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déraisonner

déraisonner [ derɛzɔne ] v. intr. <conjug. : 1>
desresonner XIIIe; repris 1740; de déraison
Littér. Tenir des propos dépourvus de raison, de bon sens. délirer, divaguer, extravaguer, radoter; fam. débloquer, déconner, déjanter, déménager, dérailler. « Le souci de se montrer intelligent le fait déraisonner sans cesse » (A. Gide). N. m. vx DÉRAISONNEMENT.

déraisonner verbe intransitif Dire des choses dénuées de raison, incohérentes ; divaguer ; radoter. ● déraisonner (synonymes) verbe intransitif Dire des choses dénuées de raison, incohérentes ; divaguer ; radoter.
Synonymes :
- débloquer (populaire)
- délirer
- déménager (familier)
- dérailler (familier)
- divaguer
- radoter

déraisonner
v. intr. Penser, parler contrairement à la raison, au bon sens. ça, un chef-d'oeuvre? Mais tu déraisonnes!

⇒DÉRAISONNER, verbe intrans.
Faire de faux jugements. Déraisonner sur ce que l'on ne comprend pas :
Toutes ses démonstrations [de la géométrie] se terminent à l'évidence; or l'évidence est un sentiment; c'est la raison de la nature, et le nec plus ultra de la nôtre en harmonie avec la sienne. On ne peut raisonner au-delà sans déraisonner.
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 281.
P. ext. Tenir des propos incohérents. Synon. divaguer. La colère, mon enfant, vous fait déraisonner (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p. 306). Mère, tu es absurde, tu déraisonnes. Vraiment, je ne te comprends pas. Où as-tu été chercher cette histoire de Le Loreur? (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 122).
Ds le domaine de la pathol. Le père Parain tombe en enfance et par moment déraisonne complètement (FLAUB., Corresp., 1853, p. 217).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. déraisonnant, ante. [En parlant d'un acte ou d'un comportement] Qui atteint la folie. Une mèche, échappée du chignon bâclé de Rosita, devenait à mes yeux le symbole de la véhémence déraisonnante (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p. 191). Un monde de rêves insensés, d'affabulations, de raisons déraisonnantes (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 230). b) Le part. passé subst. déraisonné, ée. Personne mentalement aliénée. Au lieu de courir les bois comme une déraisonnée (CLAUDEL, Violaine, 1901, III, p. 611). Madame, c'est la Fanchon qu'on ramène. Elle était partie comme une déraisonnée (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 121). c) Le subst. masc. déraisonneur. Celui qui fait de faux jugements. Les jeunes Allemands déraisonnent à plaisir sur les pas de Steding de Munich, le grand déraisonneur à la mode en 1841 (STENDHAL, Corresp., t. 3, 1800-42, p. 271). Sa manière calculatrice [de Tarasa] de raisonneur déraisonneur, d'anarchiste égotiste (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 31).
Prononc. et Orth. :[], (je) déraisonne []. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. 1er quart du XIIIe s. « s'éloigner de la raison » pronom. (RECLUS DE MOLLIENS, Carité, 136, 12 ds T.-L.); 2. 1740 « tenir des discours dénués de raison » (Ac.). Dér. de déraison; dés. -er; cf. l'a. fr. deraisnier « expliquer, raconter » (XIIe s. ds T.-L.) dér. de l'a. fr. raisnier, v. raisonner, préf. de- (lat. de). Fréq. abs. littér. :132 (déraisonnant :4).
DÉR. Déraisonnement, subst. masc., rare. Action de déraisonner; résultat de cette action; faux raisonnement. Je veux que tout me soit expliqué ou rien. Et la raison est impuissante devant ce cri du cœur. L'esprit éveillé par cette exigence cherche et ne trouve que contradictions et déraisonnements (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 44). []. 1re attest. av. 1755 (SAINT-SIMON, 427, 177 ds LITTRÉ); du rad. de déraisonner, suff. -ment1; cf. l'a. fr. deraisnement « discours, sermon » (ca 1200 Dial. Grég., 197, 5 ds T.-L.) dér. de deraisnier, v. déraisonner; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. — GOHIN 1903, p. 241.

déraisonner [deʀɛzɔne] v. intr.
ÉTYM. 1740, Académie; déb. XIIIe, « s'éloigner de la raison », pron.; de déraison.
(1740). Littér. Tenir des propos dépourvus de raison, de bon sens. Battre (la breloque, la campagne), délirer, déménager (fam.), dérailler, divaguer, extravaguer, perdre (l'esprit, la raison, le bon sens…), radoter (→ argot Débloquer…). || Malade qui déraisonne (→ Ne plus avoir sa tête). || Vous déraisonnez ! fam. Déconner.
0 Le souci de se montrer intelligent le fait (R. de Gourmont) déraisonner sans cesse.
Gide, Journal, 8 déc. 1907.
CONTR. Raisonner.
DÉR. Déraisonnement.

Encyclopédie Universelle. 2012.