déprédation [ depredasjɔ̃ ] n. f.
1 ♦ Vol ou pillage accompagné de dégâts. Déprédations commises par des émeutiers, des envahisseurs. ⇒ dévastation, saccage.
♢ (1950) Abusivt Dommage matériel causé aux biens d'autrui, aux biens publics. ⇒ 1. dégradation, destruction, détérioration; vandalisme. Les déprédations causées par des vandales.
2 ♦ (1690) Exaction, acte malhonnête commis dans l'administration, la gestion de qqch. ⇒ détournement, dilapidation, malversation, prévarication. Déprédation des biens de l'État, des biens d'un pupille.
3 ♦ (XVIIIe) Didact. Exploitation de la nature sans souci de pourvoir au renouvellement de ce qu'on détruit (plantes ou animaux). Certaines pollutions aboutissent à des déprédations irréversibles.
● déprédation nom féminin (bas latin depraedatio, -onis) Dégâts causés à des propriétés, des biens, par quelqu'un, par des animaux (surtout pluriel) : Les déprédations des sangliers. Vieux. Vol ou pillage ; malversation dans une administration (surtout pluriel) : Commettre des déprédations. ● déprédation (difficultés) nom féminin (bas latin depraedatio, -onis) Sens Ne pas confondre ces deux mots que sépare une importante nuance de sens. 1. Dégradation = détérioration. 2. Déprédation = dommage causé à la propriété d'autrui par vol, pillage, destruction ; gaspillage, acte malhonnête commis dans une gestion publique ou privée. Remarque La proximité de sens de ces deux mots conduit souvent à employer déprédation au sens de dégradation. Recommandation Se rappeler que déprédation implique l'idée de dommage causé au bien d'autrui, souvent par malveillance, ou d'appropriation illégitime, conformément à l'étymologie (latin praeda, proie, butin de guerre; comparer à un animal prédateur). Emploi Déprédation : surtout au pluriel (mais le singulier n'est pas incorrect). Registre Déprédation : registre soutenu. ● déprédation (synonymes) nom féminin (bas latin depraedatio, -onis) Vol ou pillage ; malversation dans une administration (surtout pluriel)
Synonymes :
- dégradation
- détérioration
- détournement
- dévastation
- exaction
- prévarication
- sac
- saccage
déprédation
n. f.
d1./d Vol, pillage accompagné de destruction, de détérioration.
d2./d Détérioration causée à des biens matériels.
d3./d Malversation, détournement. Déprédation des finances publiques.
d4./d Exploitation de la nature sans précautions écologiques.
⇒DÉPRÉDATION, subst. fém.
A.— Vol ou pillage s'accompagnant de dégâts causés au bien d'autrui. Commettre des déprédations; se livrer à des déprédations :
• 1. ... nous suivons, pendant deux heures, une vallée étroite, stérile et rocailleuse, célèbre par les déprédations des Arabes. C'est le lieu des environs le plus exposé à leurs courses : ils peuvent y arriver par une multitude de petites vallées sinueuses, cachées par le dos des collines inhabitées; se tenir en embuscade derrière les rochers et les arbustes, et fondre à l'improviste sur les caravanes.
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 400.
— P. ext. Dégât commis par un animal. Les déprédations des animaux. Les déprédations du sanglier exaspèrent nos métayers (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 4) :
• 2. ... ses pigeons (...), demi-sauvages, toujours à tire-d'ailes, s'abattent partout pour picorer et ne rentrant souvent que le soir (...) étendaient leurs déprédations...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 124.
B.— Acte malhonnête commis dans l'administration de la fortune d'autrui. La déprédation des Finances, la déprédation des biens d'un pupille (Ac. 1932) :
• 3. ... la cour d'Avignon avait si mauvaise renommée, elle se livrait à de telles exactions, pressurait de telle sorte les bénéfices et les bénéficiers, que les Flamands ne voulurent point entendre à quitter le parti du pape Urbain; et en effet, dans le moment même, le roi de France, sur les représentations de l'université de Paris et d'une portion du clergé, était forcé de s'opposer aux excès et aux déprédations du pape d'Avignon.
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1821-24, p. 332.
Rem. La plupart des dict. gén. des XIXe et XXe s. (sauf Ac. 1932 et ROB.) enregistrent le verbe trans., peu usité, dépréder. Piller avec dégât, commettre des malversations dans l'administration du bien d'autrui.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1308 « acte de pillage » (Ystoire de li Normant, trad. Aimé, éd. V. de Bartholomaeis, IV, 9). Empr. au b. lat. depraedatio « déprédation, pillage ». Fréq. abs. littér. :48. Bbg. QUEM. 2e s. t. 2 1971.
déprédation [depʀedɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1308; bas lat. deprædatio, du supin de deprædari, cf. l'anc. verbe dépréder (1361); de de-, et præda « proie ».
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1 (1308). Vol ou pillage accompagné de dégât. || Déprédations commises par des émeutiers, des corsaires (⇒ Course), des armées d'invasion. ⇒ Dévastation, saccage.
0.1 Ils s'y livrèrent donc à leur instinct de déprédation, saccageant, brûlant, faisant le mal pour le mal.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 717.
♦ (1950). Dommage matériel causé aux biens d'autrui, aux biens publics. ⇒ Dégradation, destruction, détérioration; vandalisme. || Les déprédations causées par les touristes, les émeutiers, les délinquants.
1 Déprédations pour désigner l'incendie d'autobus ou le bris de bancs municipaux (par des émeutiers) a dû subir l'influence de dégradations, mot purement administratif qui signifie détériorations, et qui à l'origine était du vocabulaire des maçons.
A. Thérive, Querelles de langage, t. III, p. 208.
1.1 La plaque bleue réglementaire, dont l'émail a sauté en larges éclats, comme si des gamins s'étaient acharnés à la prendre pour cible avec de gros cailloux; seul le mot « Rue » est encore lisible, et, plus loin, les deux lettres « …na… » suivies d'un jambage interrompu par les franges concentriques du trou suivant. Le nom originel devait d'ailleurs être très court. Les déprédations sont assez anciennes, car le métal mis à nu est déjà profondément attaqué par la rouille.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 52-53.
♦ Par ext. Dégât commis par un animal.
2 Exaction, acte malhonnête commis dans l'administration, la gestion de qqch. ⇒ Détournement, dilapidation, gaspillage, malversation, prévarication. || Déprédation des biens de l'État, d'un pupille.
2 Les plus grandes déprédations dans les finances étaient son ouvrage (à Mazarin). Il s'était approprié en souverain plusieurs branches des revenus de l'État. Il avait traité en son nom et à son profit des munitions des armées.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, XXV.
3 (…) déprédations suppose non seulement dégâts, mais pillage, enlèvement de butin : à preuve que le terme s'applique classiquement aux malversations de fonctionnaires, aux prévarications de ministres, etc.
A. Thérive, Querelles de langage, t. III, p. 208.
3 (XVIIIe). Didact. Exploitation de la nature sans souci de pourvoir au renouvellement de ce qu'on détruit (plantes ou animaux). ⇒ aussi Pollution; nuisance.
4 La déprédation peut être imposée par le manque de civilisation… Les vrais sauvages, en effet, ceux qui ignorent l'agriculture et l'élevage, ne peuvent vivre que de la chasse et de la pêche et de la cueillette des fruits (…) La déprédation peut être imposée par la nature. Elle est normale pour les peuples, quel que soit le degré de civilisation, qui habitent la forêt équatoriale où l'exploitation méthodique du sol suppose la disparition méthodique de cette forêt (…) C'est ainsi que, dans la forêt équatoriale de l'Amazonie, la déprédation est le fait même de la colonisation blanche qui « saigne » les plantes à caoutchouc sans aucune précaution et sans se soucier de conserver les espèces.
E. Baron, Géographie générale, XXVI, p. 381-382.
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CONTR. Amélioration, apport, conservation, enrichissement, protection, rénovation, restauration.
DÉR. V. Déprédateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.