détériorer [ deterjɔre ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1411; bas lat. deteriorare, de deterior « pire »
1 ♦ Mettre (une chose) en mauvais état, de sorte qu'elle ne puisse plus servir. ⇒ abîmer, 1. dégrader , endommager; fam. amocher, esquinter. Détériorer un appareil, une machine. ⇒ détraquer, saboter. L'humidité détériore les fresques. Pronom. Se détériorer : s'altérer. — Du vieux matériel détérioré. ⇒ usé.
2 ♦ Fig. Détériorer sa santé par des excès. ⇒ détruire, nuire (à), ruiner. Ces ignominies « risquent de détériorer sans remède l'humanité même » (Péguy). ⇒ corrompre, dépraver, pervertir. — Pronom. ⇒ dégénérer, se dégrader, se délabrer, dépérir. « cette mélancolie des gens qui ont été beaux, recherchés, aimés et qui se détériorent tous les jours » (Maupassant). La situation se détériore. ⇒ empirer, se gâter, se pourrir.
⊗ CONTR. Améliorer, réformer. Raccommoder, réparer, entretenir.
● détériorer verbe transitif (bas latin deteriorare) Mettre quelque chose en mauvais état, le rendre inutilisable ; endommager, abîmer : Ce produit a détérioré la moquette. Dégrader quelque chose, l'abîmer gravement, lui nuire : Détériorer la santé. Familier. Diminuer fortement les forces physiques de quelqu'un, ses aptitudes mentales : La maladie et l'âge l'ont singulièrement détérioré. ● détériorer (synonymes) verbe transitif (bas latin deteriorare) Mettre quelque chose en mauvais état, le rendre inutilisable ; endommager, abîmer
Synonymes :
- abîmer
- déglinguer (familier)
- dégrader
- détraquer
- esquinter (familier)
- saboter
Contraires :
- arranger
- réparer
- retaper (familier)
Dégrader quelque chose, l'abîmer gravement, lui nuire
Synonymes :
- altérer
- délabrer
Contraires :
- améliorer
- amender
- régénérer
détériorer
v. tr.
d1./d Mettre en mauvais état, abîmer, dégrader. Les intempéries ont détérioré la maison.
|| v. Pron. Matériel qui se détériore.
d2./d Fig. Détériorer sa santé.
|| v. Pron. Situation qui se détériore.
⇒DÉTÉRIORER, verbe trans.
A.— 1. Mettre volontairement ou non une chose en mauvais état, en la rendant le plus souvent inutilisable. Détériorer une machine, un objet; détériorer un édifice, des meubles; marchandises détériorées par le transport. Je vis qu'il allait s'emporter et détériorer mon carrelage avec le fer de sa canne (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 250) :
• 1. ... et, c'était aussi, toute voisine, l'idée de saccage, sous forme d'un jouet aimé que je détériorais :au demeurant nul désir réel, nulle recherche de contact.
GIDE, Si le grain meurt, 1924, p. 387.
— Emploi pronom. à sens passif. Marchandises qui se détériorent. Les machines délicates se détériorent plus facilement que les grossières (FLAUB., Corresp., 1879, p. 229).
2. P. anal. [En parlant d'êtres hum.] :
• 2. C'est pourquoi une honnête femme vous détériore un homme de cinquante ans autrement vite qu'une vieille fée qui a appris à ne pas dégrader ses propriétés.
COLETTE, Julie de Carneilhan, 1941, p. 56.
— Emploi pronom. à valeur subjective. Des gens qui ont été beaux, recherchés, aimés et qui se détériorent tous les jours (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Rencontre, 1882, p. 937).
B.— Au fig.
1. Dans le domaine phys. ou mental. Détériorer l'intelligence. Des cobayes en gestation, dont on détériorait le foie ou le rein (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 82).
— Emploi pronom. à sens passif. La santé se détériore. Le visage se lézarde, se détériore, se noircit comme une fresque, s'effeuille comme une fleur fanée (AMIEL, Journal, 1866, p. 69).
2. Dans le domaine mor. Détériorer les mœurs d'un individu, d'une nation. Comme les passions se retrouvent partout, comme elles détériorent les plus belles institutions et les plus vertueux caractères (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 495).
— Emploi pronom. à valeur subjective. On voit les nations se perfectionner ou se détériorer suivant la nature de leur gouvernement (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 278).
3. Dans le domaine écon. et pol. :
• 3. Je souhaite qu'aucune initiative de fait, prise sur le terrain par un autre côté, ne vienne détériorer gravement une situation qui, à mon avis, devrait maintenant se détendre.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 519.
— Emploi pronom. à sens passif. Valeurs qui se détériorent. Et quand c'est la monnaie qui se détériore, on cherche à l'échanger, à s'en défaire par toutes sortes de moyens (SAY, Écon. pol., 1832, p. 151).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. présent et adj. détériorant. Qui détériore, abîme, dégrade. Les machines à battre exercent souvent (...) une influence détériorante sur les grains et sur les enveloppes de l'orge (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 50). Au fig. Dégradant. Je continuerai par conséquent ce faux travail détériorant chez Scabelli à cause des enfants (M. BUTOR, Modif., 1957, p. 227).
Prononc. et Orth. :[], (je) détériore []. Enq. :// (il) détériore. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1411 (Cout. d'Anjou et du Maine, 1, 546, Beautemps-Beaupré ds DELB. Rec.); 1767 fig. détériorer une âme (J.-J. ROUSSEAU, La Nouvelle Héloïse, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, 5e part., II, p. 536). Empr. au b. lat. deteriorare « détériorer, gâter ». Fréq. abs. littér. :78. Bbg. EYRAUD (D.). Vive la lang. Vie Lang. 1969, p. 198. — PHAL (A.). Note sur le verbe attaquer dans ses emplois scientifiques. Fr. mod. 1973, t. 41., p. 179.
détériorer [deteʀjɔʀe] v. tr.
ÉTYM. 1411; bas lat. deteriorare, du lat. class. deterior « pire, inférieur ».
❖
1 Mettre (qqch.) en mauvais état, rendre inutilisable. ⇒ Abîmer, casser, dégrader, démolir, endommager, gâter; (fam.) amocher, bousiller, déglinguer, esquinter. || Détériorer un appareil, une machine. ⇒ Détraquer. || Détériorer volontairement le matériel. ⇒ Saboter (fam.). || Détériorer un objet fragile en l'ébréchant, en le fêlant. || Détériorer des meubles. || Le temps a détérioré cette maison, cet édifice. || L'humidité détériore les tentures. || Les acides détériorent l'émail des dents (⇒ Attaquer, corroder).
♦ Au p. p. || Du vieux matériel détérioré. ⇒ Usé. || Un livre détérioré. ⇒ Abîmé.
2 Fig. Rendre moins bon. || Détériorer sa santé par des excès. ⇒ Délabrer. — Littér. || Détériorer un être, une âme. ⇒ Altérer, corrompre, dépraver, pervertir. — Détériorer la situation politique, l'économie.
1 Il n'est jamais permis de détériorer une âme humaine pour l'avantage des autres, ni de faire un scélérat pour le service des honnêtes gens.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, lettre II.
2 Il savait que ces ignominies sont toujours exercées sur des hommes vivants, et que, si elles semblent justifier certaines formules non vivantes, elles risquent de détériorer sans remède l'humanité même.
Ch. Péguy, la République…, p. 21.
——————
se détériorer v. pron.
1 S'altérer, subir des dégradations. || Ces denrées se sont détériorées. ⇒ Avarier (s'). || On a laissé se détériorer tout le mobilier. ⇒ Tomber (en ruine). || Se détériorer par un usage excessif. ⇒ User (s').
2 Fig. Devenir plus mauvais; perdre son équilibre. || La monnaie se détériore. ⇒ Dégénérer, dégrader (se), dépérir.
3 Ses grandes qualités restèrent les mêmes; mais ses bonnes inclinations s'altérèrent et ne soutinrent plus ses grandes qualités; par la corruption de cette tache originelle sa nature se détériora.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 330.
4 Il avait maintenant quarante-cinq ans, pas mal de cheveux blancs, un peu de ventre, et cette mélancolie des gens qui ont été beaux, recherchés, aimés et qui se détériorent tous les jours.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, Rencontre, p. 244.
❖
CONTR. Améliorer, amender, perfectionner, réformer, régénérer. — Raccommoder, réparer.
Encyclopédie Universelle. 2012.