augmentaient terriblement (FRANCE, Île ping., 1908, p. 350) :
• 6. Il faisait la mode, décidait des élégances et était aimé. Les jeunes gens copiaient sa redingote, son monocle, ses gestes, son insolence exquise, ses manies amusantes.
FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 314.
Rem. DUB. enregistre l'expr. faire des élégances ,,chercher à se faire remarquer par des manières distinguées``.
b) [En parlant d'une assemblée, d'une société ou d'une manifestation de la vie soc.] Qualité d'une assemblée, d'une société qui se compose de personnes élégantes, ou d'une manifestation sociale qui les rassemble :
• 7. ... recevoir une dame russe qui ne connaissait que la grande-duchesse Eudoxie, c'était peu. Mais la princesse Sherbatoff eût même pu ne pas la connaître sans qu'eussent été amoindries l'opinion que Cottard avait relativement à la suprême élégance du salon Verdurin, et sa joie d'y être reçu.
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 881.
Rem. ROB. mentionne les syntagmes : L'élégance d'un public, d'une assistance. L'élégance d'une réunion, d'une soirée mondaine.
— P. méton., au plur. Manifestations, expressions de cette élégance. Tout cet hosanna du sabre, ce « vae victis » aux élégances de la vie sociale, aux beaux préjugés, aux aristocraties, cette ovation de la mansarde et de la servante (GONCOURT, Journal, 1857, p. 385) :
• 8. ... il voyait disparaître avec M. Verdurin un des derniers vestiges du cadre social, du cadre périssable — aussi vite caduc que les modes vestimentaires elles-mêmes qui en font partie — qui soutient un art, certifie son authenticité, comme la révolution en détruisant les élégances du XVIIIe siècle aurait pu désoler un peintre de fêtes galantes, ou affliger Renoir la disparition de Montmartre et du Moulin de la Galette...
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 770.
3. [Correspond à élégant A 3] P. ext., dans le domaine de l'expr. Qualité de l'expression, de l'écriture en tant que caractérisée par la justesse et la finesse du choix des mots et par une aisance naturelle dans la façon de les disposer. Je vanterais la finesse et la pureté de son goût, l'élégance exquise de sa prose, la beauté, la force, l'harmonie de ses vers (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 271) :
• 9. Se rappelant trop tard la verbeuse élégance et les éloquentes périphrases auxquelles un long professorat avait habitué son maître, Raphaël se repentit presque de l'avoir reçu...
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 205.
SYNT. Élégance du langage, d'un discours; élégance et dignité du style poétique; finesse et élégance d'un style; langue exquise d'élégance naturelle; élégance verbale, soutenue; élégance discrète du style; élégance exquise d'une prose; écrire avec élégance.
— P. méton., gén. au plur. Manifestations, expressions de cette élégance. On rencontre dans ses œuvres (...) des échantillons complets de toutes les surannées élégances poétiques, telles que rimes « équivoquées, consonnées » (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 32). Firmin n'avait retenu de l'enseignement du séminaire que des élégances de latinité, de l'adresse pour les sophismes (FRANCE, Orme, 1897, p. 15).
♦ Au sing. :
• 10. ... telle scène du Mari de la débutante, où l'absence de poésie, de grandes pensées (...) me semblait à elle seule une élégance, une élégance conventionnelle, et par là d'autant plus mystérieuse et plus instructive.
PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 43.
B.— [P. réf. à la notion de choix, dans le domaine de l'action et de la décision dans l'ordre mor. ou intellectuel; correspond à élégant B] Qualité d'une personne ou d'une action qui se caractérise par sa délicatesse et sa distinction. Procédé qui manque d'élégance. Grandes journées d'une incomparable élégance spirituelle où le vieillard nous apportait ce qu'on eût appelé jadis le bouquet de son œuvre (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1922-23, p. 175). Se piquer de ne parler jamais argent est une fausse élégance, et marque de bourgeoisie (MONTHERL., Maître Sant., 1947, II, 1, p. 629) :
• 11. ... l'élégance morale fait partie de la coquetterie de certains hommes en amour. Tout comme la femme cherche à être belle pour plaire, l'homme cherche à être admirable.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 oct., 1932, p. 152.
— P. méton., au plur. Manifestations, expressions de cette élégance. Élégances morales, sentimentales. Une jeune fille, en qui s'unissent toutes les élégances et toutes les parures du corps, de l'esprit et de l'âme (GONCOURT, Journal, 1858, p. 543). Deux jeunes femmes qu'elle formait aux élégances de l'esprit (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 352) :
• 12. M. Pasquier, de naissance parlementaire, d'intelligence cultivée, d'aptitude universelle, de parole fluide, de convictions larges, fidèle seulement aux élégances d'esprit et à l'aristocratie des sentiments.
LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, p. 312.
— Spéc. ,,Élégance d'une démonstration mathématique, caractère de simplicité, de netteté, que présente une démonstration`` (DG).
♦ P. ext. L'élégance d'un argument. La science ne doit pas être cultivée uniquement pour elle-même, pour l'élégance de ses méthodes, pour sa clarté et sa beauté. Elle a pour but l'avantage matériel et spirituel de l'homme (CARREL, L'Homme, 1935, p. 339). C'est en vain que l'on croirait avoir résolu avec élégance le problème du dualisme, en substituant au dualisme des substances un dualisme des points de vue (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 15).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIVe s. (Glossaire Aalma, éd. M. Roques, Lexique II, 131, 3784); 1495 (J. DE VIGNAY, Is. XVIII, 6 ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 497 : Elegance et suavité de langage); fin XVe s. « courtoisie, qualité de distinction dans les manières » (J. MOLINET, Chron. d'outrepont et Jodogne, CCCVII, t. II, p. 535); 1690 au plur. « phrases recommandées pour leur distinction » (VAUG. Nouv. Rem., p. 103); 1834 p. ext. « ressources mondaines » (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, p. 85). Empr. au lat. class. elegantia « goût, délicatesse, distinction ». Fréq. abs. littér. :1 636. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 571, b) 2 373; XXe s. : a) 2 410, b) 2 042. Bbg. DUCH. Beauté 1960, pp. 145-147. — GALL. 1955, p. 85. — KNABE (P.E.). Schlüsselbegriffe des kunsttheoretischen Denkens in Frankreich von der Spätklassik bis zum Ende der Aufklärung. Düsseldorf, 1972, pp. 174-177.
élégance [elegɑ̃s] n. f.
ÉTYM. Fin XIVe; lat. elegantia, de elegans, elegantis. → Élégant.
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1 Qualité esthétique qu'on reconnaît à certaines formes (naturelles ou créées par l'homme) dont la perfection est faite de grâce et de simplicité. ⇒ Agrément, beauté; grâce, harmonie. || Élégance des formes, des contours, des proportions. || Élégance de la tournure, de la taille. ⇒ Finesse, sveltesse. || L'élégance d'un corps. ⇒ 2. Charme (→ Bijou, cit. 9). || L'élégance d'un animal, d'une fleur. || L'élégance d'une œuvre d'art. || Les œuvres de ce peintre ont plus d'élégance que de vigueur. — Par ext. || L'élégance de Boucher, de Fragonard. — L'élégance d'un bibelot, d'un meuble. || Décor d'une rare élégance. || Intérieur d'une élégance simple, sans apprêt; d'une élégance raffinée. — L'élégance d'un geste, d'un mouvement, d'une danse…
1 L'élégance n'est pas fondée sur la correction du dessin (…) Elle se fait sentir dans les ouvrages peu châtiés et négligés d'ailleurs, comme dans le Corrège, où malgré les fautes contre la justesse du dessin, l'élégance se fait sentir dans le goût du dessin même, dans le tour que ce peintre donne aux actions (…) L'élégance du dessin est une manière d'être qui embellit les objets, ou dans la forme, ou dans la couleur, ou dans tous les deux, sans en détruire le vrai.
2 La ligne oblique et soutenue, qui descend de la nuque à l'extrémité de l'étoffe, est superbe; et le mouvement de la marche y produit des frissonnements et des ondulations de la plus grande élégance.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 147.
2.1 De toutes les villes du département du Nord, Douai est, hélas ! celle qui se modernise le plus. Le ton, les modes, les façons de Paris y dominent; et de l'ancienne vie flamande, les Douaisiens n'auront plus bientôt que la cordialité des soins hospitaliers, la courtoisie espagnole, la richesse et la propreté de la Hollande. Les hôtels de pierre blanche auront remplacé les maisons de briques. Le cossu des formes bataves aura cédé devant la changeante élégance des nouveautés françaises.
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 478.
3 Contemplons ce trésor de grâces florentines;
Dans l'ondulation de ce corps musculeux
L'Élégance et la Force abondent, sœurs divines.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Le masque ».
♦ Vx. (Une, des élégances). Éléments formels, motifs décoratifs considérés comme possédant cette qualité. || Les élégances d'une chapelle gothique.
2 (XVIIIe). Bon goût manifestant un style personnel dans l'habillement, la parure, les manières. ⇒ Chic, classe (fam.), distinction (cit. 15), propreté (vx; langue class.). || Se présenter, évoluer avec élégance dans un salon, une société. ⇒ Aisance, savoir-vivre. || Élégance aristocratique. ⇒ Aristocratie (cit. 8). — S'habiller, se vêtir, être mis avec élégance. ⇒ Chic, goût (→ Costumer, cit.). || Élégance masculine, féminine. || Il est vêtu avec une grande élégance, à la dernière mode (⇒ Dandysme). || Élégance de bon ton; élégance recherchée, tapageuse, voyante. || Une élégance de gravure de mode. → Nouer, cit. 2. || Élégance affectée (→ Afféterie, cit. 4), fausse élégance. || Être habillé richement, mais sans élégance. || Cette femme a de l'élégance, du cachet. — Élégance d'une parure, d'une toilette, de la mise, du costume. || Élégance d'une robe, d'un manteau, d'un habit (→ Complet-veston, cit.).
4 Il était ce jour-là revêtu d'un costume de soie vert-pomme brodé d'argent, d'une élégance et d'un luxe extrêmes (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 211.
5 Enfin, j'aimais ma mère pour son élégance. J'étais donc un dandy précoce.
Baudelaire, Journal intime, Fusées, XVIII.
6 J'allais vers l'allée des Acacias (…) ils (les arbres) m'évoquaient la dryade, la belle mondaine rapide et colorée qu'au passage ils couvrent de leurs branches (…) ils me rappelaient le temps heureux de ma croyante jeunesse, quand je venais avidement aux lieux où des chefs-d'œuvre d'élégance féminine se réaliseraient pour quelques instants entre les feuillages inconscients et complices.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 276.
7 Elle aimait les vêtements de coupe sobre, strictement pratiques. Élégante, pourtant : mais d'une élégance un peu sèche et sévère, faite surtout de simplicité, de naturelle distinction.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 266.
8 — Il était beau ? — Pas mal. Avec ça, un certain chic dans la façon de s'habiller, une élégance un peu négligée.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 1.
♦ Par ext. Qualité d'une assemblée, d'une société composée de personnes élégantes. || L'élégance d'un public, d'une assistance. || L'élégance d'une réunion, d'une soirée mondiale.
♦ (Une, des élégances). Trait, détail où se manifeste cette qualité. || Les élégances raffinées d'une mode. — ☑ Loc. Être l'arbitre des élégances.
3 Qualité de style, consistant en un choix heureux des expressions, une langue harmonieuse, une discrétion dans les effets. ⇒ Bien-dire, style. || L'élégance d'une strophe, d'une phrase, d'une tournure. || Récit d'une grande, d'une rare élégance. || Élégance d'un discours. || S'exprimer, parler, écrire avec élégance. || Langue correcte mais sans élégance. || Élégance d'un auteur. || L'élégance et la force de Racine.
9 (…) la science de Talon et l'élégance et les grâces de Racine, y étaient toutes déployées.
Saint-Simon, Mémoires, t. I, IX.
10 Il est à remarquer que si l'élégance a toujours l'air facile, tout ce qui est facile et naturel n'est cependant pas élégant. Il n'y a rien de si facile, de si naturel que,
La cigale ayant chanté Tout l'été, et,
Maître corbeau, sur un arbre perché… Pourquoi ces morceaux manquent-ils d'élégance ? C'est que cette naïveté est dépourvue de mots choisis et d'harmonie.
Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? Que ce soit aux rives prochaines (…) et cent autres traits ont, avec d'autres mérites, celui de l'élégance.
Voltaire, Dict. philosophique, Élégance.
♦ Spécialt. (Une, des élégances). Surtout au plur. Tournures plus ou moins convenues considérées comme des marques de l'élégance du style (souvent péj.). || Des élégances inutiles. ⇒ Fioriture, ornement. || Les élégances de la langue post-classique (→ Décréditer, cit. 3).
11 Pendant la première partie du cours, Jerphanion s'était simplement ennuyé. De temps à autre, il notait une phrase d'Honoré en la débarrassant de ses vaines élégances et de ses redites; ce qui parfois la réduisait à peu de chose.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 146.
4 Bon goût, distinction accompagnés d'aisance et de style dans l'ordre moral ou intellectuel. ⇒ Délicatesse. || Il est arrivé à ses fins mais ses procédés manquent d'élégance. || Il a fait cela pour l'élégance du geste. || Charité qui a l'élégance de se cacher. || Savoir perdre avec élégance. || Élégance d'une démonstration, d'un raisonnement. || Défendre une hypothèse, un point de vue avec élégance. ⇒ Adresse, aisance, habileté. || L'élégance d'une époque, d'une civilisation… ⇒ Raffinement. || L'élégance grecque (→ Attique, cit. 2, 4 et 8).
♦ (Une, des élégances). Action, pensée, opinion manifestant cette qualité (souvent péj.). → Ancien, cit. 3; attifer, cit. 6.
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CONTR. Grossièreté, inélégance, laisser-aller, lourdeur, négligence, vulgarité.
Encyclopédie Universelle. 2012.