CHIMIE
L’ÉVOLUTION des diverses sciences au cours des âges est loin d’être parallèle. Alors que les mathématiques, la physique, nées dès l’Antiquité, se sont développées régulièrement, avec cependant une stagnation au cours du Moyen Âge, que les sciences naturelles, du moins sous leur aspect purement descriptif, ont toujours existé, la chimie n’a acquis droit de cité qu’au XVIIe siècle et n’est devenue une science qu’à la fin du XVIIIe.
Certes, les Anciens se livraient à des opérations que l’on peut qualifier de «chimiques»; ils savaient extraire quelques métaux de leurs minerais et avaient découvert le verre par hasard. Au Moyen Âge, les alchimistes avaient obtenu divers produits par des procédés jalousement conservés. Leurs recettes où se mêlaient des opérations concrètes et des incantations mystiques ne permettaient aucune prévision, aucune généralisation. S’il leur semblait logique de vouloir transformer la matière, celle-ci n’était pas définie. Aux quatre «éléments» des Anciens, l’eau, l’air, la terre et le feu, ils en avaient ajouté d’autres, sans soupçonner que le feu était immatériel et que la terre désignait des choses extrêmement diverses. Si nous leur devons la découverte de produits identifiés plus tard avec des composés définis, nous mesurons la vanité de la recherche de cette panacée qu’ils appelaient «élixir», et de la transformation du plomb en or. Si la transmutation des éléments a pu être réalisée beaucoup plus tard, par la physique nucléaire, l’idée de transformer les métaux vulgaires en or par les méthodes des alchimistes était la négation pure et simple de la définition de la chimie.
À partir du XVIIe siècle, l’alchimie s’effaçait progressivement devant la chimie, en ce sens que les expériences s’étaient dépouillées de toute magie et que leurs résultats devenaient accessibles aux non-initiés. De fait, bien des découvertes antérieures à Lavoisier demeurent valables.
Cette période vit l’isolement de composés définis d’extraction ou de transformation: certains métaux, de nombreux sels, l’alcool de vin, l’acide acétique, l’ammoniac, l’huile de vitriol, l’acide muriatique, l’hydrogène, le chlore, l’oxygène, l’éther, l’éthylène, etc. Ces produits provenaient les uns de la matière inerte, les autres de la matière vivante. Or, une partie de ces derniers n’ont jamais pu être reproduits à partir des premiers. Lémery divisa la chimie en deux domaines: la chimie minérale, décrivant tout ce qui pouvait être fait à partir de la matière inerte, et la chimie organique, décrivant tout ce qui ne pouvait être extrait que du règne vivant, ou obtenu par action des composés minéraux sur ces principes immédiats d’origine vivante. On admettait alors qu’une cause mystérieuse, la «force vitale», était seule capable d’engendrer les composés organiques et ce dogme subsista jusqu’au milieu du XIXe siècle. L’introduction de l’hypothèse du phlogistique n’eut pour effet que de tout compliquer.
La chimie proprement dite se définit de nos jours comme la science de la transformation de la matière (si l’on exclut les transmutations qui ressortissent à la physique nucléaire qui ne sera pas envisagée ici). Elle ne pouvait donc devenir une science avant que la matière eût reçu une définition. Elle est due incontestablement à Lavoisier. La loi de conservation de la masse ouvrait la voie à l’analyse et, comme conséquence immédiate, à la distinction entre corps simple et corps composé; elle menait à l’établissement des lois pondérales des combinaisons conduisant, dès le début du XIXe siècle, à l’établissement de listes de nombres proportionnels, ancêtres de nos masses atomiques. À cette époque, Dalton avait entrevu l’existence des atomes, mais il fallut attendre encore plus d’un demi-siècle pour que cette notion s’impose, surtout sous l’influence des chimistes organiciens, avant d’être définitivement démontrée par les physiciens vers la fin du siècle.
Si on attribue ses débuts véritables à Lavoisier, la chimie est la plus jeune des sciences. Mais son essor au cours du XIXe siècle est l’un des plus prodigieux qu’une science ait connu. Cette évolution s’est traduite dans tous les domaines.
Elle a vu le nombre des composés définis décrits passer de quelques dizaines à des centaines de mille, et le nombre des «réactions», c’est-à-dire des types de transformations de caractère général, passer d’une dizaine à plusieurs centaines. Les applications pratiques, dont les premières datent du XVIIIe siècle, se multiplient rapidement au début du XIXe, du moins dans les pays économiquement développés. Des usines chimiques s’installent en Europe, préparant les acides les plus courants, la soude, le chlore et les chlorures décolorants, le phosphore et ses dérivés, les savons, les acides gras. Avec la diffusion du gaz d’éclairage, la carbochimie prend naissance, d’abord limitée à l’utilisation des constituants du goudron de houille.
Si l’on veut rapidement analyser les étapes du développement de la chimie générale au cours du XIXe siècle, on peut, en gros, en distinguer quatre: les lois fondamentales des combinaisons; les premières tentatives d’établissement des structures; la réfutation du dogme de la force vitale que les nombreuses synthèses de composés réputés organiques et l’influence déterminante de Berthelot condamneront définitivement; la naissance de la chimie structurale dont les fondements furent apportés, en chimie organique principalement, par Kekule, Le Bel et Van’t Hoff et, plus tard, en chimie minérale, par Werner.
Le prodigieux développement de la chimie, principalement organique, est dû à l’intime collaboration de l’expérience et des premières tentatives d’interprétation. D’utiles remarques permettaient, par une généralisation hardie, de prévoir, avec une grande probabilité, le résultat d’une réaction non encore effectuée. Longtemps empiriques et paraissant parfois puériles à la lumière des hypothèses plus modernes, elles n’en ont pas moins rendu de grands services.
L’aspect pratique et économique n’est pas moins important: il n’est guère d’industrie qui ne fasse appel à la chimie. Si la construction mécanique n’est qu’une transformation des métaux ou des alliages, l’élaboration de ces matières premières à partir des minerais (métallurgie) est du strict domaine de la chimie. La fabrication du ciment, de la chaux, du plâtre, les transformations des pétroles, le raffinage du sucre, certains traitements des fibres textiles naturelles, leur teinture sont étroitement associés à la chimie; mais, même en excluant ces industries parachimiques, on constate que la capitalisation boursière des industries purement chimiques intervient pour près de 50 p. 100 dans l’évaluation du capital industriel mondial.
Sans prétendre à une énumération exhaustive, on peut citer: les engrais, les verres, les macromolécules, les explosifs, les médicaments, les parfums, les pigments, les peintures et vernis, les colorants, les antibiotiques, les insecticides, les détergents, sans compter les innombrables produits intermédiaires utilisés pour des opérations vulgaires (décapage, nettoiement, adoucissement des eaux) et pour des recherches en science fondamentale.
chimie [ ʃimi ] n. f.
• 1554 chymie; 1356 autre sens; lat. médiév. chimia, du gr. byz. khêmeia « magie noire », d'o. sémitique
1 ♦ Science de la constitution des divers corps, de leurs transformations et de leurs propriétés. ⇒ corps, élément; composé; atome, molécule, noyau. Notation en chimie. ⇒ symbole; chaîne, groupement, liaison, radical. Chimie minérale, organique. Chimie appliquée. ⇒ agrochimie, biochimie, électrochimie, pétrochimie, photochimie. Chimie nucléaire, industrielle. Chimie des polymères, des protéines. Cours, expérience de chimie.
2 ♦ Fig. Transformation profonde, secrète. ⇒ alchimie. « la chimie interne de cette extraordinaire gestation » (Henriot).
⊗ HOM. Shimmy.
● chimie nom féminin (latin médiéval chimia, du grec médiéval khêmeia) Partie des sciences physiques qui étudie la constitution atomique et moléculaire de la matière et les interactions spécifiques de ses constituants. Ensemble des connaissances sur la préparation, les propriétés et les transformations d'un corps. Littéraire. Transformation de la réalité sous l'effet d'un sentiment, de l'imagination : La chimie merveilleuse de l'amour. ● chimie (expressions) nom féminin (latin médiéval chimia, du grec médiéval khêmeia) Chimie biologique, synonyme de biochimie. ● chimie (homonymes) nom féminin (latin médiéval chimia, du grec médiéval khêmeia) shimmy nom masculin ● chimie (synonymes) nom féminin (latin médiéval chimia, du grec médiéval khêmeia) Chimie biologique
Synonymes :
chimie
n. f. Science des caractères et des propriétés des corps, de leurs actions mutuelles et des transformations qu'ils peuvent subir.
Encycl. On divise la chimie en chimie pure et en chimie appliquée. La chimie pure comprend la chimie générale, qui étudie les lois fondamentales, la chimie minérale, qui décrit les propriétés des corps et de leurs composés, à l'exception des composés du carbone, qu'étudie la chimie organique. Celle-ci se prolonge par l'étude des corps présents dans les tissus vivants (biochimie). La chimie pure a des ramifications interdisciplinaires: thermochimie, géochimie, électrochimie, physicochimie, etc. La chimie appliquée fait profiter l'industrie de ses travaux. Au XXe s. la chimie générale (ou chimie physique) a permis de rendre compte des liaisons entre les atomes d'une molécule. La chimie nucléaire procède de la physique du noyau. tabl. éléments (classification périodique des éléments).
⇒CHIMIE, subst. fém.
A.— 1. Partie des sciences physiques qui a pour objet la constitution et les réactions de la matière (d'apr. DUVAL 1959). Expérience, cours, laboratoire de chimie.
Rem. Sur les « branches de la chimie » souvent reproduites dans les dict. : ,,Il est d'usage, dans l'enseignement, de répartir en 3 grandes parties les matières de la chimie : chimie générale, chimie minérale, chimie organique. On y ajoute, comme parties complémentaires, la chimie physique, la chimie analytique, la chimie appliquée et la chimie biologique. Ce découpage est très ancien et répond aux exigences de la commodité des exposés. Il masque pourtant l'unité foncière de la science chimique, unité plus profonde peut-être que celle de la physique. Si toutes les parties de la Chimie sont intrinsèquement inséparables entre elles, on est cependant amené constamment à distinguer deux aspects des problèmes ou plutôt des formes des démarches de l'esprit pour saisir les éléments de la connaissance : la recherche des lois et le repérage des faits. L'une c'est la Chimie générale, inséparablement liée à la Chimie physique, l'autre c'est la Chimie descriptive`` (A. Kirrmann ds Encyclop. fr., Chimie, sciences et industries, 1958, § 12-04-4).
2. P. ext. L'ensemble des réactions d'un corps simple ou d'un composé organique ou minéral. La chimie du chlore (Méd. Biol. t. 1 1970). Et il me sembla que vous étiez semblable au terrain où lentement par hasard et par mille chimies se forment ces pierres précieuses qui taillées et polies sont si belles (APOLLINAIRE, Couleur du temps, 1918, II, 2, p. 938).
3. Chimie industrielle ou simpl. chimie. Chimie appliquée à l'industrie; production industrielle de substances chimiques :
• 1. ... dans ce domaine où le bois recule devant le béton, où la chimie des ersatz repousse les produits de base, ...
M. BENOIST, F. PETTIER, Les Transp. mar., 1961, p. 43.
B.— Au fig. Transformation d'une réalité quelconque sous l'effet d'un agent extérieur, par combinaison d'éléments, par combustion, etc. :
• 2. ... j'expliquai le médiateur de la France, qui est Paris. Initiation par critique rapide, chimie sociale où fondent hommes et idées, centralisation (voir Cormenin, qui a paru plus tard). La circulation s'accélérant, le centre sera partout. Paris est donc critique, chimie. Mais j'insistais alors davantage sur le côté distinctif et négatif, le côté critique, peu sur le côté organique ou chimie recomposante.
MICHELET, Journal, 1843, p. 501.
• 3. Rappelons-nous toujours que l'impersonnalité est le signe de la force. Absorbons l'objectif et qu'il circule en nous, qu'il se reproduise au dehors sans qu'on puisse rien comprendre à cette chimie merveilleuse.
FLAUBERT, Correspondance, 1853, p. 383.
• 4. ... car, aussi bien que sur les êtres eux-mêmes, le temps avait aussi, dans ce salon, exercé sa chimie sur la société.
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 956.
Rem. gén. Chimie est 2e terme de composition cf. astro-chimie sous astr(o)-, biochimie, carbo-chimie sous carb(o)-, électro(-) chimie, immuno(-)chimie, micro(-)chimie, physico(-)chimie, pétro(-)chimie et les adj. correspondants.
Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1694-1740 donne chymie; Ac. 1762-1932 la forme moderne. Pour l'initiale cf. chimère. LITTRÉ enregistre chimie ou chymie qu'il juge autorisés tous deux par l'étymol. Pour FÉR. Crit. t 1 1787 la graph. avec y est sans fondement. Étymol. et Hist. [1356 chimie sens obscur « mélange? » (cité ds DEHAISNES, Hist. art en Flandre, 390 ds QUEM. : Pour V livres de cire pour faire chimie et a raemplir les ymages de l'autel)]; 1554 chymie « science qui étudie la constitution des divers corps » (B. ANEAU, Trésor de Evonime, I, édit. de 1557 ds HUG., s.v. chimistique); COTGR. 1611 indique ,,seconde partie de l'alchimie``; 1794 chimie expérimentale (CONDORCET, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum., p. 179). Lat. médiév. chimia, chymia « art de transformer les métaux, alchimie » XIIIe s. (Zosimus, alchimista graecus ds Mittellat. W., s.v. chemia, 532, 41), empr. au gr. médiév. , v. LIDDELL-SCOTT, s.v. (FEW t. 19, p. 94a); les formes chymia, chymie par confusion avec « mélange de sucs », v. aussi alchimie. Fréq. abs. littér. :767. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 991, b) 1 682; XXe s. : a) 855, b) 999.
DÉR. 1. Chimiatre, subst. masc. a) Médecin qui pratique la chimiatrie. b) Mauvais chimiste. Ce chimiste, ce chimiâtre, qui n'est pas capable de reconnaître un grain de fécule d'un grain de silice (J. ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, p. 121) — Seules transcr. ds LAND. 1834 et LITTRÉ : chi-mi-a-tr'. N'est écrit avec un accent circonflexe que ds BESCH. 1845; cf. aussi, sans doute par confusion avec le suff. -âtre (péj.), J. ROSTAND, loc. cit. Le reste des dict. l'écrit sans accent, cf. Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Lar. encyclop., LITTRÉ, GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965. — 1re attest. 1792 (Encyclop. méthod. Méd., s.v. chimiatrie); du rad. de chimie, suff. -iatre. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Chimiatrie, subst. fém. Théorie, fondée au XVIIe s., qui prétendait expliquer les phénomènes par des réactions chimiques. — Dernière transcr. ds LITTRÉ : chi-mi-a-trie. Écrit sans accent circonflexe ds LAND. 1834, GATTEL 1841 et LITTRÉ; écrit avec un accent circonflexe uniquement ds BESCH. 1845. — 1re attest. 1792 (M. Fourcroy ds Encyclop. méthod. Méd. t. 4); de chimie, suff. -iatrie (-iatre + -ie); cf. le lat. médiév. chemiatria, employé par Paracelse (v. NED, s.v. chemiatric) qui a accrédité, ainsi que Van Helmont et Fr. de Boë, dit Silvius, cette théorie en Allemagne (LITTRÉ-ROBIN); v. aussi Brockhaus Enzykl. t. 8, s.v. Iatrochemie. 3. Chimisme, subst. masc. a) Ensemble des processus qui régissent un phénomène donné, notamment organique. Du plus humble chimisme aux plus hautes synthèses de l'esprit (TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955, p. 347). Au fig. Ainsi, par le chimisme même de son mal, après qu'il avait fait de la jalousie avec son amour, il recommençait à fabriquer de la tendresse, de la pitié pour Odette (PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 304). b) Vx. ,,Abus de la chimie dans ses applications à la physiologie ou à la pathologie`` (LITTRÉ-ROBIN 1865). Il faudra faire l'histoire du chimisme actuel dans la physiologie pour le combattre (C. BERNARD, Cahier de notes, 1860, p. 96). — []. — 1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); du rad. de chimie, suff. -isme. — Fréq. abs. littér. : 17.
BBG. — ÉTIEMBLE (R.). Sur le lang. de la chim. Actualité (L') chim. 1973, n° 1, p. 6. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 39-42. — Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 109.
chimie [ʃimi] n. f.
ÉTYM. 1554, chymie; lat. médiéval chimia, de alchimia. → Alchimie.
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1 Science qui a pour objet l'étude de la constitution des divers corps, de leurs transformations et de leurs propriétés. || Chimie pure : chimie générale, chimie descriptive. || Chimie minérale. || Chimie organique. || Chimie biologique. ⇒ Biochimie. || Chimie nucléaire, chimie physique, chimie quantique. || Chimie analytique. || Branches spécialisées de la chimie. ⇒ Cristallochimie, électrochimie, magnétochimie, photochimie, radiochimie, stéréochimie, thermochimie. || Chimie appliquée : chimie agricole (⇒ Agrochimie), animale (⇒ Zoochimie), médicale, pharmaceutique (⇒ Pharmacie). || Chimie industrielle (industries du bois, de la cellulose, de la céramique, des colorants, des combustibles, des corps gras, des engrais, des explosifs, des métaux, des matières plastiques, des parfums, du verre; industries de synthèse). → Carbochimie, pétrolochimie (ou pétrochimie). || Histoire de la chimie. ⇒ aussi Alchimie, iatrochimie. — Un monde dominé par la biologie et la chimie. → 1. Pouvoir, cit. 30.
♦ Méthodes employées en chimie (⇒ Analyse, synthèse; expérience, observation). || Notation en chimie. ⇒ Formule, symbole; élément, radical, dérivé; chaîne, cycle, fonction, série, substituant (en chimie organique). || Les lois de la chimie. || La nomenclature, la terminologie de la chimie. — Étudier, apprendre la chimie. || Professeur de chimie; cours, leçon, travaux pratiques de chimie.
1 Je me souviens que, voulant donner à un enfant du goût pour la chimie, après lui avoir montré plusieurs précipitations métalliques, je lui expliquais comment se faisait l'encre.
Rousseau, Émile, III.
2 (…) les sciences qui ne s'occupent que des propriétés des corps voient vieillir dans un instant leur système le plus fameux. En chimie, par exemple, on pensait avoir une nomenclature régulière; et l'on s'aperçoit maintenant qu'on s'est trompé. Encore un certain nombre de faits, et il faudra briser les cases de la chimie moderne.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, III, II, 2.
3 (On peut définir) la chimie comme ayant pour but général d'étudier les lois des phénomènes de composition et de décomposition qui résultent de l'action moléculaire et spécifique des diverses substances, naturelles ou artificielles, agissant les unes sur les autres.
A. Comte, Philosophie positive, II, VIII.
4 La division de la chimie en inorganique et en organique ne peut pas être conservée (…) la chimie organique présente un caractère bâtard, moitié chimique, moitié biologique.
A. Comte, Philosophie positive, II, VIII (cf. ch. VIII à XIII).
5 C'est ici que votre chimie intervient avec ses souveraines clartés (…) Bunsen et d'autres (…) ont démontré cette vérité capitale : la chimie du soleil est la même que celle de la Terre (…) La chimie dès lors cesse d'être une science terrestre, comme la géologie; c'est une science qui domine au moins tout le système solaire, et qui très probablement s'étend au delà (…) La Chimie (…) nous fait atteindre une époque de l'histoire où la distinction des systèmes de mondes n'existait pas.
Renan, Lettre à Berthelot, Août 1863, Œ. compl., t. I, p. 641.
6 Avec la chimie s'introduisent (…) les notions d'être ou de substance individuelle. La plupart des vieilles formules de la métaphysique y sont en quelque sorte réalisées sous une forme concrète.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
➪ tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
2 Fig., littér. Transformation profonde, secrète. ⇒ Alchimie. || La chimie de l'art. || Une chimie subtile.
7 Les arbres, à peu près à la moitié du tronc pour les plus grands, baignaient dans la lumière du soleil couchant qui par une chimie mystérieuse semblait volatiliser leurs branches brunes, leurs feuilles vertes, en un vague feuillage d'or, et la réalité rustique du jardin devenait à cette hauteur un tableau céleste.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 780.
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DÉR. Chimique, chimisme, chimiste, chimiluminescence, chimisorption, chimiosynthèse, chimiotactisme, chimiotaxie, chimiothérapie.
COMP. Agrochimie, astrochimie, biochimie, carbochimie, cosmochimie, cristallochimie, cytochimie, électrochimie, géochimie, magnétochimie, pétrolochimie, photochimie, radiochimie, stéréochimie, thermochimie, zoochimie.
HOM. Shimmy.
Encyclopédie Universelle. 2012.