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AGRONOMIE
AGRONOMIE

Le mot agronomie, qui dérive des deux racines grecques 見塚福礼﨟: champ, et 益礼猪礼﨟: loi, peut désigner, dans l’usage courant, une partie ou la totalité des sciences appliquées à l’agriculture.

Historiquement, en effet, ce sont des chimistes qui ont apporté les éléments d’interprétation les plus importants à l’agriculture, et les premiers laboratoires mis à la disposition des praticiens se sont appelés «stations agronomiques». Actuellement encore, dans le département d’agronomie de l’I.N.R.A. (cf. chap. 3), des chercheurs s’efforcent de déterminer les relations entre la croissance des plantes, la qualité des récoltes d’une part, la nature et les propriétés des sols et des climats d’autre part. L’agronomie apparaît ainsi comme une écologie appliquée et l’on a parfois employé pour la désigner le terme d’«édaphologie».

Mais le mot est aussi utilisé dans son sens général; c’est ainsi que l’organisme qui regroupe en France l’ensemble des recherches concernant l’agriculture s’intitule Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.), l’éventail des thèmes s’étendant des sciences physiques et chimiques à l’économie ainsi qu’à la sociologie. De même, l’Institut national agronomique forme des ingénieurs agronomes, c’est-à-dire des ingénieurs versés dans les sciences, les techniques intéressant l’agriculture et les situations socio-économiques qui en résultent.

Cette ambiguïté rend évidemment difficile la compréhension des textes pour les non-spécialistes, et cela d’autant plus que certains auteurs tendent à restreindre ou à étendre le sens du terme dans leurs écrits. C’est ainsi que déjà Thaër proposait de restreindre l’usage du mot à l’étude des terrains, ce à quoi s’opposait Gasparin, suggérant pour ce même objet le mot «agrologie», d’autres auteurs envisageant l’emploi des mots «géonomie» et «géognosie». Néanmoins, quand le terme agronomie est employé au sens strict, l’accord existe entre les spécialistes pour désigner par là le fonctionnement des peuplements végétaux cultivés et des systèmes de culture; l’agronomie permet de raisonner d’une manière générale les techniques agricoles telles que le travail du sol, la fertilisation, la destruction des plantes adventices, la taille des arbres fruitiers, etc., en un mot la conduite des cultures. Les autres équivalents du terme agronomie sont désuets. Mais, dans ce cas, il devient nécessaire d’employer d’autres expressions pour désigner les branches de connaissances ne rentrant pas dans l’acception de ce terme.

C’est ainsi qu’à côté de l’agronomie figure l’«amélioration des plantes» qui crée des variétés nouvelles adaptées aux diverses exigences de l’agriculture et aux techniques culturales existantes. On regroupe sous le nom de phytotechnie l’ensemble des connaissances concernant chaque espèce cultivée, qu’elles dérivent de l’agronomie, de la botanique, de la génétique, etc., et qui, en principe, en permet la culture. Il convient d’ajouter à la phytotechnie la physiologie végétale , les études concernant les parasites des plantes relevant de la zoologie agricole et de la phytopathologie . Les études concernant le climat ont été longtemps abordées par les agronomes mais font l’objet maintenant d’une discipline spéciale, la bioclimatologie .

À titre indicatif, le champ de l’agronomie au sens large comprend encore la zootechnie (étude des productions animales) dont la structure est assez comparable à la phytotechnie, l’art vétérinaire , l’économie et la sociologie rurales , la technologie agricole qui concerne la conservation et la transformation des produits végétaux et animaux. Enfin, comme les recherches forestières , qui ne sont pas divisées en fonction des diverses sciences fondamentales, on trouve les recherches intéressant l’art de l’ingénieur appliqué à l’agriculture telles que le machinisme, l’hydraulique, la voirie et les bâtiments ruraux et qui sont du domaine du génie rural .

Ce tour d’horizon montre la difficulté d’une définition et permet de comprendre pourquoi un même mot peut avoir des sens si différents étant donné l’interpénétration étroite de tous les problèmes posés par l’agriculture.

1. Les premières étapes, de l’Antiquité au XVIIIe siècle

L’importance de l’agriculture dans la vie humaine, et en particulier dans les premières civilisations, a fait que très tôt des écrivains, souvent poètes, ont cru utile, soit d’en célébrer les mérites, soit d’en préciser les recettes. Ces auteurs sont souvent qualifiés d’agronomes, encore que leurs explications soient rarement scientifiques. On trouve dans Virgile, par exemple, une description de la naissance d’un essaim d’abeilles dans la carcasse d’un taureau qui appartient évidemment à la légende. Néanmoins, si l’on considère l’état des connaissances à cette époque, la description des techniques, ou des actions de certains agents naturels, même quand ceux-ci sont présentés comme des divinités, est souvent remarquablement exacte; de ce point de vue, le qualificatif d’agronome n’est tout de même pas immérité. Il faut dire également que ces ouvrages traitent tous les problèmes de la vie rurale puisque, si la production animale et végétale y tient sa place, celle-ci est parfois réduite par rapport à celle qui est faite à l’aménagement de la maison et du jardin, aux soins à donner aux malades, ou aux règles de vie.

Si Hésiode et Virgile sont des poètes, Xénophon avec son Économique est incontestablement un agronome. D’ailleurs l’expression «économie rurale» est presque un synonyme d’agronomie pris au sens très large; ce fut le nom de la section de l’Académie des sciences qui regroupait les agronomes, et c’est également l’expression qui, en allemand, désigne l’agriculture au sens large.

À mesure que le temps s’écoule, que l’agriculture est plus ou moins florissante, on voit, parallèlement, se multiplier les ouvrages concernant l’agronomie. À l’époque de la paix romaine, Caton, Varron, Columelle, Palladius ont laissé des traités qui ont été cités pendant très longtemps.

Mais c’est surtout à partir du XVIe siècle que la littérature s’enrichit de nombreux ouvrages que l’imprimerie permet de multiplier. Parmi les plus célèbres, il faut citer: Les Prouffitz ruraulx de Pierre de Crescens, Les Vingt Journées d’agriculture d’Agostino Gallo, Recepte véritable etc. de Bernard Palissy, Ricordo d’Agricultura de Tarello, et enfin le Théâtre d’agriculture et Mesnage des champs d’Olivier de Serres. Parallèlement, en Allemagne et en Angleterre paraissaient également quelques ouvrages, s’inspirant souvent de ceux qui viennent d’être cités, auxquels on pourrait joindre, d’ailleurs, des livres plus spécialisés intéressant l’élevage, celui des chevaux en particulier, la botanique, l’aménagement des jardins, etc.

Le siècle suivant voit également paraître un certain nombre d’ouvrages consacrés à l’agriculture et, jusque vers la fin du XVIIIe siècle, ils conserveront fréquemment le caractère encyclopédique, s’intitulant souvent «maisons rustiques», «dictionnaire de l’agriculture», ce qui est bien caractéristique de la présentation des sujets.

Quelle était la nature des progrès réalisés pendant cette période? Ces ouvrages ont permis de faire connaître certaines techniques découvertes plus ou moins par accident depuis la plus haute antiquité, et qui ont été ainsi introduites ou rappelées dans les régions où elles avaient été oubliées au cours de périodes troublées. On voit se multiplier et se perfectionner les outils servant à travailler la terre ou à récolter les plantes. Le maintien de la fertilité, soit par apport de déchets des villes ou de l’industrie, soit par l’utilisation de terre améliorante comme les marnes ou les terres de curage des fossés, précède l’emploi des engrais chimiques.

L’assainissement des terres, le drainage en particulier, fait presque toujours l’objet d’un ou plusieurs chapitres, il en va de même pour l’irrigation dans les régions méditerranéennes. Mais les préoccupations les plus caractéristiques concernent la définition des assolements et des rotations d’une part, l’introduction de plantes nouvelles d’autre part. Les agronomes latins insistaient déjà sur la nécessité de suivre certaines rotations, c’est-à-dire des successions de plantes données dans un ordre déterminé sur une même parcelle. À la rotation biennale signalée par les Romains succèdent une rotation triennale, puis des rotations plus complexes telles que celles proposées par Tarello, la rotation de Norfolk, etc. Il y a une certaine confusion entre les notions de rotation et d’assolement: ces termes sont précisés dans l’article AGRICULTURE.

2. L’agronomie en tant que science, du XVIIIe siècle à nos jours

C’est à partir de la fin du XVIIIe siècle que l’agronomie commence à devenir scientifique; parallèlement, d’ailleurs, on voit se développer des travaux de physiologie végétale. Mais la synthèse ne se fera que plus tard. En effet, il faut arriver à Thaër (1752-1828) pour trouver le premier agronome au sens moderne du terme, car il tente d’établir un système de l’agriculture, s’efforçant en outre de définir la notion de «fertilité», c’est-à-dire l’aptitude à produire. Elle était considérée comme une propriété inhérente au sol, et non, comme on l’a montré depuis, à l’ensemble «plante-sol-climat». Mais Thaër considérait que cette propriété pouvait être modifiée par l’emploi d’une rotation adaptée. Certaines plantes avaient la réputation d’être épuisantes, donc d’abaisser la fertilité, comme les céréales; d’autres, au contraire, d’être enrichissantes, comme les légumineuses. Le système de Thaër, bien que modifié par d’autres auteurs, était beaucoup trop sommaire pour répondre à la réalité et, après avoir eu un certain succès, il fut abandonné.

Par ailleurs, cet agronome avait une théorie de l’alimentation des plantes qui faisait de l’humus leur seul aliment. Cette conception erronée dérivait d’une vieille théorie posant que la «vie ne pouvait provenir que de la vie»; les plantes, se nourrissant de matières organiques, absorbaient ainsi la substance des résidus végétaux enfouis dans le sol et plus ou moins transformés, mais ayant conservé certaines de leurs vertus originelles.

Aspect chimique des problèmes

C’est à Justus von Liebig que l’on doit d’avoir, en 1840, lancé l’idée exacte que les plantes se nourrissaient de matières minérales, l’alimentation carbonée s’effectuant, comme l’avait montré au préalable Saussure, à partir du gaz carbonique de l’air, l’énergie étant fournie par la lumière et cette synthèse s’effectuant grâce à l’action de la chlorophylle. C’est alors que toute une série de travaux a été entreprise par des chimistes et que le mot agronomie a pris le sens que nous lui connaissons. Parmi ceux qui ont contribué à cette œuvre, confirmant et précisant les idées de Liebig, il faut citer Boussingault en France, Lawes et Gilbert en Angleterre.

Parallèlement, les recherches concernant les autres aspects de l’agriculture, puis la connaissance des terrains, les méthodes de semis et de plantation, les conditions de travail du sol prenaient de plus en plus d’extension. Des agronomes comme Tull, Young, Sinclair en Angleterre, Gasparin, Mathieu de Dombasle en France, ont apporté des contributions fondamentales au développement de l’agronomie.

À partir de la doctrine de Liebig, confirmée par de nombreux auteurs, les techniques de la fertilisation prennent naissance et se développent dans la mesure où l’on découvre des sources nouvelles d’éléments fertilisants et des techniques industrielles permettant de rendre ces substances plus solubles, condition nécessaire à leur assimilation par les végétaux. C’est pour normaliser le marché de certains engrais, et en particulier du noir animal, que Bobière, sur les conseils de J. B. Dumas, fonda à Nantes, en 1852, la première «station agronomique». Les travaux des agronomes s’orientent surtout vers la recherche de tous les éléments minéraux nécessaires au végétal pour constituer sa substance; et c’est le travail classique de Raulin sur un champignon, l’Aspergillus niger , qui le premier permit de montrer que certaines substances, comme le zinc, le magnésium, étaient tout aussi nécessaires que des éléments comme l’azote ou le carbone, bien qu’ils soient utilisés en très petites quantités. C’est à Gabriel Bertrand que revient le mérite d’avoir montré le rôle qu’ils pouvaient jouer dans la physiologie. Grâce à ses travaux et à ceux de toute une pléiade de chercheurs, on a pu dresser la liste de tous les éléments indispensables: carbone, oxygène, hydrogène, azote, phosphore, potassium, soufre, magnésium, calcium, fer, manganèse, zinc, cuivre, molybdène, bore. Cette liste n’est probablement pas exclusive, au moins pour certaines espèces; c’est ainsi que dans les années soixante l’utilité du chlore a été mise en évidence. Les plantes renferment d’autres éléments dont on discute encore s’ils jouent un rôle physiologique ou s’ils ont simplement été absorbés parce qu’ils étaient présents dans le milieu. Parmi ceux-ci, le sodium, l’iode, le cobalt, le fluor sont nécessaires à la croissance des animaux. Les quantités nécessaires à une récolte varient d’environ 50 p. 100 du poids pour le carbone à quelques grammes pour le molybdène. Si l’on compare les besoins des plantes à la quantité de ces éléments dans le milieu ambiant, on constate que certains sont assez abondants, d’autres sont en proportion insuffisante.

À cela vient s’ajouter un problème d’assimilabilité. C’est ainsi que le potassium, que l’on peut considérer comme très abondant, est bloqué dans la structure des minéraux et se trouve, de ce fait, en partie inutilisable. L’activité des agronomes a consisté alors à préciser les formes relativement solubles, à rechercher les concentrations à partir desquelles ces éléments pouvaient devenir toxiques, à établir les conditions physiques et chimiques correspondant à leur assimilabilité. C’est encore à ces études que sont attachés pour une part les milliers d’agronomes qui de nos jours travaillent dans le monde, car plus les rendements s’élèvent, plus les besoins des plantes doivent être définis de façon précise et sont élevés. Il faut également tenir compte des produits nouveaux fabriqués par l’industrie.

Aspect pédologique

À côté de travaux mettant en cause l’aspect chimique de ces problèmes, il faut situer les activités qui conduisent à définir le milieu. Les premiers agronomes avaient déjà remarqué certaines propriétés essentielles de ce qu’ils appelaient le «sol», c’est-à-dire la couche de terre labourée. L’aptitude de ces «sols» à produire spontanément, c’est-à-dire leur fertilité, est également notée dans les écrits anciens. La végétation spontanée, son abondance étaient déjà considérées comme un indice de cette fertilité, et Xénophon, par exemple, en fait état dans son Économique . Mais, pendant très longtemps, les remarques à ce sujet sont à la fois très fragmentaires et très élémentaires.

Il faut arriver à T. Hougthon (1680) pour voir proposer une méthode d’analyse granulométrique des terres, encore est-elle très discutable dans son principe. C’est à J.-J. T. Schlœsing que revient le mérite d’avoir défini les principes d’une méthode rationnelle. Parallèlement, à partir du début du XIXe siècle, on aborde l’étude des propriétés physiques telles que la cohésion, la plasticité, la perméabilité, la rétention pour l’eau, puis la structure.

Le problème de la définition et de la classification des terrains et des sols est abordé par Gasparin. Mais on considère surtout le matériau constituant la couche labourée; celui-ci paraît lié dans de nombreux cas à la nature de la couche géologique sous-jacente; c’est pourquoi Eugène Risler tentera, en 1880, une vaste synthèse, en rapprochant les divers aspects de l’agriculture régionale et la géologie, qui commande à la fois la nature des terrains et l’hydro-géologie. C’est à un géologue russe, Dokoutchaev, et à ses élèves, Sibirtsev et Glinka, que l’on doit la création de la pédologie . Cette discipline considère les sols comme des corps naturels, ce qui permettra de les étudier et de les classer en fonction de leur genèse et de leur fonctionnement. Cette théorie est à l’origine d’un travail de cartographie systématique, et, dans de nombreux pays, il existe maintenant des cartes de sols, à partir desquelles on établit des programmes, soit d’utilisation, soit d’amélioration, en corrigeant les aptitudes naturelles de ces systèmes. Il faut noter qu’un certain nombre de types de sols avaient déjà reçu des noms vernaculaires fondés sur leurs propriétés ou sur leur morphologie, montrant ainsi que les paysans, à partir de leurs observations, avaient intuitivement dégagé la notion pédologique de sol.

Si les cartes du sol intègrent, en principe, l’effet du climat, la relation est néanmoins trop lâche pour en faire apparaître les composantes. Parallèlement à l’étude des sols se sont donc développés des travaux conduisant à préciser l’influence de ce dernier. Mais, après avoir dressé les cartes de températures moyennes ou extrêmes de précipitations, on a fait appel à des données plus synthétiques dont l’une des plus récentes est la notion d’évapotranspiration potentielle : il s’agit de la quantité maximale d’eau qui peut être évaporée par un couvert végétal continu et suffisamment dense sous un climat donné. C’est ainsi qu’aujourd’hui les potentialités du milieu se définissent d’abord à partir de l’énergie solaire disponible, et ce n’est qu’ensuite que la température et le sol interviennent en limitant plus ou moins la production potentielle.

Lutte contre les parasites et les virus

Progressivement, on est arrivé à comprendre et à rationaliser les techniques de l’agriculture traditionnelle; mais, parallèlement, l’homme avait eu à faire face à certaines difficultés. Depuis les temps les plus reculés, les cultures ont été l’objet d’attaques de parasites, d’abord attribuées à la malédiction céleste; mais l’homme s’est rapidement aperçu qu’au moins les causes secondes étaient liées à la présence de parasites animaux et végétaux. Le citadin imagine mal de nos jours ce qu’ont pu être ces fléaux, mais il peut s’en faire une idée en sachant que, vers 1840, l’apparition en Irlande du mildiou de la pomme de terre a provoqué la mort de plusieurs dizaines de milliers d’hommes et une émigration, qui ont fait tomber la population de ce pays de 8 à 4 millions d’âmes. Ce n’est guère que depuis la fin du siècle dernier que l’on commence à disposer des moyens nécessaires pour combattre efficacement ces fléaux. Parmi eux, il faut citer la «bouillie bordelaise», obtenue en mélangeant une solution de sulfate de cuivre à de la chaux, et qui, pendant longtemps, a constitué un des rares moyens de lutte contre les champignons parasites.

Il existe maintenant un très grand nombre de substances actives, et chaque année la phytopharmacie s’enrichit de quelques produits nouveaux, qu’il s’agisse de lutter contre les parasites animaux appartenant aux espèces supérieures (comme les rongeurs ou les oiseaux) et inférieures de la zoologie, ou contre les nombreuses maladies cryptogamiques. On a également imaginé des méthodes prophylactiques pour lutter contre les virus.

Quant aux plantes supérieures, commensales des cultures, elles entrent en compétition avec elles. Traditionnellement, c’est par les façons culturales et les rotations qu’on limitait leur extension. Depuis la guerre, de nombreuses substances chimiques, les herbicides , viennent ajouter leur action à celles des pratiques traditionnelles.

Mais quels que soient ces efforts, le nombre des parasites connus va en augmentant. D’autre part, la répétition des traitements amène parfois l’apparition de souches résistantes, ou des effets de toxicité. C’est ainsi que l’accumulation du cuivre dans certains sols à la suite de traitements répétés à la bouillie bordelaise a fait apparaître des phénomènes de toxicité. Certes, la variété des produits permet d’éviter certains de ces inconvénients, mais leur nocivité parfois même à l’égard de l’homme conduit à rechercher d’autres méthodes de lutte. On y parvient en introduisant dans un milieu les parasites des parasites que l’on veut combattre: c’est la «lutte biologique». Dans d’autres cas, on recherche des variétés résistantes. L’exemple le plus classique est celui de la lutte contre le phylloxéra, qui s’attaquait en particulier aux racines de la vigne. En greffant la vigne française sur des vignes américaines résistantes à cet insecte, Viala a trouvé le moyen de sauver le vignoble français.

Amélioration des plantes

L’agriculture a pour objet de produire des plantes, et tous les progrès de la science qui ont été évoqués jusqu’ici ont surtout permis d’assurer leur croissance et leur défense.

Il fallait également améliorer le matériel végétal. E. Schribaux proteste, dans l’introduction de sa Botanique agricole , contre la suprématie donnée à la chimie. Certes, les sélectionneurs privés, comme les Vilmorin, avaient réussi à créer en France des variétés plus productives. D’autres avaient pu obtenir, par croisement, des porte-greffes de vigne adaptés au calcaire et résistants au phylloxéra. Mais c’est une étude systématique que cet agronome propose d’entreprendre pour améliorer le matériel végétal. Grâce à son effort, une législation est mise au point pour définir les qualités des semences. Parallèlement, les recherches et les structures nécessaires à la création de variétés nouvelles par croisement ont été mises en place. La tâche accomplie par les chercheurs officiels et les sélectionneurs privés est immense. Elle a retrouvé un regain d’intérêt avec la découverte de la «vigueur hybride», propriété que possèdent les plantes issues de croisements de lignées pures. Cette méthode a permis, entre autres, de créer des variétés de maïs qui ont révolutionné la culture de cette plante.

Apport des méthodes modernes

Des travaux identiques ont été effectués dans d’autres branches des activités agricoles et seront évoqués dans les articles correspondants. Les résultats signalés dans ce bref historique montrent qu’il s’est développé une véritable science agronomique permettant à l’agriculture de passer progressivement de l’état d’un art à celui d’une technique.

Mais, à mesure que s’approfondissaient les connaissances dans ce domaine, les chercheurs se spécialisaient de plus en plus, se rapprochant ainsi de disciplines fondamentales; les aspects originaux de l’agriculture qui constituaient l’essentiel de l’activité des agronomes anciens ont, au cours de cette évolution, été plus ou moins négligés. Cependant, ils font toujours l’objet des préoccupations des agriculteurs. Afin de dégager des références techniques à ce niveau, on a développé l’expérimentation au champ. Mais l’interprétation et la généralisation de celle-ci se heurtent à deux obstacles: la variabilité du climat des années successives et l’hétérogénéité du milieu; on fait appel maintenant à des méthodes mathématiques pour surmonter ces difficultés. Grâce aux travaux de statisticiens anglais, de Fischer en particulier, on peut évaluer la variabilité des résultats d’une expérience et décider si des différences de rendement ou de comportement résultant d’un traitement sont, ou non, significatives, c’est-à-dire dépendent bien de l’action du ou des facteurs qui ont été modifiés.

De même, lorsqu’il s’agit d’évaluer l’influence de modification d’un élément dans un système de production, on peut maintenant tenir compte des répercussions multiples de ce changement en faisant appel à des méthodes mathématiques dont la plus connue est la «programmation linéaire». Largement utilisée en recherche opérationnelle, en particulier pendant la guerre, cette technique a été introduite en agriculture par les économistes; elle se révèle cependant peu praticable, et de nouvelles méthodes d’aide à la décision se mettent en place. En revanche, les différentes disciplines agronomiques (sensu lato ) utilisent de plus en plus l’analyse de système et la modélisation, moyens privilégiés pour une approche globale d’autant plus nécessaire que les objets sont complexes et que l’on souhaite extrapoler les résultats dans les conditions de la pratique agricole.

Un nouveau problème pour l’agronomie: la protection de l’environnement

Avec l’intensification des activités humaines, l’accroissement des populations urbaines, il a fallu revoir des solutions anciennes et en rechercher de nouvelles. On a demandé et l’on demande encore à l’agriculture de contribuer à la lutte contre les pollutions, et, simultanément, on l’accuse de polluer. C’est un vaste problème qui ne pourra être traité ici qu’à l’aide de quelques exemples.

Traditionnellement, l’utilisation des déchets urbains, aliments non consommés, cendres des foyers, dénommés gadoues, était proposée et parfois imposée aux agriculteurs. Ils avaient d’ailleurs une double fonction d’amendement par la chaux et la matière organique qui les constituaient et par les éléments chimiques qu’ils contenaient. Avec les changements des conditions de vie, la nature de ces déchets a changé ainsi que le nom; on parle de nos jours de composts urbains. Ces résidus contiennent maintenant des matières plastiques et surtout des proportions souvent notables d’éléments toxiques pour l’homme tels que le plomb, le cadmium et le mercure. On demande également à l’agriculture d’utiliser les boues des stations d’épuration qui renferment également ces éléments. Il faut d’ailleurs leur ajouter les substances organiques susceptibles de provoquer des nuisances dont l’usage n’est pas proscrit dans les foyers alors qu’il est interdit en agriculture. L’agronome doit donc étudier le devenir de ces éléments dans le sol, le risque de leur passage dans les aliments et dans les eaux. Mais on constate également une augmentation de la teneur des eaux en pesticides et surtout en nitrates dont l’origine est liée à l’accroissement de la teneur des sols en azote, accroissement nécessaire pour assurer celui de nos productions. Celles-ci assurent notre indépendance alimentaire, et leurs excédents contribuent au maintien de l’équilibre de notre balance commerciale. L’agriculture française comme celle de tous les pays développés se trouve donc placée devant un dilemme que les agronomes doivent résoudre. Ils ont été conduits à reprendre d’une manière plus détaillée le devenir, non seulement des éléments fertilisants, mais également des corps toxiques dans les sols, à préciser les bilans en prenant en compte l’ensemble des apports volontaires ou accidentels, et les exportations, qu’il s’agisse du contenu des récoltes, des pertes par voie gazeuse ou en solution. Cela conduit à revoir le rôle joué par l’enfouissement des résidus de récolte, les cultures dérobées, les dates d’apports des éléments fertilisants sans compter les retombées dues aux activités industrielles ou urbaines. L’objectif est d’établir des données permettant d’élaborer des «guides de bonnes pratiques» dont la mise en œuvre devrait permettre, tout en assurant les besoins croissants des cultures, dont les rendements doivent aller en progressant, le maintien de la qualité des aliments, des eaux, des sols, sans compter l’aspect esthétique des paysages.

3. Les institutions

La recherche et l’enseignement français

À mesure que croissait l’intérêt pour l’agriculture, il a fallu créer des organismes susceptibles d’effectuer les recherches nécessaires à son développement et d’en diffuser les résultats. Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, des sociétés d’agriculture ont été créées en France, et elles ont agi comme organismes de conseil et de recherche, assurant ainsi la diffusion de nouvelles techniques. Elles ont servi aussi de lieu de réflexions, et la plus ancienne d’entre elles subsiste toujours; elle a été transformée en 1917 en Académie d’agriculture. L’action des sociétés d’agriculture a créé un mouvement d’opinion, et l’Assemblée constituante, puis la Convention ont décidé d’instituer un enseignement agricole en France.

En fait, lors de la création de l’École vétérinaire d’Alfort (1790), il y avait déjà dans cet établissement une chaire d’économie rurale occupée par Daubenton. Cette chaire était appelée couramment École d’agriculture, et Yvart fut chargé d’y donner un enseignement. Mais c’est en 1820 que Mathieu de Dombasle, établi à Roville, près de Nancy, crée la première école d’agriculture. Celle-ci, malheureusement, disparaîtra en 1847. En 1827, Auguste Bella fonde l’école de Grignon; en 1842, Riffel celle de Grandjouan qui deviendra ultérieurement, après son transfert, l’école de Rennes; et en 1840 se crée à la Saussay, dans l’Ain, une troisième école qui sera par la suite réinstallée à Montpellier. En 1848, un décret organise l’enseignement agricole français en y instituant trois degrés: les fermes-écoles pour la formation des petits et moyens exploitants, les écoles régionales que nous venons d’énumérer donnant une instruction déjà élevée et, enfin, un institut national agronomique installé à Versailles. Cet enseignement supérieur jugé trop théorique fut supprimé en 1852, et l’école ne sera rouverte, à Paris, qu’en 1876. À côté de cet effort du ministère de l’Agriculture, un cours fut ouvert au Conservatoire des arts et métiers à Paris, en 1836.

L’enseignement agricole a été complété par la création de l’École d’horticulture de Versailles en 1873, et l’École nationale des industries agricoles fondée, à Douai, en 1893.

Deux écoles d’application, l’une pour les eaux et forêts, à Nancy, et l’autre pour le génie rural, à Paris, venaient couronner cet ensemble, les élèves de ces deux dernières écoles se recrutant à l’Institut national agronomique ou à l’École polytechnique. Enfin, un enseignement spécial était institué pour former les futurs professeurs départementaux d’agriculture devenus par la suite ingénieurs des services agricoles.

Parallèlement, l’Université créait dans les différentes facultés de province des certificats appliqués à l’agriculture, chimie ou botanique agricole, et fondait au sein des universités de Nancy, en 1901, et de Toulouse, en 1909, deux instituts agricoles. Cette structure a subsisté dans ses grandes lignes jusque dans les années soixante. S’y ajoutaient les écoles d’agriculture d’Alger et de Tunis, une école d’agriculture tropicale à Nogent, des instituts privés à Angers, Beauvais et Purpan (Toulouse).

Actuellement, les fermes-écoles ont disparu peu après avoir eu le statut d’écoles pratiques d’agriculture, et elles s’intègrent dans un programme général de formation secondaire en tant que collèges et lycées agricoles. Les écoles de Rennes (anciennement Grandjouan) et de Montpellier (anciennement Saussay) et l’Institut national agronomique-Grignon forment des ingénieurs agronomes. Leur nom général est: École nationale supérieure agronomique à laquelle est associée la localisation de l’établissement. Les écoles des eaux et forêts et du génie rural sont regroupées sous le nom d’École nationale du génie rural, des eaux et des forêts, les élèves provenant toujours de l’Institut national agronomique et de l’École polytechnique. À Dijon se trouve l’École nationale supérieure des sciences agronomiques appliquées qui forme les enseignants du cycle agricole et les ingénieurs d’agronomie du ministère de l’Agriculture. Les autres institutions continuent d’exister à côté de nouvelles écoles privées (E.S.I.T.P.A., I.S.A.R.A.). L’école de Nogent, où se formaient les agronomes spécialisés dans les cultures tropicales, a été transférée à Montpellier (C.N.E.A.R.C.). Enfin, diverses institutions de formation continue existent, entre autres les centres de formation professionnelle pour adultes.

Mais, parallèlement à cette organisation de l’enseignement, il fallait aussi créer des organismes de recherche. Roville était à la fois l’un et l’autre, et, en principe, toutes les écoles d’agriculture avaient, suivant leur niveau, soit une mission de ferme pilote, soit une mission de recherche. Si certains savants comme Boussingault ou Gasparin ont travaillé dans le cadre d’institutions privées, d’autres appartenaient à l’Université et surtout aux écoles supérieures agronomiques. Par ailleurs, les stations d’agronomie ont été créées à partir de 1852. Elles ont associé à leur action de contrôle et de conseil des travaux de recherche. A. Demolon, par exemple, qui fut l’un des animateurs de l’agronomie française, avait été directeur de la station agronomique de Laon. Mais les moyens mis à la disposition des écoles restaient insuffisants, l’Université était peu intéressée par les problèmes techniques, si bien qu’E. Tisserand obtient la création, en 1921, d’un Institut de la recherche agronomique qui avait pour mission de construire quatre centres: à Versailles, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Antibes, et un certain nombre de stations isolées; à celles-ci se sont ajoutées d’anciennes stations départementales.

L’Institut de la recherche agronomique a servi de pépinière à de jeunes chercheurs, conseillés par des professeurs de l’enseignement agronomique comme Marchal, Schribaux, Ducomet. Bien que supprimé en 1933 pour des raisons budgétaires et limité d’ailleurs aux seuls problèmes concernant l’étude des végétaux, cet ensemble a constitué le noyau de l’Institut national de la recherche agronomique lorsqu’il a été créé en 1946. Cet institut groupe en 1992 toutes les recherches concernant l’agriculture, il coordonne l’activité de 3 600 chercheurs, aidés par un corps de techniciens contractuels. Avec les services administratifs, c’est un ensemble de près de 8 500 personnes au service de l’agriculture.

Bien que certaines recherches nécessitent de fréquents contacts avec les agriculteurs, la diffusion des résultats, leur mise en place sont assurées grâce aux nombreux conseillers agricoles dépendant des organismes professionnels ou des ingénieurs appartenant aux firmes industrielles, fournisseurs de l’agriculture. Il appartient d’ailleurs aux directions départementales de l’agriculture, aux services d’agronomie et aux chambres d’agriculture de veiller à la coordination de leur activité à l’échelon des régions et des départements sous l’autorité des préfets. Les instituts professionnels (Institut technique des céréales et des fourrages, Institut technique de la betterave, Institut technique de la pomme de terre, Centre technique des fruits et légumes, Centre interprofessionnel des oléagineux, etc.) disposent d’ailleurs de leurs propres conseillers et s’efforcent de mettre en application avec l’aide des agriculteurs les données de la recherche. Leur rôle est un peu celui de l’usine pilote dans l’industrie, et ils constituent un des maillons de la chaîne qui s’étend du laboratoire au praticien.

Les institutions dans le monde

Si l’on se place à l’échelle internationale, il devient alors très difficile d’exposer d’une manière précise la situation actuelle et l’évolution qui l’a précédée. En effet, l’histoire des différentes institutions est si strictement liée aux circonstances locales qu’il n’est guère possible de dégager de règles générales; tout au plus peut-on évoquer quelques exemples.

Ainsi, la notion d’école d’ingénieur est assez typique des conceptions françaises, car, le plus souvent, quand on évoque une école à l’étranger, celle-ci fait partie de l’Université. Ce n’est pas là seulement une question administrative, ce sont des principes d’enseignement qui sont en cause. Il y a certes toujours un ensemble de cours qui recouvrent les sciences constituant l’agronomie, mais les élèves sont rarement obligés de s’intéresser à tous les enseignements de leur école; quand cette obligation existe, il s’agit alors d’enseignement de niveau moyen et non d’enseignement supérieur. Le titre d’école ne correspond donc que très approximativement à l’anglais school et à l’allemand Schule . Toutefois, l’Institut agronomique de Madrid, l’École d’agriculture de Gembloux en Belgique semblent se rapprocher beaucoup du style de nos écoles supérieures agronomiques. En revanche, Wye Agricultural College (Angleterre), qui semble avoir fonctionné sur le programme «école», correspondait, du moins jusqu’aux années soixante, à un enseignement de niveau moyen. L’École d’agriculture de Wageningen, aux Pays-Bas, les instituts agricoles de Louvain et de Gand en Belgique, le Polytechnicum de Zurich, les universités italiennes dispensent un enseignement de deuxième type. La même remarque est applicable aux modes de formation des spécialistes aux États-Unis, où l’on peut dire que chacun des États a un enseignement de l’agronomie (Cornell, Harvard, Berkeley, Davis, Ames...). La même situation existait en U.R.S.S. et dans les pays de l’Europe centrale.

On peut enfin noter que, sous la pression des circonstances, en particulier de la masse des matières à enseigner, une évolution se dessine dans l’enseignement français et que, finalement, il y aura probablement peu de différence quant aux programmes d’enseignement dans le monde entier.

En ce qui concerne les recherches, la situation est à peu près équivalente en ce sens qu’elle a souvent pris naissance dans des organismes privés qui ont été progressivement pris en charge par l’État. C’est le cas du célèbre Centre de recherche agronomique de Rothamsted en Angleterre, probablement le plus ancien du monde puisqu’il a été fondé en 1839 par Lawes et Gilbert; vivant essentiellement au départ grâce à une aide privée et à des subventions sur programme, cet organisme a reçu par la suite une aide importante de l’État. Parmi les stations créées plus récemment, citons le Mac Aulay Institute, les stations de East Malling, de Hurley, orientées respectivement vers les problèmes de production fruitière et des herbages.

Aux États-Unis, la situation présente une certaine analogie avec celle-ci, mais aussi des points de comparaison avec l’histoire de la recherche en France, les stations de recherche locale, fondées par les États comme elles l’étaient en France par les départements, recevant progressivement une subvention fédérale de plus en plus substantielle. Il faut citer dans ce pays le centre fédéral de Beltsville, qui a une importance nationale.

Dans l’Europe des régimes socialistes, les recherches étaient programmées par les académies d’agriculture (Lénine et Timiriazef pour l’U.R.S.S.) qui jouaient aussi vis-à-vis des recherches le rôle de la Délégation générale de la recherche scientifique et technique ou du C.N.R.S. vis-à-vis des recherches fondamentales en France. La structure socialiste de l’activité agricole permettait évidemment une liaison plus étroite entre les instituts de recherche et la pratique, et faisait que certaines fermes étaient ainsi de véritables stations expérimentales.

4. Les préoccupations futures de l’agronome

En définitive, l’agronomie apparaît, aussi bien au sens restreint qu’au sens large du terme, comme la science d’un ensemble extrêmement complexe de phénomènes liés entre eux et dont l’extériorisation, au niveau du champ, est, en général, sous la dépendance du climat, c’est-à-dire d’un facteur aléatoire.

Les efforts des agronomes seront orientés, à l’avenir, par deux préoccupations majeures des agriculteurs, nées de la nécessité pour eux de produire d’une manière rentable dans un contexte économique variable. La première consiste à vouloir fixer aussi exactement que possible les niveaux d’intensification des cultures et de contrôle du milieu naturel. Cela ne sera possible que par une meilleure connaissance du fonctionnement du champ cultivé et des systèmes de culture afin de pouvoir utiliser au mieux, à chaque instant, les ressources possibles. Le second objectif est l’obtention des références absolument nécessaires pour pouvoir utiliser les connaissances acquises. Ces références seront de divers types, mais elles se présenteront de plus en plus comme des fragments de théorie avec leurs conditions de mise en application et d’extrapolation. Ce sera à l’agriculteur et à ses techniciens de procéder aux diagnostics locaux nécessaires à la prise de décision, avec au besoin l’aide de l’outil informatique. Ces références devront être adaptées à divers choix d’ordre socio-économique pour la conduite des exploitations: il faut abandonner l’idée d’un modèle unique de conduite des productions agricoles. Enfin, ces références devront permettre d’intégrer les influences de l’agriculture sur le milieu.

On verra probablement dans l’avenir les agronomes se diviser en deux groupes, ceux qui aborderont les problèmes fondamentaux grâce à une spécialisation toujours plus poussée et ceux qui les appréhenderont d’une manière globale qui, seule, permettra de rendre compte des multiples conséquences d’une décision de l’agriculteur.

agronomie [ agrɔnɔmi ] n. f.
• 1361; de agronome
Étude scientifique des problèmes (physiques, chimiques, biologiques) que pose la pratique de l'agriculture. agrobiologie, agrochimie. Adj. AGRONOMIQUE , fin XVIIIe .

agronomie nom féminin (de agronome) Étude des relations entre les plantes cultivées, le sol, le climat et les techniques de culture, dont les principes régissent la pratique de l'agriculture.

agronomie
n. f. Ensemble des connaissances théoriques et pratiques relatives à l'agriculture.

⇒AGRONOMIE, subst. fém.
A.— Au propre. Ensemble des sciences et des techniques de recherche et d'application concernant l'agriculture :
1. ... moi qui, de toutes les sociétés savantes de l'Europe, ne suis encore que membre très-innocent de la société d'Agronomie pratique, qui m'a fait l'honneur, il y a deux mois, de m'admettre dans son sein, ...
J. JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, p. 6.
2. — « L'arboriculture pourrait bien être une blague!
— Comme l'agronomie! » répliqua Bouvard.
G. FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 1, 1880, p. 43.
3. La chimie a contribué à perfectionner l'agronomie.
Ac. t. 1 1932.
P. ext. Exploitation scientifique de la terre :
4. Le capital se marquait par un déficit de trente-trois mille francs. Bouvard n'en voulut rien croire, et plus de vingt fois ils recommencèrent les calculs. Ils arrivaient toujours à la même conclusion. Encore deux ans d'une agronomie pareille, leur fortune y passait!
G. FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 1, 1880 p. 39.
B.— ANTIQ. Dignité d'agronome.
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842.
C.— Au fig., rare :
5. Sandeau vous viendra pour vous peindre mes chagrins d'être aussi pris par d'aussi écrasants fardeaux, mais la culture littéraire est de toutes les agronomies la plus charroyante, la plus sauvage (?), la plus échenillante et nous n'avons pas encore de Romieu contre nos hannetons typographiques.
H. DE BALZAC, Correspondance, 1835, pp. 624-625.
Prononc. :[]. DUB. transcrit le mot avec 2 [o] fermés. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — 1. 1372-1374 « charge du magistrat préposé à l'administration rurale » (NIC. ORESME, trad. de la Politique d'Aristote. Table des fors motz de politiques ds Dict. hist. Ac. fr. : Agronomie est l'office des agronomes [voir agronome étymol. 1]), hellénisme isolé; 2. 1798 (Ac. : Agronomie. Théorie de l'agriculture).
Dér. de agronome, étymol. 1 et 2; suff. -ie.
STAT. — Fréq. abs. litt. :4.
BBG. — BÉL. 1957. — PLAIS.-CAILL. 1958. — PRIVAT-FOC. 1870.

agronomie [agʀɔnɔmi] n. f.
ÉTYM. 1798; au XIVe, Oresme, charge de magistrat grec dit agronome. → Agronome.
Étude scientifique des problèmes (physiques, chimiques, biologiques) que pose la pratique de l'agriculture. Agrobiologie, agrochimie, agrogéologie, agropharmacie, agropédologie. || Agronomie tropicale.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
DÉR. Agronomique.
COMP. Radioagronomie.

Encyclopédie Universelle. 2012.